Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales

Postez ici vos intentions de prière.
amidelamisericorde
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TROISIÈME PARTIE DE L'INTRODUCTION
CONTENANT PLUSIEURS AVIS TOUCHANT L'EXERCICE DES VERTUS

CHAPITRE I
DU CHOIX QUE L'ON DOIT FAIRE QUANT A L'EXERCICE DES VERTUS


Entre les vertus qui ne regardent pas notre devoir particulier, il faut préférer les plus excellentes et non pas les plus apparentes.

Les comètes paraissent pour l'ordinaire plus grandes que les étoiles et tiennent beaucoup plus de place à nos yeux; elles ne sont pas néanmoins comparables ni en grandeur ni en qualité aux étoiles, et ne semblent grandes sinon parce qu'elles sont proches de nous et en un sujet plus grossier au prix des étoiles.

Il y a de même certaines vertus lesquelles, pour être proches de nous, sensibles et, s'il faut ains dire, matérielles, sont grandement estimées et toujours préférées par le vulgaire: ainsi préfère-t-il communément l'aumône temporelle à la spirituelle, la haire, le jeûne, la nudité, la discipline et les mortifications du corps à la douceur, à la débonnaireté, à la modestie et autres mortifications du coeur, qui néanmoins sont bien plus excellentes.

Choississez donc, Philothée, les meilleures vertus et non pas les plus estimées, les plus excellentes et non pas les plus apparentes, les meilleures et non pas les plus braves.

Il est utile qu'un chacun choisisse un exercice particulier de quelque vertu, non point pour abandonner les autres, mais pour tenir plus justement son esprit rangé et occupé.

Une belle jeune fille, plus reluisante que le soleil, ornée et parée royalement et couronnée d'une couronne dolives, apparut à saint Jean, évêque dAlexandrie et lui dit :

« Je suis la fille aînée du roi ; si tu me peux avoir pour ton amie je te conduirai devant sa face. » Il connut que c'était la Miséricorde envers les pauvres que Dieu lui recommandait, si que, par après, il s'adonna tellement à l'exercice dicelle, que pour cela il est partout appelé saint Jean l'Aumônier.

Euloge Alexandrin, désirant faire quelque service particulier à Dieu, et n'ayant pas assez de force ni pour embrasser la vie solitaire ni pour se ranger sous l'obéissance d'un autre, retira chez soi un misérable tout perdu et gâté de ladrerie pour exercer en celui la charité et mortification; ce que pour faire plus dignement, il fit voeu de l'honorer, traiter et servir comme un valet ferait son maître et seigneur.

Or, sur quelque tentation survenue tant au ladre qu'à Euloge de se quitter lun lautre, ils s'adressèrent au grand saint Antoine qui leur dit :

« Gardez bien, mes enfants, de vous séparer l'un de l'autre; car étant tous deux proches de votre fin, si l'ange ne vous trouve pas ensemble, vous courez grand péril de perdre vos couronnes.»

Source : Livres-mystiques.com

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TROISIÈME PARTIE DE L'INTRODUCTION
CONTENANT PLUSIEURS AVIS TOUCHANT L'EXERCICE DES VERTUS

CHAPITRE I
DU CHOIX QUE L'ON DOIT FAIRE QUANT A L'EXERCICE DES VERTUS


Le roi saint Louis visitait, comme par un prix fait, les hôpitaux et servait les malades de ses propres mains. Saint François aimait la pauvreté qu'il appelait sa dame; saint Dominique, la prédication de laquelle son ordre a pris le nom. Saint Grégoire le Grand se plaisait à caresser les pèlerins à l'exemple du grand Abraham, et comme icelui, reçut le Roi de gloire sous la forme d'un pèlerin. Tobie s'exerçait en la charité d'ensevelir les défunts; sainte Elisabeth, toute grande princesse qu'elle était, aimait surtout l'abjection de soi-même; sainte Catherine de Gênes, étant devenue veuve, se dédia au service de l'hôpital.

Cassien raconte qu'une dévote damoiselle, désireuse d'être exercée en la vertu de patience, recourut à saint Athanase, lequel à sa requête, mit avec elle une pauvre veuve, chagrine, colère, fâcheuse et insupportable, laquelle gourmandant perpétuellement cette dévote fille, lui donna bon sujet de pratiquer dignement la douceur et condescendance.

Ainsi entre les serviteurs de Dieu, les uns s'adonnent à servir les malades, les autres à secourir les pauvres, les autres à procurer l'avancement de la doctrine chrétienne entre les petits enfants, les autres à ramasser les âmes perdues et égarées, les autres à parer les églises et orner les autels, et les autres à moyenner la paix et concorde entre les hommes.

En quoi ils imitent les brodeurs qui, sur divers fonds, couchent en belle variété les soies, l'or et l'argent pour en faire toutes sortes de fleurs ; car ainsi ces âmes pieuses qui entreprennent quelque particulier exercice de dévotion, se servent dicelui comme d'un fonds pour leur broderie spirituelle, sur lequel elles pratiquent la variété de toutes les autres vertus, tenant en cette sorte leurs actions et affections mieux unies et rangées par le rapport qu'elles en font à leur exercice principal, et font ainsi paraître leur esprit

En son beau vêtement de drap d'or recamé,
Et douvrages divers à laiguille semé.

Quand nous sommes combattus de quelque vice, il faut, tant qu'il nous est possible, embrasser la pratique de la vertu contraire, rapportant les autres à icelle; car par ce moyen nous vaincrons notre ennemi et ne laisserons pas de nous avancer en toutes les vertus. Si je suis combattu par l'orgueil ou par la colère, ii faut qu'en toute chose je me penche et plie du côté de l'humilité et de la douceur et qu'à cela je fasse servir les autres exercices de l'oraison, des sacrements, de la prudence, de la constance, de la sobriété.

Car, comme les sangliers pour aiguiser leurs défenses les frottent et fourbissent avec leurs autres dents, lesquelles réciproquement en demeurent toutes fort affutées et tranchantes, ainsi lhomme vertueux ayant entrepris de se perfectionner en la vertu de laquelle il a plus de besoin pour sa défense, il la doit limer et affiler par l'exercice des autres vertus, lesquelles en affinant celle-là, en deviennent toutes plus excellentes et mieux polies; comme il advint à Job, qui s'exerçant particulièrement en la patience, contre tant de tentations desquelles il fut agité, devint parfaitement saint et vertueux en toutes sortes de vertus.

Ains il est arrivé, comme dit saint Grégoire Nazianzène, que par une seule action de quelque vertu, bien et parfaitement exercée, une personne a atteint au comble des vertus, alléguant Rahab, laquelle, ayant exactement pratiqué l'office d'hospitalité, parvint à une gloire suprême; mais cela s'entend quand telle action se fait excellemment, avec grande ferveur et charité.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE II

SUITE DU MÊME DISCOURS DU CHOIX DES VERTUS


Saint Augustin dit excellemment que ceux qui commencent en la dévotion commettent certaines fautes, lesquelles sont blâmables selon la rigueur des lois de la perfection, et sont néanmoins louables, pour le bon présage quelles donnent d'une future excellence de piété, à laquelle même elles servent de disposition.

Cette basse et grossière crainte qui engendre les scrupules excessifs ès âmes de ceux qui sortent nouvellement du train des péchés, est une vertu recommandable en ce commencement, et présage certain d'une future pureté de conscience; mais cette même crainte serait blâmable en ceux qui sont fort avancés, dedans le coeur desquels doit régner lamour, qui petit à petit chasse cette sorte de crainte servile.

Saint Bernard en ses commencements, était plein de rigueur et d'âpreté envers ceux qui se rangeaient sous sa conduite, auxquels il annonçait d'abord quil fallait quitter le corps et venir à lui avec le seul esprit. Oyant leurs confessions, il détestait avec une sévérité extraordinaire toutes sortes de défauts, pour petits qu'ils fussent, et sollicitait tellement ces pauvres apprentis à la perfection, qu'à force de les y pousser il les en retirait; car ils perdaient coeur et haleine de se voir si instamment pressés en une montée si droite et relevée.

Voyez-vous, Philothée, c'était le zèle très ardent d'une parfaite pureté qui provoquait ce grand saint à cette sorte de méthode, et ce zèle était une grande vertu, mais vertu néanmoins qui ne laissait pas d'être répréhensible. Aussi Dieu même par une sacrée apparition, l'en corrigea, répandant en son âme un esprit doux, suave, amiable et tendre, par le moyen duquel s'étant rendu tout autre, il s'accusa grandement d'avoir été si exact et sévère, et devint tellement gracieux et condescendant avec un chacun qu'il se fit « tout à tous pour les gagner tous. »

Saint Jérôme ayant raconté que sainte Paule, sa chère fille, était non seulement excessive, mais opiniâtre en l'exercice des mortifications corporelles, jusques à ne vouloir point céder à l'avis contraire que saint Epiphane son évêque lui avait donné pour ce regard, et qu'outre cela, elle se laissait tellement emporter au regret de la mort des siens, que toujours elle était en danger de mourir, enfin il conclut en cette sorte : « On dira qu'en lieu d'écrire des louanges pour cette sainte, j'en écris des blâmes et vitupères. J'atteste Jésus, auquel elle a servi et auquel je désire servir, que je ne mens ni d'un côté ni d'autre, ains produis naïvement ce qui est delle comme chrétien d'une chrétienne; c'est-à-dire, j'en écris l'histoire, non pas un panégyrique, et que ses vices sont les vertus des autres. »

Il veut dire que les déchets et défauts de sainte Paule eussent tenu lieu de vertu en une âme moins parfaite, comme à la vérité il y a des actions qui sont estimées imperfections en ceux qui sont parfaits, lesquelles seraient néanmoins tenues pour grandes perfections en ceux qui sont imparfaits. C'est bon signe en un malade quand au sortir de sa maladie les jambes lui enflent, car cela dénote que la nature déjà renforcée rejette les humeurs superflues ; mais ce même signe serait mauvais en celui qui ne serait pas malade, car il ferait connaître que la nature n'a pas assez de force pour dissiper et résoudre les humeurs.

Ma Philothée, il faut avoir bonne opinion de ceux es-quels nous voyons la pratique des vertus, quoiqu'avec imperfection, puisque les saints mêmes les ont souvent pratiquées en cette sorte; mais quant à nous, il nous faut avoir soin de nous y exercer, non seulement fidèlement, mais prudemment, et à cet effet observer étroitement l'avis du Sage, de « ne point nous appuyer sur notre propre prudence», ains sur celle de ceux que Dieu nous a donnés pour conducteurs.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE II

SUITE DU MÊME DISCOURS DU CHOIX DES VERTUS


Il y a certaines choses que plusieurs estiment vertus et qui ne le sont aucunement, desquelles il faut que je vous dise un mot: ce sont les extases ou ravissements, les insensibilités, impassibilités, unions déifiques, élévations, transformations, et autres telles perfections desquelles certains livres traitent, qui promettent délever l'âme jusquà la contemplation purement intellectuelle, à l'application essentielle de l'esprit et vie superéminente.

Voyez-vous, Philothée, ces perfections ne sont pas vertus; ce sont plutôt des récompenses que Dieu donne pour les vertus, ou bien encore plutôt des échantillons des félicités de la vie future, qui quelquefois sont présentés aux hommes pour leur faire désirer les pièces tout entières qui sont là-haut en paradis.

Mais pour tout cela, il ne faut pas prétendre à telles grâces, puisquelles ne sont nullement nécessaires pour bien servir et aimer Dieu, qui doit être notre unique prétention; aussi bien souvent ne sont-ce pas des grâces qui puissent être acquises par le travail et industrie, puisque ce sont plutôt des passions que des actions, lesquelles nous pouvons recevoir, mais non pas faire en nous.

J'ajoute que nous n'avons pas entrepris de nous rendre sinon gens de bien, gens de dévotion, hommes pieux, femmes pieuses; c'est pourquoi il nous faut bien employer à cela; que s'il plaît à Dieu de nous élever jusques à ces perfections angéliques, nous serons aussi des bons anges; mais en attendant exerçons-nous simplement, humblement et dévotement aux petites vertus, la conquête desquelles Notre Seigneur a exposée à notre soin et travail : comme la patience, la débonnaireté, la mortification du coeur, lhumilité, l'obéissance, la pauvreté, la chasteté, la tendreté envers le prochain, le support de ses imperfections, la diligence et sainte ferveur.

Laissons volontiers les suréminences aux âmes surélevées : nous ne méritons pas un rang si haut au service de Dieu; trop heureux serons-nous de le servir en sa cuisine, en sa paneterie, d'être des laquais, portefaix, garçons de chambre; c'est à lui par après, si bon lui semble, de nous retirer en son cabinet et conseil privé.

Oui, Philothée, car ce Roi de gloire ne récompense pas ses serviteurs selon la dignité des offices qu'ils exercent, mais selon l'amour et l'humilité avec laquelle ils les exercent. Saül cherchant les ânes de son père, trouva le royaume dIsraël; Rébecca, abreuvant les chameaux dAbraham, devint épouse de son fils; Ruth, glanant après les moissonneurs de Booz et se couchant à ses pieds, fut tirée à son côté et rendue son épouse.

Certes, les prétentions si hautes et élevées des choses extraordinaires sont grandement sujettes aux illusions, tromperies et faussetés; et arrive quelquefois que ceux qui pensent être des anges ne sont pas seulement bons hommes, et qu'en leur fait il y a plus de grandeur ès paroles et termes dont ils usent, qu'au sentiment et en l'oeuvre.

Il ne faut pourtant rien mépriser ni censurer témérairement; mais en bénissant Dieu de la suréminence des autres, arrêtons-nous humblement en notre voie plus basse mais plus assurée, moins excellente mais plus sortable à notre insuffisance et petitesse, en laquelle si nous conservons humblement et fidèlement, Dieu nous élèvera à des grandeurs bien grandes.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE III

DE LA PATIENCE


« Vous avez besoin de patience, afin que faisant la volonté de Dieu, vous en rapportiez la promesse », dit l'Apôtre. Oui; car, comme avait prononcé le Sauveur, « en votre patience vous posséderez vos âmes ». C'est le grand bonheur de l'homme, Philothée, que de posséder son âme; et à mesure que la patience est plus parfaite, nous possédons plus parfaitement nos âmes.

Ressouvenez-vous souvent que Notre Seigneur nous a sauvés en souffrant et endurant, et que de même, nous devons faire notre salut par les souffrances et afflictions, endurant les injures, contradictions et déplaisirs avec le plus de douceur qu'il nous sera possible.

Ne bornez point votre patience à telle ou telle sorte dinjures et d'afflictions, mais étendez-la universellement à toutes celles que Dieu vous enverra et permettra vous arriver. Il y en a qui ne veulent souffrir sinon les tribulations qui sont honorables, comme par exemple, d'être blessés à la guerre, d'être prisonniers de guerre, d'être maltraités pour la religion, de s'être appauvris par quelque querelle en laquelle ils soient demeurés maîtres; et ceux-ci n'aiment pas la tribulation, mais l'honneur quelle apporte.

Le vrai patient et serviteur de Dieu supporte également les tribulations conjointes à l'ignominie et celles qui sont honorables. D'être méprisé, repris et accusé par les méchants, ce n'est que douceur à un homme de courage; mais d'être repris, accusé et maltraité par les gens de bien, par les amis, par les parents, c'est là où il y a du bon.

J'estime plus la douceur avec laquelle le grand saint Charles Borromée souffrit longuement les répréhensions publiques qu'un grand prédicateur d'un ordre extrêmement réformé faisait contre lui en chaire, que toutes les attaques qu'il reçut des autres.

Car tout ainsi que les piqûres d'abeilles sont plus cuisantes que celle des mouches, ainsi le mal que l'on reçoit des gens de bien, et les contradictions qu'ils font sont bien plus insupportables que les autres; et cela néanmoins arrive fort souvent, que deux hommes de bien ayant tous deux bonne intention, sur la diversité de leurs opinions, se font de grandes persécutions et contradictions l'un à l'autre.

Soyez patiente, non seulement pour le gros et principal des afflictions qui nous surviendront, mais encore pour les accessoires et accidents qui en dépendront. Plusieurs voudraient bien avoir du mal, pourvu qu'ils n'en fussent point incommodés. « Je ne me fâche point, dit l'un, d'être devenu pauvre, si ce n'était que cela m'empêchera de servir mes amis, élever mes enfants et vivre honorablement comme je désirais. »

Et l'autre dira : « Je ne m'en soucierais point, si ce n'était que le monde pensera que cela me soit arrivé par ma faute. » L'autre serait tout aise que l'on médît de lui, et le souffrirait fort patiemment, pourvu que personne ne crût le médisant.

Il y en a d'autres qui veulent bien avoir quelque incommodité du mal, ce leur semble, mais non pas l'avoir toute : ils ne s'impatientent pas, disent-ils, d'être malades, mais de ce qu ils n'ont pas de l'argent pour se faire panser, ou bien de ce que ceux qui sont autour deux en sont importunés.

Or je dis, Philothée, qu'il faut avoir patience, non seulement d'être malade, mais de l'être de la maladie que Dieu veut, en lieu où il veut, et entre les personnes qu'il veut, et avec les incommodités qu'il veut; et ainsi des autres tribulations.

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CHAPITRE III

DE LA PATIENCE


Quand il vous arrivera du mal, opposez à icelui les remèdes qui seront possibles et selon Dieu, car de faire autrement, ce serait tenter sa divine Majesté : mais aussi cela étant fait, attendez avec une entière résignation l'effet que Dieu agréera.

S'il lui plaît que les remèdes vainquent le mal, vous le remercierez avec humilité; mais s'il lui plaît que le mal surmonte les remèdes, bénissez-le avec patience.

Je suis l'avis de saint Grégoire: quand vous serez accusée justement pour quelque faute que vous aurez commise, humiliez-vous bien fort, confessez que vous méritez l'accusation qui est faite contre vous.

Que si l'accusation est fausse, excusez-vous doucement, niant d'être coupable, car vous devez cette révérence à la vérité et à l'édification du prochain; mais aussi, si après votre véritable et légitime excuse on continue à vous accuser, ne vous troublez nullement et ne tâchez point de faire recevoir votre excuse; car après avoir rendu votre devoir à la vérité, vous devez le rendre aussi à lhumilité.

Et en cette sorte, vous n'offenserez ni le soin que vous devez avoir de votre renommée, ni l'affection que vous devez à la tranquillité, douceur de coeur et humilité.

Plaignez-vous le moins que vous pourrez des torts qui vous seront faits ; car c'est chose certaine que pour l'ordinaire, qui se plaint pèche, d'autant que l'amour-propre nous fait toujours ressentir les injures plus grandes qu'elles ne sont; mais surtout ne faites point vos plaintes à des personnes aisées à si'ndigner et mal penser.

Que s'il est expédient de vous plaindre à quelqu'un, ou pour remédier à l'offense, ou pour accoiser votre esprit, il faut que ce soit à des âmes tranquilles et qui aiment bien Dieu; car autrement au lieu d'alléger votre coeur, elles le provoqueraient à de plus grandes inquiétudes; au lieu d'ôter l'épine qui vous pique, elles la ficheront plus avant en votre pied.

Plusieurs étant malades, affligés, et offensés de quelqu'un, s'empêchent bien de se plaindre et montrer de la délicatesse, car cela, à leur avis (et il est vrai), témoignerait évidemment une grande défaillance de force et de générosité; mais ils désirent extrêmement, et par plusieurs artifices recherchent que chacun les plaigne, qu'on ait grande compassion d'eux, et qu'on les estime non seulement affligés, mais patients et courageux.

Or, cela est vraiment une patience, mais une patience fausse, qui en effet n'est autre chose qu'une très délicate et très fine ambition et vanité : « Ils ont de la gloire, dit l'Apôtre, mais non pas envers Dieu. »

Le vrai patient ne se plaint point de son mal ni ne désire qu'on le plaigne; il en parle naïvement, véritablement et simplement, sans se lamenter, sans se plaindre, sans l'agrandir: que si on le plaint, il souffre patiemment qu'on le plaigne, sinon qu'on le plaigne de quelque mal qu'il n'a pas; car lors il déclare modestement qu'il n'a point ce mal-là, et demeure en cette sorte paisible entre la vérité et la patience, confessant son mal et ne s'en plaignant point.

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CHAPITRE III

DE LA PATIENCE


Ès contradictions qui vous arriveront en l'exercice de la dévotion (car cela ne manquera pas), ressouvenez-vous de la parole de Notre-Seigneur:

« La femme tandis qu'elle enfante a de grandes angoisses, mais voyant son enfant né elle les oublie, d'autant qu'un homme lui est né au monde »; car vous avez conçu en votre âme le plus digne enfant du monde, qui est Jésus-Christ avant qu'il soit produit et enfanté du tout, il ne se peut que vous ne vous ressentiez du travail; mais ayez bon courage, car, ces douleurs passées, la joie éternelle vous demeurera d'avoir enfanté un tel homme au monde. Or il sera entièrement formé en votre coeur et en vos oeuvres par imitation de sa vie.

Quand vous serez malade, offrez toutes vos douleurs, peines et langueurs au service de Notre Seigneur, et le suppliez de les joindre aux tourments qu'il a reçus pour vous.

Obéissez au médecin, prenez les médecines, viandes et autres remèdes pour l'amour de Dieu, vous ressouvenant du fiel qu'il prit pour l'amour de nous. Désirez de guérir pour lui rendre service; ne refusez point de languir pour lui obéir, et disposez-vous à mourir, si ainsi il lui plaît, pour le louer et jouir de lui.

Ressouvenez-vous que les abeilles au temps qu'elles font le miel, vivent et mangent d'une munition fort amère, et qu'ainsi nous ne pouvons jamais faire des actes de plus grande douceur et patience, ni mieux composer le miel des excellentes vertus, que tandis que nous mangeons le pain damertume et vivons parmi les angoisses.

Et comme le miel qui est fait des fleurs de thym, herbe petite et amère, est le meilleur de tous, ainsi la vertu qui s'exerce en l'amertume des plus viles, basses et abjectes tribulations est la plus excellente de toutes.

Voyez souvent de vos yeux intérieurs Jésus-Christ crucifié, nu, blasphémé, calomnié, abandonné et enfin accablé de toutes sortes d'ennuis, de tristesse et de travaux, et considérez que toutes vos souffrances, ni en qualité ni en quantité, ne sont aucunement comparables aux siennes, et que jamais vous ne souffrirez rien pour lui, au prix de ce qu'il a souffert pour vous.

Considérez les peines que les martyrs souffrirent jadis et celles que tant de personnes endurent, plus grièves, sans aucune proportion, que celles esquelles vous êtes, et dites: « Hélas mes travaux sont des consolations et mes peines des roses, en comparaison de ceux qui sans secours, sans assistance, sans allègement, vivent en une mort continuelle, accablés dafflictions infiniment plus grandes. »

CHAPITRE IV

DE L'HUMILITÉ POUR L'EXTÉRIEUR


« Empruntez, dit Elisée à une pauvre veuve, et prenez force vaisseaux vides et versez l'huile en iceux. » Pour recevoir la grâce de Dieu en nos coeurs, il les faut avoir vides de notre propre gloire. La crécerelle criant et regardant les oiseaux de proie, les épouvante par une propriété et vertu secrète; c'est pourquoi les colombes laiment sur tous les autres oiseaux, et vivent en assurance auprès dicelle: ainsi l'humilité repousse Satan, et conserve en nous les grâces et dons du Saint-Esprit, et pour cela tous les saints, mais particulièrement le Roi des saints et sa Mère, ont toujours honoré et chéri cette digne vertu plus qu'aucune autre entre toutes les morales.

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CHAPITRE IV

DE L'HUMILITÉ POUR L'EXTÉRIEUR


Nous appelons vaine la gloire qu'on se donne ou pour ce qui n'est pas en nous, ou pour ce qui est en nous mais non pas à nous, ou pour ce qui est en nous et à nous, mais qui ne mérite pas qu'on s'en glorifie. La noblesse de la race, la faveur des grands, l'honneur populaire, ce sont choses qui ne sont pas en nous, mais ou en nos prédécesseurs, ou en l'estime d'autrui. Il y en a qui se rendent fiers et morgants pour être sur un bon cheval, pour avoir un panache en leur chapeau, pour être habillés somptueusement; mais qui ne voit cette folie ? car s'il y a de la gloire pour cela, elle est pour le cheval, pour loiseau et pour le tailleur; et quelle lâcheté de courage est-ce d'emprunter son estime d'un cheval, d'une plume, d'un goderon ?

Les autres se prisent et regardent, pour des moustaches relevées, pour une barbe bien peignée, pour des cheveux crêpés, pour des mains douillettes, pour savoir danser, jouer, chanter; mais ne sont-ils pas lâches de courage, de vouloir enchérir leur valeur et donner du surcroît à leur réputation par des choses si frivoles et folâtres ? Les autres, pour un peu de science, veulent être honorés et respectés du monde, comme si chacun devait aller à lécole chez eux et les tenir pour maîtres : c'est pourquoi on les appelle pédants. Les autres se pavonnent sur la considération de leur beauté, et croient que tout le monde les muguettes.

Tout cela est extrêmement vain, sot et impertinent, et la gloire qu'on prend de si faibles sujets s'appelle vaine, sotte et frivole.On connaît le vrai bien comme le vrai baume on fait l'essai du baume en le distillant dedans l'eau, car s'il va au fond et qu'il prenne le dessous, il est jugé pour être du plus fin et précieux. Ainsi, pour connaître si un homme est vraiment sage, savant, généreux, noble, il faut voir si ses biens tendent à l'humilité, modestie et soumission, car alors ce seront des vrais biens; mais s'ils surnagent et qu'ils veuillent paraître, ce seront des biens d'autant moins véritables qu'ils seront plus apparents.

Les perles qui sont conçues ou nourries au vent et au bruit des tonnerres n'ont que l'écorce de perles, et sont vides de substance; et ainsi les vertus et belles qualités des hommes qui sont reçues et nourries en l'orgueil, en la ventance et en la vanité, n'ont qu'une simple apparence du bien, sans suc, sans moelle et sans solidité. Les honneurs, les rangs, les dignités, sont comme le safran, qui se porte mieux et vient plus abondamment d'être foulé aux pieds.

Ce n'est plus honneur d'être beau, quand on s'en regarde : la beauté pour avoir bonne grâce doit être négligée ; la science nous déshonore quand elle nous enfle et quelle dégénère en pédanterie. Si nous sommes pointilleux pour les rangs, pour les séances, pour les titres, outre que nous exposons nos qualités à l'examen, à l'enquête et à la contradiction, nous les rendons viles et abjectes; car l'honneur qui est beau étant reçu en don, devient vilain quand il est exigé, recherché et demandé.

Quand le paon fait sa roue pour se voir, en levant ses belles plumes, il se hérisse de tout le reste, et montre de part et d'autre ce qu'il a d'infâme; les fleurs qui sont belles, plantées en terre, flétrissent étant maniées. Et comme ceux qui odorent la mandragore de loin et en passant reçoivent beaucoup de suavité, mais ceux qui la sentent de près et longuement en deviennent assoupis et malades, ainsi les honneurs rendent une douce consolation à celui qui les odore de loin et légèrement, sans s'y amuser ou s'en empresser ; mais à qui s'y affectionne et s'en repaît, ils sont extrêmement blâmables et vitupérables.

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CHAPITRE IV

DE L'HUMILITÉ POUR L'EXTÉRIEUR


La poursuite et amour de la vertu commence à nous rendre vertueux; mais la poursuite et amour des honneurs commence à nous rendre méprisables et vitupérables. Les esprits bien nés ne s'amusent pas à ces menus fatras de rangs, d'honneurs, de salutations; ils ont d'autres choses à faire : c'est le propre des esprits fainéants. Qui peut avoir des perles ne se charge pas de coquilles; et ceux qui prétendent à la vertu ne s'empressent point pour les honneurs.

Certes, chacun peut entrer en son rang et s'y tenir sans violer l'humilité, pourvu que cela se fasse négligemment et sans contention. Car, comme ceux qui viennent du Pérou, outre l'or et l'argent qu'ils en tirent, apportent encore des singes et perroquets, parce qu'ils ne leur coûtent guère et ne chargent pas aussi beaucoup leur navire ; ainsi ceux qui prétendent à la vertu ne laissent pas de prendre leurs rangs et les honneurs qui leur sont dus, pourvu toutefois que cela ne leur coûte pas beaucoup de soin et d'attention, et que ce soit sans en être chargés de trouble, d'inquiétude, de disputes et contentions.

Je ne parle néanmoins pas de ceux desquels la dignité regarde le public, ni de certaines occasions particulières qui tirent une grande conséquence; car en cela, il faut que chacun conserve ce qui lui appartient, avec une prudence et discrétion qui soit accompagnée de charité et courtoisie.

CHAPITRE V

DE L'HUMILITÉ PLUS INTÉRIEURE


Mais vous désirez, Philothée, que je vous conduise plus avant dans l'humilité; car à faire comme j'ai dit c'est quasi plutôt sagesse qu'humilité; maintenant donc je passe outre. Plusieurs ne veulent ni n'osent penser et considérer les grâces que Dieu leur a faites en particulier, de peur de prendre de la vaine gloire et complaisance, en quoi certes ils se trompent; car puisque, comme dit le grand Docteur Angélique, le vrai moyen d'atteindre à l'amour de Dieu, c'est la considération de ses bienfaits, plus nous les connaîtrons, plus nous l'aimerons; et comme les bénéfices particuliers émeuvent plus puissamment que les communs, aussi doivent-ils être considérés plus attentivement.

Certes, rien ne peut tant humilier devant la Miséricorde de Dieu que la multitude de ses bienfaits, ni rien tant humilier devant sa justice, que la multitude de nos méfaits. Considérons ce qu'il a fait pour nous et ce que nous avons fait contre lui ; et comme nous considérons par le menu nos péchés, considérons aussi par le menu ses grâces.

Il ne faut pas craindre que la connaissance de ce qu'il a mis en nous nous enfle, pourvu que nous soyons attentifs à cette vérité, que ce qui est de bon en nous n'est pas de nous.

Hélas! les mulets laissent-ils d'être lourdes et puantes bêtes, pour être chargés des meubles précieux et parfumés du prince? Qu'avons-nous de bon que nous n'ayons reçu? et si nous l'avons reçu, pourquoi nous en voulons-nous enorgueillir ?

Au contraire, la vive considération des grâces reçues nous rend humbles; car la connaissance engendre la reconnaissance. Mais si voyant les grâces que Dieu nous a faites, quelque sorte de vanité nous venait chatouiller, le remède infaillible sera de recourir à la considération de nos ingratitudes, de nos imperfections, de nos misères:

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CHAPITRE V

DE L'HUMILITÉ PLUS INTÉRIEURE


Si nous considérons ce que nous avons fait quand lieu na pas été avec nous, nous connaîtrons bien que ce que nous faisons quand il est avec nous n'est pas de notre façon ni de notre crû; nous en jouirons voirement et nous en réjouirons parce que nous l'avons, mais nous en glorifierons Dieu seul, parce qu'il en est l'auteur.

Ainsi la Sainte Vierge confesse que Dieu lui fait choses très grandes, mais ce n'est que pour s'en humilier et magnifier Dieu : « Mon âme, dit-elle, magnifie le Seigneur, parce qu'il m'a fait choses grandes. »

Nous disons maintes fois que nous ne sommes rien, que nous sommes la misère même et l'ordure du monde ; mais nous serions bien marris qu'on nous prît au mot et que l'on nous publiât tels que nous disons.

Au contraire, nous faisons semblant de fuir et de nous cacher, afin qu'on nous coure après et qu'on nous cherche; nous faisons contenance de vouloir être les derniers et assis au bas bout de la table, mais c'est afin de passer plus avantageusement au haut bout.

La vraie humilité ne fait pas semblant de l'être et ne dit guère de paroles d'humilité, car elle ne désire pas seulement de cacher les autres vertus, mais encore et principalement elle souhaite de se cacher soi-même; et s'il lui était loisible de mentir, de feindre, ou de scandaliser le prochain, elle produirait des actions d'arrogance et de fierté, afin de se recéler sous icelles et y vivre du tout inconnue et à couvert.

Voici donc mon avis, Philothée : ou ne disons point de paroles d'humilité, ou disons-les avec un vrai sentiment intérieur, conforme à ce que nous prononçons extérieurement n'abaissons jamais les yeux qu'en humiliant nos coeurs; ne faisons pas semblant de vouloir être des derniers, que de bon coeur nous ne voulussions l'être.

Or, je tiens cette règle si générale que je n'y apporte nulle exception: seulement j'ajoute que la civilité requiert que nous présentions quelquefois l'avantage à ceux qui manifestement ne le prendront pas, et ce n'est pourtant pas ni duplicité, ni fausse humilité; car alors la seule offre de l'avantage est un commencement d'honneur, et puisqu'on ne peut le leur donner entier, on ne fait pas mal de leur en donner le commencement.

J'en dis de même de quelques paroles d'honneur ou de respect qui, à la rigueur, ne semblent pas véritables; car elles le sont néanmoins assez, pourvu que le coeur de celui qui les prononce ait une vraie intention d'honorer et respecter celui pour lequel il les dit; car encore que les mots signifient avec quelque excès ce que nous disons, nous ne faisons pas mal de les employer quand l'usage commun le requiert.

Il est vrai qu'encore voudrais-je que les paroles fussent ajustées à nos affections au plus près qu'il nous serait possible, pour suivre en tout et partout la simplicité et candeur cordiale.

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CHAPITRE V

DE L'HUMILITÉ PLUS INTÉRIEURE


L'homme vraiment humble aimerait mieux qu'un autre dît de lui qu'il est misérable, qu'il n'est rien, qu'il ne vaut rien, que non pas de le dire lui-même: au moins, s'il sait qu'on le dit, il ne contredit point, mais acquiesce de bon coeur; car croyant fermement cela, il est bien aise qu'on suive son opinion.

Plusieurs disent qu'ils laissent l'oraison mentale pour les parfaits, et qu'eux ne sont pas dignes de la faire; les autres protestent qu'ils n'osent pas souvent communier, parce qu'ils ne se sentent pas assez purs.

Les autres, qu'ils craignent de faire honte à la dévotion s'ils s'en mêlent, à cause de leur grande misère et fragilité ; et les autres refusent d'employer leur talent au service de Dieu et du prochain parce, disent-ils, qu'ils connaissent leur faiblesse et qu'ils ont peur de s'enorgueillir s'ils sont instruments de quelque bien, et qu'en éclairant les autres ils se consument.

Tout cela n'est qu'artifice et une sorte d'humilité non seulement fausse, mais maligne, par laquelle on veut tacitement et subtilement blâmer les choses de Dieu, ou au fin moins, couvrir d'un prétexte d'humilité l'amour propre de son opinion, de son humeur et de sa paresse.

« Demande à Dieu un signe au ciel d'en haut ou au profond de la mer en bas, » dit le Prophète au malheureux Achaz, et il répondit :

« Non, je ne le demanderai point, et ne tenterai point le Seigneur. » O le méchant! il fait semblant de porter grande révérence à Dieu, et sous couleur d'humilité s'excuse d'aspirer à la grâce de laquelle sa divine Bonté lui fait semonce.

Mais ne voit-il pas que, quand Dieu nous veut gratifier, c'est orgueil de refuser ? que les dons de Dieu nous obligent à les recevoir, et que c'est humilité d'obéir et suivre au plus près que nous pouvons ses désirs?

Or, le désir de Dieu est que nous soyons parfaits, nous unissant à lui et limitant au plus près que nous pouvons.

Le superbe qui se fie en soi-même a bien occasion de n'oser rien entreprendre; mais l'humble est d'autant plus courageux qu'il se reconnaît plus impuissant : et à mesure qu'il s'estime chétif il devient plus hardi parce qu'il a toute sa confiance en Dieu, qui se plaît à magnifier sa toute-puissance en notre infirmité, et élever sa Miséricorde sur notre misère.

Il faut donc humblement et saintement oser tout ce qui est jugé propre à notre avancement par ceux qui conduisent nos âmes.

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CHAPITRE V

DE L'HUMILITÉ PLUS INTÉRIEURE


Penser savoir ce qu'on ne sait pas, c'est une sottise expresse ; vouloir faire le savant de ce qu'on connaît bien que l'on ne sait pas, c'est une vanité insupportable : pour moi, je ne voudrais pas même faire le savant de ce que je saurais, comme au contraire je n'en voudrais non plus faire l'ignorant.

Quand la charité le requiert, il faut communiquer rondement et doucement avec le prochain, non seulement ce qui lui est nécessaire pour son instruction, mais aussi ce qui lui est utile pour sa consolation; car l'humilité qui cache et couvre les vertus pour les conserver, les fait néanmoins paraître quand la charité le commande, pour les accroître, agrandir et perfectionner.

En quoi elle ressemble à cet arbre des îles de Tylos, lequel la nuit resserre et tient closes ses belles fleurs incarnates et ne les ouvre qu'au soleil levant, de sorte que les habitants du pays disent que ces fleurs dorment de nuit.

Car ainsi lhumilité couvre et cache toutes nos vertus et perfections humaines, et ne les fait jamais paraître que pour la charité, qui étant une vertu non point humaine mais céleste, non point morale mais divine, elle est le vrai soleil des vertus, sur lesquelles elle doit toujours dominer : si que les humilités qui préjudicient à la charité sont indubitablement fausses.

Je ne voudrais ni faire du fol ni faire du sage: car si l'humilité m'empêche de faire le sage, la simplicité et rondeur m'empêcheront aussi de faire le fol; et si la vanité est contraire à l'humilité, l'artifice, l'afféterie et feintise est contraire à la rondeur et simplicité.

Que si quelques grands serviteurs de Dieu ont fait semblant d'être fols pour se rendre plus abjects devant le monde, il les faut admirer et non pas imiter ; car ils ont eu des motifs pour passer à cet excès, qui leur ont été si particuliers et extraordinaires, que personne n'en doit tirer aucune conséquence pour soi.

Et quant à David, s'il dansa et sauta un peu plus que l'ordinaire bienséance ne requérait devant l'arche de l'alliance, ce n'était pas qu'il voulût faire le fol; mais tout simplement et sans artifice, il faisait ces mouvements extérieurs conformes à l'extraordinaire et démesurée allégresse quil sentait en son coeur.

Il est vrai que quand Michol, sa femme, lui en fit reproche comme d'une folie, il ne fut pas marri de se voir avili : ains persévérant en la naïve et véritable représentation de sa joie, il témoigna d'être bien aise de recevoir un peu d'opprobre pour son Dieu.

En suite de quoi je vous dirai que si pour les actions d'une vraie et naïve dévotion, on vous estime vile, abjecte ou folle, l'humilité vous fera réjouir de ce bienheureux opprobre, duquel la cause n'est pas en vous, mais en ceux qui le font.

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CHAPITRE VI

QUE L'HUMILITÉ NOUS FAIT AIMER NOTRE PROPRE ABJECTION


Je passe plus avant et vous dis, Philothée, qu'en tout et partout vous aimiez votre propre abjection. Mais, ce me direz-vous, que veut dire cela : aimez votre propre abjection ? En latin abjection veut dire humilité, et humilité veut dire abjection ; si que, quand Notre Dame en son sacré cantique dit que, « parce que Notre Seigneur a vu l'humilité de sa servante toutes les générations la diront bienheureuse », elle veut dire que Notre Seigneur a regardé de bon coeur son abjection, vileté et bassesse, pour la combler de grâces et faveurs.

Il y a néanmoins différence entre la vertu d'humilité et l'abjection; car l'abjection, c'est la petitesse, bassesse et vileté qui est en nous, sans que nous y pensions; mais quant à la vertu d'humilité, c'est la véritable connaissance et volontaire reconnaissance de notre abjection.

Or, le haut point de cette humilité gît à non seulement reconnaître volontairement notre abjection, mais l'aimer et s'y complaire, et non point par manquement de courage et générosité, mais pour exalter tant plus la divine Majesté, et estimer beaucoup plus le prochain en comparaison de nous-mêmes.

Et c'est cela à quoi je vous exhorte, et que pour mieux entendre, sachez qu'entre les maux que nous souffrons, les uns sont abjects et les autres honorables; plusieurs s'accommodent aux honorables, mais presque nul ne veut s'accommoder aux abjects.

Voyez un dévotieux ermite tout déchiré et plein de froid : chacun honore son habit gâté, avec compassion de sa souffrance ; mais si un pauvre artisan, un pauvre gentilhomme, une pauvre damoiselle en est de même, on l'en méprise, on s'en moque, et voilà comme sa pauvreté est abjecte.

Un religieux reçoit dévotement une âpre censure de son supérieur, ou un enfant de son père : chacun appellera cette mortification, obédience et sagesse; un chevalier et une dame en souffrira de même de quelqu'un, et quoique ce soit pour l'amour de Dieu, chacun l'appellera couardise et lâcheté: voilà donc encore un autre mal abject.

Une personne a un chancre au bras, et l'autre la au visage: celui-là n'a que le mal, mais cestui-ci, avec le mal, a le mépris, le dédain et l'abjection. Or, je dis maintenant quil ne faut pas seulement aimer le mal, ce qui se fait par la vertu de la patience; mais il faut aussi chérir l'abjection, ce qui se fait par la vertu de l'humilité.

De plus, il y a des vertus abjectes et des vertus honorables : la patience, la douceur, la simplicité et l'humilité même sont des vertus que les mondains tiennent pour viles et abjectes; au contraire, ils estiment beaucoup la prudence, la vaillance et la libéralité. Il y a encore des actions d'une même vertu, dont les unes sont méprisées et les autres honorées; donner l'aumône et pardonner les offenses sont deux actions de charité : la première est honorée d'un chacun, et l'autre méprisée aux yeux du monde.

Un jeune gentilhomme ou une jeune dame qui ne s'abandonnera pas au dérèglement d'une troupe débauchée, à parler, jouer, danser, boire, vêtir, sera brocardé et censuré par les autres, et sa modestie sera nommée ou bigoterie ou afféterie : aimer cela, c'est aimer son abjection. En voici d'une autre sorte : nous allons visiter les malades; si on m'envoie au plus misérable, ce me sera une abjection selon le monde, c'est pourquoi je l'aimerai; si on m'envoie à ceux de qualité, c'est une abjection selon l'esprit, car il n'y a pas tant de vertu ni de mérite, et j'aimerai donc cette abjection. Tombant emmi la rue, outre le mal l'on en reçoit de la honte;

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CHAPITRE VI

QUE L'HUMILITÉ NOUS FAIT AIMER NOTRE PROPRE ABJECTION


il faut aimer cette abjection. Il y a même des fautes es-quelles il n'y a aucun mal que la seule abjection; et l'humilité ne requiert pas qu'on les fasse expressément, mais elle requiert bien qu'on ne s'inquiète point quand on les aura commises : telles sont certaines sottises, incivilités et inadvertances, lesquelles comme il faut éviter avant quelles soient faites, pour obéir à la civilité et prudence, aussi faut-il quand elles sont faites, acquiescer à l'abjection qui nous en revient, et l'accepter de bon coeur pour suivre la sainte humilité.

Je dis bien davantage: si je me suis déréglé par colère ou par dissolution à dire des paroles indécentes et desquelles Dieu et le prochain est offensé, je me repentirai vivement et serai extrêmement marri de l'offense, laquelle je m'essaierai de réparer le mieux qu'il me sera possible ;

mais je ne laisserai pas d'agréer l'abjection et le mépris qui m'en arrive; et si l'un se pouvait séparer d'avec l'autre, je rejetterais ardemment le péché et garderais humblement l'abjection.

Mais quoique nous aimions l'abjection qui s'ensuit du mal, si ne faut-il pas laisser de remédier au mal qui la causée, par des moyens propres et légitimes, et surtout quand le mal est de conséquence. Si j'ai quelque mal abject au visage, j'en procurerai la guérison, mais non pas que l'on oublie l'abjection laquelle j'en ai reçue.

Si j'ai fait une chose qui n'offense personne, je ne m'en excuserai pas, parce qu'encore que ce soit un défaut, si est-ce qu'il n'est pas permanent; je ne pourrais donc m'en excuser que pour l'abjection qui m'en revient; or c'est cela que l'humilité ne peut permettre :

mais si par mégarde ou par sottise j'ai offensé ou scandalisé quelqu'un, je réparerai l'offense par quelque véritable excuse, d'autant que le mal est permanent et que la charité m'oblige de l'effacer.

Au demeurant, il arrive quelquefois que la charité requiert que nous remédiions à l'abjection pour le bien du prochain, auquel notre réputation est nécessaire ; mais en ce cas-là, ôtant notre abjection de devant les yeux du prochain pour empêcher son scandale, il la faut serrer et cacher dedans notre coeur afin qu'il s'en édifie.

Mais vous voulez savoir, Philothée, quelles sont les meilleures abjections; et je vous dis clairement que les plus profitables à l'âme et agréables à Dieu sont celles que nous avons par accident ou par la condition de notre vie, parce que nous ne les avons pas choisies, ainsi les avons reçues telles que Dieu nous les a envoyées, duquel l'élection est toujours meilleure que la nôtre.

Que s'il en fallait choisir, les plus grandes sont les meilleures; et celles-là sont estimées les plus grandes qui sont plus contraires à nos inclinations, pourvu qu'elles soient conformes à notre vacation; car, pour le dire une fois pour toutes, notre choix et élection gâte et amoindrit presque toutes nos vertus.

Ah! qui nous fera la grâce de pouvoir dire avec ce grand roi : « J'ai choisi d'être abject en la maison de Dieu plutôt que d'habiter ès tabernacles des pécheurs ? »

Nul ne le peut, chère Philothée, que Celui qui pour nous exalter, vécut et mourut en sorte qu'il fut « l'opprobre des hommes et l'abjection du peuple ».

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CHAPITRE VI
QUE L'HUMILITÉ NOUS FAIT AIMER NOTRE PROPRE ABJECTION


Je vous ai dit beaucoup de choses qui vous sembleront dures quand vous les considérerez; mais croyez-moi, elles seront plus douces que le sucre et le miel quand vous les pratiquerez.

CHAPITRE VII
COMME IL FAUT CONSERVER LA BONNE RENOMMÉE PRATIQUANT L'HUMILITÉ


La louange, l'honneur et la gloire ne se donnent pas aux hommes pour une simple vertu, mais pour une vertu excellente. Car par la louange nous voulons persuader aux autres d'estimer l'excellence de quelqu'un; par l'honneur nous protestons que nous l'estimons nous-mêmes; et la gloire nest autre chose, à mon avis, qu'un certain éclat de réputation qui rejaillit de l'assemblage de plusieurs louanges et honneurs :

si que les honneurs et louanges sont comme des pierres précieuses, de l'amas desquelles réussit la gloire comme un émail.

Or, l'humilité ne pouvant souffrir que nous ayons aucune opinion d'exceller ou devoir être préférés aux autres, ne peut aussi permettre que nous recherchions la louange, l'honneur ni la gloire qui sont dus à la seule excellence.

Elle consent bien néanmoins à l'avertissement du Sage, qui nous admoneste « davoir soin de notre renommée », parce que la bonne renommée est une estime, non d'aucune excellence, mais seulement d'une simple et commune prudhomie et intégrité de vie, laquelle l'humilité n'empêche pas que nous ne reconnaissions en nous-mêmes, ni par conséquent que nous en désirions la réputation.

Il est vrai que l'humilité mépriserait la renommée si la charité n'en avait besoin; mais parce qu'elle est l'un des fondements de la société humaine, et que sans elle nous sommes non seulement inutiles mais dommageables au public, à cause du scandale qu'il en reçoit, la charité requiert et l'humilité agrée que nous la désirions et conservions précieusement.

Outre cela, comme les feuilles des arbres, qui d'elles-mêmes ne sont pas beaucoup prisables, servent néanmoins de beaucoup, non seulement pour les embellir, mais aussi pour conserver les fruits tandis qu'ils sont encore tendres; ainsi la bonne renommée, qui de soi-même n'est pas une chose fort désirable, ne laisse pas d'être très utile, non seulement pour l'ornement de notre vie, mais aussi pour la conservation de nos vertus, et principalement des vertus encore tendres et faibles : l'obligation de maintenir notre réputation et d'être tels que l'on nous estime, force un courage généreux, d'une puissante et douce violence.

Conservons nos vertus, ma chère Philothée, parce qu'elles sont agréables à Dieu, grand et souverain objet de toutes nos actions; mais comme ceux qui veulent garder les fruits ne se contentent pas de les confire, ains les mettent dedans des vases propres à la conservation diceux, de même, bien que l'amour divin soit le principal conservateur de nos vertus, si est-ce que nous pouvons encore employer la bonne renommée comme fort propre et utile à cela.

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CHAPITRE VII

COMME IL FAUT CONSERVER LA BONNE RENOMMÉE PRATIQUANT L'HUMILITÉ


Il ne faut pas pourtant que nous soyons trop ardents, exacts et pointilleux à cette conservation, car ceux qui sont si douillets et sensibles pour leur réputation ressemblent à ceux qui pour toutes sortes de petites incommodités prennent des médecines : car ceux-ci, pensant conserver leur santé la gâtent tout à fait, et ceux-là, voulant maintenir si délicatement leur réputation, la gâtent entièrement ; car par cette tendreté ils se rendent bizarres, mutins, insupportables, et provoquent la malice des médisants.

La dissimulation et mépris de l'injure et calomnie est pour l'ordinaire un remède beaucoup plus salutaire que le ressentiment, la conteste et la vengeance : le mépris les fait évanouir; si on s'en courrouce, il semble qu'on les avoue. Les crocodiles n'endommagent que ceux qui les craignent, ni certes la médisance, sinon ceux qui s'en mettent en peine.

La crainte excessive de perdre la renommée témoigne une grande défiance du fondement dicelle, qui est la vérité d'une bonne vie. Les villes qui ont des ponts de bois sur des grands fleuves craignent qu'ils ne soient emportés à toutes sortes de débordements; mais celles qui les ont de pierre n'en sont en peine que pour des inondations extraordinaires: ains, ceux qui ont une âme solidement chrétienne méprisent ordinairement les débordements des langues injurieuses; mais ceux qui se sentent faibles s'inquiètent à tout propos.

Certes, Philothée, qui veut avoir réputation envers tous, la perd envers tous; et celui qui mérite de perdre l'honneur, qui le veut prendre de ceux que les vices rendent vraiment infâmes et déshonorés.

La réputation n'est que comme une enseigne qui fait connaître où la vertu loge; la vertu doit donc être en tout et partout préférée. C'est pourquoi, si l'on dit : vous êtes un hypocrite, parce que vous vous rangez à la dévotion ; si l'on vous tient pour homme de bas courage parce que vous avez pardonné l'injure, moquez-vous de tout cela.

Car, outre que tels jugements se font par des niaises et sottes gens, quand on devrait perdre la renommée, si ne faudrait-il pas quitter la vertu ni se détourner du chemin dicelle, d'autant qu'il faut préférer le fruit aux feuilles, c'est-à-dire le bien intérieur et spirituel à tous les biens extérieurs.

Il faut être jaloux, mais non pas idolâtres de notre renommée; et comme il ne faut offenser l'oeil des bons, aussi ne faut-il pas vouloir contenter celui des malins. La barbe est un ornement au visage de l'homme, et les cheveux à celui de la femme: si on arrache du tout le poil du menton et les cheveux de la tête, malaisément pourra-t-il jamais revenir; mais si on le coupe seulement, voire, qu'on le rase, il recroîtra bientôt après et reviendra plus fort et touffu.

Ainsi, bien que la renommée soit coupée, ou même tout à fait rasée par la langue des médisants, « qui est, dit David, comme un rasoir affilé », il ne se faut point inquiéter, car bientôt elle renaîtra non seulement aussi belle qu'elle était, ains encore plus solide.

Mais si nos vices, nos lâchetés, notre mauvaise vie nous ôte la réputation, il sera malaisé que jamais elle revienne, parce que la racine en est arrachée. Or, la racine de la renommée, c'est la bonté et la probité, laquelle tandis qu'elle est en nous peut toujours reproduire l'honneur qui lui est dû.

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CHAPITRE VII

COMME IL FAUT CONSERVER LA BONNE RENOMMÉE PRATIQUANT L'HUMILITÉ


Il faut quitter cette vaine conversation, cette inutile pratique, cette amitié frivole, cette hantise folâtre, si cela nuit à la renommée, car la renommée vaut mieux que toutes sortes de vains contentements.

Mais si pour l'exercice de piété, pour l'avancement au bien en la dévotion et acheminement éternel on murmure, on gronde, on calomnie, laissons aboyer les mâtins contre la lune; car s'ils peuvent exciter quelque mauvaise opinion contre notre réputation, et par ainsi couper et raser les cheveux et la barbe de notre renommée, bientôt elle renaîtra, et le rasoir de la médisance servira à notre honneur, comme la serpe à la vigne, qu'elle fait abonder et multiplier en fruits.

Ayons toujours les yeux sur Jésus-Christ crucifié; marchons en son service avec confiance et simplicité, mais sagement et discrètement : il sera le protecteur de notre renommée, et s'il permet qu'elle nous soit ôtée, ce sera pour nous en rendre une meilleure, ou pour nous faire profiter en la sainte humilité, de laquelle une seule once vaut mieux que mille livres d'honneur.

Si on nous blâme injustement, opposons paisiblement la vérité à la calomnie; si elle persévère, persévérons à nous humilier: remettant ainsi notre réputation avec notre âme ès mains de Dieu, nous ne saurions la mieux assurer.

Servons Dieu «par la bonne et mauvaise renommée », à l'exemple de saint Paul, afin que nous puissions dire avec David:

« O mon Dieu, c'est pour vous que j ai supporté l'opprobre et que la confusion a couvert mon visage ». J'excepte néanmoins certains crimes si atroces et infâmes, que nul n'en doit souffrir la calomnie quand il se peut justement décharger, et certaines personnes de la bonne réputation desquelles dépend l'édification de plusieurs; car en ce cas, il faut tranquillement poursuivre la réparation du tort reçu, suivant l'avis des théologiens.

CHAPITRE VIII

DE LA DOUCEUR ENVERS LE PROCHAIN ET REMÈDE CONTRE LIRE


Le saint chrême, duquel par tradition apostolique on use en lEglise de Dieu pour les confirmations et bénédictions, est composé dhuile dolive mêlée avec le baume, qui représente entre autres choses les deux chères et bien aimées vertus qui reluisaient en la sacrée personne de Notre-Seigneur, lesquelles il nous a singulièrement recommandées, comme si par icelles notre coeur devait être spécialement consacré à son service et appliqué à son imitation:

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CHAPITRE VIII

DE LA DOUCEUR ENVERS LE PROCHAIN ET REMÈDE CONTRE LIRE


Le saint chrême, duquel par tradition apostolique on use en lEglise de Dieu pour les confirmations et bénédictions, est composé dhuile dolive mêlée avec le baume, qui représente entre autres choses les deux chères et bien aimées vertus qui reluisaient en la sacrée personne de Notre-Seigneur, lesquelles il nous a singulièrement recommandées, comme si par icelles notre coeur devait être spécialement consacré à son service et appliqué à son imitation:

« Apprenez de moi, dit~il, que je suis doux et humble de coeur. L'humilité nous perfectionne envers Dieu, et la douceur envers le prochain.

Le baume (qui, comme j'ai dit ci-dessus, prend toujours le dessous parmi toutes les liqueurs) représente l'humilité, et l'huile d'olive, qui prend toujours le dessus, représente la douceur et débonnaireté, laquelle surmonte toutes choses et excelle entre les vertus comme étant la fleur de la charité laquelle, selon saint Bernard, est en sa perfection quand non seulement elle est patiente, mais quand outre cela elle est douce et débonnaire.

Mais prenez garde, Philothée, que ce chrême mystique composé de douceur et d'humilité soit dedans votre coeur; car c'est un des grands artifices de l'ennemi de faire que plusieurs s'amusent aux paroles et contenances extérieures de ces deux vertus, qui n'examinant pas bien leurs affections intérieures, pensent être humbles et doux et ne le sont néanmoins nullement en effet; ce que l'on reconnaît parce que, nonobstant leur cérémonieuse douceur et humilité, à la moindre parole qu'on leur dit de travers, à la moindre petite injure qu'ils reçoivent, ils s'élèvent avec une arrogance non pareille.

On dit que ceux qui ont pris le préservatif que l'on appelle communément la grâce de saint Paul, n'enflent point étant mordus et piqués de la vipère, pourvu que la grâce soit de la fine: de même, quand l'humilité et la douceur sont bonnes et vraies, elles nous garantissent de l'enflure et ardeur que les injures ont accoutumé de provoquer en nos coeurs.

Que si étant piqués et mordus par les médisants et ennemis nous devenons fiers, enflés et dépités, c'est signe que nos humilités et douleurs ne sont pas véritables et franches, mais artificieuses et apparentes.

Ce saint et illustre patriarche Joseph, renvoyant ses frères d'Egypte en la maison de son père, leur donna ce seul avis :

« Ne vous courroucez point en chemin. » Je vous en dis de même, Philothée cette misérable vie n'est qu'un acheminement à la bienheureuse; ne nous courrouçons donc point en chemin les uns avec les autres, marchons avec la troupe de nos frères et compagnons doucement, paisiblement et amiablement.

Mais je vous dis nettement et sans exception, ne vous courroucez point du tout, s'il est possible, et ne recevez aucun prétexte quel qu'il soit pour ouvrir la porte de votre coeur au courroux; car saint Joseph dit tout court et sans réserve, que « lire de l'homme n'opère point la justice de Dieu »

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CHAPITRE VIII

DE LA DOUCEUR ENVERS LE PROCHAIN ET REMÈDE CONTRE L'IRE


Il faut voirement résister au mal et réprimer les vices de ceux que nous avons en charge, constamment et vaillamment, mais doucement et paisiblement. Rien ne mate tant l'éléphant courroucé que la vue d'un agnelet, et rien ne rompt si aisément la force des canonnades que la laine.

On ne prise pas tant la correction qui sort de la passion, quoiqu'accompagnée de raison, que celle qui n'a aucune autre origine que la raison seule : car l'âme raisonnable étant naturellement sujette à la raison, elle n'est sujette à la passion que par tyrannie; et partant, quand la raison est accompagnée de la passion, elle se rend odieuse, sa juste domination étant avilie par la société de la tyrannie.

Les princes honorent et consolent infiniment les peuples quand ils les visitent avec un train de paix; mais quand ils conduisent des armées, quoique ce soit pour le bien public, leurs venues sont toujours désagréables et dommageables, parce qu'encore qu'ils fassent exactement observer la discipline militaire entre les soldats, si ne peuvent-ils jamais tant faire qu'il n'arrive toujours quelque désordre par lequel le bon homme est foulé.

Ainsi, tandis que la raison règne et exerce paisiblement les châtiments, corrections et répréhensions, quoique ce soit rigoureusement et exactement, chacun l'aime et l'approuve, mais quand elle conduit avec soi lire, la colère et le courroux, qui sont, dit saint Augustin, ses soldats, elle se rend plus effroyable qu'amiable, et son propre coeur en demeure toujours foulé et maltraité.

« Il est mieux, dit le même saint Augustin écrivant à Profuturus, de refuser l'entrée à lire juste et équitable que de la recevoir, pour petite qu'elle soit, parce quétant reçue, il est malaisé de la faire sortir, d'autant qu'elle entre comme un petit surgeon, et en moins de rien elle grossit et devient une poutre.

Que si une fois elle peut gagner la nuit et que le soleil se couche sur notre ire (ce que lApôtre défend), se convertissant en haine, il n'y a quasi plus moyen de s'en défaire; car elle se nourrit de mille fausses persuasions, puisque jamais nul homme courroucé ne pensa son courroux être injuste.

Il est donc mieux d'entreprendre de savoir vivre sans colère que de vouloir user modérément et sagement de la colère, et quand par imperfection et faiblesse nous nous trouvons surpris dicelle, il est mieux de la repousser vitement que de vouloir marchander avec elle ; car pour peu qu'on lui donne de loisir, elle se rend maîtresse de la place et fait comme le serpent, qui tire aisément tout son corps où il peut mettre la tête.

Mais comment la repousserai-je, me direz-vous ? Il faut, ma Philothée, qu'au premier ressentiment que vous en aurez, vous ramassiez promptement vos forces, non point brusquement ni impétueusement, mais doucement et néanmoins sérieusement; car, comme on voit ès audiences de plusieurs sénats et parlements, que les huissiers criant « Paix là ! » font plus de bruit que ceux qu'ils veulent faire taire, aussi il arrive maintes fois que voulant avec impétuosité réprimer notre colère, nous excitons plus de trouble en notre coeur qu'elle n'avait pas fait, et le coeur étant ainsi troublé ne peut plus être maître de soi-même.

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CHAPITRE VIII

DE LA DOUCEUR ENVERS LE PROCHAIN ET REMÈDE CONTRE L'IRE


Après ce doux effort, pratiquez l'avis que saint Augustin,... donnait au jeune évêque Auxilius: «Fais, dit-il, ce qu'un homme doit faire; que s'il t'arrive ce que l'homme de Dieu dit au psaume : Mon oeil est troublé de grande colère, recours à Dieu, criant : Aie Miséricorde de moi, Seigneur, afin qu'il étende sa dextre pour réprimer ton courroux. »

Je veux dire qu'il faut invoquer le secours de Dieu quand nous nous voyons agités de colère, à l'imitation des Apôtres tourmentés du vent et de lorage emmi les eaux; car il commandera à nos passions qu'elles cessent, et la tranquillité se fera grande. Mais toujours je vous avertis que l'oraison qui se fait contre la colère présente et pressante doit être pratiquée doucement, tranquillement, et non point violemment; ce qu'il faut observer en tous les remèdes qu'on use contre ce mal.

Avec cela, soudain que vous vous apercevrez avoir fait quelque acte de colère, réparez la faute par un acte de douceur, exercé promptement à l'endroit de la même personne contre laquelle vous vous serez irritée. Car tout ainsi que cest un souverain remède contre le mensonge que de s'en dédire sur le champ, aussitôt que l'on s'aperçoit de l'avoir dit, ains est-ce un bon remède contre la colère de la réparer soudainement par un acte contraire de douceur; car, comme l'on dit, les plaies fraîches sont plus aisément remédiables.

Au surplus, lorsque vous êtes en tranquillité et sans aucun sujet de colère, faites grande provision de douceur et débonnaireté, disant toutes vos paroles et faisant toutes vos actions petites et grandes en la plus douce façon qu'il vous sera possible, vous ressouvenant que l'Epouse au Cantique des Cantiques, n'a pas seulement le miel en ses lèvres et au bout de sa langue, mais elle la encore dessous la langue, c'est-à-dire dans la poitrine ; et ny' a pas seulement du miel, mais encore du lait; car aussi ne faut-il pas seulement avoir la parole douce à l'endroit du prochain, mais encore toute la poitrine, c'est-à-dire tout l'intérieur de notre âme.

Et ne faut pas seulement avoir la douceur du miel, qui est aromatique et odorant, c'est-à-dire la suavité de la conversation civile avec les étrangers, mais aussi la douceur du lait entre les domestiques et proches voisins : en quoi manquent grandement ceux qui en rue semblent des anges, et en la maison, des diables.

CHAPITRE IX

DE LA DOUCEUR ENVERS NOUS-MÊMES


L'une des bonnes pratiques que nous saurions faire de la douceur, c'est celle de laquelle le sujet est en nous-mêmes, ne dépitant jamais contre nous-mêmes ni contre nos imperfections; car encore que la raison veut que quand nous faisons des fautes nous en soyons déplaisants et marris, si faut-il néanmoins que nous nous empêchions d'en avoir une déplaisance aigre et chagrine, dépiteuse et colère.

En quoi font une grande faute plusieurs qui, s'étant mis en colère, se courroucent de s'être courroucés, entrent en chagrin de sêtre chagrinés, et ont dépit de s'être dépités; car par ce moyen ils tiennent leur coeur confit et détrempé en la colère: et si bien il semble que la seconde colère ruine la première, si est-ce néanmoins qu'elle sert d'ouverture et de passage pour une nouvelle colère, à la première occasion qui s'en présentera ; outre que ces colères, dépits et aigreurs que l'on a contre soi-même tendent à l'orgueil et n'ont origine que de l'amour-propre, qui se trouble et s'inquiète de nous voir imparfaits.

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