Re: Méditation avec Les saintes voies de la Croix du M. Henri-Marie Boudon
Posté : 22 janvier 2023, 21:49
CHAPITRE VII
Des peines surnaturelles
On a comme un bandeau sur les yeux, et l'on souffre sans savoir le bien de la souffrance. Les trois vertus théologales sont comme mortes. La nature s'y rend sensible. L'esprit y parait comme égaré, comme sans lumière et sans raison. La porte est fermée à tout ce que l'on peut dire pour faire goûter la bonté de cet état. Dieu passe dans le pur fond, et laisse le reste presqu'à l'abandon.
C'est comme un vaisseau de terre rempli d'une précieuse liqueur ; mais il ne la sent ni ne la goûte point. Cependant Notre-Seigneur fit connaître à cette âme que cet état était le plus grand don qu'il lui eût fait. C'est une chose remarquable qu'il la voulait tellement destituée de toute consolation, qu'il l'empêchait de penser à plusieurs choses divines qui pouvaient lui en donner.
C'est cet état que le saint livre de l'Imitation appelle l'exil du cur ; car, après avoir enseigné que ce n'est pas grand chose d'être privé des consolations humaines, lorsqu'on jouit des divines, il ajoute que c'est une chose véritablement grande d'être privé de toute consolation divine et humaine, et de porter l'exil du coeur.
Ô Dieu, que de mystères sont cachés quelquefois en deux un trois paroles de ce livre divin, que l'on passe bien légèrement ! Celles-ci nous font voir clairement cette vérité. Combien de personnes, même spirituelles, les lisent tous les jours sans les entendre !
Oh ! Quil y en a peu qui sachent ce que c'est que l'exil du cur ! Un grand serviteur de Dieu, des plus éclairés de notre siècle, dont la mémoire est en bénédiction, je le nomme par honneur ; feu M. de Bernières, trésorier de France de la ville de Caen, m'a avoué qu'il les avait lues bien des fois, sans y faire réflexion, jusqu'à ce que le feu P. Binet, de la compagnie de Jésus, lui en eût donné lieu par une explication admirable qu'il lui en fit.
Hélas ! Dieu seul est la véritable patrie, le véritable lieu du coeur : donc l'exil du cur consiste à en être banni ; ce qui paraît à l'âme qui en ressent les effets, quoique dans son fond jamais elle ne lui ait été plus unie.
Ceux qui se sont étudiés dans la connaissance particulière des vies des saints, ne peuvent ignorer que plusieurs ont passé par ces épreuves terribles ; et ceux qui ont une longue expérience de ce qui se passe dans l'intérieur des personnes qui marchent dans les voies de l'esprit n'en pourront aucunement.
CHAPITRE VIII
Continuation du sujet précédent
Quand ma divine volonté conduit, disait Notre-Seigneur à une sainte âme, elle ne laisse rien d`humain. Dieu ôte tout, pour ne laisser rien de propre à l'âme, ni lumières, ni sentiments spirituels. Il abandonne l'imagination aux distractions et aux autres peines ci-dessus décrites.
Il prive l'entendement de ses clartés, la volonté de tout goût et de tout amour sensible. Il dénue la mémoire de toutes les choses qui ne lui sont point nécessaires, tant de l'ordre naturel que du surnaturel.
Source : livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde