Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales

Postez ici vos intentions de prière.
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amidelamisericorde
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Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales

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ORAISON DÉDICATOIRE

Doux Jésus, mon Seigneur, mon Sauveur et mon Dieu, me voici prosterné devant votre Majesté, vouant et consacrant cet écrie à votre gloire.

Animez les paroles qui y sont de votre bénédiction, à ce que les âmes tour lesquelles je l'ai fait en puissent recevoir les inspirations sacrées que je leur désire, et particulièrement celle d'implorer sur moi votre immense Miséricorde, afin que, montrant aux autres le chemin de la dévotion en ce monde, je ne sois pas réprouvé et confondu éternellement en l'autre; ains qu'avec eux je chante à jamais pour cantique de triomphe, le mot que de tout mon coeur je prononce en témoignage de fidélité, parmi les hasards de cette vie mortelle :

VIVE JÉSUS, VIVE JÉSUS ! Oui, Seigneur Jésus, vivez et régnez en nos coeurs ès siècles des siècles. Ainsi soit-il.


Mon cher Lecteur,

je te prie de lire cette Préface pour ta satisfaction et la mienne.

La bouquetière Glycéra savait si proprement diversifier la disposition et le mélange des fleurs, qu'avec les mêmes fleurs elle faisait une grande variété de bouquets, de sorte que le peintre Pausias demeura court, voulant contrefaire à l'envi cette diversité douvrage, car il ne sut changer sa peinture en tant de façons comme Glycéra faisait ses bouquets :

ainsi le Saint-Esprit dispose et arrange avec tant de variété les enseignements de dévotion, qu'il donne par les langues et les plumes de ses serviteurs, que la doctrine étant toujours une même, les discours néanmoins qui s'en font sont bien différents, selon les diverses façons desquelles ils sont composés.

Je ne puis, certes, ni veux, ni dois écrire en cette Introduction que ce qui a déjà été publié par nos prédécesseurs sur ce sujet; ce sont les mêmes fleurs que je te présente, mon Lecteur, mais le bouquet que j'en ai fait sera différent des leurs, à raison de la diversité de l'agencement dont il est façonné.

Ceux qui ont traité de la dévotion ont presque tous regardé l'instruction des personnes fort retirées du commerce du monde, ou au moins ont enseigné une sorte de dévotion qui conduit à cette entière retraite.

Mon intention est d'instruire ceux qui vivent ès villes, ès ménages, en la cour, et qui par leur condition sont obligés de faire une vie commune quant à l'extérieur, lesquels bien souvent, sous le prétexte d'une prétendue impossibilité, ne veulent seulement pas penser à l'entreprise de la vie dévote, leur étant avis que, comme aucun animal n'ose goûter de la graine de lherbe nommée Palma Christi, aussi nul homme ne doit prétendre à la palme de la piété chrétienne, tandis qu'il vit emmi la presse des affaires temporelles.

Et je leur montre que comme les mères perles vivent emmi la mer sans prendre aucune goutte d'eau marine, et que vers les îles Chélidoines il y a des fontaines d'eau bien douce au milieu de la mer, et que les piraustes volent dedans les flammes sans brûler leurs ailes, ainsi peut une âme vigoureuse et constante vivre au monde sans recevoir aucune humeur mondaine, trouver des sources d'une douce piété au milieu des ondes amères de ce siècle, et voler entre les flammes des convoitises terrestres sans brûler les ailes des sacrés désirs de la vie dévote.

Il est vrai que cela est malaisé, et c'est pourquoi je désirerais que plusieurs y employassent leur soin avec plus d'ardeur quon na pas fait jusques à présent; comme, tout faible que je suis, je m'essaie par cet écrit de contribuer quelque secours à ceux qui d'un coeur généreux feront cette digne entreprise.

Source : Livres-mystiques.com

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PREFACE

A Annecy, le jour de Sainte Madeleine 1609


Mais ce n'a toutefois pas été par mon élection ou inclination que cette Introduction sort en public une âme vraiment pleine dhonneur et de vertu ayant, il y a quelque temps, reçu de Dieu la grâce de vouloir aspirer à la vie dévote, désira ma particulière assistance pour ce regard.

Et moi, qui lui avais plusieurs sortes de devoirs, et qui avais longtemps auparavant remarqué en elle beaucoup de disposition pour ce dessein, je me rendis fort soigneux de la bien instruire, et l'ayant conduite par tous les exercices convenables à son désir et sa condition, je lui en laissai des mémoires par écrit, afin qu'elle y eût recours, à son besoin.

Elle, depuis, les communiqua à un grand, docte et dévot Religieux, lequel estimant que plusieurs en pourraient tirer du profit, m'exhorta fort de les faire publier: ce qui lui fut aisé de me persuader, parce que son amitié avait beaucoup de pouvoir sur ma volonté, et son jugement, une grande autorité sur le mien.

Or, afin que le tout fût plus utile et agréable, je l'ai revu et y ai mis quelque sorte d'entresuite, ajoutant plusieurs avis et enseignements propres à mon intention. Mais tout cela je l'ai fait sans nulle sorte presque de loisir; c'est pourquoi tu ne verras rien ici d'exact, ains seulement un amas d'avertissements de bonne foi, que j'explique par des paroles claires et intelligibles; au moins ai-je désiré de le faire.

Et quant au reste des ornements du langage, je n'y ai pas seulement voulu penser, comme ayant assez d'autres choses à faire.

J'adresse mes paroles à Philothée, parce que, voulant réduire à l'utilité commune de plusieurs âmes ce que j'avais premièrement écrit pour une seule, je l'appelle du nom commun à toutes celles qui veulent être dévotes; car Philothée veut dire amatrice ou amoureuse de Dieu.

Regardant donc en tout ceci une âme qui, par le désir de la dévotion, aspire à l'amour de Dieu, j'ai fait cette Introduction de cinq Parties, en la première desquelles je m'essaie, par quelques remontrances et exercices, de convertir le simple désir de Philothée en une entière résolution, qu'elle fait à la parfin après sa confession générale par une solide protestation, suivie de la très sainte communion, en laquelle, se donnant à son Sauveur et le recevant, elle entre heureusement en son saint amour.

Cela fait, pour la conduire plus avant, je lui montre deux grands moyens de s'unir de plus en plus à sa divine Majesté:

l'usage des sacrements par lesquels ce bon Dieu vient à nous, et la sainte oraison par laquelle il nous tire à soi; et en ceci j'emploie la seconde Partie.

En la troisième, je lui fais voir comme elle se doit exercer en plusieurs vertus plus propres à son avancement, ne m'amusant pas sinon à certains avis particuliers qu'elle n'eût pas su aisément prendre ailleurs, ni d'elle-même.

En la quatrième, je lui fais découvrir quelques embûches de ses ennemis, et lui montre comme elle s'en doit démêler et passer outre.

Et finalement, en la cinquième Partie, je la fais un peu retirer à part soi pour se rafraîchir, reprendre haleine et réparer ses forces, afin qu'elle puisse par après plus heureusement gagner pays et s'avancer en la vie dévote.

Source : Livres-mystiques.com

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PREFACE

A Annecy, le jour de Sainte Madeleine 1609


Cet âge est fort bizarre, et je prévois bien que plusieurs diront qu'il n'appartient qu'aux religieux et gens de dévotion de faire des conduites si particulières à la piété; qu'elles requièrent plus de loisir que n'en peut avoir un évêque chargé d'un diocèse si pesant comme est le mien ; que cela distrait trop l'entendement qui doit être employé à choses importantes.

Mais moi, mon cher Lecteur, je te dis avec le grand saint Denis, quil appartient principalement aux évêques de perfectionner les âmes, d'autant que leur ordre est le suprême entre les hommes, comme celui des Séraphins entre les anges, si que leur loisir ne peut être mieux destiné qu'à cela.

Les anciens évêques et Pères de l'Eglise étaient pour le moins autant affectionnés à leur charge que nous, et ne laissaient pourtant pas d'avoir soin de la conduite particulière de plusieurs âmes qui recouraient à leur assistance, comme il appert par leurs épîtres; imitant en cela les Apôtres qui, emmi la moisson générale de l'univers, recueillaient néanmoins certains épis plus remarquables avec une spéciale et particulière affection.

Qui ne sait que Timothée, Tite, Philémon, Onésime, sainte Thècle, Appia, étaient les chers enfants du grand saint Paul, comme saint Marc et sainte Pétronille, de saint Pierre ?

Sainte Pétronille, dis-je, laquelle, comme prouvent doctement Baronius et Galonius, ne fut pas fille charnelle, mais seulement spirituelle de saint Pierre.

Et saint Jean n'écrit-il pas une de ses Epîtres canoniques à la dévote dame Electa?

C'est une peine, je le confesse, de conduire les âmes en particulier, mais une peine qui soulage, pareille à celle des moissonneurs et vendangeurs, qui ne sont jamais plus contents que d'être fort embesognés et chargés.

C'est un travail qui délasse et avive le coeur par la suavité qui en revient à ceux qui l'entreprennent, comme fait le cinamone, ceux qui le portent parmi l'Arabie Heureuse.

On dit que la tigresse, ayant retrouvé l'un de ses petits que le chasseur lui laisse sur le chemin pour l'amuser, tandis qu'il emporte le reste de la litée, elle s'en charge, pour gros qu'il soit, et pour cela n'en est point plus pesante, ains plus légère à la course qu'elle fait pour le sauver dans sa tanière, l'amour naturel l'allégeant par ce fardeau.

Combien plus un coeur paternel prendra-t-il volontiers en charge une âme, quil aura rencontrée au désir de la sainte perfection, la portant en son sein comme une mère fait son petit enfant, sans se ressentir de ce faix bien aimé.

Mais il faut sans doute que ce soit un coeur paternel; et c'est pourquoi les Apôtres et hommes Apostoliques appellent leurs disciples non seulement leurs enfants, mais encore plus tendrement leurs petits enfants.

Source : Livres-mystiques.com

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PREFACE

A Annecy, le jour de Sainte Madeleine 1609


Au demeurant, mon cher Lecteur, il est vrai que j'écris de la vie dévote sans être dévot, mais non pas certes sans désir de le devenir, et c'est encore cette affection qui me donne courage à t'en instruire; car, comme disait un grand homme de lettres, la bonne façon d'apprendre, c'est d'étudier; la meilleure, c'est découter, et la très bonne, c'est denseigner.

Il advint souvent, dit saint Augustin, écrivant à sa dévote Florentine, que l'office de distribuer sert de mérite pour recevoir, et l'office d'enseigner, de fondement pour apprendre.

Alexandre fit peindre la belle Compaspé, qui lui était si chère, par la main de l'unique Apelles; Apelles, forcé de considérer longuement Compaspé, à mesure qu'il en exprimait les traits sur le tableau, en imprima l'amour en son coeur, et en devint tellement passionné, qu'Alexandre, l'ayant reconnu et en ayant pitié, la lui donna en mariage, se privant pour l'amour de lui de la plus chère amie qu'il eût au monde:

en quoi, dit Pline, il montra la grandeur de son coeur, autant qu'il eût fait par une bien grande victoire.

Or, il m'est avis, mon Lecteur mon ami, qu"étant évêque, Dieu veut que je peigne sur les coeurs des personnes non seulement les vertus communes, mais encore sa très chère et bien aimée dévotion; et moi je l'entreprends volontiers, tant pour obéir et faire mon devoir, que pour l'espérance que j'ai qu'en la gravant dans 'lesprit des autres, le mien à l'aventure en deviendra saintement amoureux.

Or, si jamais sa divine Majesté m'en voit vivement épris, elle me la donnera en mariage éternel.

La belle et chaste Rébecca, abreuvant les chameaux dIsaac, fut destinée pour être son épouse, recevant de sa part des pendants d'oreilles et des bracelets d'or; ainsi je me promets de limmense bonté de mon Dieu que, conduisant ses chères brebis aux eaux salutaires de la dévotion, il rendra mon âme son épouse, mettant en mes oreilles les paroles dorées de son saint amour, et en mes bras la force de les bien exécuter, en quoi gît l'essence de la vraie dévotion, que je supplie sa Majesté me vouloir octroyer et à tous les enfants de son Eglise.

Eglise à laquelle je veux à jamais soumettre mes écrits, mes actions, mes paroles, mes volontés et mes pensées.

CHAPITRE I

DESCRIPTION DE LA VRAIE DÉVOTION


Vous aspirez à la dévotion, très chère Philothée, parce qu'étant chrétienne, vous savez que c'est une vertu extrêmement agréable à la divine Majesté :

mais, dautant que les petites fautes que lon commet au commencement de quelque affaire s'agrandissent infiniment au progrès et sont presque irréparables à la fin, il faut avant toutes choses que vous sachiez que c'est que la vertu de dévotion; car, d'autant qu'il n'y en a aucune vraie, et qu'il y en a une quantité de fausses et vaines, si vous ne connaissiez qu'elle est la vraie, vous pourriez vous tromper et vous amuser à suivre quelque dévotion impertinente et superstitieuse.

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CHAPITRE I

DESCRIPTION DE LA VRAIE DÉVOTION


Arélius peignait toutes les faces des images quil faisait, à l'air et ressemblance des femmes qu'il aimait, et chacun peint la dévotion selon sa passion et fantaisie. Celui qui est adonné au jeûne se tiendra pour bien dévot pourvu qu'il jeûne, quoique son coeur soit plein de rancune; et n'osant point tremper sa langue dedans le vin ni même dans l'eau, par sobriété, ne se feindra point de la plonger dedans le sang du prochain par la médisance et calomnie.

Un autre s'estimera dévot parce qu'il dit une grande multitude d'oraisons tous les jours, quoiqu'après cela sa langue se fonde toute en paroles fâcheuses, arrogantes et injurieuses parmi ses domestiques et voisins.

L'autre tire fort volontiers l'aumône de sa bourse pour la donner aux pauvres, mais il ne peut tirer la douceur de son coeur pour pardonner à ses ennemis; l'autre pardonnera à ses ennemis, mais de tenir raison à ses créanciers, jamais qu'à vive force de justice.

Tous ces gens-là sont vulgairement tenus pour dévots, et ne le sont pourtant nullement. Les gens de Saül cherchaient David en sa maison; Michol ayant mis une statue dedans un lit et l'ayant couverte des habillements de David, leur fit accroire que c'était David même qui dormait malade :

ainsi beaucoup de personnes se couvrent de certaines actions extérieures appartenant à la sainte dévotion, et le monde croit que ce soient gens vraiment dévots et spirituels; mais en vérité ce ne sont que des statues et fantômes de dévotion.

La vraie et vivante dévotion, o Philothée, présuppose l'amour de Dieu, ains elle n'est autre chose qu'un vrai amour de Dieu; mais non pas toutefois un amour tel quel: car, en tant que l'amour divin embellit notre âme, il s'appelle grâce, nous rendant agréables à sa divine Majesté; en tant qu'il nous donne la force de bien faire, il s'appelle charité; mais quand il est parvenu jusques au degré de perfection auquel il ne nous fait pas seulement bien faire, ains nous fait opérer soigneusement, fréquemment et promptement, alors il s'appelle dévotion.

Les autruches ne volent jamais; les poules volent, pesamment toutefois, bassement et rarement; mais les ,aigles, les colombes et les arondelles volent souvent, vitement et hautement.

Ainsi les pécheurs ne volent point en Dieu, ains font toutes leurs courses en la terre et pour la terre; les gens de bien qui n'ont pas encore atteint la dévotion volent en Dieu par leurs bonnes actions, mais rarement, lentement et pesamment.

Les personnes dévotes volent en Dieu fréquemment, promptement et hautement. Bref, la dévotion n'est autre chose qu'une agilité et vivacité spirituelle par le moyen de laquelle la charité fait ses actions en nous, ou nous par elle, promptement et affectionnément; et comme il appartient à la charité de nous faire généralement et universellement pratiquer tous les commandements de Dieu, il appartient aussi à la dévotion de les nous faire faire promptement et diligemment.

C'est pourquoi celui qui n'observe tous les commandements de Dieu, ne peut être estimé ni bon ni dévot, puisque pour être bon il faut avoir la charité, et pour être dévot il faut avoir, outre la charité, une grande vivacité et promptitude aux actions charitables.

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CHAPITRE I

DESCRIPTION DE LA VRAIE DÉVOTION


Et d'autant que la dévotion gît en certain degré d'excellente charité, non seulement elle nous rend prompts et actifs et diligents à l'observation de tous les commandements de Dieu; mais outre cela, elle nous provoque à faire promptement et affectionnément le plus de bonnes oeuvres que nous pouvons, encore qu'elles ne soient aucunement commandées, ains seulement conseillées ou inspirées.

Car tout ainsi quun homme qui est nouvellement guéri de quelque maladie chemine autant qu'il lui est nécessaire, mais lentement et pesamment, de même le pécheur étant guéri de son iniquité, il chemine autant que Dieu lui commande, pesamment néanmoins et lentement jusques à tant qu'il ait atteint à la dévotion; car alors, comme un homme bien sain, non seulement il chemine, mais il court et saute « en la voie des commandements de Dieu », et, de plus, il passe et court dans les sentiers des conseils et inspirations célestes.

Enfin, la charité et la dévotion ne sont non plus différentes l'une de l'autre que la flamme l'est du feu, d'autant que la charité étant un feu spirituel, quand elle est fort enflammée elle s'appelle dévotion : si que la dévotion n'ajoute rien au feu de la charité, sinon la flamme qui rend la charité prompte, active et diligente, non seulement à l'observation des commandements de Dieu, mais à l'exercice des conseils et inspirations célestes.

CHAPITRE II

PROPRIÉTÉ ET EXCELLENCE DE LA DÉVOTION


Ceux qui décourageaient les Israélites d'aller en la terre de promission leur disaient que c'était un pays qui «dévorait les habitants », c'est-à-dire, que l'air y était si malin qu'on n'y pouvait vivre longuement, et que réciproquement les habitants étaient des gens si prodigieux qu'ils mangeaient les autres hommes comme des locustes :

ainsi le monde, ma chère Philothée, diffame tant qu'il peut la sainte dévotion, dépeignant les personnes dévotes avec un visage fâcheux, triste et chagrin, et publiant que la dévotion donne des humeurs mélancoliques et insupportables.

Mais, comme Josué et Caleb protestaient que non seulement la terre promise était bonne et belle, ains aussi que la possession en serait douce et agréable, de même le Saint Esprit, par la bouche de tous les saints, et Notre Seigneur par la sienne même nous assure que la vie dévote est une vie douce» heureuse et aimable.

Le monde voit que les dévots jeûnent» prient et souffrent les injures, servent les malades, donnent aux pauvres, veillent, contraignent leur colère, suffoquent et étouffent leurs passions, se privent des plaisirs sensuels et font telles et autres sortes dactions, lesquelles en elles-mêmes et de leur propre substance et qualité sont âpres et rigoureuses; mais le monde ne voit pas la dévotion intérieure et cordiale, laquelle rend toutes ces actions agréables, douces et faciles.

Regardez les abeilles sur le thym: elles y trouvent un suc fort amer, mais en le suçant elles le convertissent en miel, parce que telle est leur propriété. O mondains, les âmes dévotes trouvent beaucoup d'amertume en leurs exercices de mortification, il est vrai, mais en les faisant elles les convertissent en douceur et suavité.

Les feux, les flammes, les roues et les épées semblaient des fleurs et des parfums aux martyrs, parce qu'ils étaient dévots; que si la dévotion peut donner de la douceur aux plus cruels tourments et à la mort même, qu'est-ce quelle fera pour les actions de la vertu ?

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CHAPITRE II
PROPRIÉTÉ ET EXCELLENCE DE LA DÉVOTION


Le sucre adoucit les fruits mal mûrs et corrige la crudité et nuisance de ceux qui sont bien mûrs; or, la dévotion est le vrai sucre spirituel, qui ôte l'amertume aux mortifications et la nuisance aux consolations :

elle ôte le chagrin aux pauvres et l'empressement aux riches, la désolation à l'oppressé et l'insolence au favorisé, la tristesse aux solitaires et la dissolution à celui qui est en compagnie; elle sert de feu en hiver et de rosée en été, elle sait abonder et souffrir pauvreté» elle rend également utile l'honneur et le mépris, elle reçoit le plaisir et la douleur avec un coeur presque toujours semblable, et nous remplit d'une suavité merveilleuse.

Contemplez l'échelle de Jacob (car cest le vrai portrait de la vie dévote) : les deux côtés entre lesquels on monte, et auxquels les échelons se tiennent, représentent l'oraison qui impètre l'amour de Dieu et les sacrements qui le confèrent.

Les échelons ne sont autre chose que les divers degrés de charité par lesquels l'on va de vertu en vertu, ou descendant par l'action au secours et support du prochain, ou montant par la contemplation à l'union amoureuse de Dieu. Or voyez, je vous prie, ceux qui sont sur léchelle : ce sont des hommes qui ont des coeurs angéliques, ou des anges qui ont des corps humains.

Ils ne sont pas jeunes, mais ils le semblent être, parce qu'ils sont pleins de vigueur et agilité spirituelle ; ils ont des ailes pour voler, et s'élancent en Dieu par la sainte oraison, mais ils ont des pieds aussi pour cheminer avec les hommes par une sainte et amiable conversation; leurs visages sont beaux et gais, d'autant qu'ils reçoivent toutes choses avec douceur et suavité.

Leurs jambes, leurs bras et leurs têtes sont tout à découvert, d'autant que leurs pensées, leurs affections et leurs actions n'ont aucun dessein ni motif que de plaire à Dieu. Le reste de leurs corps est couvert, mais d'une belle et légère robe, parce qu'ils usent voirement de ce monde et des choses mondaines, mais d'une façon toute pure et sincère, n'en prenant que légèrement ce qui est requis pour leur condition : telles sont les personnes dévotes.

Croyez-moi, chère Philothée, la dévotion est la douceur des douceurs et la reine des vertus, car c'est la perfection de la charité. Si la charité est un lait, la dévotion en est la crème; si elle est une plante, la dévotion en est la fleur; si elle est une pierre précieuse, la dévotion en est l'éclat ; si elle est un baume précieux, la dévotion en est l'odeur, et l'odeur de suavité qui conforte les hommes et réjouit les anges.

CHAPITRE III
QUE LA DÉVOTION EST CONVENABLE A TOUTES SORTES DE VOCATION ET PROFESSIONS


Dieu commanda en la création aux plantes de porter leurs fruits, chacune « selon son genre ainsi commande-t-il aux chrétiens, qui sont les plantes vivantes de son Eglise, qu'ils produisent des fruits de dévotion, un chacun selon sa qualité et vacation.

La dévotion doit être différemment exercée par le gentilhomme, par l'artisan, par le valet, par le prince, par la veuve, par la fille, par la mariée; et non seulement cela, mais il faut accommoder la pratique de la dévotion aux forces, aux affaires et aux devoirs de chaque particulier.

Je vous prie, Philothée, serait-il à propos que l'évêque voulût être solitaire comme les chartreux ? Et si les mariés ne voulaient rien amasser non plus que les capucins, si l'artisan était tout le jour à l'église comme le religieux, et le religieux toujours exposé à toutes sortes de rencontres pour le service du prochain, comme l'évêque, cette dévotion ne serait-elle pas ridicule, déréglée et insupportable ? Cette faute néanmoins arrive bien souvent, et le monde qui ne discerne pas, ou ne veut pas discerner, entre la dévotion et lindiscrétion de ceux qui pensent être dévots, murmure et blâme la dévotion, laquelle ne peut mais de ces désordres.

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CHAPITRE III

QUE LA DÉVOTION EST CONVENABLE A TOUTES SORTES DE VOCATION ET PROFESSIONS


Non, Philothée, la dévotion ne gâte rien quand elle est vraie, ains elle perfectionne tout, et lorsqu'elle se rend contraire à la légitime vacation de quelqu'un, elle est sans doute fausse.

L'abeille, dit Aristote, tire son miel des fleurs sans les intéresser, les laissant entières et fraîches comme elle les a trouvées; mais la vraie dévotion fait encore mieux, car non seulement elle ne gâte nulle sorte de vacation ni d'affaires, ains au contraire elle les orne et embellit.

Toutes sortes de pierreries jetées dedans le miel en deviennent plus éclatantes, chacune selon sa couleur, et chacun devient plus agréable en sa vacation la conjoignant à la dévotion:

le soin de la famille en est rendu paisible, l'amour du mari et de la femme plus sincère, le service du prince plus fidèle, et toutes sortes d'occupations plus suaves et amiables.

C'est une erreur, ains une hérésie, de vouloir bannir la vie dévote de la compagnie des soldats, de la boutique des artisans, de la cour des princes, du ménage des gens mariés.

Il est vrai, Philothée, que la dévotion purement contemplative, monastique et religieuse ne peut être exercée en ces vacations-l.

Mais aussi, outre ces trois sortes de dévotion, il y en a plusieurs autres, propres à perfectionner ceux qui vivent ès états séculiers.

Abraham, Isaac et Jacob, David, Job, Tobie, Sara, Rébecca et Judith en font foi pour l'ancien testament; et quant au nouveau, saint Joseph, Lydia et saint Crépin furent parfaitement dévots en leurs boutique.

Sainte Anne, sainte Marthe, sainte Monique, Aquila, Priscilla, en leurs ménages; Cornélius, saint Sébastien, saint Maurice, parmi les armes; Constantin, Hélène, saint Louis, le bienheureux Amé, saint Edouard, en leurs trônes.

Il est même arrivé que plusieurs ont perdu la perfection en la solitude, qui est néanmoins si désirable pour la perfection, et l'ont conservée parmi la multitude, qui semble si peu favorable à la perfection :

Loth, dit saint Grégoire, qui fut si chaste en la ville, se souilla en la solitude. Où que nous soyons, nous pouvons et devons aspirer à la vie parfaite.

CHAPITRE IV

DE LA NÉCESSITÉ DUN CONDUCTEUR POUR ENTRER ET FAIRE PROGRÈS EN LA DÉVOTION


Le jeune Tobie commandé d'aller en Ragès: « Je ne sais nullement le chemin, dit-il ». « Va donc, répliqua le père, et cherche quelque homme qui te conduise ». Je vous en dis de même, ma Philothée: voulez-vous à bon escient vous acheminer à la dévotion?

cherchez quelque homme de bien qui vous guide et conduise; c'est ici l'avertissement des avertissements. Quoi que vous cherchiez, dit le dévot Avila, vous ne trouverez jamais si assurément la volonté de Dieu que par le chemin de cette humble obéissance, tant recommandée et pratiquée par tous les anciens dévots.

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CHAPITRE IV

DE LA NÉCESSITÉ D'UN CONDUCTEUR POUR ENTRER ET FAIRE PROGRÈS EN LA DÉVOTION


La bienheureuse mère Thérèse, voyant que madame Catherine de Cordoue faisait de grandes pénitences désira fort de limiter en cela, contre l'avis de son confesseur qui le lui défendait, auquel elle était tentée de ne point obéir pour ce regard; et Dieu lui dit: « Ma fille, tu tiens un bon et assuré chemin.

Vois-tu la pénitence qu'elle fait ? mais moi, je fais plus de cas de ton obéissance. Aussi elle aimait tant cette vertu, qu'outre l'obéissance qu'elle devait à ses supérieurs, elle en voua une toute particulière à un excellent homme, s'obligeant de suivre sa direction et conduite, dont elle fut infiniment consolée; comme, après et devant elle, plusieurs bonnes âmes, qui pour se mieux assujettir à Dieu, ont soumis leur volonté à celle de ses serviteurs, ce que sainte Catherine de Sienne loue infiniment en ses Dialogues.

La dévote princesse sainte Elisabeth se soumit avec une extrême obéissance au docteur maître Conrad; et voici l'un des avis que le grand saint Louis fit à son fils avant que mourir: «Confesse-toi souvent, élis un confesseur idoine, qui soit prudhomme et qui te puisse sûrement enseigner à faire les choses qui te sont nécessaires.

« L'ami fidèle, dit l'Ecriture Sainte, est une forte protection; celui qui la trouvé, a trouvé un trésor. L'ami fidèle est un médicament de vie et dimmortalité; ceux qui craignent Dieu le trouvent ».

Ces divines paroles regardent principalement limmortalité, comme vous voyez, pour laquelle il faut sur toutes choses avoir cet ami fidèle qui guide nos actions par ses avis et conseils, et par ce moyen nous garantit des embûches et tromperies du malin.

Il nous sera comme un trésor de sapience en nos afflictions, tristesses et chutes ; il nous servira de médicament pour alléger et consoler nos coeurs ès maladies spirituelles.

Il nous gardera du mal, et rendra notre bien meilleur ; et quand il nous arrivera quelque infirmité, il empêchera quelle ne soit pas à la mort, car i! nous en relèvera.

Mais qui trouvera cet ami? Le Sage répond : « Ceux qui craignent Dieu »; c'est-à-dire les humbles qui désirent fort leur avancement spirituel. Puisqu'il vous importe tant, Philothée, d'aller avec un bon guide en ce saint voyage de dévotion, priez Dieu avec une grande instance qu'il vous en fournisse d'un qui soit selon son coeur, et ne doutez point; car, quand il devrait envoyer un ange du ciel, comme il fit au jeune Tobie, il vous en donnera un bon et fidèle.

Or, ce doit toujours être un ange pour vous c'est-à-dire, quand vous l'aurez trouvé, ne le considérez pas comme un simple homme, et ne vous confiez point en icelui ni en son savoir humain, mais en Dieu, lequel vous favorisera et parlera par l'entremise de cet homme, mettant dedans le coeur et dedans la bouche dicelui ce qui sera requis pour votre bonheur.

Si que vous le devez écouter comme un ange qui descend du ciel pour vous y mener. Traitez avec lui à coeur ouvert, en toute sincérité et fidélité, lui manifestant clairement votre bien et votre mal, sans feintise ni dissimulation : et par ce moyen, votre bien sera examiné et plus assuré, et votre mal sera corrigé et remédié.

Vous en serez allégée et fortifiée en vos afflictions, modérée et réglée en vos consolations. Ayez en lui une extrême confiance mêlée d'une sacrée révérence, en sorte que la révérence ne diminue point la confiance, et que la confiance n'empêche point la révérence; confiez. vous en lui avec le respect d'une fille envers son père, respectez-le avec la confiance d'un fils envers sa mère: bref, cette amitié doit être forte et douce, toute sainte, toute sacrée, toute divine et toute spirituelle.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE IV

DE LA NÉCESSITÉ D'UN CONDUCTEUR POUR ENTRER ET FAIRE PROGRÈS EN LA DÉVOTION


Et pour cela, choisissez-en un entre mille, dit Avila ; et moi je dis entre dix mille, car il sen trouve moins que lon ne saurait dire qui soient capables de cet office.

Il le faut plein de charité, de science et de prudence: si lune de ces trois parties lui manque, il y a du danger. Mais je vous dis derechef, demandez-le à Dieu, et layant obtenu bénissez sa divine Majesté, demeurez ferme et nen cherchez point dautres, ains allez simplement, humblement et confidemment, car vous ferez un très heureux voyage.

CHAPITRE V

QU'IL FAUT COMMENCER PAR LA PURGATION DE L'AME


« Les fleurs, dit l'Epoux sacré, apparaissent en notre terre, le temps d'émonder et tailler est venu. » Qui sont les fleurs de nos coeurs, o Philothée, sinon les bons désirs ? Or, aussitôt qu'ils paraissent, il faut mettre la main à la serpe, pour retrancher de notre conscience toutes les oeuvres mortes et superflues.

La fille étrangère, pour épouser l'Israélite, devait ôter la robe de sa captivité, rogner ses ongles et raser ses cheveux: et l'âme qui aspire à l'honneur d'être épouse du Fils de Dieu, se doit « dépouiller du vieil homme et se revêtir du nouveau », quittant le péché; puis, rogner et raser toutes sortes d'empêchements qui détournent de l'amour de Dieu. C'est le commencement de notre santé que d'être purgé de nos humeurs peccantes.

Saint Paul tout en un moment fut purgé d'une purgation parfaite, comme fut aussi sainte Catherine de Gênes, sainte Madeleine, sainte Pélagie et quelques autres; mais cette sorte de purgation est toute miraculeuse et extraordinaire en la grâce, comme la résurrection des morts en la nature, si que nous ne devons pas y prétendre.

La purgation et guérison ordinaire, soit des corps soit des esprits, ne se fait que petit à petit, par progrès, d'avancement en avancement, avec peine et loisir.

Les anges ont des ailes sur l'échelle de Jacob, mais ils ne volent pas, ains montent et descendent par ordre, d'échelon en échelon.

L'âme qui monte du péché à la dévotion est comparée à l'aube, laquelle s'élevant ne chasse pas les ténèbres en un instant, mais petit à petit. La guérison, dit l'aphorisme, qui se fait tout bellement, est toujours plus assurée; les maladies du coeur aussi bien que celles du corps, viennent à cheval et en poste, mais elles s'en revont à pied et au petit pas.

Il faut donc être courageuse et patiente, o Philothée, en cette entreprise. Hélas ! quelle pitié est-ce de voir des âmes lesquelles, se voyant sujettes à plusieurs imperfections après s'être exercées quelquefois en la dévotion, commencent à s'inquiéter, se troubler et décourager, laissant presque emporter leur coeur à la tentation de tout quitter et retourner en arrière.

Mais aussi, de l'autre côté, n'est-ce pas un extrême danger aux âmes lesquelles, par une tentation contraire, se font accroire d'être purgées de leurs imperfections le premier jour de leur purgation, se tenant pour parfaites avant presque d'être faites, en se mettant au vol sans ailes?

O Philothée, quelles sont en grand péril de rechoir, pour s'être trop tôt ôtées dentre les mains du médecin!
Ah! ne vous levez pas « avant que la lumière soit arrivée, dit le Prophète, levez-vous après que vous aurez été assis » ; et lui-même pratiquant cette leçon et ayant été déjà lavé et nettoyé, demande de l'être derechef.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE V
QU'IL FAUT COMMENCER PAR LA PURGATION DE L'AME


L'exercice de la purgation de l'âme ne se peut ni doit finir qu'avec notre vie: ne nous troublons donc point de nos imperfections, car notre perfection consiste à les combattre, et nous ne saurions les combattre sans les voir, ni les vaincre sans les rencontrer. Notre victoire ne gît pas à ne les sentir point, mais à ne point leur consentir; mais ce n'est point leur consentir que d'en être incommodé.

Il faut bien que pour l'exercice de notre humilité, nous soyons quelquefois blessés en cette bataille spirituelle; néanmoins nous ne sommes jamais vaincus sinon lorsque nous avons perdu ou la vie ou le courage. Or, les imperfections et péchés véniels ne nous sauraient ôter la vie spirituelle, car elle ne se perd que par le péché mortel ; il reste donc seulement qu'elles ne nous fassent point perdre le courage :

«Délivre-moi, Seigneur, disait David, de la couardise et découragement ». C'est une heureuse condition pour nous en cette guerre, que nous soyons toujours vainqueurs, pourvu que nous voulions combattre.

CHAPITRE VI
DE LA PREMIÈRE PURGATION, QUI EST CELLE DES PÉCHÉS MORTELS


La première purgation qu'il faut faire c'est celle du péché; le moyen de la faire c'est le saint sacrement de la Pénitence.

Cherchez le plus digne confesseur que vous pourrez ; prenez en main quelqu'un des petits livres qui ont été faits pour aider les consciences à se bien confesser, comme Grenade, Bruno, Arias, Auger; lisez-les bien, et remarquez de point en point en quoi vous avez offensé, à prendre depuis que vous eûtes l'usage de raison jusques à l'heure présent.

Si vous vous défiez de votre mémoire, mettez en écrit ce que vous aurez remarqué. Et ayant ainsi préparé et ramassé les humeurs peccantes de votre conscience, détestez-les et les rejetez par une contrition et déplaisir aussi grand que votre coeur pourra souffrir, considérant ces quatre choses: Que par le péché vous avez perdu la grâce de Dieu, quitté votre part de paradis, accepté les peines éternelles de l'enfer et renoncé à l'amour éternel de Dieu.

Vous voyez bien, Philothée, que je parle d'une confession générale de toute la vie, laquelle certes je confesse bien n'être pas toujours absolument nécessaire, mais je considère bien aussi qu'elle vous sera extrêmement utile en ce commencement c'est pourquoi je vous la conseille grandement.

Il arrive souvent que les confessions ordinaires de ceux qui vivent d'une vie commune et vulgaire sont pleines de grands défauts: car souvent on ne se prépare point ou fort peu, on n'a point la contrition requise; ains il advient maintes fois que l'on va se confesser avec une volonté tacite de retourner au péché, d'autant qu'on ne veut pas éviter l'occasion du péché, ni prendre les expédients nécessaires à l'amendement de la vie.

En tous ces cas ici la confession générale est requise pour assurer l'âme. Mais outre cela, la confession générale nous appelle à la connaissance de nous-mêmes, nous provoque à une salutaire confusion pour notre vie passée, nous fait admirer la Miséricorde de Dieu qui nous a attendus en patience.

Elle apaise nos coeurs, délasse nos esprits, excite en nous des bons propos, donne sujet à notre père spirituel de nous faire des avis plus convenables à notre condition, et nous ouvre le coeur pour avec confiance nous bien déclarer aux confessions suivantes.Parlant donc d'un renouvellement général de notre coeur et d'une conversion universelle de notre âme à Dieu, par l'entreprise de la vie dévote, j'ai bien raison, ce me semble, Philothée, de vous conseiller cette confession générale.

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CHAPITRE VII
DE LA SECONDE PURGATION, QUI EST CELLE DES AFFECTIONS DU PÉCHÉ


Tous les Israélites sortirent en effet de la terre dEgypte, mais ils n'en sortirent pas tous d'affection ; c'est pourquoi emmi le désert plusieurs d'entre eux regrettaient de n'avoir pas les oignons et les chairs dEgypte.

Ainsi il y a des pénitents qui sortent en effet du péché et n'en quittent pourtant pas l'affection : c'est-à-dire, ils proposent de ne plus pécher, mais c'est avec un certain contrecoeur qu'ils ont de se priver et abstenir des malheureuses délectations du péché ; leur coeur renonce au péché et s'en éloigne, mais il ne laisse pas pour cela de se retourner souventefois de ce côté-là, comme fit la femme de Loth du côté de Sodome.

Ils s'abstiennent du péché comme les malades font des melons, lesquels ils ne mangent pas parce que le médecin les menace de mort s'ils en mangent; mais ils s'inquiètent de s'en abstenir, ils en parlent et marchandent s'il se pourrait faire, ils les veulent au moins sentir, et estiment bien heureux ceux qui en peuvent manger.

Car ainsi ces faibles et lâches pénitents s'abstiennent pour quelque temps du péché, mais c'est à regret; ils voudraient bien pouvoir pécher sans être damnés, ils parlent avec ressentiment et goût du péché et estiment contents ceux qui les font.

Un homme résolu de se venger changera de volonté en la confession, mais tôt après on le trouvera parmi ses amis qui prend plaisir à parler de sa querelle, disant que si ce n'eût été la crainte de Dieu, il eût fait ceci et cela, et que la loi divine en cet article de pardonner est difficile; que plût à Dieu quil fût permis de se venger !

Ah! qui ne voit qu'encore que ce pauvre homme soit hors du péché, et quétant hors dEgypte en effet, il y est encore en appétit, désirant les aulx et les oignons qu'il y soulait manger!

Comme fait cette femme qui ayant détesté ses mauvaises amours, se plaît néanmoins d'être muguetée et environnée. Hélas! que telles gens sont en grand péril !

O Philothée, puisque vous voulez entreprendre la vie dévote, il ne vous faut pas seulement quitter le péché, mais il faut tout à fait émonder votre coeur de toutes les affections qui dépendent du péché; car, outre le danger qu'il y aurait de faire rechute, ces misérables affections alanguiraient perpétuellement votre esprit, et l'appesantiraient en telle sorte quil ne pourrait pas faire les bonnes oeuvres promptement, diligemment et fréquemment, en quoi gît néanmoins la vraie essence de la dévotion.

Les âmes lesquelles sorties de l'état du péché ont encore ces affections et alanguissements, ressemblent à mon avis aux filles qui ont les pâles couleurs, lesquelles ne sont pas malades, mais toutes leurs actions sont malades : elles mangent sans goût, dorment sans repos, rient sans joie, et se traînent plutôt que de cheminer ; car de même, ces âmes font le bien avec des lassitudes spirituelles si grandes, quelles ôtent toute la grâce à leurs bons exercices, qui sont peu en nombre et petits en effet.

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CHAPITRE VIII

DU MOYEN DE FAIRE CETTE SECONDE PURGATION


Or, le premier motif pour parvenir à cette seconde purgation, c'est la vive et forte appréhension du grand mal que le péché nous apporte, par le moyen de laquelle nous entrons en une profonde et véhémente contrition; car tout ainsi que la contrition, pourvu quelle soit vraie, pour petite quelle soit, et surtout étant jointe à la vertu des sacrements, nous purge suffisamment du péché, de même quand elle est grande et véhémente, elle nous purge de toutes les affections qui dépendent du péché.

Une haine ou rancune faible et débile nous fait avoir à contrecoeur celui que nous haïssons et nous fait fuir sa compagnie ; mais si c'est une haine mortelle et violente, non seulement nous fuyons et abhorrons celui à qui nous la portons, ains nous avons à dégoût et ne pouvons souffrir la conversation de ses alliés, parents et amis, non pas même son image, ni chose qui lui appartienne.

Ainsi, quand le pénitent ne hait le péché que par une légère, quoique vraie contrition, il se résout voirement bien de ne plus pécher, mais quand il le hait dune contrition puissante et vigoureuse, non seulement il déteste le péché, ains encore toutes les affections, dépendances et acheminements du péché.

Il faut donc, Philothée, agrandir tant quil nous sera possible notre contrition et repentance, afin quelle sétende jusques aux moindres appartenances du péché.

Ainsi Madeleine en sa conversion perdit tellement le goût du péché et des plaisirs quelle y avait pris, que jamais plus elle n'y pensa; et David protestait de non seulement haïr le péché, mais aussi toutes les voies et sentiers dicelui : en ce point consiste le rajeunissement de l'âme, que ce même prophète compare au renouvellement de l'aigle.

Or, pour parvenir à cette appréhension et contrition, il faut que vous vous exerciez soigneusement aux méditations suivantes, lesquelles étant bien pratiquées déracineront de votre coeur, moyennant la grâce de Dieu, le péché et les principales affections du péché; aussi les ai-je dressées tout à fait pour cet usage.

Vous les ferez l'une après l'autre selon que je les ai marquées, n'en prenant qu'une pour chaque jour, laquelle vous ferez le matin, s'il est possible, qui est le temps le plus propre pour toutes les actions de l'esprit, et la ruminerez le reste de la journée.

Que si vous n'êtes encore pas duite à faire la méditation, voyez ce qui en sera dit en la seconde Partie.

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CHAPITRE IX
Méditation I

DE LA CRÉATION
Préparation

1. Mettez-vous en présence de Dieu.
2. Suppliez-le quil vous inspire.

Considérations

1. Considérez qu'il n'y a que tant dans que vous n'étiez point au monde, et que votre être était un vrai rien. Où étions-nous, o mon âme, en ce temps-là ? Le monde avait déjà tant duré, et de nous, il n'en était nulle nouvelle.

2. Dieu vous a fait éclore de ce rien, pour vous rendre ce que vous êtes, sans qu'il eût besoin de vous, ains par sa seule bonté.

3. Considérez l'être que Dieu vous a donné; car cest le premier être du monde visible, capable de vivre éternellement et de sunir parfaitement à sa divine Majesté.

Affections et résolutions

1. Humiliez-vous profondément devant Dieu, disant de coeur avec le Psalmiste: « O Seigneur, je suis devant vous comme un vrai rien. Et comment eûtes-vous mémoire de moi pour me créer ? » Hélas, mon âme, tu étais abîmée dans cet ancien néant, et y serais encore de présent si Dieu ne t'en eût retirée, et que ferais-tu dedans ce rien ?

2. Rendez grâces à Dieu. O mon grand et bon Créateur, combien vous suis-je redevable puisque vous m'êtes allé prendre dans mon rien, pour me rendre par votre Miséricorde ce que je suis. Quest. ce que je ferai jamais pour dignement bénir votre saint Nom et remercier votre immense bonté ?

3. Confondez-vous. Mais hélas! mon Créateur, au lieu de munir à vous par amour et service, je me suis rendue toute rebelle par mes déréglées affections, me séparant et éloignant de vous pour me joindre au péché, n'honorant non plus votre bonté que si vous n'eussiez pas été mon Créateur.

4. Abaissez-vous devant Dieu. « O mon âme, sache que le Seigneur est ton Dieu ; c'est lui qui ta faite », et tu ne t'es pas faite toi-même. O Dieu, je suis l'ouvrage de vos mains.

5. Je ne veux donc plus désormais me complaire en moi-même, qui de ma part ne suis rien. De quoi te glorifies-tu, o poudre et cendre ? mais plutôt, o vrai néant, de quoi t'exaltes-tu ? Et pour m'humilier, je veux faire telle et telle chose, supporter tel ou tel mépris. Je veux changer de vie et suivre désormais mon Créateur, et m'honorer de la condition de l'être qu'il m'a donné, l'employant tout entièrement à l'obéissance de sa volonté par les moyens qui me seront enseignés, et desquels je m'enquerrai vers mon père spirituel.

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CHAPITRE IX
Méditation I

DE LA CRÉATION
Conclusion


1. Remerciez Dieu. « Bénis, ô mon âme, ton Dieu et que toutes mes entrailles louent son saint Nom »; car sa bonté ma tirée de rien, et sa Miséricorde ma créée.

2. Offrez. O mon Dieu, je vous offre l'être que vous m'avez donné, avec tout mon coeur ; je vous le dédie et consacre.

3. Priez. O Dieu, fortifiez-moi en ces affections et résolutions; o sainte Vierge, recommandez-les à la Miséricorde de votre Fils, avec tous ceux pour qui je dois prier, etc.

Pater noster, Ave.

Au sortir de l'oraison, en vous promenant un peu, recueillez un petit bouquet de dévotion, des considérations que vous avez faites, pour l'adorer le long de la journée.

CHAPITRE X
Méditation II

DE LA FIN - POUR LAQUELLE NOUS SOMMES CRÉÉS
Préparation


1. Mettez-vous devant Dieu.
2. Priez-le quil vous inspire.

Considérations

1. Dieu ne vous a pas mise en ce monde pour aucun besoin quil eût de vous, qui lui êtes du tout inutile, mais seulement afin d'exercer en vous sa bonté, vous donnant sa grâce et sa gloire. Et pour celà il vous a donné l'entendement pour le connaître, la mémoire pour vous souvenir de lui, la volonté pour l'aimer, l'imagination pour vous représenter ses bienfaits, les yeux pour voir les merveilles de ses ouvrages, la langue pour le louer, et ainsi des autres facultés.

2. Etant créée et mise en ce monde à cette intention, toutes actions contraires à icelle doivent être rejetées et évitées, et celles qui ne servent de rien à cette fin doivent être méprisées, comme vaines et superflues.

3. Considérez le malheur du monde qui ne pense point à cela, niais vit comme s'il croyait de n'être créé que pour bâtir des maisons, planter des arbres, assembler des richesses et faire des badineries.

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CHAPITRE X
Méditation II

DE LA FIN - POUR LAQUELLE NOUS SOMMES CRÉÉS
Affections et résolutions


1. Confondez-vous, reprochant à votre âme sa misère, qui a été si grande ci-devant qu'elle n'a que peu ou point pensé à tout ceci. Hélas ! ce direz-vous, que pensais-je, o mon Dieu, quand je ne pensais point en vous ? de quoi me ressouvenais-je quand je vous oubliais ? qu'aimais-je quand je ne vous aimais pas ? Hélas ! je me devais repaître de la vérité, et je me remplissais de la vanité et servais le monde qui n'est fait que pour me servir.

2. Détestez la vie passée. Je vous renonce, pensées vaines et cogitations inutiles; je vous abjure, o souvenirs détestables et frivoles; je vous renonce, amitiés infidèles et déloyales, services perdus et misérables, gratifications ingrates, complaisances fâcheuses.

3. Convertissez-vous à Dieu. Et vous, o mon Dieu, mon Sauveur, vous serez dorénavant le seul objet de mes pensées; non, jamais je n'appliquerai mon esprit à des cogitations qui vous soient désagréables: ma mémoire se remplira tous les jours de ma vie, de la grandeur de votre débonnaireté, si doucement exercée en mon endroit.

Vous serez les délices de mon coeur et la suavité de mes affections. Ah donc, tels et tels fatras et amusements auxquels je m'appliquais, tels ou tels vains exercices auxquels j'employais mes journées, telles et telles affections qui engageaient mon coeur, me seront désormais en horreur.

Et à cette intention j'userai de tels et tels remèdes.

Conclusion

1. Remerciez Dieu qui vous a faite pour une fin si excellente. Vous m'avez faite, o Seigneur, pour vous, afin que je jouisse éternellement de l'immensité de votre gloire: quand sera-ce que j'en serai digne, et quand vous bénirai-je selon mon devoir ?

2. Offrez. Je vous offre, o mon cher Créateur, toutes ces mêmes affections et résolutions, avec toute mon âme et mon coeur.

3. Priez. Je vous supplie, o Dieu d'avoir agréables mes souhaits et mes voeux, et de donner votre sainte bénédiction à mon âme, à celle fin qu'elle les puisse accomplir par le mérite du sang de votre Fils répandu sur la Croix, etc.

Faites le petit bouquet de dévotion.

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CHAPITRE XI

Méditation III

DES BÉNÉFICES DE DIEU


Préparation

1. Mettez-vous en la présence de Dieu.
2. Priez-le qu'il vous inspire.

Considérations

1. Considérez les grâces corporelles que Dieu vous a données : quel corps, quelles commodités de l'entretenir, quelle santé, quelles consolations loisibles pour icelui, quels amis, quelles assistances. Mais cela considérez-le avec une comparaison de tant d'autres personnes qui valent mieux que vous, lesquelles sont destituées de ces bénéfices : les uns gâtés de corps, de santé, de membres; les autres abandonnés à la merci des opprobres et du mépris et déshonneur; les autres accablés de pauvreté; et Dieu n'a pas voulu que vous fussiez si misérable.

2. Considérer les dons de l'esprit: combien y a-t-il au monde de gens hébétés, enragés, insensés; et pourquoi n'êtes-vous pas du nombre ? Dieu vous a favorisée. Combien y en a-t-il qui ont été nourris rustiquement et en une extrême ignorance; et la Providence divine vous a fait élever civilement et honorablement.

3. Considérez les grâces spirituelles : o Philothée ! vous êtes des enfants de lEglise; Dieu vous a enseigné sa connaissance dès votre jeunesse. Combien de fois vous a-t-il donné ses sacrements ? combien de fois, des inspirations, des lumières intérieures, des répréhensions pour votre ? combien de fois vous a-t-il pardonné vos fautes ? combien de fois, délivrée des occasions de vous perdre où vous étiez exposée ?

Et ces années passées, n'étaient-ce pas un loisir et commodité de vous avancer au bien de votre âme? Voyez un peu parle menu combien Dieu vous a été doux et gracieux.

Affections et résolutions

1. Admirez la bonté de Dieu. Oh! que mon Dieu est bon en mon endroit! Oh! qu'il est bon! Que votre coeur, Seigneur, est riche en Miséricorde et libéral en débonnaireté ! O mon âme, racontons à jamais combien de grâces il nous a faites.

2. Admirez votre ingratitude. Mais que suis-je, Seigneur, que vous ayez eu mémoire de moi? Oh! que mon indignité est grande! Hélas! j'ai foulé au pied vos bénéfices; j'ai déshonoré vos grâces, les convertissant en abus et mépris de votre souveraine bonté; j'ai opposé l'abîme de mon ingratitude à l'abîme de votre grâce et faveur.

3. Excitez-vous à reconnaissance. Sus donc, o mon coeur, ne veuille plus être infidèle, ingrat et déloyal à ce grand bienfaiteur. Et comment mon âme ne sera-t-elle pas meshui sujette à Dieu, qui a fait tant de merveilles et de grâces en moi et pour moi?

4. Ah donc, Philothée, retirez votre corps de telles et telles voluptés, rendez-le sujet au service de Dieu qui a tant fait pour lui; appliquez votre âme à le connaître et reconnaître, par tels et tels exercices qui sont requis pour cela ; employez soigneusement les moyens qui sont en l'Eglise pour vous sauver et aimer Dieu. Oui, je fréquenterai l'oraison, les sacrements, j'écouterai la sainte parole, je pratiquerai les inspirations et conseils.

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CHAPITRE XI
Méditation III
DES BÉNÉFICES DE DIEU


Conclusion

1. Remerciez Dieu de la connaissance quil vous a donnée maintenant de votre devoir, et de tous les bienfaits ci-devant reçus.
2. Offrez-lui votre coeur avec toutes vos résolutions.
3. Priez-le qu'il vous fortifie, pour les pratiquer fidèlement par le mérite de la mort de son Fils; implorez lintercession de la Vierge et des Saints.

Pater noster, etc.

Faites le petit bouquet spirituel.

CHAPITRE XII
Méditation IV
DES PÉCHÉS


Préparation

1. Mettez-vous en la présence de Dieu.
2. Suppliez-le qu'il vous inspire.

Considérations

1. Pensez combien il y a que vous commencez à pécher, et voyez combien dès ce premier commencement les péchés se sont multipliés en votre coeur; comme tous les jours vous les avez accrus contre Dieu, contre vous-même, contre le prochain, par oeuvre, par parole, par désir et pensée.

2. Considérez vos mauvaises inclinations, et combien vous les avez suivies. Et par ces deux points vous verrez que vos coulpes sont en plus grand nombre que les cheveux de votre tête, voire que le sable de la mer.

3. Considérez à part le péché d'ingratitude envers Dieu, qui est un péché général, lequel sépanche par tous les autres et les rend infiniment plus énormes: voyez donc combien de bénéfices Dieu vous a faits, et que de tous, vous avez abusé contre le donateur ; singulièrement, combien d'inspirations méprises, combien de bons mouvements rendus inutiles.

Et encore plus que tout, combien de fois avez-vous reçu les sacrements, et où en sont les fruits ? que sont devenus ces précieux joyaux dont votre cher époux vous avait ornée?

tout cela a été couvert sous vos iniquités. Avec quelle préparation les avez-vous reçus ? Pensez à cette ingratitude, que Dieu vous ayant tant couru après pour vous sauver, vous avez toujours fui devant lui pour vous perdre.

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CHAPITRE XII
Méditation IV
DES PÉCHÉS


Préparation

1. Mettez-vous en la présence de Dieu.
2. Suppliez-le qu'il vous inspire.

Affections et résolutions

1. Confondez-vous en votre misère. O mon Dieu, comment osé-je comparaître devant vos yeux.

Hélas je ne suis qu'un apostème du monde et un égoût d'ingratitude et d'iniquité. Est-il possible que j'aie été si déloyale, que je n'aie laissé pas un seul de mes sens, pas une des puissances de mon âme, que je n'aie gâtés, violés et souillés, et que pas un jour de ma vie ne soit écoulé auquel je n'aie produit de si mauvais effets ?

Est-ce ainsi que je devais contrechanger les bénéfices de mon Créateur et le sang de mon Rédempteur ?

2. Demandez pardon, et vous jetez aux pieds du Seigneur comme un enfant prodigue, comme une Madeleine, comme une femme qui aurait souillé le lit de son mariage de toutes sortes d'aultères.

O Seigneur, Miséricorde sur cette pécheresse; hélas, o source vive de compassion, ayez pitié de cette misérable.

3. Proposez de vivre mieux. O Seigneur, non, jamais plus, moyennant votre grâce, non, jamais plus je ne m'abandonnerai au péché. Hélas, je ne l'ai que trop aimé; je le déteste, et vous embrasse, o Père de Miséricorde; je veux vivre et mourir en vous.

4. Pour effacer les péchés passés, je m'en accuserai courageusement, et n'en laisserai pas un que je ne pousse dehors.

5. Je ferai tout ce que je pourrai pour en déraciner entièrement les plantes de mon coeur, particulièrement de tels et de tels qui me sont plus ennuyeux.

6. Et pour ce faire, j'embrasserai constamment les moyens qui me seront conseillés, ne me semblant d'avoir jamais assez fait pour réparer de si grandes fautes.

Conclusion

1. Remerciez Dieu qui vous a attendue jusques à cette heure, et vous a donné ces bonnes affections.
2. Faites-lui offrande de votre coeur pour les effectuer.
3. Priez-le qu'il vous fortifie, etc.

Source : Livres-mystiques.com

Que Jésus Miéricordieux vous bénisse
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amidelamisericorde
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Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales

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CHAPITRE XIII
Méditation V
DE LA MORT


Préparation

1. Mettez-vous en présence de Dieu.
2. Demandez-lui sa grâce.
3. Imaginez-vous d'être malade en extrémité dans le lit de la mort, sans espérance aucune d'en échapper.

Considérations

1. Considérez l'incertitude du jour de votre mort. O mon âme, vous sortirez un jour de ce corps. Quand sera-ce ? sera-ce en hiver ou en été ? en la ville ou au village ? de jour ou de nuit ? sera-ce à limpourvu ou avec avertissement ? sera-ce de maladie ou d'accident ?

Aurez-vous le loisir de vous confesser, ou non ? serez-vous assistée de votre confesseur et père spirituel! Hélas, de tout cela nous n'en savons rien du tout; seulement cela est assuré que nous mourrons, et toujours plus tôt que nous ne pensons.

2. Considérez qu'alors le monde finira pour ce qui vous regarde, il n'y en aura plus pour vous; il renversera sans dessus dessous devant vos yeux. Oui, car alors les plaisirs, les vanités, les joies mondaines, les affections vaines nous apparaîtront comme des fantômes et nuages.

Ah chétive, pour quelles bagatelles et chimères ai-je offensé mon Dieu ? Vous verrez que nous avons quitté Dieu pour néant. Au contraire, la dévotion et les bonnes oeuvres vous sembleront alors si désirables et douces: et pourquoi n'ai-je suivi ce beau et gracieux chemin ? Alors les péchés qui semblaient bien petits paraîtront gros comme des montagnes, et votre dévotion bien petite.

3. Considérez les grands et langoureux adieux que votre âme dira à ce bas monde: elle dira adieu aux richesses, aux vanités et vaines compagnies, aux plaisirs, aux passetemps, aux amis et voisins, aux parents, aux enfants, au mari, à la femme, bref, à toute créature; et, en fin finale, à son corps, quelle délaissera pâle, have, défait, hideux et puant.

4. Considérez les empressements qu'on aura pour lever ce corps-là et le cacher en terre, et que, cela fait, le monde ne pensera plus guère en vous, ni n'en sera plus mémoire, non plus que vous n'avez guère pensé aux autres : Dieu lui fasse paix, dira-t-on, et puis, c'est tout. O mort, que tu es considérable, que tu es impiteuse !

5. Considérez, qu'au sortir du corps, l'âme prend son chemin ou à droite ou à gauche. Hélas, où ira la vôtre ? quelle voie tiendra-t-elle ? non autre que celle quelle aura commencée en ce monde.

Source : Livres-mystiques.com

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