Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales

Postez ici vos intentions de prière.
amidelamisericorde
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CHAPITRE XXIX

DE LA MEDISANCE


Pour louablement blâmer les vices d'autrui, il faut que l'utilité ou de celui duquel on parle, ou de ceux à qui lon parle, le requière. On récite devant des filles les privautés indiscrètes de tels et de telles qui sont manifestement périlleuses; la dissolution d'un tel ou d'une telle en paroles ou en contenance, qui sont manifestement lubriques :

Si je ne blâme librement ce mal et que je le veuille excuser, ces tendres âmes qui écoutent, prendront occasion de se relâcher à quelque chose pareille; leur utilité donc requiert que tout franchement je blâme ces choses-là sur le champ, sinon que je puisse réserver à faire ce bon office plus à propos, et avec moins d'intérêt de ceux de qui on parle, en une autre occasion.

Outre cela, encore faut-il quil m'appartienne de parler sur ce sujet, comme quand je suis des premiers de la compagnie, et que, si je ne parle, il semblera que j'approuve le vice ; que si je suis des moindres, je ne dois pas entreprendre de faire la censure.

Mais surtout, il faut que je sois exactement juste en mes paroles, pour ne dire pas un seul mot de trop : par exemple, si je blâme la privauté de ce jeune homme et de cette fille, parce quelle est trop indiscrète et périlleuse, o Dieu, Philothée, il faut que je tienne la balance bien juste, pour ne point agrandir la chose, pas même d'un seul brin.

S'il ny a qu'une faible apparence, je ne dirai rien de cela; s'il ny a qu'une simple imprudence, je ne dirai rien davantage; s'il n'y a ni imprudence, ni vraie apparence du mal, ains seulement que quelque esprit malicieux en puisse tirer prétexte de médisance, ou je n'en dirai rien du tout, ou je dirai cela même.

Ma langue, tandis que je parle du prochain, est en ma bouche comme un rasoir en la main du chirurgien qui veut trancher entre les nerfs et les tendons: il faut que le coup que je donnerai soit si juste, que je ne dise ni plus ni moins que ce qui en est.

Et enfin, il faut surtout observer, en blâmant le vice, dépargner le plus que vous pourrez la personne en laquelle il est.

Il est vrai que des pécheurs infâmes, publics et manifestes, on en peut parler librement, pourvu que ce soit avec esprit de charité et de compassion, et non point avec arrogance et présomption, ni pour se plaire au mal d'autrui; car, pour ce dernier, c'est le fait d'un coeur vil et abject.

J'excepte entre tous, les ennemis déclarés de Dieu et de son Eglise; car ceux-là, il les faut décrier tant qu'on peut, comme sont les sectes des hérétiques et schismatiques, et les chefs d'icelles : c'est charité de crier au loup, quand il est entre les brebis, voire où qu'il soit.

Chacun se donne liberté de juger et censurer les princes, et de médire des nations tout entières, selon la diversité des affections que l'on a en leur endroit :

Philothée, ne faites pas cette faute; car outre l'offense de Dieu, elle vous pourrait susciter mille sortes de querelles.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE XXIX

DE LA MEDISANCE


Quand vous oyez mal dire, rendez douteuse l'accusation, si vous le pouvez faire justement ; si vous ne pouvez pas, excusez l'intention de l'accusé; que si cela ne se peut, témoignez de la compassion sur lui, écartez ce propos-là, vous ressouvenant et faisant ressouvenir la compagnie, que ceux qui ne tombent pas en faute en doivent toute la grâce à Dieu. Rappelez à soi le médisant par quelque douce manière; dites quelque autre bien de la personne offensée, si vous le savez.

CHAPITRE XXX

QUELQUES AUTRES AVIS TOUCHANT LE PARLER


Que votre langage soit doux, franc, sincère, rond, naïf et fidèle. Gardez-vous des duplicités, artifices et feintises; bien qu'il ne soit pas bon de dire toujours toutes sortes de vérités, si n'est-il jamais permis de contrevenir à la vérité.

Accoutumez-vous à ne jamais mentir à votre escient, ni par excuse ni autrement, vous ressouvenant que Dieu est le Dieu de vérité.

Si vous en dites par mégarde et vous pouvez les corriger sur le champ par quelque explication ou réparation, corrigez-les: une excuse véritable a bien plus de grâce et de force pour excuser, que le mensonge.

Bien que quelquefois on puisse discrètement et prudemment déguiser et couvrir la vérité par quelque artifice de parole, si ne faut-il pas pratiquer cela sinon en chose d'importance, quand la gloire et service de Dieu requièrent manifestement:

hors de là, les artifices sont dangereux, car, comme dit la sacrée Parole, le Saint Esprit n'habite point en un esprit feint et double. II n'y a nulle si bonne et désirable finesse, que la simplicité.

Les prudences mondaines et artifices charnels appartiennent aux enfants de ce siècle; mais les enfants de Dieu cheminent sans détour, et ont le coeur sans replis. «Qui chemine simplement, dit le Sage, il chemine confidemment. » Le mensonge, la duplicité, la simulation témoignent toujours un esprit faible et vil.

Saint Augustin avait dit au quatrième livre de ses Confessions, que son âme et celle de son ami n'étaient qu'une seule âme, et que cette vie lui était en horreur après le trépas de son ami, parce qu'il ne voulait pas vivre à moitié, et que aussi pour cela même il craignait à l'aventure de mourir, afin que son ami ne mourût du tout.

Ces paroles lui semblèrent par après trop artificieuses et affectées, si qu'il les révoque au livre de ses Rétractations, et les appelle une ineptie.

Voyez-vous, chère Philothée, combien cette sainte belle âme est douillette au sentiment de l'afféterie des paroles ? Certes, c'est un grand ornement de la vie chrétienne que la fidélité, rondeur et sincérité du langage. « Jai dit, je prendrai garde à mes voies, pour ne point pécher en ma langue. Eh! Seigneur, mettez des gardes à ma bouche et une porte qui ferme mes lèvres », disait David.

Source : Livres-mystiques.com
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CHAPITRE XXX

QUELQUES AUTRES AVIS TOUCHANT LE PARLER


C'est un avis du roi saint Louis, de ne point dédire personne, sinon qu'il y eût péché ou grand dommage à consentir : c'est afin déviter toutes contestes et disputes.

Or, quand il importe de contredire à quelquun, et d'opposer son opinion à celle d'un autre, il faut user de grande douceur et dextérité, sans vouloir violenter l'esprit d'autrui; car aussi bien ne gagne-t-on rien, prenant les choses âprement.

Le parler peu, tant recommandé par les anciens sages, ne s'entend pas qu'il faille dire peu de paroles, mais de n'en dire pas beaucoup dinutiles; car en matière de parler, on ne regarde pas à la quantité, mais à la qualité.

Et me semble qu'il faut fuir les deux extrémités : car de faire trop lentendu et le sévère, refusant de contribuer aux devis familiers qui se font ès conversations, il semble qu'il y ait ou manquement de confiance, ou quelque sorte de dédain; de babiller aussi et cajoler toujours, sans donner ni loisir ni commodité aux autres de parler à souhait, cela tient de l'éventé et du léger.

Saint Louis ne trouvait pas bon qu'étant en compagnie l'on parlât en secret et en conseil, et particulièrement à table, afin que l'on ne donnât soupçon, que l'on parlât des autres en mal :

« Celui, disait-il, qui est à table en bonne compagnie, qui a à dire quelque chose joyeuse et plaisante, la doit dire que tout le monde l'entende; si c'est chose d'importance, on la doit taire sans en parler. »

CHAPITRE XXXI

DES PASSETEMPS ET RÉCRÉATIONS, ET PREMIÈREMENT DES LOISIBLES ET LOUABLES


Il est force de relâcher quelquefois notre esprit et notre corps encore, à quelque sorte de récréation. Saint Jean l'Evangéliste, comme dit Cassian, fut un jour trouvé par un chasseur tenant une perdrix sur son poing, laquelle il caressait par récréation; le chasseur lui demanda pourquoi, étant homme de telle qualité, il passait le temps en chose si basse et vile; et saint jean lui dit: « Pourquoi ne portes-tu ton arc toujours tendu ? »

« De peur, répondit le chasseur, que demeurant toujours courbé, il ne perde la force de s'étendre quand il en sera métier. »

« Ne t'étonne pas donc, répliqua lapôtre, si je me démets quelque peu de la rigueur et attention de mon esprit pour prendre un peu de récréation, afin de m'employer par après plus vivement à la contemplation. »

C'est un vice, sans doute, que d'être si rigoureux, agreste et sauvage, qu'on ne veuille prendre pour soi ni permettre aux autres aucune sorte de récréation.

Prendre l'air, se promener, s'entretenir de devis joyeux et amiables, sonner du luth ou autre instrument, chanter en musique, aller à la chasse, ce sont récréations si honnêtes que pour en bien user il n'est besoin que de la commune prudence, qui donne à toutes choses le rang, le temps, le lieu et la mesure.

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CHAPITRE XXXI

DES PASSETEMPS ET RÉCRÉATIONS, ET PREMIÈREMENT DES LOISIBLES ET LOUABLES


Les jeux èsquels le gain sert de prix et récompense à l'habileté et industrie du corps ou de l'esprit, comme les jeux de la paume, ballon, paillemaille, les courses à la bague, les échecs, les tables, ce sont récréations, de soi-même bonnes et loisibles.

B se faut seulement garder de l'excès, soit au temps que l'on y emploie, soit au prix que l'on y met; car si l'on y emploie trop de temps, ce n'est plus récréation, c'est occupation : on n'allège pas ni l'esprit ni le corps, au contraire on l'étourdit, on l'accable.

Ayant joué cinq, six heures aux échecs, au sortir on est tout recru et las d'esprit; jouer longuement à la paume, ce n'est pas récréer le corps, mais l'accabler. Or, si le prix, c'est-à-dire ce qu'on joue est trop grand, les affections des joueurs se dérèglent; et outre cela, c'est chose injuste de mettre de grands prix à des habilités et industries de si peu d'importance et si inutiles, comme sont les habilités des jeux.

Mais surtout prenez garde, Philothée, de ne point attacher votre affection à tout cela; car pour honnête que soit une récréation, c'est vice d'y mettre son coeur et son affection.

Je ne dis pas qu'il ne faille prendre plaisir à jouer pendant que l'on joue, car autrement on ne se récréerait pas; mais je dis qu'il ne faut pas y mettre son affection pour le désirer, pour s'y amuser et sen empresser.

CHAPITRE XXXII

DES JEUX DÉFENDUS


Les jeux des dés, des cartes et semblables, ès-quels le gain dépend principalement du hasard, ne sont pas seulement des récréations dangereuses, comme les danses, mais elles sont simplement et naturellement mauvaises et blâmables; c'est pourquoi elles sont défendues par les lois tant civiles qu'ecclésiastiques.

Mais quel grand mal y a-t-il, me direz-vous? Le gain ne se fait pas en ces jeux selon la raison, mais selon le sort, qui tombe bien souvent à celui qui par habilité et industrie ne méritait rien: la raison est donc offensée en cela.

Mais nous avons ainsi convenu, me direz-vous, Cela est bon pour montrer que celui qui gagne ne fait pas tort aux autres, mais il ne s'ensuit pas que la convention ne soit déraisonnable, et le jeu aussi; car le gain qui doit être le prix de l'industrie, est rendu le prix du sort, qui ne mérite nul prix, puisqu'il ne dépend nullement de nous. Outre cela, ces jeux portent le nom de récréation et sont faits pour cela; et néanmoins ils ne le sont nullement, mais des violentes occupations.

Car, n'est-ce pas occupation de tenir l'esprit bandé et tendu par une attention continuelle, et agité de perpétuelles inquiétudes, appréhensions et empressements ? Y a-t-il attention plus triste, plus sombre et mélancolique que celle des joueurs ? c'est pourquoi il ne faut pas parler sur le jeu, il ne faut pas rire, il ne faut pas tousser, autrement les voilà à dépiter.

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DES JEUX DÉFENDUS


Enfin, il n'y a point de joie au jeu qu'en gagnant, et cette joie n'est-elle pas inique, puisqu'elle ne se peut avoir que par la perte et le déplaisir du compagnon ? cette réjouissance est certes infâme. Pour ces trois raisons les jeux sont défendus.

Le grand roi saint Louis sachant que le comte dAnjou son frère et messire Gauthier de Nemours jouaient, il se leva, malade qu'il était, et alla tout chancelant en leur chambre, et là, prit les tables, les dés et une partie de l'argent, et les jeta par les fenêtres dans la mer, se courrouçant fort à eux. La sainte et chaste damoiselle Sara, parlant à Dieu de son innocence: « Vous savez, dit-elle, o Seigneur, que jamais je n'ai conversé entre les joueurs. »

CHAPITRE XXXIII
DES BALS ET PASSETEMPS LOISIBLES MAIS DANGEREUX


Les danses et bals sont choses indifférentes de leur nature; mais selon lordinaire façon avec laquelle cet exercice se fait, il est fort penchant et incliné du côté du mal, et par conséquent plein de danger et de péril. On les fait de nuit, et parmi les ténèbres et obscurités il est aisé de faire glisser plusieurs accidents ténébreux et vicieux, en un sujet qui de soi-même est fort susceptible du mal; on y fait des grandes veilles, après lesquelles on perd les matinées des jours suivants, et par conséquent le moyen de servir Dieu en icelles: en un mot, c'est toujours folie de changer le jour à la nuit, la lumière aux ténèbres, les bonnes oeuvres à des folâtreries.

Chacun porte au bal de la vanité à l'envi; et la vanité est une si grande disposition aux mauvaises affections et aux amours dangereux et blâmables, quaisément tout cela s'engendre ès danses.

Je vous dis des danses, Philothée, comme les médecins disent des potirons et champignons: les meilleurs n'en valent rien, disent-ils; et je vous dis que les meilleurs bals ne sont guère bons. Si néanmoins il faut manger des potirons, prenez garde qu'ils soient bien apprêtés: si par quelque occasion, de laquelle vous ne puissiez pas vous bien excuser, il faut aller au bal, prenez garde que votre danse soit bien apprêtée.

Mais comme faut-il qu'elle soit accommodée ? de modestie, de dignité et de bonne intention. Mangez-en peu et peu souvent, disent les médecins parlant des champignons, car, pour bien apprêtés qu'ils soient, la quantité leur sert de venin: dansez peu et peu souvent, Philothée, car faisant autrement vous vous mettrez en danger de vous y affectionner.

Les champignons, selon Pline, étant spongieux et poreux comme ils sont, attirent aisément toute linfection qui leur est autour, si que étant près des serpents ils en reçoivent le venin.

Les bals, les danses et telles assemblées ténébreuses attirent ordinairement les vices et péchés qui règnent en un lieu : les querelles, les envies, les moqueries, les folles amours; et comme ces exercices ouvrent les pores du corps de ceux qui les font, aussi ouvrent-ils les pores du coeur, au moyen de quoi, si quelque serpent sur cela vient souffler aux oreilles quelque parole lascive, quelque muguetterie, quelque cajolerie, ou quelque basilic vienne jeter des regards impudiques, des oeillades d'amour, les coeurs sont fort aisés à se laisser saisir et empoisonner.

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CHAPITRE XXXIII
DES BALS ET PASSETEMPS LOISIBLES MAIS DANGEREUX


O Philothée, ces impertinentes récréations sont ordinairement dangereuses : elles dissipent l'esprit de dévotion, alanguissent les forces, refroidissent la charité et réveillent en l'âme mille sortes de mauvaises affections; c'est pourquoi il en faut user avec une grande prudence.Mais surtout on dit qu'après les champignons, il faut boire du vin précieux; et je dis qu'après les danses, il faut user de quelques saintes et bonnes considérations, qui empêchent les dangereuses impressions, que le vain plaisir qu'on a reçu pourrait donner à nos esprits. Mais quelles considérations ?

1. A même temps que vous étiez au bal, plusieurs âmes brûlaient au feu d'enfer, pour les péchés commis à la danse ou à cause de la danse.

2. Plusieurs religieux et gens de dévotion étaient à même heure devant Dieu, chantaient ses louanges et contemplaient sa beauté. Oh! que leur temps a été bien plus heureusement employé que le vôtre !

3. Tandis que vous avez dansé, plusieurs âmes sont décédées en grande angoisse; mille milliers d'hommes et femmes ont souffert des grands travaux, en leurs lits, dans les hôpitaux et les rues; la goutte, la gravelle, la fièvre ardente. Hélas! ils n'ont eu nul repos ! Aurez-vous point de compassion d'eux ? et pensez-vous point qu'un jour vous gémirez comme eux, tandis que d'autres danseront comme vous avez fait?

4. Notre Seigneur, Notre Dame, les anges et les saints vous ont vue au bal: ah! que vous leur avez fait grand pitié, voyant votre coeur amusé à une si grande niaiserie, et attentif à cette fadaise!

5. Hélas! tandis que vous étiez là, le temps s'est passé, la mort s'est approchée; voyez qu'elle se moque de vous et qu'elle vous appelle à sa danse, en laquelle les gémissements de vos proches serviront de violon, et où vous ne ferez qu'un seul passage de la vie à la mort. Cette danse est le vrai passe-temps des mortels, puisqu'on y passe, en un moment, du temps à l'éternité ou des biens ou des peines.

Je vous remarque ces petites considérations, mais Dieu vous en suggérera bien d'autres à même effet, si vous avez sa crainte.

CHAPITRE XXXIV
QUAND ON PEUT JOUER ET DANSER


Pour jouer et danser loisiblement, il faut que ce soit par récréation et non par affection; pour peu de temps et non jusques à se lasser ou étourdira et que ce soit rarement; car, qui en fait ordinaire, il convertira la récréation en occupation.

Mais en quelle occasion peut-on jouer ou danser? Les justes occasions de la danse et du j' en indifférent, sont plus fréquentes ; celles des jeux défendus sont plus rares, comme aussi tels jeux sont plus blâmables et périlleux. Mais, en un mot, dansez et jouez selon les conditions que je vous ai marquées, quand pour condescendre et complaire à l'honnête conversation en laquelle vous serez, la prudence et discrétion vous le conseilleront; car la condescendance, comme surgeon de la charité, rend les choses indifférentes bonnes, et les dangereuses, permises. Elle ôte même la malice à celles qui sont aucunement mauvaises : c'est pourquoi les jeux de hasard qui autrement seraient blâmables ne le sont pas, si quelquefois la juste condescendance nous y porte.

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CHAPITRE XXXIV

QUAND ON PEUT JOUER ET DANSER


J'ai été consolé d'avoir lu en la vie de saint Charles Borromée, quil condescendait avec les suisses, en certaines choses èsquelles d'ailleurs il était fort sévère, et que le bienheureux Ignace de Loyola, étant invité à jouer, l'accepta.

Quant à sainte Elisabeth d'Hongrie, elle jouait et dansait parfois, se trouvant ès assemblées de passe-temps, sans intérêt de sa dévotion, laquelle était si bien enracinée dedans son âme que, comme les rochers qui sont autour du lac de Riette croissent, étant battus par des, vagues, ainsi sa dévotion croissait emmi les pompes et vanités, auxquelles sa condition l'exposait; ce sont les grands feux qui s'enflamment au vent, mais les petits s'éteignent si on ne les y porte à couvert.

CHAPITRE XXXV

QU'IL FAUT ÉTRE FIDÈLE ÈS GRANDES ET PETITES OCCASIONS


L'Epoux sacré au Cantique des Cantiques, dit que son Epouse lui a ravi le coeur par un de ses yeux et l'un de ses cheveux.

Or, en butes les parties extérieures du corps humain, il n'y en a point de plus noble, soit pour l'artifice soit pour l'activité, que l'oeil, ni point de plus vile que les cheveux; c'est pourquoi le divin Epoux veut faire entendre, qu'il n'a pas seulement agréables les grandes oeuvres des personnes dévotes, mais aussi les moindres et plus basses; et que pour le servir à son goût, il faut avoir grand soin de le bien servir, aux choses grandes et hautes et aux choses petites et abjectes, puisque nous pouvons également, et par les unes et par les autres, lui dérober son coeur par amour.

Préparez-vous donc, Philothée, à souffrir beaucoup des grandes afflictions pour Notre Seigneur et même le martyre; résolvez-vous de lui donner tout ce qui vous est de plus précieux, s'il lui plaisait de le prendre: père, mère, frère, mari, enfants, vos yeux même et votre vie, car à tout cela vous devez apprêter votre coeur.

Mais tandis que la divine Providence ne vous envoie pas des afflictions si sensibles et si grande, et qu'il ne requiert pas de vous vos yeux, donnez-lui pour le moins vos cheveux :

je veux dire, supportez tout doucement les menues injures, ces petites incommodités, ces pertes de peu d'importance qui vous sont journalières; car par le moyen de ces petites occasions, employées avec amour et dilection, vous gagnerez entièrement son coeur et le rendrez tout vôtre.

Ces petites charités quotidiennes, ce mal de tête, ce mal de dents, cette défluxion, cette bizarrerie du mari ou de la femme, ce cassement d'un verre, ce mépris ou cette moue, cette perte de gants, d'une bague, d'un mouchoir, cette petite incommodité que l'on se fait, d'aller coucher de bonne heure et de se lever matin pour prier, pour se communier, cette petite honte que lon a de faire certaines actions de dévotion publiquement: bref, toutes ces petites souffrances, étant prises et embrassées avec amour, contentent extrêmement la Bonté divine, laquelle pour un seul verre deau a promis la mer de toute félicité à ses fidèles; et parce que ces occasions se présentent à tout moment, c'est un grand moyen pour assembler beaucoup de richesses spirituelles que de les bien employer.

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CHAPITRE XXXV

QU'IL FAUT ÉTRE FIDÈLE ÈS GRANDES ET PETITES OCCASIONS


Quand j'ai vu en la vie de sainte Catherine de Sienne tant de ravissements et délévations d'esprit, tant de paroles de sapience, et même de prédications faites par elle, je n'ai point douté qu'avec cet oeil de contemplation elle n'eût ravi le coeur de son Epoux céleste.

Mais j'ai été également consolé, quand je l'ai vue en la cuisine de son père tourner humblement la broche, attiser le feu, apprêter la viande, pétrir le pain et faire tous les plus bas offices de la maison, avec un courage plein d'amour et de dilection envers son Dieu.

Et n'estime pas moins la petite et basse méditation qu'elle faisait parmi les offices vils et abjects, que les extases et ravissements qu'elle eut si souvent, qui ne lui furent peut-être donnés qu'en récompense de cette humilité et abjection.

Or sa méditation était telle : elle s'imaginait qu'apprêtant pour son père elle apprêtait pour Notre Seigneur, comme une sainte Marthe; que sa mère tenait la place de Notre Dame, et ses frères, le lieu des Apôtres, s'excitant en cette sorte de servir en esprit toute la cour céleste, et s'employant à ces chétifs services avec une grande suavité, parce qu'elle savait la volonté de Dieu être telle.

J'ai dit cet exemple, ma Philothée, afin que vous sachiez combien il importe de bien dresser toutes nos actions, pour viles qu'elles soient, au service de sa divine Majesté.

Pour cela, je vous conseille tant que je puis, d'imiter cette femme forte que le grand Salomon a tant louée, laquelle, comme il dit, mettait la main à choses fortes, généreuses et relevées, et néanmoins ne laissait pas de filer et tourner le fuseau: « Elle a mis la main à chose forte, et ses doigts ont pris le fuseau. »

Mettez la main à chose forte, vous exerçant à l'oraison et méditation, à l'usage des sacrements, à donner de l'amour de Dieu aux âmes, à répandre de bonnes inspirations dedans les coeurs, et enfin à faire des oeuvres grandes et d'importance, selon votre vacation; mais n'oubliez pas aussi votre fuseau et votre quenouille, cest-à-dire, pratiquez ces petites et humbles vertus, lesquelles, comme fleurs, croissent au pied de la Croix:

le service des pauvres, la visitation des malades, le soin de la famille, avec les oeuvres qui dépendent dicelui, et l'utile diligence qui ne vous laissera point oisive ; et parmi toutes ces choses-là, entrejetez des pareilles considérations à celles que je viens de dire de sainte Catherine.

Les grandes occasions de servir Dieu, se présentent rarement, mais les petites sont ordinaires: or, « qui sera fidèle en peu de chose, dit le Sauveur même, on l'établira sur beaucoup ».

Faites donc toutes choses au nom de Dieu et toutes choses seront bien faites.

«Soit que vous mangiez, soit que vous buviez », soit que vous dormiez, soit que vous vous récréiez, soit que vous tourniez la broche, pourvu que vous sachiez bien ménager vos affaires, vous profiterez beaucoup devant Dieu, faisant toutes ces choses parce que Dieu veut que vous les fassiez.

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CHAPITRE XXXVI

QU'IL FAUT AVOIR L'ESPRIT JUSTE ET RAISONNABLE


Nous ne sommes hommes que par la raison, et c'est pourtant chose rare de trouver des hommes vraiment raisonnables, d'autant que l'amour-propre nous détraque ordinairement de la raison, nous conduisant insensiblement à mille sortes de petites, mais dangereuses injustices et iniquités qui, comme les petits renardeaux desquels il est parlé aux Cantiques, démolissent les vignes; car, d'autant qu'ils sont petits on n'y prend pas garde, et, parce qu'ils sont en quantité ils ne laissent pas de beaucoup nuire. Ce que je m'en vais vous dire, sont-ci pas iniquités et déraisons?

Nous accusons pour peu le prochain, et nous nous excusons en beaucoup; nous voulons vendre fort cher, et acheter à bon marché; nous voulons que l'on fasse justice en la maison d'autrui, et chez nous, Miséricorde et connivence; nous voulons que l'on prenne en bonne part nos paroles, et sommes chatouilleux et douillets à celles d'autrui.

Nous voudrions que le prochain nous lâchât son bien en le payant, n'est-il pas plus juste qu'il le garde en nous laissant notre argent ? nous lui savons mauvais gré de quoi il ne nous veut pas accommoder, n'a-t-il pas plus de raison d'être fâché de quoi nous le voulons incommoder ?

Si nous affectionnons un exercice, nous méprisons tout le reste, et controlons tout ce qui ne vient pas à notre goût.

S'il y a quelqu'un de nos inférieurs qui nait pas bonne grâce, ou sur lequel nous ayons une fois mis la dent, quoi qu'il fasse, nous le recevons à mal, nous ne cessons de le contrister et toujours nous sommes à le calanger; au contraire, si quelqu'un nous est agréable d'une grâce sensuelle, il ne fait rien que nous n'excusions.

Il y a des enfants vertueux, que leurs pères et mères ne peuvent presque voir, pour quelque imperfection corporelle; il y en a des vicieux, qui sont les favoris, pour quelque grâce corporelle. En tout nous préférons les riches aux pauvres, quoi qu'ils ne soient ni de meilleure condition, ni si vertueux; nous préférons même les mieux vêtus.

Nous voulons nos droits exactement, et que les autres soient courtois en l'exaction des leurs; nous gardons notre rang pointilleusement, et voulons que les autres soient humbles et condescendants; nous nous plaignons aisément du prochain:

et ne voulons qu'aucun se plaigne de nous; ce que nous faisons pour autrui nous semble toujours beaucoup: ce qu'il fait pour nous n'est rien, ce nous semble.

Bref, nous sommes comme les perdrix de Paphla. goule, qui ont deux coeurs; car nous avons un coeur doux, gracieux et courtois en notre endroit, et un coeur dur, sévère, rigoureux envers le prochain.

Nous avons deux poids : l'un pour peser nos commodités avec le plus d'avantage que nous pouvons, l'autre pour peser celles du prochain avec le plus de désavantage qu'il se peut; or, comme dit l'Ecriture, « les lèvres trompeuses ont parlé en un coeur et un coeur », c'est-à-dire elles ont deux coeurs; et d'avoir deux poids : l'un fort pour recevoir et l'autre faible pour délivrer, c'est chose abominable devant Dieu.

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SAINTE ANNEE 2024 à TOUS !
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CHAPITRE XXXVI

QU'IL FAUT AVOIR L'ESPRIT JUSTE ET RAISONNABLE


Philothée, soyez égale et juste en vos actions: mettez-vous toujours en la place du prochain, et le mettez en la vôtre, et ainsi vous jugerez bien; rendez-vous vendeuse en achetant, et acheteuse en vendant, et vous vendrez et achèterez justement.

Toutes ces injustices sont petites, parce qu'elles n'obligent pas à restitution, d'autant que nous demeurons seulement dans les termes de la rigueur, en ce qui nous est favorable; mais elles ne laissent pas de nous obliger à nous en amender, car ce sont de grands défauts de raison et de charité; et, au bout de là, ce ne sont que tricheries, car on ne perd rien à vivre généreusement, noblement, courtoisement, et avec un coeur royal, égal et raisonnable.

Ressouvenez-vous donc, ma Philothée, d'examiner souvent votre coeur, s'il est tel envers le prochain, comme vous voudriez que le sien fût envers vous, si vous étiez en sa place; car voilà le point de la vraie raison. Trajan étant censuré par ses confidents de quoi il rendait, à leur avis, la majesté impériale trop accostable :

«Oui da ! dit-il, ne dois-je pas être tel empereur à lendroit des particuliers, que je désirerais rencontrer un empereur, si j'étais particulier moi-même? »

CHAPITRE XXXVII

DES DÉSIRS

Chacun sait qu'il se faut garder des désirs des choses vicieuses, car le désir du mal nous rend mauvais. Mais je vous dis de plus, ma Philothée : ne désirez point les choses qui sont dangereuses à l'âme, comme sont les bals, les jeux et tels autres passe-temps; ni les honneurs et charges, ni les visions et extases, car il y a beaucoup de péril, de vanité et de tromperie en telles choses.

Ne désirez pas les choses fort éloignées, c'est-à-dire qui ne peuvent arriver de longtemps, comme font plusieurs qui par ce moyen lassent et dissipent leurs coeurs inutilement, et se mettent en danger de grande inquiétude.

Si un jeune homme désire fort dêtre pourvu de quelque office, avant que le temps soit venu, de quoi, je vous prie, lui sert ce désir ?

Si une femme mariée désire d'être religieuse, à quel propos? Si je désire d'acheter le bien de mon voisin, avant qu'il soit prêt à le vendre, ne perds-je pas mon temps en ce désir?

Si étant malade, je désire prêcher ou dire la sainte messe, visiter les autres malades, et faire les exercices de ceux qui sont en santé, ces désirs ne sont-ils pas vains, puisqu'en ce temps-là il n'est pas en mon pouvoir de les effectuer ?

Et cependant ces désirs inutiles occupent la place des autres que je devrais avoir : d'être bien patient, bien résigné, bien mortifié, bien obéissant et bien doux en mes souffrances, qui est ce que Dieu veut que je pratique pour lors. Mais nous faisons ordinairement des désirs des femmes grosses, qui veulent des cerises fraîches en l'automne et des raisins frais au printemps.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE XXXVII

DES DÉSIRS


Ce n'approuve nullement qu'une personne attachée à quelque devoir ou vacation, s'amuse à désirer une autre sorte de vie, que celle qui est convenable à son devoir, ni des exercices incompatibles à sa condition présente; car cela dissipe le coeur et l'alanguit ès exercices nécessaires.

Si je désire la solitude des chartreux, je perds mon temps, et ce désir tient la place de celui que je dois avoir, de me bien employer à mon office présent. Non, je ne voudrais pas mêmement que l'on désirât d'avoir meilleur esprit ni meilleur jugement, car ces désirs sont frivoles et tiennent la place de celui que chacun doit avoir, de cultiver le sien, tel qu'il est; ni que l'on désire les moyens de servir Dieu que l'on n'a pas, mais que l'on emploie fidèlement ceux qu'on a.

Or, cela sentend des désirs qui amusent le coeur; car quant aux simples souhaits, ils ne font nulle nuisance, pourvu qu'ils ne soient pas fréquents.

Ne désirez pas les croix, sinon à mesure que vous aurez bien supporté celles qui se seront présentées; car c'est un abus de désirer le martyre et n'avoir pas le courage de supporter une injure.

L'ennemi nous procure souvent des grands désirs, pour des objets absents et qui ne se présenteront jamais, afin de divertir notre esprit des objets présents èsquels, pour petits qu'ils soient, nous pourrions faire grand profit.

Nous combattons les monstres d'Afrique en imagination, et nous nous laissons tuer en effet aux menus serpents qui sont en notre chemin, à faute d'attention. Ne désirez point les tentations, car ce serait témérité; mais employez votre coeur à les attendre courageusement, et à vous en défendre quand elles arriveront.

La variété des viandes (si principalement la quantité en est grande) charge toujours l'estomac, et s'il est faible, elle le ruine: ne remplissez pas votre âme de beaucoup de désirs, ni mondains: car ceux-là vous gâteraient du tout, ni même spirituels:

car ils vous embarrasseraient. Quand notre âme est purgée, se sentant déchargée de mauvaises humeurs, elle a un appétit fort grand des choses spirituelles; et, comme tout affamée, elle se met à désirer mille sortes dexercices de piété, de mortification, de pénitence, d'humilité, de charité, d'oraison.

C'est bon signe, ma Philothée, d'avoir ainsi bon appétit; mais regardez si vous pourrez bien digérer tout ce que vous voulez manger. Choisissez donc, par l'avis de votre père spirituel, entre tant de désirs, ceux qui peuvent être pratiqués et exécutés maintenant; ceux-là, faites-les bien valoir: cela fait, Dieu vous en enverra d'autres, lesquels aussi en leurs saisons vous pratiquerez, et ainsi vous ne perdrez pas le temps en désirs inutiles.

Je ne dis pas qu'il faille perdre aucune sorte de bons désirs, mais je dis qu'il les faut produire par ordre; et ceux qui ne peuvent être effectués présentement, il les faut serrer en quelque coin du coeur, jusques à ce que leur temps soit venu, et cependant effectuer ceux qui sont mûrs et de saison ; ce que je ne dis pas seulement pour les spirituels, mais pour les mondains: sans cela nous ne saurions vivre qu'avec inquiétude et empressement.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE XXXVIII

AVIS POUR LES GENS MARIÉS


« Le mariage est un grand sacrement, je dis en Jésus-Christ et en son Eglise » ; « il est honorable à tous », en tous et en tout, c'est-à-dire en toutes ses parties : à tous, car les vierges mêmes le doivent honorer avec humilité ; en tous, car il est également saint entre les pauvres comme entre les riches; en tout, car son origine, sa fin, ses utilités, sa forme et sa manière sont saintes.

C'est la pépinière du christianisme, qui remplit la terre de fidèles pour accomplir au ciel le nombre des élus; si que la conservation du bien du mariage est extrêmement importante à la république, car c'est sa racine et la source de tous ses ruisseaux.

Plût à Dieu que son Fils bien-aimé fût appelé à toutes les noces, comme il fut à celles de Cana : le vin des consolations et bénédictions n'y manquerait jamais, car ce qu'il n'y en a pour l'ordinaire qu'un peu au commencement, c'est d'autant qu'en lieu de Notre Seigneur on y fait venir Adonis, et Vénus en lieu de Notre Dame.

Qui veut avoir des agnelets beaux et mouchetés, comme Jacob, il faut comme lui présenter aux brebis, quand elles s'assemblent pour parier, des belles baguettes de diverses couleurs; et qui veut avoir un heureux succès au mariage, devrait en ses noces se représenter la sainteté et dignité de ce sacrement; mais en lieu de cela, il y arrive mille dérèglements en passe-temps, festins et paroles: ce n'est donc pas merveille, si les effets en sont déréglés.

J'exhorte surtout les mariés à l'amour mutuel, que le Saint-Esprit leur recommande tant en l'Ecriture. O mariés, ce n'est rien de dire: «Aimez. vous l'un l'autre de l'amour naturel », car les paires de tourterelles font bien cela; ni de dire: «Aimez-vous d'un amour humain », car les païens ont bien pratiqué cet amour-là; mais je vous dis, après le grand Apôtre : «Maris, aimez vos femmes, comme Jésus-Christ aime son Eglise ; o femmes, aimez vos maris comme l'Eglise aime son Sauveur ».

Ce fut Dieu qui amena Eve à notre premier père Adam, et la lui donna à femme: c'est aussi Dieu, mes amis, qui de sa main invisible a fait le noeud du sacré lien de votre mariage, et qui vous a donnés les uns aux autres; pourquoi ne vous chérissez-vous d'un amour tout saint, tout sacré, tout divin ?

Le premier effet de cet amour, c'est lunion indissoluble de vos coeurs. Si on colle deux pièces de sapin ensemble, pourvu que la colle soit fine, l'union en sera si forte qu'on fendrait beaucoup plus tôt les pièces ès autres endroits, qu'en l'endroit de leur conjonction ; mais Dieu conjoint le mari à la femme en son propre sang: cest pourquoi cette union est si forte, que plutôt lâme se doit séparer du corps de l'un et de l'autre, que non pas le mari de la femme. Or cette union ne s'entend pas principalement du corps, ains du coeur, de l'affection et de l'amour. Le second effet de cet amour doit être la fidélité inviolable de l'un à l'autre.

Les cachets étaient anciennement gravés ès anneaux que l'on portait aux doigts, comme même l'Ecriture Sainte témoigne; voici donc le secret de la cérémonie que l'on fait ès noces : l'Eglise, par la main du prêtre, bénit un anneau, et le donnant premièrement à l'homme, témoigne qu'elle scelle et cachette son coeur par ce sacrement, afin que jamais plus ni le nom ni l'amour d'aucune autre femme ne puisse entrer en icelui, tandis que celle-là vivra, laquelle lui a été donnée; puis l'époux remet l'anneau en la main de la même épouse, afin que réciproquement elle sache que jamais son coeur ne doit recevoir de l'affection pour aucun autre homme, tandis que celui vivra sur terre, que Notre Seigneur vient de lui donner.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE XXXVIII

AVIS POUR LES GENS MARIÉS


« Le mariage est un grand sacrement, je dis en Jésus-Christ et en son Eglise » ; « il est honorable à tous », en tous et en tout, c'est-à-dire en toutes ses parties : à tous, car les vierges mêmes le doivent honorer avec humilité ; en tous, car il est également saint entre les pauvres comme entre les riches; en tout, car son origine, sa fin, ses utilités, sa forme et sa manière sont saintes.

C'est la pépinière du christianisme, qui remplit la terre de fidèles pour accomplir au ciel le nombre des élus; si que la conservation du bien du mariage est extrêmement importante à la république, car c'est sa racine et la source de tous ses ruisseaux.

Plût à Dieu que son Fils bien-aimé fût appelé à toutes les noces, comme il fut à celles de Cana : le vin des consolations et bénédictions n'y manquerait jamais, car ce qu'il n'y en a pour l'ordinaire qu'un peu au commencement, c'est d'autant qu'en lieu de Notre Seigneur on y fait venir Adonis, et Vénus en lieu de Notre Dame.

Qui veut avoir des agnelets beaux et mouchetés, comme Jacob, il faut comme lui présenter aux brebis, quand elles s'assemblent pour parier, des belles baguettes de diverses couleurs; et qui veut avoir un heureux succès au mariage, devrait en ses noces se représenter la sainteté et dignité de ce sacrement; mais en lieu de cela, il y arrive mille dérèglements en passe-temps, festins et paroles: ce n'est donc pas merveille, si les effets en sont déréglés.

J'exhorte surtout les mariés à l'amour mutuel, que le Saint-Esprit leur recommande tant en l'Ecriture. O mariés, ce n'est rien de dire: «Aimez. vous l'un l'autre de l'amour naturel », car les paires de tourterelles font bien cela; ni de dire: «Aimez-vous d'un amour humain », car les païens ont bien pratiqué cet amour-là; mais je vous dis, après le grand Apôtre : «Maris, aimez vos femmes, comme Jésus-Christ aime son Eglise ; o femmes, aimez vos maris comme l'Eglise aime son Sauveur ».

Ce fut Dieu qui amena Eve à notre premier père Adam, et la lui donna à femme: c'est aussi Dieu, mes amis, qui de sa main invisible a fait le noeud du sacré lien de votre mariage, et qui vous a donnés les uns aux autres; pourquoi ne vous chérissez-vous d'un amour tout saint, tout sacré, tout divin ?

Le premier effet de cet amour, c'est lunion indissoluble de vos coeurs. Si on colle deux pièces de sapin ensemble, pourvu que la colle soit fine, l'union en sera si forte qu'on fendrait beaucoup plus tôt les pièces ès autres endroits, qu'en l'endroit de leur conjonction ; mais Dieu conjoint le mari à la femme en son propre sang: cest pourquoi cette union est si forte, que plutôt lâme se doit séparer du corps de l'un et de l'autre, que non pas le mari de la femme. Or cette union ne s'entend pas principalement du corps, ains du coeur, de l'affection et de l'amour. Le second effet de cet amour doit être la fidélité inviolable de l'un à l'autre.

Les cachets étaient anciennement gravés ès anneaux que l'on portait aux doigts, comme même l'Ecriture Sainte témoigne; voici donc le secret de la cérémonie que l'on fait ès noces : l'Eglise, par la main du prêtre, bénit un anneau, et le donnant premièrement à l'homme, témoigne qu'elle scelle et cachette son coeur par ce sacrement, afin que jamais plus ni le nom ni l'amour d'aucune autre femme ne puisse entrer en icelui, tandis que celle-là vivra, laquelle lui a été donnée; puis l'époux remet l'anneau en la main de la même épouse, afin que réciproquement elle sache que jamais son coeur ne doit recevoir de l'affection pour aucun autre homme, tandis que celui vivra sur terre, que Notre Seigneur vient de lui donner.

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CHAPITRE XXXVIII

AVIS POUR LES GENS MARIÉS


Si vous voulez, o maris, que vos femmes vous soient fidèles, faites-leur-en voir la leçon par votre exemple. «Avec quel front, dit saint Grégoire Nazianzène, voulez-vous exiger la pudicité de vos femmes, si vous-mêmes vivez en impudicité? comme leur demandez-vous ce que vous ne leur donnez pas ? »

Voulez-vous qu'elles soient chastes ? comportez-vous chastement envers elles, et, comme dit saint Paul : « Qu'un chacun sache posséder son vaisseau en sanctification. » Que si au contraire vous-mêmes leur apprenez les friponneries, ce n'est pas merveille que vous ayez du déshonneur en leur perte. Mais vous, ô femmes, desquelles l'honneur est inséparablement conjoint avec la pudicité et honnêteté, conservez jalousement votre gloire et ne permettez qu'aucune sorte de dissolution ternisse la blancheur de votre réputation.

Craignez toutes sortes d'attaques, pour petites qu'elles soient; ne permettez jamais aucune muguetterie autour de vous.

Quiconque vient louer votre beauté et votre grâce, vous doit être suspect; car quiconque loue une marchandise qu'il ne peut acheter, il est pour l'ordinaire grandement tenté de la dérober.

Mais si à votre louange quelqu'un ajoute le mépris de votre mari, il vous offense infiniment; car la chose est claire, que non seulement il vous veut perdre, mais vous tient déjà pour demi perdue, puisque la moitié du marché est faite avec le second marchand, quand on est dégoûté du premier.

Les dames tant anciennes que modernes ont accoutumé de pendre des perles en nombre à leurs oreilles, pour le plaisir, dit Pline, quelles ont à les sentir grilloter, s'en tretouchant l'une lautre.

Mais quant à moi, qui sais que le grand ami de Dieu, Isaac, envoya des pendants d'oreilles pour les premières arrhes de ses amours à la chaste Rébecca, je crois que cet ornement mystique signifie que la première chose qu'un mari doit avoir d'une femme, et que la femme lui doit fidèlement garder, c'est loreille, afin que nul langage ou bruit n'y puisse entrer, sinon le doux et amiable grillotis des paroles chastes et pudiques, qui sont les perles orientales de l'Evangile: car il se faut toujours ressouvenir que l'on empoisonne les âmes par l'oreille, comme le corps par la bouche.

L'amour et la fidélité, jointes ensemble, engendrent toujours la privauté et confiance; c'est pourquoi les saints et saintes ont usé de beaucoup de réciproques caresses en leur mariage, caresses vraiment amoureuses mais chastes, tendres mais sincères.

Ainsi Isaac et Rébecca, la plus chaste paire des mariés de l'ancien temps, furent vus par la fenêtre se caresser en telle sorte, qu'encore qu'il n'y eût rien de déshonnête, Abimélech connut bien qu'ils ne pouvaient être sinon mari et femme.

Le grand saint Louis, également rigoureux à sa chair et tendre en l'amour de sa femme, fut presque blâmé d'être abondant en telles caresses, bien qu'en vérité il méritât plutôt louange de savoir démettre son esprit martial et courageux à ces menus offices, requis à la conservation de l'amour conjugal; car bien que ces petites démonstrations de pure et franche amitié ne lient pas les coeurs, elles les approchent néanmoins, et servent d'un agencement agréable à la mutuelle conversation.

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CHAPITRE XXXVIII

AVIS POUR LES GENS MARIÉS


Sainte Monique étant grosse du grand saint Augustin, le dédia par plusieurs offres à la religion chrétienne et au service de la gloire de Dieu, ainsi que lui-même le témoigne, disant que déjà il avait goûté « le sel de Dieu dans le ventre de sa mère ».

C'est un grand enseignement, pour les femmes chrétiennes, d'offrir à la divine Majesté les fruits de leurs ventres, même avant qu'ils en soient sortis, car Dieu qui accepte les oblations d'un coeur humble et volontaire, seconde pour l'ordinaire les bonnes affections des mères en ce temps-là: témoin Samuel, saint Thomas dAquin, saint André de Fiésole et plusieurs autres.

La mère de saint Bernard, digne mère d'un tel fils, prenant ses enfants en ses bras, incontinent qu'ils étaient nés, les offrait à Jésus-Christ, et dès lors les aimait avec respect, comme chose sacrée et que Dieu lui avait confiée; ce qui lui réussit si heureusement, qu'enfin ils furent tous sept très saints.

Mais les enfants étant venus au monde et commençant à se servir de la raison, les pères et ,mères doivent avoir un grand soin de leur imprimer la crainte de Dieu au coeur. La bonne reine Blanche fit ardemment cet office à lendroit du roi saint Louis son fils, car elle lui disait souventefois:

« J'aimerais trop mieux, mon cher enfant, vous voir mourir devant mes yeux, que de vous voir commettre un seul péché mortel » ; ce qui demeura tellement gravé en l'âme de ce saint fils que, comme lui-même racontait, il ne fut jour de sa vie, auquel il ne lui en souvînt, mettant peine, tant qu'il lui était possible, de bien garder cette divine doctrine.

Certes, les races et générations sont appelées en notre langage, maisons, et les Hébreux même appellent la génération des enfants, édification de maison: car c'est en ce sens qu'il est dit que Dieu édifia des maisons aux sages-femmes d'Egypte.

Or, c'est pour montrer que ce n'est pas faire une bonne maison de fourrer beaucoup de biens mondains en icelle, mais de bien élever les enfants en la crainte de Dieu et en la vertu: en quoi on ne doit épargner aucune sorte de peine ni de travaux, puisque les enfants sont la couronne du père et de la mère.

Ainsi sainte Monique combattit avec tant de ferveur et de constance les mauvaises inclinations de saint Augustin, que l'ayant suivi par mer et par terre elle le rendit plus heureusement enfant de ses larmes, par la conversion de son âme, qu'il n'avait été enfant de son sang par la génération de son corps.

Saint Paul laisse en partage aux femmes le soin de la maison; c'est pourquoi plusieurs ont cette véritable opinion, que leur dévotion est plus fructueuse à la famille que celle des maris qui, ne faisant pas une si ordinaire résidence entre les domestiques, ne peuvent pas par conséquent les adresser si aisément à la vertu.

A cette considération, Salomon en ses proverbes fait dépendre le bonheur de toute la maison, du soin et industrie de cette femme forte qu'il décrit.

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CHAPITRE XXXVIII

AVIS POUR LES GENS MARIÉS


Il est dit au Genèse qu'Isaac, voyant sa femme Rébecca stérile, pria le Seigneur pour elle, ou, selon les Hébreux, il pria le Seigneur vis-à-vis d'elle, parce que l'un priait dun côté de l'oratoire et l'autre de l'autre : aussi l'oraison du mari faite en cette façon fut exaucée.

C'est la plus grande et plus fructueuse union du mari et de la femme, que celle qui se fait en la sainte dévotion, à laquelle ils se doivent entreporter l'un l'autre à l'envi. Il y a des fruits, comme le coing, qui pour l'âpreté de leur suc ne sont guère agréables qu'en confiture; il y en a d'autres, qui pour leur tendreté et délicatesse ne peuvent durer, s'ils ne sont aussi confits, comme les cerises et abricots. Ainsi les femmes doivent souhaiter que leurs maris soient confits au sucre de la dévotion, car l'homme sans dévotion est un animal sévère, âpre et rude ; et les maris doivent souhaiter que leurs femmes soient dévotes, car sans la dévotion la femme est grandement fragile, et sujette à déchoir ou ternir en la vertu.

Saint Paul a dit que « l'homme infidèle est sanctifié par la femme fidèle, et la femme infidèle par l'homme fidèle », parce qu'en cette étroite alliance du mariage, l'un peut aisément tirer l'autre à la vertu. Mais quelle bénédiction est-ce quand l'homme et la femme fidèles se sanctifient l'un lautre en une vraie crainte du Seigneur!

Au demeurant, le support mutuel de l'un pour l'autre doit être si grand, que jamais tous deux ne soient courroucés ensemble et tout à coup, afin qu'entre eux il ne se voie de la dissension et du débat. Les mouches à miel ne peuvent sarrêter en lieu où les échos et retentissements et redoublements de voix se font, ni le Saint-Esprit certes en une maison en laquelle il y ait du débat, des répliques et redoublements de crieries et altercations.

Saint Grégoire Nazianzène témoigne que de son temps les mariés faisaient fête au jour anniversaire de leurs mariages. Certes, j approuverais que cette coutume s'introduisît, pourvu que ce ne fût point avec des appareils de récréations mondaines et sensuelles, mais que les maris et femmes, confessés et communiés en ce jour-là, recommandassent à Dieu, plus fervemment que lordinaire, le progrès de leur mariage, renouvelant les bons propos de le sanctifier de plus en plus par une réciproque amitié et fidélité, et reprenant haleine en Notre Seigneur pour le support des charges de leur vacation.

CHAPITRE XXXIX

DE L'HONNÊTETÉ DU LIT NUPTIAL


Le lit nuptial doit être immaculé, comme lApôtre lappelle, c'est-à-dire exempt d'impudicités et autres souillures profanes. Aussi le saint mariage fut premièrement institué dedans le paradis terrestre, où jamais, jusques à l'heure, il n'y avait eu aucun dérèglement de la concupiscence, ni chose déshonnête.

Il y a quelque ressemblance entre les voluptés honteuses et celles du manger, car toutes deux regardent la chair, bien que les premières, à raison de leur véhémence brutale, s'appellent simplement charnelles. J'expliquerai donc ce que je ne puis pas dire des unes, par ce que je dirai des autres.

1. Le manger est ordonné pour conserver les personnes: or, comme manger simplement pour nourrir et conserver la personne est une bonne chose, sainte et commandée, aussi ce qui est requis au mariage, pour la production des enfants et la multiplication des personnes, est une bonne chose et très sainte, car c'est la fin principale des noces.

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CHAPITRE XXXIX

DE L'HONNÊTETÉ DU LIT NUPTIAL


2. Manger, non point pour conserver la vie, mais pour conserver la mutuelle conversation et condescendance que nous nous devons les uns aux autres, c'est chose grandement juste et honnête : et de même, la réciproque et légitime satisfaction des parties au saint mariage, est appelée par saint Paul devoir; mais devoir si grand, qu'il ne veut pas que l'une des parties s'en puisse exempter, sans le libre et volontaire consentement de l'autre, non pas même pour les exercices de la dévotion, qui m'a fait dire le mot que j'ai mis au chapitre de la sainte Communion pour ce regard; combien moins donc peut-on s'en exempter, pour des capricieuses prétentions de vertu ou pour les colères et dédains!

3. Comme ceux qui mangent pour le devoir de la mutuelle conversation doivent manger librement et non comme par force, et de plus sessayer de témoigner de l'appétit, aussi le devoir nuptial doit être toujours rendu fidèlement, franchement, et tout de même comme si c'était avec espérance de la production des enfants, encore que pour quelque occasion on n'eût pas telle espérance.

4. Manger non point pour les deux premières raisons mais simplement pour contenter l'appétit, c'est chose supportable, mais non pas pourtant louable; car le simple plaisir de l'appétit sensuel ne peut être un objet suffisant pour rendre une action louable, il suffit bien si elle est supportable.

5. Manger non point par simple appétit, mais par excès et dérèglement, c'est chose plus ou moins vitupérable, selon que l'excès est grand ou petit.

6. Or, l'excès du manger ne consiste pas seulement en la trop grande quantité, mais aussi en la façon et manière de manger. C'est grand cas, chère Philothée, que le miel si propre et salutaire aux abeilles leur puisse néanmoins être si nuisible, que quelquefois il les rend malades, comme quand elles en mangent trop au printemps; car cela leur donne le flux de ventre, et quelquefois il les fait mourir inévitablement, comme quand elles sont emmiellées par le devant de leur tête et de leurs ailerons.

A la vérité, le commerce nuptial qui est si saint, si juste, si recommandable, si utile à la république, est néanmoins en certain cas dangereux à ceux qui le pratiquent; car quelquefois il rend leurs âmes grandement malades de péché véniel, comme il arrive par les simples excès; et quelquefois il les fait mourir par le péché mortel, comme il arrive lorsque l'ordre établi pour la production des enfants est violé et perverti; auquel cas, selon quon ségare plus ou moins de cet ordre, les péchés se trouvent plus ou moins exécrables, mais toujours mortels. Car dautant que la procréation des enfants est la première et principale fin du mariage, jamais on ne peut loisiblement se départir de l'ordre qu'elle requiert, quoique pour quelque autre accident elle ne puisse pas pour être effectuée, comme il arrive quand la stérilité ou la grossesse déjà survenue empêche la production et génération; car en ces occurrences le commerce corporel ne laisse pas de pouvoir être juste et saint, moyennant que les règles de la génération soient suivies: aucun accident ne pouvant jamais préjudicier à la loi, que la fin principale du mariage a imposée.

Certes, l'infâme et exécrable action que Onan faisait en son mariage était détestable devant Dieu, ainsi que dit le sacré texte du trente-huitième chapitre de Genèse ; et bien que quelques hérétiques de notre âge, cent fois plus blâmables que les Cyniques desquels parle saint Jérôme sur l'Epître aux Ephésiens, aient voulu dire que c'était la perverse intention de ce méchant qui déplaisait à Dieu, l'Ecriture toutefois parle autrement, et assure en particulier que la chose même qu'il faisait était détestable et abominable devant Dieu.

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CHAPITRE XXXIX

DE L'HONNÊTETÉ DU LIT NUPTIAL


7. C'est une vraie marque d'un esprit truand, vilain, abject et infâme, de penser aux viandes et à la mangeaille avant le temps du repas, et encore plus quand après icelui on s'amuse au plaisir que l'on a pris à manger, s'y entretenant par paroles et pensées, et vautrant son esprit dedans le souvenir de la volupté que l'on a eue en avalant les morceaux, comme font ceux qui devant dîner tiennent leur esprit en broche, et après dîner dans les plats; gens dignes d'être souillards de cuisine, qui font, comme dit saint Paul, un dieu de leur ventre.

Les gens d'honneur ne pensent à la table qu'en s'asseyant, et après le repas se lavent les mains et la bouche pour n'avoir plus ni le goût, ni l'odeur de ce qu'ils ont mangé.

L'éléphant n'est qu'une grosse bête, mais la plus digne qui vive sur la terre et qui a le plus de sens ; je vous veux dire un trait de son honnêteté:

il ne change jamais de femelle et aime tendrement celle qu'il a choisie, avec laquelle néanmoins il ne parie que de trois ans en trois ans, et cela pour cinq jours seulement et si secrètement que jamais il n'est vu en cet acte; mais il est bien vu pourtant le sixième jour, auquel avant toutes choses il va droit à quelque rivière en laquelle il se lave entièrement tout le corps, sans vouloir aucunement retourner au troupeau, qu'il ne soit auparavant purifié.

Ne sont-ce pas de belles et honnêtes humeurs d'un tel animal, par lesquelles il invite les mariés à ne point demeurer engagés d'affection aux sensualités et voluptés que selon leur vocation ils auront exercées, mais icelles passées de s'en laver le coeur et l'affection, et de s'en purifier au plus tôt, pour par après avec toute liberté d'esprit pratiquer les autres actions plus pures et relevées.

En cet avis consiste la parfaite pratique de l'excellente doctrine que saint Paul donne aux Corinthiens: « Le temps est court, dit-il; reste que ceux qui ont des femmes soient comme n'en ayant point ».

Car, selon saint Grégoire, celui a une femme comme n'en ayant point qui prend tellement les consolations corporelles avec elle, que pour cela il n'est point détourné des prétentions spirituelles; or, ce qui se dit du mari s'entend réciproquement de la femme.

«Que ceux qui usent du monde, dit le même apôtre, soient comme n'en usant point. » Que tous donc usent du monde, un chacun selon sa vocation, mais en telle sorte que n'y engageant point l'affection, on soit aussi libre et prompt à servir Dieu, comme si l'on n'en usait point. »

C'est le grand mal de l'homme, dit saint Augustin, de vouloir jouir des choses desquelles il doit seulement user, et de vouloir user de celles desquelles il doit seulement jouir »:

nous devons jouir des choses spirituelles, et seulement user des corporelles ; desquelles quand l'usage est converti en jouissance, notre âme raisonnable est aussi convertie en âme brutale et bestiale.

Je pense avoir tout dit ce que je voulais dire, et fait entendre, sans le dire, ce que je ne voulais pas dire.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE XL

AVIS POUR LES VEUVES


Saint Paul instruit tous les prélats, en la personne de son Timothée, disant: « Honore les veuves qui sont vraiment veuves. Or, pour être vraiment veuve, ces choses sont requises:

1. Que non seulement la veuve soit veuve de corps, mais aussi de coeur, c'est-à-dire qu'elle soit résolue, d'une résolution inviolable, de se conserver en l'état d'une chaste viduité; car les veuves qui ne le sont qu'en attendant loccasion de se remarier, ne sont séparées des hommes que selon la volupté du corps, mais elles sont déjà conjointes avec eux selon la volonté du coeur.

Que si la vraie veuve, pour se confirmer en l'état de viduité, veut offrir à Dieu en voeu son corps et sa chasteté, elle ajoutera un grand ornement à sa viduité et mettra en grande assurance sa résolution; car voyant qu'après le voeu il n'est plus en son pouvoir de quitter sa chasteté sans quitter le paradis, elle sera si jalouse de son dessein, qu'elle ne permettra pas seulement aux plus simples pensées de mariage d'arrêter en son coeur un seul moment, si que ce voeu sacré mettra une forte barrière entre son âme et toute sorte de projets contraires à sa résolution.

Certes saint Augustin conseille extrêmement ce voeu à la veuve chrétienne; et l'ancien et docte Origène passe bien plus avant, car il conseille aux femmes mariées de se vouer et destiner à la chasteté viduale, en cas que leurs maris viennent à trépasser devant elles, afin qu'entre les plaisirs sensuels qu'elles pourront avoir en leur mariage, elles puissent néanmoins jouir du mérite d'une chaste viduité par le moyen de cette promesse anticipée.

Le voeu rend les oeuvres faites en suite dicelui plus agréables à Dieu, fortifie le courage pour les faire, et ne donne pas seulement à Dieu les oeuvres, qui sont comme les fruits de notre bonne volonté, mais lui dédie encore la volonté même, qui est comme l'arbre de nos actions.

Par la simple chasteté nous prêtons notre corps à Dieu, retenant pourtant la liberté de le soumettre l'autre fois aux plaisirs sensuels; mais par le voeu de chasteté nous lui en faisons un don absolu et irrévocable, sans nous réserver aucun pouvoir de nous en dédire, nous rendant ainsi heureusement esclaves de Celui, la servitude duquel est meilleure que toute royauté.

Or, comme j'approuve infiniment les avis de ces deux grands personnages, aussi désirerais-je que les âmes, qui seront si heureuses que de les vouloir employer, le fassent prudemment, saintement et solidement, ayant bien examiné leurs courages, invoqué l'inspiration céleste et pris le conseil de quelque sage et dévot directeur, car ainsi tout se fera plus fructueusement.

2. Outre cela, il faut que ce renoncement de secondes noces se fasse purement et simplement pour, avec plus de pureté, contourner toutes ses affections en Dieu, et joindre de toutes parts son coeur avec celui de sa divine Majesté; car si le désir de laisser les enfants riches, ou quelque autre sorte de prétention mondaine arrête la veuve en viduité, elle en aura peut-être la louange, mais non pas certes devant Dieu, puisque devant Dieu, rien ne peut avoir une véritable louange que ce qui est fait pour Dieu.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE XL

AVIS POUR LES VEUVES


3. Il faut de plus que la veuve, pour être vraiment veuve, soit séparée et volontairement destituée des contentements profanes. « La veuve qui vit en délices, dit saint Paul, est morte en vivant, »

Vouloir être veuve et se plaire néanmoins d'être muguetée, caressée, cajolée; se vouloir trouver aux bals, aux danses et aux festins; vouloir être parfumée, attifée, mignardée, c'est être une veuve vivante quant au corps, mais morte quant à l'âme.

Quimporte-t-il, je vous prie, que l'enseigne du logis d'Adonis et de l'amour profane soit faite d'aigrettes blanches perchées en guise de panaches, ou d'un crêpe étendu en guise de rets tout autour du visage?

ains souvent le noir est mis avec avantage de vanité sur le blanc, pour en rehausser la couleur.

La veuve, ayant fait essai de la façon avec laquelle les femmes peuvent plaire aux hommes, jette de plus dangereuses amorces dedans leurs esprits. La veuve donc qui vit en ces folles délices, vivante est morte, et n'est à proprement parler qu'une idole de viduité.

« Le temps de retrancher est venu, la voix de la tourterelle a été ouïe en notre terre », dit le Cantique. Le retranchement des superfluités mondaines est requis à quiconque veut vivre pieusement; mais il est surtout nécessaire à la vraie veuve qui, comme une chaste tourterelle, vient tout fraîchement de pleurer, gémir et lamenter la perte de son mari.

Quand Noémi revint de Moab en Bethléem, les femmes de la ville qui lavaient connue au commencement de son mariage, s'entredisaient l'une à lautre : « N'est-ce point ici Noémi? »

Mais elle répondit: « Ne m'appelez point, je vous prie, Noémi » car Noémi veut dire gracieuse et belle « ains appelez-moi Mara, car le Seigneur a rempli mon âme damertume »:

ce qu'elle disait, d'autant que son mari lui était mort. Ainsi la veuve dévote ne veut jamais être appelée et estimée ni belle ni gracieuse, se contentant d'être ce que Dieu veut qu'elle soit, c'est-à-dire humble et abjecte à ses yeux.

Les lampes desquelles l'huile est aromatique jettent une plus suave odeur quand on éteint leurs flammes: ainsi les veuves, desquelles l'amour a été pur en leur mariage, répandent un plus grand parfum de vertu de chasteté quand leur lumière, c'est-à-dire leur mari, est éteinte par la mort.

D'aimer le mari tandis qu'il est en vie, c'est chose assez triviale entre les femmes; mais l'aimer tant, qu'après la mort dicelui on n'en veuille point d'autre, c'est un rang d'amour qui n'appartient qu'aux vraies veuves.

Espérer en Dieu, tandis que le mari sert de support, ce n'est pas chose si rare; mais d'espérer en Dieu quand ou est destitué de cet appui, c'est chose digne de grande louange: c'est pourquoi on connaît plus aisément en la viduité, la perfection des vertus que l'on a eues au mariage.

Source : Livres-mystiques.com

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