Méditation avec Les saintes voies de la Croix du M. Henri-Marie Boudon

Postez ici vos intentions de prière.
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CHAPITRE VII

Des peines surnaturelles


On a comme un bandeau sur les yeux, et l'on souffre sans savoir le bien de la souffrance. Les trois vertus théologales sont comme mortes. La nature s'y rend sensible. L'esprit y parait comme égaré, comme sans lumière et sans raison. La porte est fermée à tout ce que l'on peut dire pour faire goûter la bonté de cet état. Dieu passe dans le pur fond, et laisse le reste presqu'à l'abandon.

C'est comme un vaisseau de terre rempli d'une précieuse liqueur ; mais il ne la sent ni ne la goûte point. Cependant Notre-Seigneur fit connaître à cette âme que cet état était le plus grand don qu'il lui eût fait. C'est une chose remarquable qu'il la voulait tellement destituée de toute consolation, qu'il l'empêchait de penser à plusieurs choses divines qui pouvaient lui en donner.

C'est cet état que le saint livre de l'Imitation appelle l'exil du cur ; car, après avoir enseigné que ce n'est pas grand chose d'être privé des consolations humaines, lorsqu'on jouit des divines, il ajoute que c'est une chose véritablement grande d'être privé de toute consolation divine et humaine, et de porter l'exil du coeur.

Ô Dieu, que de mystères sont cachés quelquefois en deux un trois paroles de ce livre divin, que l'on passe bien légèrement ! Celles-ci nous font voir clairement cette vérité. Combien de personnes, même spirituelles, les lisent tous les jours sans les entendre !

Oh ! Quil y en a peu qui sachent ce que c'est que l'exil du cur ! Un grand serviteur de Dieu, des plus éclairés de notre siècle, dont la mémoire est en bénédiction, je le nomme par honneur ; feu M. de Bernières, trésorier de France de la ville de Caen, m'a avoué qu'il les avait lues bien des fois, sans y faire réflexion, jusqu'à ce que le feu P. Binet, de la compagnie de Jésus, lui en eût donné lieu par une explication admirable qu'il lui en fit.

Hélas ! Dieu seul est la véritable patrie, le véritable lieu du coeur : donc l'exil du cur consiste à en être banni ; ce qui paraît à l'âme qui en ressent les effets, quoique dans son fond jamais elle ne lui ait été plus unie.

Ceux qui se sont étudiés dans la connaissance particulière des vies des saints, ne peuvent ignorer que plusieurs ont passé par ces épreuves terribles ; et ceux qui ont une longue expérience de ce qui se passe dans l'intérieur des personnes qui marchent dans les voies de l'esprit n'en pourront aucunement.

CHAPITRE VIII

Continuation du sujet précédent


Quand ma divine volonté conduit, disait Notre-Seigneur à une sainte âme, elle ne laisse rien d`humain. Dieu ôte tout, pour ne laisser rien de propre à l'âme, ni lumières, ni sentiments spirituels. Il abandonne l'imagination aux distractions et aux autres peines ci-dessus décrites.

Il prive l'entendement de ses clartés, la volonté de tout goût et de tout amour sensible. Il dénue la mémoire de toutes les choses qui ne lui sont point nécessaires, tant de l'ordre naturel que du surnaturel.

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE VIII

Continuation du sujet précédent


Il prive l'âme des actes réfléchie des vertus, ne concourant pas avec elle pour les lui laisser produire, quoiqu'il concoure puissamment pour les actes ; et ainsi, ôtant les actes réfléchis et ne laissant pas la connaissance des actes directs, on ne s'aperçoit plus de ce qui se passe dans la partie suprême ; on ne s'aperçoit nullement de la conformité que l'on a à la divine volonté, ni de la paix qui réside dans le centre, ni de la foi, de l'espérance et de la charité, que l'on possède dans un degré éminent :

l'on ne voit que le trouble, que les irrésignations, que les peines que l'on sent, et qui sont bien connues, Conduite que Dieu, tout bon, tient sur les âmes, pour laisser leurs vertus dans leur pureté, et pour empêcher que l'amour-propre ne s'y glisse, qui se mêle presque partout par les réflexions que l'on y fait, et par une très subtile et inconnue satisfaction que l'on y prend.

Ensuite, comme c'est le propre du divin amour de changer de croix, il les augmente selon ses desseins et son infinie sagesse, y mettant la main lui-même, ce qui est épouvantable ; aussi le Fils de Dieu, qui n'avait dit mot à tous les tourments de la terre et de l'enfer, crie dans le délaissement de son Père, qui vient être la cause immédiate de sa passion intérieure.

Si l'on demande pourquoi toutes ces croix, nous en avons dit plusieurs causes, et nous en parlerons encore. Il suffit de dire qu'un seul péché véniel mérite tous les fléaux temporels.

Mais je demande pourquoi les peines du purgatoire. N'est-ce pas le même Dieu qui fait souffrir en ce monde et en l'autre ? Ce sont aussi les mêmes âmes qui endurent. Au reste, ce glaive séparant l'âme et l'esprit, pénétrant jusqu'aux entrailles, et fondant jusqu'à la moelle des os, ne sépare de l'être créé que pour être uni à l'incréé.

On rapporte que Notre-Seigneur disait à une sainte personne : Quand j'ai baissé mon chef vers la terre en expirant, c'était pour montrer aux fidèles le lieu où j'ai souffert, et qu'il faut qu'ils y souffrent.

Ceux qui s'approchent de ma douloureuse passion, mon divin amour les consume en eux-mêmes, les transforme en moi et les défie. Voilà où aboutissent tous les anéantissements divins, qui consistent en ce que les personnes n'ont point d'action par elles-mêmes, n'agissant plus que par l'esprit de Jésus-Christ.

Elles n'ont plus de désirs propres, d'affections, de craintes, d'espérances. On ne peut vivre ni mourir ; on n'agit plus par soi-même, mais par le mouvement de la grâce. Vous m'avez promis, disait un jour une sainte âme à Notre-Seigneur, les plus belles choses du monde, et je n'en sens rien, je n'en vois rien, je n'en crois rien. C'est que vous êtes dans le néant, lui répondit cet aimable Sauveur. Mais quels anéantissements semblables à ceux de ce divin Maitre ?

Ses peines et ignominies lui en font porter d'incomparables ; son âme étant séparée de son corps, il n'était plus homme, et par suite Jésus ; il est, durant quelques heures, au nombre des choses qui ne sont plus.

Toutes les créatures ne sont anéanties, et même les plus saintes, qu'à l'égard de leurs opérations : en Jésus, l'anéantissement en va jusqu'à sa nature humaine, quoique toujours unie à la personne du Verbe.

Mais, ô cieux ! Ô terre ! Quels anéantissements votre Souverain ne souffre-t-il pas dans le très saint sacrement de l'autel ! Ô créature qui n'es rien et qui veux toujours être quelque chose, soit dans la nature, soit dans la grâce, regarde ton Dieu, qui est seul grand et unique tout, toujours dans le néant en la divine Eucharistie, depuis plus de dix-huit cents ans, en tous les endroits de la terre, et qui y sera jusqu'à la fin du monde, pour satisfaire à la grandeur de son Père, offensée par tes superbes élévations.

Ô Dieu ! Quelle voix crie à nos cœurs, non pas de la terre, non pas du ciel, mais du Dieu du ciel et de la terre : Il n'y a que Dieu seul, Dieu seul, Dieu seul ! À bas toute créature !

Qu'elle ne parte jamais du néant, qui est sa place. Ô aimables et infiniment aimables croix qui y conduisez, qui y faites persévérer ! Ô détestables et infiniment dignes de toute exécration, plaisirs, honneurs, richesses, qui en détournez ou qui en retirez malheureusement !

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE VIII

Continuation du sujet précédent


Il est bien vrai qu'il faut souffrir beaucoup pour entrer dans cet heureux état du néant divin ; et parce que tous les efforts que la créature peut faire avec la grâce commune ne sont pas capables d'y introduire, Dieu, tout bon, vient Miséricordieusement au secours par ces peines qui sont extraordinaires, soit qu'elles le soient en elles-mêmes, soit qu'étant ordinaires, comme par exemple les maladies du corps, elles soient données d'une manière qui ne l'est pas.

Oh ! Que les hommes savent peu les bontés de notre Dieu très Miséricordieux ! L'on trouve sa conduite pleine de rigueur, lorsquelle est toute remplie de Miséricorde ineffable. Les hommes pécheurs, malades de la grande maladie du péché, ou gâtés par les taches qui en restent, ne peuvent ni se guérir, ni se laver parfaitement avec des remèdes ordinaires.

Que fait Dieu dans son excessive charité, cet unique médecin de nos âmes ! Il y met lui-même sa divine main ; et parce que le mal demande une application douloureuse des remèdes, nous crions et nous nous tourmentons, quand nous devrions baiser un million de fois amoureusement cette main divine, et fondre en actions de grâces de ce qu'elle s'applique à notre sanctification.

Grâce très particulière, qui demande des reconnaissances singulières ; car Dieu, tout bon, ne fait pas la grâce de ces croix extraordinaires à un chacun : c'est une faveur réservée pour les meilleurs amis. Hélas donc ! Qu'avons-nous à nous plaindre, s'il nous traite comme ses favoris ? Cependant, comme ces peines sont très rudes à la nature, sainte Thérèse assure que si l'âme les savait avant que de les souffrir, elle aurait de la peine à s'y résoudre : tant il est vrai que nos lâchetés sont grandes et nos misères excessives.

Il faut ici remarquer un certain abus de plusieurs, qui pensent être dans ces états surnaturels de peine, et qui n'y sont pas. Voici quelques marques que l'on donne de l'état passif des peines :

La première, si l'âme ne trouve et ne veut trouver aucun goût dans toutes les choses du monde, quoique tentée d'inclination, pour elles ; car c'est une marque qu'elle est unie à Dieu : autrement elle se laisserait aller à ses mouvements de nature.

La seconde, si elle a soin de n'offenser point Dieu, si elle craint le péché, puisque, si elle n'aimait point Dieu, elle ne se soucierait pas de pécher. La sécheresse qu'elle porte pour lors est une aridité, et non pas une tiédeur.

La troisième, si elle ne peu méditer comme elle faisait, mais se trouve arrêtée par une notice générale, et vue simple, sans distinguer rien en particulier.

La quatrième, si les personnes expérimentées assurent que son état de peines est passif. Au reste, il y a autant de différence entre ces peines et les autres qu'entre le jour et la nuit. Mais que faut-il faire dans ces états ? Adorer la divine volonté en la manière qu'on le peut, s'y abandonnant sans aucune réserve, sans retour ni sans réflexion, pour tous les tourments qu'il lui plaira nous envoyer.

Eviter un certain désir secret de sortir de ces peines, ce qui est opposé à un certain abandon ; aussi bien cela ne sert qu'à les augmenter, puisqu'elles sont données pour ôter toute imperfection, et par conséquent ce désir, qui en est une grande.

Lorsque la colère de Dieu se présente avec ses châtiments, il les faut recevoir avec joie, et à bras ouverts, et enfin tout ce qui arrivera de la part des hommes, des démons et furies de l'enfer.
Si vous manquez à adorer un seul des coups que la divine volonté a ordonnés, la colère de Dieu tombe sur vous, et augmente vos peines. C'est ce que disait aux démons une sainte âme, comme nous l'avons déjà remarqué.

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE VIII

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Mais pour descendre plus dans le particulier de ce qu'on doit faire parmi ces peines purifiantes, nous rapporterons les avis qu'en donne le P. Simon de Bourg, religieux capucin.

Dans la première purgation de la partie inférieure, dont il a été traité ci-dessus, l'on ne doit pas se dissiper dans les plaisirs des sens, sous prétexte de soulagement, quoiqu'il soit à propos de prendre quelque honnête récréation dans la vue de la volonté de Dieu.

Il ne faut pas se contraindre à une fâcheuse introversion, cela ruinerait la tête, et rendrait inhabile à l'oraison.

Il faut accepter ses peines amoureusement, quand même elles arriveraient pour nos fautes et péchés ; s'estimer digne de tous nos maux, et de plus grands incomparablement que ceux que nous endurons, puisque nous méritons l'enfer.

Voir la conduite de Dieu dans la permission qu'il donne an démon. Tenir pour certain que la voie de peine est la meilleure, la plus pure et la plus sûre.

Se tenir heureux de la part que l'on a aux souffrances de notre Sauveur. Se tenir content dans la pointe de l'esprit.

S'unir à l'opération divine dans les tourments qu'elle fait porter à la nature corrompue. Patienter l'oraison dans une vue simple de Dieu, quoique nullement ressentie, qui est une mort de nos actes et de nous-mêmes ; opérant d'autant plus que nous croyons ne rien faire. Enfin acquiescer humblement aux sentiments du directeur expérimenté.

Dans la seconde purgation de l'esprit. Que l'âme ne s'efforce pas d'avoir la présence de Dieu sensible ; cela ne servirait qu'à redoubler ses peines, et à la tirer de la contemplation où Dieu la met.

Qu'elle s'abstienne de ses propres actes, se contentant de sa coopération à la divine opération au sommet de l'esprit, non pas ressentie, mais démentie.

Qu'elle ne réfléchisse pas sur soi pour juger ce qui se passe en elle. La sainte mère de Chantal fit voeu au milieu de ses angoisses, de ne jamais réfléchir sur soi volontairement, pour apprendre ce qu'elle faisait.

Ce voeu ne doit être imité que par l'avis d'un sage directeur, qui ne doit presque jamais le permettre dans ces états, mais il faut entrer dans la pratique par une généreuse résolution.

Après tout, il faut vivre sans goûts et consolations, sans sentiments ni vue, sans amour connu, puisque Dieu ne le veut pas.

Il nous fait vivre de la mort, disait le glorieux saint François de Sales. L'âme pour lors, comme une palme sacrée, s'élève d'autant plus qu'elle est chargée et abaissée.

Un grand prélat parlant de ses souffrances intérieures, qu'il compare aux maux extérieurs, pour en rendre l'intelligence plus sensible : vous le dirai-je, dit-il à son ami ?

Si quelqu'un vous avait guéri de vos maux, vous le devriez faire appeler en jugement, afin qu'il eût à vous les rendre, tant ils sont utiles et avantageux.

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE VIII

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Sainte Thérèse en savait bien les avantages, quand elle assurait, dans le livre du Chemin de la perfection, que l'âme gagne plus en recevant des peines de Dieu, qu'elle n'aurait fait en dix ans par son choix.

L'état souffrant, disait une sainte personne, est le plus court chemin de la perfection, car il sépare plus, et par conséquent il unit davantage.

Saint Pierre et saint André paraissant à cette personne lui déclarèrent que parmi tous ces états souffrants, ce qu'il y avait de plus excellent, était la privation de toute consolation intérieure ;

Et Notre-Seigneur voulant lui enseigner qu'il suffit que l'intime de l'âme soit vu de Dieu, que les sens et même la partie inférieure raisonnable ne connaissent pas, et que quelquefois les âmes les plus saintes paraissent aux yeux des hommes comme les autres personnes, sans qu'ils remarquent la grande différence de leur intérieur ; il se servit de l'exemple d'une hostie consacrée, qui étant mise en quelque lieu avec d'autres qui ne le sont pas, aucun ne la peut discerner que celui qui l'a consacrée.

ORAISON À NOTRE-DAME DES MARTYRS

Ô sainte Dame, cest à bon droit que votre auguste et précieux nom de Marie, entre plusieurs significations admirables qu'il porte, veut dire une mer ou un assemblage de toutes les eaux ; car il est vrai que votre douleur est grande comme une mer.

Et comme la mer, dans son étendue prodigieuse, reçoit en son sein tous les fleuves et ruisseaux, selon le témoignage de l'Écriture ; de même la grandeur de votre coeur immense renferme éminemment toutes les croix des martyrs.

C'est donc avec justice que l'Église vous honore comme leur digne reine, et c'est dans l'union de ces sentiments que celui qui est le dernier et le plus indigne de ses enfants se prosterne devant le trône de vos grandeurs, pour vous présenter ses hommages en qualité de votre esclave, vous appelant à son aide comme la dame et la reine des martyrs.

Ô ma bonne maîtresse, rendez-moi digne de mêler mes larmes avec les vôtres, et de vous tenir compagnie, me tenant debout et ferme au pied de la croix avec vous. Ainsi soit-il.

LIVRE QUATRIÈME

CHAPITRE PREMIER

Des causes des croix


Comme nous en avons déjà parlé en plusieurs endroits de ce petit ouvrage, et spécialement au chap. 5 du liv. I où plusieurs raisons, que nous avons rapportées pour faire voir les avantages des croix, peuvent en même temps en faire connaitre les causes, il suffit de dire ici qu'elles sont données, ou pour nous châtier et satisfaire à la divine justice, ou pour nous purifier, ou pour nous sanctifier :

et en toutes ces manières, le divin amour s'en même, l'amour de Dieu sur sa chère créature y est très grand, et plus grand que l'on ne peut jamais penser.

Oh ! Quel aveuglement de ne l'y pas voir ! Quelle dureté de n'en être pas fortement touché ! Quelle ingratitude de n'en point avoir de reconnaissance ! Quelle infidélité de n'en point faire un usage chrétien !

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LIVRE QUATRIÈME

CHAPITRE PREMIER

Des causes des croix


L'on souffre pour ses péchés ; et n'est-il pas bien juste ? Qui saurait ce que c'est que la maladie du péché n'en serait pas étonné. C'est pour le péché les peines de l'enfer à jamais, à tout jamais, sans aucune fin, pour toujours, pour l'éternité. C'est pour le péché les feux et les flammes du purgatoire.

C'est par le péché que la mort a eu son entrée dans le monde, et toutes les misères que nous y voyons. Sans le péché, il n'y aurait eu ni mort, ni maladie, ni souffrances. C'est ce monstre qui est la cause de tous nos maux.

Hélas ! Dieu de soi n'est que bonté, et n'aurait pas rendu sa créature misérable. Mais quelle miséricorde de nous donner des châtiments dans ce monde, puisque, si nous en faisons un bon usage, ils nous délivreront des tourments dans l'autre vie !

Il faut ici remarquer qu'il y a des personnes d'une éminente sainteté, que Dieu destine pour être des victimes à sa justice, leur faisant de grandes et épouvantables souffrances, et s'en servant pour absoudre et délivrer grand nombre de pécheurs de leurs vices et crimes.

Nous en avons un illustre exemple en la très dévote sur Marguerite du Saint-Sacrement, religieuse carmélite de Beaune, qui a porté d'extrêmes peines pour les péchés de plusieurs, tantôt souffrant pour les superbes, quelquefois pour les avares, d'autres fois pour les jureurs, et ainsi devant des victimes à la justice de Dieu pour un grand nombre de criminels.

Mais nous avons de plus l'exemple du Saint des saints, et de la sainteté même qui a porté tous les péchés du monde, en étant chargé pour satisfaire à la justice de son Père.

Ô mon âme, arrêtons-nous ici. Regarde ce qui doit arriver aux pécheurs, et par conséquent à nous, si la justice de Dieu traite avec tant de rigueur les innocents, si le Père éternel n'épargne pas son propre Fils.

L'on souffre pour être lavé et purifié du péché, des taches et des méchants effets qu'il laisse dans nos âmes. Pour ce sujet, nous avons dit qu'il y a deux sortes de purgations, l'une active, l'autre passive. La malignité de la nature corrompue est si extrême qu'elle ne peut être séparée du mal qu'à force de tourments.

Si nos corps ont besoin de tant de remèdes qui font peine, et dont il y en a quelques-uns qui sont très douloureux, comme ceux qui sont nécessaires, par exemple, pour être guéri de la pierre, nos esprits ont besoin de souffrances bien plus grandes, pour être délivrés de leurs maux spirituels qui surpassent incomparablement tous les autres maux qui sont au monde.

C'est pourquoi Dieu tout bon met sa divine main par les peines surnaturelles qu'il donne, comme il a été dit ci-devant. C'est pour cela qu'il ôte les consolations, qui, pour avoir trop de commerce avec le corps, jettent dans l'entendement je ne sais quel nuage, qui empêche, avec l'amour-propre qui s'y glisse, qu'on ne découvre ses imperfections.

C'est pour cela que l'esprit est crucifié par des croix terribles, qui lui sont nécessaires pour être purgé de ses fautes, et particulièrement de quelques défauts très cachés, dont il ne s'aperçoit pas.

Je vois, disait sainte Catherine de Gènes, ô mon Dieu t que je vous ai dérobé secrètement de ce qui vous appartient, et que je me suis délectée en plusieurs grâces spirituelles ; et l'histoire de sa vie rapporte que, durant dix ans, elle fut purifiée par un amour occulte qu'elle ignorait, et qui tous les jours, de plus en plus, lui devenait caché, de tout le larcin qui avait été fait subtilement à cet amour ; et que de cette sorte la pénitence faite en secret, sans que la cause en fût connue.

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LIVRE QUATRIÈME

CHAPITRE PREMIER

Des causes des croix

L'on souffre pour la sanctification de l'âme, qui dit deux choses : la première, un détachement ou une séparation de tout ce qui est impur, inférieur, bas et ravalé ; la seconde, une union intime avec Dieu.

Or, à proportion que la sainteté de Dieu est communiquée à la créature, elle produit une plus grande ou moindre union par la privation générale de tout ce qui est incompatible avec sa pureté, ce qui n'arrive point sans de très grandes souffrances ; car quel moyen d'être divisé et séparé de soi-même sans souffrir beaucoup ?

C'est pourquoi les grands desseins de Dieu sur les personnes qu'il destine à une éminente sainteté, sont suivis de pesantes croix. Oh ! Quelle consolation pour vous, qui souffrez, si vous connaissez votre bonheur !

Enfin l'on souffre, parce que l'on est Chrétien et membre de Jésus-Christ, le chef adorable de tout son corps mystique : la raison est que, lorsque le chef, le coeur ou les autres parties principales d'un corps sont dans la douleur, tout le teste des membres est dans la peine. Pour être donc véritablement membre de Jésus crucifié, il faut être attaché en croix avec lui. C'est ce que dit le grand Apôtre, quand il enseigne que ceux qui sont à Jésus-Christ sont des crucifiés.

CHAPITRE II

Pourquoi Dieu souvent ne nous exauce pas

quand nous le prions qu'il nous délivre de nos souffrances


Dieu tout bon souvent n'écoute pas les prières que nous lui faisons d'être délivrés de nos croix pour les causes qui ont été rapportées ; mais, au dessus de toutes ces raisons et de toutes celles que les hommes, et même les anges pourraient dire, il y en a une qui porte la dernière conviction, et à laquelle on ne peut résister ; c'est que Dieu est la raison même et la souveraine raison ;

et il lui est impossible de ne pas agir raisonnablement. Quand donc il nous envoie des croix, elles sont raisonnables, et il n'en arrive aucune sans sa divine conduite, l'Écriture nous assurant (Amos III, 6) qu'il n'y a point de mal dans la cité, que le Seigneur n'ait fait ; et nous apprenant (Matth. V, 36) qu'une feuille ne tombe pas des arbres, ni le moindre cheveu de nos têtes, sans sa sainte et sage providence.

Nous pouvons ensuite bien dire souvent que nous ne savons pas les raisons de nos croix, mais jamais qu'il n'y en a point, y en ayant toujours de très grandes que nous devons adorer et aimer sans les connaître.

D'autre part, si nos croix sont justes, elles nous sont toujours utiles et glorieuses. C'est ce qui est infiniment consolant. Elles sont justes, puisque, comme nous venons de le dire, Dieu nécessairement agit toujours avec justice et avec raison, et il ne peut pas faire autrement ; mais elles sont toujours pour notre plus grand bien ; parce que ce même Dieu, il n'y en a pas d'autre que lui, est véritablement notre Père, et le meilleur de tous les pères, en la présence duquel tous les autres pères, quelque amour qu'ils puissent avoir pour leurs enfants, ne méritent pas d'en avoir le nom ; et c'est un Père tout puissant et tout sage.

Or, en cette qualité, nous ne pouvons douter qu'il ne cherche en toutes choses le bien de ses enfants, et qu'il ne leur donne toujours ce qui leur est le plus utile, rien ne l'en pouvant empêcher. Après tout, si ces biens que notre Père, qui est aux cieux, nous donne, sont accompagnés de beaucoup de peines, il le fait parce qu'il nous est nécessaire et avantageux d'être traités en cette manière.

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CHAPITRE II

Pourquoi Dieu souvent ne nous exauce pas quand nous le prions qu'il nous délivre de nos souffrances


Voyez-vous ce père de la terre qui fait saigner son enfant dans une extrémité de maladie ; il lui est bien sensible de voir pleurer ce pauvre enfant, qui, n'étant pas en âge de comprendre le besoin qu'il a de cette saignée, crie et fait bien du bruit quand on lui bande et serre son petit bras.

Hélas ! Ses cris percent le coeur de ce pauvre père. Cependant il demeure ferme à lui faire donner ce remède douloureux. Si, touché des cris de son enfant, il entrait dans ses inclinations, et le laissait mourir, ne diriez-vous pas, vous qui lisez ceci, que ce serait une cruauté à ce père en cette occasion, de se rendre aux larmes de son enfant ?

Cependant cet enfant jette de hauts cris, s'impatiente et se tourmente grandement ; c'est qu'il n'est attentif qu'à un peu de peine qu'il ressent, et qui se passe bientôt, et qu'il n'en voit pas les heureuses suites. Voilà à peu près comme nous faisons dans nos croix, qui nous sont des remèdes un peu fâcheux, mais qui ne durent guère, la vie n'étant qu'un moment, comparée à l'éternité ; et nous ne voyons pas un poids immense d'une gloire infinie qu'elles opèrent en nous.

Adorons, mon âme, la croix de notre divin Sauveur, qui n'a pas été exaucé du Père éternel, l'ayant prié deux on trois fois qu'il éloignât de lui, s'il était possible, le calice de sa passion.

Hélas ! Il le voyait très bien lorsqu'il était attaché à une croix ; il savait bien qu'il était son Fils, et son Fils très innocent ; il connaissait très bien ses maux ; il l'aimait plus qu'on ne peut dire, et néanmoins il ne l'a pas voulu délivrer, le laissant dans un abandon épouvantable.

On rapporte de la sainte mère de Chantal que, priant un jour pour ses peines, Notre- Seigneur lui dit : L'homme de douleur n'a pas été exaucé ; ne pensez donc pas l'être. Je vois bien tes croix ; disait un jour le même Sauveur à l'un de ses plus grands serviteurs, le P. Balthazar d'Alvarez ; je t'aime mieux que tu ne t'aimes toi-même ; il est en mon pouvoir de te délivrer de tes croix si je le veux, et cependant je ne le fais pas.

C'en était bien assez à ce grand homme. Il est facile à une âme moins éclairée que la sienne d'en tirer la conséquence ; mais qu'il est juste que nous en tirions de semblables dans nos souffrances ! Ô mon Dieu, qu'elles sont douces et consolantes ! Quel repos, quelle paix ne donnent-elles pas à l'esprit, si l'on veut en faire un bon usage !

CHAPITRE III

Des ennemis de la croix, et des ruses dont l'amour-propre et la prudence de la chair se servent pour se tirer de ses voies


Le grand Apôtre nous enseigne (Philip. III, 18) qu'il y a plusieurs ennemis de la croix, et il en parlait souvent, comme il assure, parce qu'il croyait qu'il était nécessaire de les reconnaitre pour s'en donner de garde et les éviter.

Mais ce qui est grandement considérable, c'est qu'il n'en peut parler qu'en pleurant, ce qu'à peine pourra-t-on remarquer dans tous les sujets dont il traite dans le reste de ses épitres, qui sont toutes comme autant de miracles. Disons ici qu'il n'y a point à s'étonner sur les larmes de l'homme apostolique.

Ce qui nous doit surprendre, c'est de voir qu'il y ait des Chrétiens qui ne soient pas dans ses sentiments, et qui demeurent insensibles où il faudrait répandre des torrents de larmes.

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CHAPITRE III

Des ennemis de la croix, et des ruses dont l'amour-propre
et la prudence de la chair se servent pour se tirer de ses voies


Si la croix doit être l'exercice journalier des Chrétiens, comme le déclare notre Maître dans l'Évangile ; si elle est l'unique espérance des fidèles, comme le chante l'Église ; si, dans la croix qu'il nous faut glorifier (remarquez ces mots : qu'il faut glorifier, et que l'Église ne dit pas qu'il est à propos ou utile, mais qu'il le faut) : si la croix doit être toute notre philosophie et notre théologie, toute notre connaissance et autre amour, n'est-ce pas un mal effroyable que de s'y opposer ?

Et quel moyen de s'empêcher de pleurer, quand on pense qu'elle trouve des ennemis parmi ceux qui font profession de la suivre et de l'honorer ? Quel moyen de n'en pas parler souvent pour les découvrir ? Car il y en a plusieurs de cachés et de couverts, qui sont d'autant plus dangereux qu'ils sont moins aperçus.

Les mondains, les sages du siècle, les superbes et suffisants, les grands esprits qui s'en font accroire, les gens délicats, qui aiment leurs aises, qui travaillent à donner de la satisfaction à leur esprit et à leur corps, les gens curieux d'honneur et avides de gloire, qui mettent leur joie dans l'applaudissement des hommes, qui désirent d'en être estimés et aimés, qui craignent les créatures, leurs contradictions et leurs rebuts, gens amateurs d'eux-mêmes ; ce sont autant de gens qui sont opposés à l'esprit de la croix, qui leur est un mystère caché qu'ils n'entendent et ne peuvent entendre, le seul esprit de mort rendant l'âme disposée à l'intelligence de ce secret.

Il y a d'autres ennemis de la croix qui sont des politiques et qui, plus philosophes que disciples d'un Dieu-Homme crucifié, tâchent d'accommoder la doctrine de l'Évangile avec la sagesse de ce monde et la prudence de la chair :

qui veulent bien, à ce qu'ils disent, que Dieu Soit servi, mais qui veulent en même temps, sans le dire, que la nature le soit, et que l'amour-propre trouve son compte et sa propre satisfaction.

Ils désirent de plaire à Dieu et de plaire au monde, contre ce que dit l'Écriture, que l'amitié de ce monde est ennemie de Dieu. Or, il y a plusieurs de ces gens-là parmi les personnes qui font profession de dévotion.

Il y en a plusieurs parmi les prédicateurs, directeurs et confesseurs, qui sont chargés de conduire les âmes dans les voies du service de Dieu, d'où il arrive deux grands maux :

le premier, que quantité de personnes n'avancent point dans la voie spirituelle, quantité de communautés demeurent dans une manière de vie molle et lâche, dans l'ignorance et le défaut d'amour de la perfection évangélique.

Le second, que Dieu est privé d'une haute gloire ; l'Église, les diocèses, les communautés, de biens immenses et inestimables, dont ils seraient remplis si l'on s'attachait uniquement à Dieu seul, si l'on avait lui seul en vue, foulant aux pieds tous les respects humains, toutes les raisons de la chair et du sang, toute l'estime et l'amitié des créatures, ne se souciant que de Dieu et allant à lui sérieusement par les saintes voies de la croix, dont nous parlons en tout ce petit ouvrage.

Mais ces ennemis couverts de la croix non-seulement sont bien éloignés de la pratique de ces maximes, mais de plus ils ont de la peine à souffrir les personnes véritablement crucifiées au monde ; ils s'opposent secrètement à leur conduite ; ils détournent les âmes de la prendre ; ils les rendent suspectes ; ils soutiennent le parti du monde qui leur déclare hautement la guerre, leur suscitant d'horribles persécutions en faisant courir mille bruits à leur désavantage, et n'oubliant rien pour les rendre inutiles.

Source : livres-mystiques.com

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LIVRE QUATRIÈME

CHAPITRE III


Des ennemis de la croix, et des ruses dont l'amour-propre
et la prudence de la chair se servent pour se tirer de ses voies

Cependant ces ennemis cachés de la croix ne manquent pas de prétextes précieux, qu'ils colorent de la gloire du Seigneur.

Ils soutiennent qu'il faut avoir soin de son honneur ; qu'il se faut acquérir une réputation glorieuse ; que la naissance, les richesses, les honneurs rendent plus considérable ce que l'on dit et ce que l'on fait ; que l'estime est nécessaire pour introduire dans les esprits ce que l'on y veut insinuer ; qu'il faut gagner l'amitié des gens, et particulièrement être bien auprès des grands si l'on veut réussir ; qu'il est à propos de se faire des amis pour en être soutenu ; qu'il faut mener une vie qui ait de l'éclat dans le monde et qui donne de la réputation ; que le mépris, les contradictions, la pauvreté sont de grands obstacles qui empêchent le bien ; qu'il faut prendre garde à ne point faire du bruit, laissant les gens bonnement comme ils sont ; que ces desseins de rétablissement de la discipline ecclésiastique dans les diocèses, ou de réforme dans les communautés, troublent la paix.

Et s'il arrive que Dieu se serve d'une personne pour l'établissement de la discipline parmi les ecclésiastiques, de l'observance régulière parmi les personnes religieuses, de la véritable dévotion parmi les fidèles qui vivent dans le siècle, le diable et les hommes s'y opposent par leurs contradictions ; et que cela fasse du bruit, aussitôt on dit que, pour le bien de la paix , il faut que cette personne se désiste ; et ces politiques travailleront de tout leur mieux à faire manquer, au moins autant qu'il est en eux, les plus grands desseins de Dieu.

Il est vrai que souvent ils ne savent pas ce qu'ils font ; mais leur aveuglement tenant de leur immortification et de leur vie peu crucifiée, ou de l'attache à leurs sentiments, ils ne sont pas excusables devant Dieu, à qui ils rendront quelque jour un compte bien terrible des oppositions dont ils ont été cause, ou qu'ils ont apportées à l'établissement de ses divins intérêts.

En vérité, il est bien difficile de ne pas pleurer avec l'Apôtre, lorsqu'on pense à ces ennemis de la croix de Jésus-Christ, particulièrement quand on considère que ces sages de la terre, c'est comme en parle l'Apôtre, ne doivent pas ignorer la conduite de Dieu.

Il faut de l'honneur et de l'estime, disent-ils, c'est ce dont un Dieu-Homme se prive. Il faut des créatures, il en est délaissé ; son plus fidèle ami le renie avec jurement ; un de ses disciples le trahit ; les autres s'enfuient, on n'oserait pas dire qu'on le connait, on demeure caché. Il faut faire de beaux sermons qui plaisent ; ceux qu'il fait sont la simplicité même.

L'amitié des peuples est nécessaire, ils crient qu'il soit crucifié. On doit être considéré, il passe pour fou à la cour.

Une réputation glorieuse fait beaucoup, on lui préfère un larron, il sert de jouet à toute la populace, de moquerie à tous les soldats d'Hérode.

Et il est dans une telle abjection, qu'il dit de lui-même qu'il est plutôt un ver de terre qu'un homme. Il est condamné, comme un criminel, dans tous les tribunaux, par les prêtres et les docteurs, par un roi, et par un gouverneur de province.

On a besoin de bien, et il est si pauvre qu'il n'a pas où reposer sa tète. Cependant, voilà la conduite d'un Dieu : sans doute qu'elle doit l'emporter sur celle que des Chrétiens peu éclairés pourraient prétendre, quoiqu'elle soit un scandale aux Juifs, et une folie aux gentils.

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE III


Des ennemis de la croix, et des ruses dont l'amour-propre
et la prudence de la chair se servent pour se tirer de ses voies

Or, si Dieu s'est servi de ces moyens pour l'établissement de ses divins intérêts, ses disciples pourront-ils bien imaginer devoir prendre d'autres voies, comme s'ils avaient plus de sagesse en leur conduite ? Mais à quoi pensons-nous ? Que l'on regarde tout ce qui s'est passé depuis la publication de l'Évangile, et l'on verra clairement que l'esprit de Dieu, qui est toujours le même, n'a fait réussir ses plus grands desseins que par les croix.

Qu'on lise toutes les Vies des saints, et l'on verra s'il s'est servi d'autres moyens pour les élever à l'éminente perfection où ils sont arrivés. L'Évangile s'est-il établi par d'autres voies dans tous les lieux où il a été prêché, ou la discipline ecclésiastique dans les diocèses, ou les réformes dans les ordres réguliers ? Nous en avons apporté quantité d'exemples très touchants dans notre livre Du saint esclavage de l'admirable Mère de Dieu.

Enfin, l'Apôtre dit aux Thessaloniciens (Epist. I, c. i, v. 2) : Vous savez, mes frères, que notre entrée n'a pas été inutile parmi vous, mais que nous avons auparavant beaucoup souffert, et qu'on nous a chargé d'opprobres et d'injures.

N'admirez-vous point, dit saint Grégoire le Grand, que l'Apôtre parle comme s'il eût cru que son entrée eût été inutile, si elle n'eût été accompagnée d'afflictions et d'outrages ?

Le P. Balthazar Alvarez était bien de ce sentiment, lorsqu'écrivant à sainte Thérèse, il lui dit : J'éloigne de ma pensée que votre révérence se puisse glorifier en d'autres choses que dans les croix.

Vos angoisses ne m'ont point étonné ; car je sais en quelle liberté vivent au milieu d'elles ceux qui aiment Dieu ; et j'ai eu de meilleurs succès ès affaires de votre révérence par ces moyens, que par ceux que l'on espère être plus favorables.

Il faudrait savoir ce que c'est que le paradis, ce que c'est qu'une éternité de gloire, en un mot, ce que c'est que Dieu même, pour prendre une juste estime de la croix, puisqu'en nous séparant de la terre, en nous détachant des créatures, en nous faisant renoncer à nous-mêmes, elle nous introduit avantageusement dans l'éternité glorieuse et nous met dans la jouissance d'un Dieu.

Après cela nous avons beau faire, jamais nous ne pouvons estimer nos croix autant qu'elles méritent. Sainte Thérèse assure, dans le livre Du chemin de la perfection, que les contemplatifs estiment les travaux comme les autres l'or et les pierreries.

Il est certain qu'une âme véritablement éclairée fera plus d'état d'une bonne croix que de toutes les richesses de la terre, d'un bon affront que de tous les honneurs du monde. Elle donnerait tout ce qu'il y a de plus précieux sur la terre, toutes les couronnes, si elle les avait, pour les plus honteuses humiliations.

Les ignominies et les confusions lui sont plus chères que tous les applaudissements des hommes : elle aimerait mieux être chargée d'opprobres, et qu'on lui jetât de la boue partout où elle passe, que de se voir caressée et dans une estime glorieuse.

J'ai dit autre part qu'une personne d'une éminente piété, pénétrée de ses vues, protestait qu'elle aurait de la peine à se défendre de l'amour-propre si on la prenait pour la faire mourir sur une potence en Grève. Voilà un étrange goût, diront les sages de la terre, les philosophes ; mais il est vrai que ç'a été le grand goût d'un Dieu-Homme, qui n'a vécu que pour mourir sur un gibet.

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE IV

Nous devons avoir une haute estime de la croix, et nous en tenir indignes


Plusieurs saints, remplis de ces véritables lumières, ont fait de grandes pénitences et de longs voyages en des lieux saints, pour obtenir de Dieu tout bon la grâce de souffrir.

Notre-Seigneur a révélé que les plus grandes croix étaient des dons qu'il n'accordait qu'à la faveur de sa très sainte Mère.

Ce sont des faveurs spéciales réservées à ses favoris, qui y ont plus ou moins de part, selon quils en sont plus ou moins aimés.

A-t-on jamais vu de sujet sur lequel la grâce de Dieu se soit épanchée avec plus de libéralité que sur Jésus-Christ ?

Mais, en même temps, y en a-t-il jamais eu sur lequel la justice de Dieu se soit exercée avec tant de rigueur ? Jamais de gloire semblable à la sienne, jamais de croix qui soient égales.

Après Jésus, jamais personne plus aimée de Dieu que la très sainte Vierge, et jamais personne plus dans la souffrance.

Cela étant, il est tout clair que nous sommes indignes de l'honneur des souffrances. Nos péchés, disait le P. de Condren, de sainte mémoire, méritaient bien plutôt que nous eussions part aux honneurs du siècle, à ses plaisirs et à ses richesses, et, dans cette vue, il s'écriait qu'il était grandement étonné de n'être pas du nombre de ces gens qui sont glorieux selon le monde, et, de vrai, souvent c'est le partage des réprouvés.

Voyez-vous, disait encore ce saint personnage, le Grand Turc est l'un des plus grands ennemis de Jésus-Christ, et c'est le Seigneur qui a le plus de biens, de plaisirs et d'honneurs.

Les pauvres, dit la bienheureuse Angèle de Foligny, les abjects, les humiliés, ce sont les favoris de Jésus-Christ, qui ont l'honneur d'être assis à sa table et de manger avec lui, étant nourris des mêmes mets ; car le Fils de Dieu a été nourri d'opprobres et de pauvreté.

Le saint homme, le P. Jean de la Croix, le savait bien, lorsque cet adorable Sauveur, lui mettant à son choix de lui demander ce qu'il voulait pour récompense des grands travaux qu'il avait soufferts pour sa gloire :

Seigneur, répondit cet homme admirable, je vous demande seulement de souffrir, et d'être méprisé pour vous.

L'âme, dit sainte Thérèse dans la 6ème demeure du Château intérieur, connaît, avec toutes sortes de vérités, qu'elle ne mérite pas de souffrir pour un Dieu un petit travail, combien plus d'en endurer un plus grand.

Que les personnes de croix prennent donc bien garde à ces vérités, surtout pour ne pas s'en faire accroire, pour ne pas prendre mal à propos une certaine confiance de nature dans leurs états, une complaisance secrète, une estime subtile.

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CHAPITRE IV

Nous devons avoir une haute estime de la croix, et nous en tenir indignes


Ô mon âme ! Le reste de nos jours, n'ayons donc plus que des respects extrêmes pour les voies crucifiantes, voies pénibles à la nature, humiliantes devant les hommes, très saintes dans l'ordre de la grâce, et toutes glorieuses aux yeux de Dieu, de ses anges.

Déclarons nous, une bonne fois, avec notre souverain Maître ; estimons bienheureux, avec lui, ceux que l'on maudit, dont l'on dit toute sorte de mal, qui sont haïs, chassés, rebutés, qui sont dans les pleurs et les larmes ; estimons, avec le Saint-Esprit notre Dieu, qu'il vaut bien mieux aller dans une maison de pleurs que de joie.

Que toutes les personnes, les lieux, les maisons, qui seront marqués au signe de la croix, soient pour nous des choses vénérables.

L'on respecte avec sujet les images de la croix, qui ne sont que de bois ou de papier ; à plus forte raison vénérons les images vivantes, comme sont tous les chrétiens affligés.

Si jamais nous rentrons dans les maisons malheureuses selon le monde, où nous ne trouvions que des familles misérables, où nous n'entendions que gémissements et soupirs, où nous ne voyions que pauvreté et misères, arrêtons-nous par respect :

souvenons-nous que ce sont là les Louvres et les palais de Dieu. Et ne savons-nous pas que les hôpitaux, lieux de maladies et de douleurs, ont le privilège d'être appelés les hôtels de Dieu, privilège qui, dans l'usage, leur est tout singulier ?

Oh ! Quel bonheur ! Si nous rencontrons quelque personne qui fût le rebut du monde, qui ne sût, pour ainsi dire, où donner la tête, qui fut délaissée et contredite des bons aussi bien que des méchants, abandonnée de ses proches et de ses meilleurs amis, qui servît de fable et de jouet dans les compagnies, et qui fût réduite dans l'extrémité de toutes choses par la privation des biens, de l'honneur, et de tout ce qui peut contenter les sens ; oui, mon âme, par honneur à un état si saint, nous devrions baiser la terre par où elle passe :

car enfin la croix, partout où elle parait, mérite une vénération toute singulière. Si nous considérons notre divin exemplaire, l'adorable Jésus, nous verrons qu'il va au-devant de ses bourreaux, et qu'il les prévient de civilité : c'est parce qu'ils venaient le prendre pour le mener à la croix.

Recevons donc, avec de profonds respects, toutes les croix qui nous arrivent, allons même quelquefois au devant par civilité ; honorons-les en nous dans toutes les personnes, dans tous les lieux où elles se font remarquer.

Oui, l'on devrait descendre de cheval, par honneur, quand on passe devant les maisons affligées, avoir la tête découverte, et tout l'intérieur dans le recueillement.

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CHAPITRE IV

Nous devons avoir une haute estime de la croix, et nous en tenir indignes


Il faut pourtant dire que, parmi même les personnes de piété, il en est bien peu qui soient fidèles à l'honneur qui est dû aux croix.

Hélas ! on ne veut ni de la croix ni des personnes qui la portent ; on cherche une dévotion caressée, applaudie, qui soit approuvée, estimée ; les personnes dirigées courent après les directeurs qui sont dans l'éclat ; l'on court après les prédicateurs qui ont la vogue, sans beaucoup considérer les effets qui en arrivent pour lintérêt de Dieu.

Quelques dames du monde suffisent pour les mettre en crédit ; l'on est bien aise d'avoir sous sa direction des âmes qui font du bruit par l'estime que l'on en a ; l'on est ravi d'avoir le beau monde à son sermon ; l'on dira : il y avait tant de carrosses qui remplissaient les rues !

Ô mon Dieu, quelle pitié ! La nature se trouve partout ! Quand on s'est moqué du monde et de ses conversations, elle veut avoir son compte parmi la troupe de gens de dévotion, dont on veut être aimé, et dont on est bien aise d'avoir l'estime. L'expérience fait voir que, partout, l'on se porte soi-même.

Mais les gens de croix ne plaisent pas. Il est vrai que l'on trouve encore quelques personnes qui les considèrent, les assistent et les soutiennent pendant qu'ils sont soutenus par quelques autres créatures.

La contradiction des méchants ne fait pas un grand effet contre eux, tant qu'ils sont dans l'approbation des bons.

L'opposition de quelques gens de dévotion n'empêche pas qu'on les considère, pourvu qu'il y en ait d'autres qui les estiment.

Mais lorsque chacun se retire, et les bons et les méchants, l'on se retire avec les autres : tant il est vrai qu'il y en a peu qui ne regardent que Dieu seul : oui, Dieu seul, mais c'est dans la bouche : dans la pratique l'on veut la créature avec lui.

L'on rougirait de demeurer avec un Dieu seul, l'on aurait honte, l'on serait dans la confusion de se déclarer pour une personne de croix, que tout le monde humilie.

Aussi cette grâce est très rare, et on la remarque peu dans ceux mêmes qui d'ailleurs sont bien avancés dans les voies de Dieu.

Cette grâce suppose un parfait désintéressement, un dégagement entier ; car souvent les amis des crucifiés sont mis en croix, et ont part à leurs souffrances.

Elle demande une grandeur de courage, de la générosité chrétienne, n'y ayant rien de plus généreux que l'esprit chrétien.

C'est pourquoi c'est une erreur insupportable, de vouloir couvrir la timidité et la lâcheté de son naturel sous de faux prétextes de vertu ; puisque la vertu n'est jamais lâche, quand elle est véritable.

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE IV

Nous devons avoir une haute estime de la croix, et nous en tenir indignes


L'histoire ecclésiastique est remplie d'exemples merveilleux, qui font assez voir la générosité invincible de l'esprit chrétien : mais il faut avouer qu'elle a éclaté d'une manière admirable en quelques amis de saint Jean Chrysostome, pour la défense de sa cause.

Le lecteur Eutrope en perdit la vie, et il est reconnu par l'Église comme martyr. Quantité de dames, dans la faiblesse de leur sexe, aimèrent mieux perdre leurs biens, souffrir un fâcheux exil, et se voir chargées d'injures et d'opprobres, que de quitter la défense de leur saint directeur.

Le grand Apôtre fait une estime si particulière de la générosité chrétienne que dans l'Épitre aux Romains (c. XVI) il fait une mention honorable des personnes qui ont tenu bon pour lui et qui l'ont assisté ; il les recommande, il veut qu'on les salue de sa part en particulier.

Il en marque les noms, afin que non seulement elles soient connues des fidèles de son temps, mais encore des Chrétiens de tous les siècles, jusqu'à la consommation du monde.

Il parle de quelques-uns qui avaient même exposé leur vie pour sa personne ; et il déclare qu'ils méritent, non seulement sa reconnaissance, mais celle de toutes les Églises.

Il assure que toutes les Églises des nations les en remercient, et leur en rendent grâces. Dans la IIe Épitre à Timothée, il prie le Seigneur de faire miséricorde à la maison d'Onésiphore, parce qu'il n'a pas eu honte de ses chaînes, et qu'étant venu à Rome il l'a cherché avec soin ; ce qui touche tellement ce grand cur qu'il réitère plusieurs fois la prière qu'il fait .au Seigneur, de lui faire Miséricorde, la demandant pour sa personne, pour sa maison, pour toute sa famille.

Mais n'enseigne-t-il pas, dans la même Épître à son cher Timothée, que Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de force ? C'est pourquoi il lui déclare qu'il ne doit point rougir de ses liens, et avoir honte de sa personne dans les humiliations où il était.

CHAPITRE V

Que nous devons aimer la croix


L'amour suit l'estime ; nous aimons les choses à proportion de l'état que nous en faisons. Nous venons de parler du prix des croix, et ce petit ouvrage est plein de motifs qui sont bien capables de nous en faire voir la valeur et de presser de les aimer.

Mais, en un mot, disons ce qui peut porter la dernière conviction dans l'esprit ; touchant l'obligation que nous avons d'avoir de l'amour pour les croix.

Jésus Dieu-Homme les a aimées ; donc elles sont aimables. Il les a aimées avec des ardeurs inexplicables ; donc elles doivent être les sujets de nos plus fortes complaisances.

Que les hommes disent tout ce qu'ils voudront ; quand tous ensemble s'uniraient pour nous insinuer le contraire, il en faut demeurer aux sentiments d'un Dieu. Tous les hommes peuvent se tromper, un Dieu ne peut ni se tromper, ni tromper les autres. Celui qui le suit marche dans la lumière et la vérité : tout autre chemin est égaré et plein de ténèbres.

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CHAPITRE V

Que nous devons aimer la croix


L'adorable Jésus notre Dieu a aimé les souffrances. Elles ont été son trésor, sa joie, sa gloire, ses délices, son coeur, son amour. Il épouse la croix dès son entrée au monde, c'est pourquoi il est l'homme de douleurs ; il ne la quitte point, il y vit, il y meurt.

Vous diriez qu'il ne trouve point de termes pour expliquer à son goût les inclinations qu'il a pour elle.

Il ne lui suffit pas de dire qu'il la désire, mais il assure qu'il la désire d'un désir, c'est-à-dire d'un désir que les anges et les hommes doivent adorer, mais dont ils ne pourront jamais pénétrer la grandeur. L'amour de la croix le presse si vivement que des personnes de toutes sortes d'âges et de conditions l'environnant, en sorte que l'on se foulait les uns les autres, tout à coup il s'écrie au milieu d'un long discours :

J'ai été baptisé d'un baptême, entendant parler de sa passion ; et comment suis-je pressé jusqu'à ce qu'il s'accomplisse ? (Luc. XII, 50) Mais cet amour l'occupait si continuellement que dans le temps même qu'il faisait paraître les éclats de sa gloire sur le Thabor, il s'entretient des excès de peines qu'on lui devait faire souffrir.

Ce n'est pas tout, il est tellement transporté de l'amour de la croix qu'il appelle Satan le prince des apôtres, lorsque par une grande bonté naturelle il veut l'en détourner ; et il nomme Judas son ami, lorsqu'il lui donne le moyen d'aller au supplice qu'il y doit endurer.

Il dit à saint Pierre dans cette occasion, qu'il se retire de lui, qu'il lui est un scandale : et il se lève et va au-devant du disciple qui le trahit pour lui donner le baiser de paix. Madeleine, sa grande amante, n'aura que ses pieds ; Jean, son heureux favori, aura la poitrine ; mais sa bouche est réservée pour Judas. C'est la réflexion de l'auteur du Livre de la croix.

Quel moyen de savoir toutes en vérités, de connaitre tous ces amours précieux de Jésus pour la croix, sans prendre feu, et être tout de flamme pour les peines et souffrances ? Disons avec le Saint-Esprit Dieu : N'être que des crucifiés.

Être Chrétien, et porter la croix, c'est une même chose. Mais apprenons de l'un des premiers Chrétiens, le grand amant de la croix, la belle manière de l'aimer.

C'est le glorieux saint André dont nous parlons. Il déclare à haute voix qu'il l'a aimée avec soin ; ce n'a pas été d'un amour lâche, négligent, paresseux, tiède ; qu'il y avait longtemps qu'elle était le sujet de ses désirs.

Il ne souhaitait pas le jour de l'homme, pour parler avec l'Écriture (Jer. XVII, 16), c'est-à-dire, les délices et les honneurs de la vie présente : qu'il l'avait recherchée sans aucune intermission.

Ce n'avait pas été seulement dans les transports d'une oraison de lumière et de douceurs, et parmi les consolations, ou au milieu des mouvements agréables d'une dévotion sensible ; mais parmi les aridités et les dégouts, le jour et la nuit, en en tout temps et en toutes sortes d'occasions et d'états, sans jamais relâcher rien de l'ardeur qui le faisait soupirer continuellement après elle.

D'aussi loin qu'il l'aperçoit, il la salue, il lui rend les respects, il ne s'en cache pas aux juges, il n'a pas honte de l'Évangile.

Tout à coup même il s'écrie, comme un homme transporté, aussitôt qu'il la voit, vous diriez qu'il est ivre de son amour : et sans se mettre en peine de ce que diront les hommes qui la regardaient comme maudite, il l'appelle bonne, précieuse ; il lui présente ses hommages, et lui adresse ses prières. Vous diriez qu'il va aux noces ; mais je ne me trompe pas, la croix est le lit nuptial des âmes et des épouses d'un Dieu-Homme.

Il y va tout en joie, dans une dernière assurance ; car il est vrai que c'est une voie sûre pour le ciel.

Il prie, il conjure, mais avec toutes les instances possibles, les peuples qui l'en veulent délivrer, de ne le pas priver de ce bonheur, de ne lui pas ravir cette gloire ; il se sert de cette aimable croix, comme d'une chaire sacrée, y étant attaché sans mourir, durant deux jours, pour prêcher à tout le monde les divins mystères de notre sainte religion.

J'invite tous les amants de la croix à venir à cette école, pour y apprendre une bonne fois à aimer de la belle manière les souffrances.

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CHAPITRE VI

Qu'il faut recevoir les croix avec joie avec actions de grâces, avec étonnement


Celui qui a un véritable amour pour la croix ne souffre pas seulement avec patience, comme le remarque saint Bernard, mais encore avec joie. Agir d'une autre manière, c'est manquer de foi, puisque la foi nous enseigne que les croix sont les plus grandes grâces de Dieu ; si l'on était intimement persuadé de cette vérité, comment pourrait-on n'avoir point de joie quand on en est favorisé ?

Si un grand roi vous honorait d'un don très précieux, n'en seriez-vous pas tout ravi ? Faudrait-il vous exhorter à la patience ?

Mais que dirait ce monarque, mais que dirait tout le monde si on savait que vous eussiez reçu ce don précieux seulement avec patience ? Aussi le Fils de Dieu, parlant de la manière d'accepter les plus rudes croix, dit à ses disciples : Réjouissez-vous et tressaillez de joie. (Matth. V, 11, 12)

L'Apôtre, entrant dans les sentiments de son divin Maître, proteste qu'il est non-seulement rempli de consolation, mais qu'il surabonde de joie dans toutes ses tribulations (II Cor. VII, 4) ; et parlant des premiers Chrétiens, il dit que l'abondance de leur joie a été dans la multitude de leurs tribulations.

Mais le Saint-Esprit nous enseigne en l'Épitre de saint Jacques (c. I, v. 2), que plusieurs sortes de souffrances sont la matière de toutes sortes de joies.

Ainsi, selon la doctrine du Saint-Esprit, les croix doivent être le sujet, non seulement d'une grande joie, mais de toutes les joies.

Figurons-nous donc la joie d'une personne pauvre à laquelle des richesses immenses arriveraient ; d'une personne, qui aimerait les délices de la vie, qui en gouterait toutes les douceurs apparentes ; d'une personne abjecte qui serait élevée sur le trône, à laquelle on donnerait une couronne.

Figurons-nous la joie des marchands qui font de grands gains dans leur trafic, des laboureurs qui font une heureuse récolte, des généraux d'armées qui gagnent des batailles, des rois dans la conquête des villes et provinces, des malades dans le recouvrement de leur santé, des captifs dans la délivrance de leurs chaînes, des plus affligés dans la cessation de leurs peines, et enfin tous les sujets de joie qui peuvent arriver généralement, et sans réserve

Toutes ces joies doivent être les joies d'une personne crucifiée. Ne nous étonnons donc plus si le Fils de Dieu a dit que dans les souffrances il faut tressaillir ou bondir de joie.

Ce ne serait pas exagérer, quand on dirait qu'il en faut mourir. Combien de personnes en sont mortes pour des sujets qui ne sont rien, comparés aux véritables, aux grands et extraordinaires que les croix nous donnent !

Mais il est vrai que la joie chrétienne ne dépend en rien du sensible : elle a son siège dans le centre de l'âme, où souvent elle n'est point aperçue de la partie inférieure, même raisonnable.

Elle y demeure cachée pour y demeurer dans sa pureté ; ses écoulements sur la partie sensitive, qui arrivent quelquefois, sont très exposés au danger de l'amour-propre, par la satisfaction qui en découle.

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE VI

Qu'il faut recevoir les croix avec joie, avec actions de grâces, avec étonnement


Elle compatit très bien avec la tristesse de la partie inférieure, ce qui est évident en Notre-Seigneur Jésus-Christ. L'Apôtre qui dit (I Cor. VII, 4) qu'il surabonde de joie en toutes ses tribulations, ne laisse pas d'avouer qu'elles l'ont affligé jusqu'à lui faire porter la vie en ennui. Ce qui marque évidemment qu'il le faut entendre de la joie qui est en la suprême partie de l'âme, autrement il tomberait en contradiction. Nous ne nions pas pour cela que la partie inférieure et sensitive de l'Apôtre n'y ait eu part en quelques rencontres.

Nous disons seulement qu'il suffit que la joie soit dans la cime de l'âme, qu'il prend son contentement en l'ordre de la divine conduite sur elle, quoique souvent dans le sentiment elle ne ressente qu'une tristesse accablante. Cette joie n'empêche pas même les plaintes modérées de la partie inférieure, lorsque les sens ressentent toutes les afflictions, et qu'ils se plaignent, Notre-Seigneur les regardent comme de petits enfants qui pleurent quand on les châtie.

Qui les voudrait empêcher de pleurer, les étoufferait. Mais cette joie fait que, malgré les sentiments contraires, l'on est ravi d'être dans la peine, qu'on en marque l'estime à tout le monde, que partout l'on fait état des croix, tant de celles qui nous arrivent que de celles que nous remarquons dans les autres.

Il y en a même qui s'écrient en ces occasions, pour se congratuler d'un si grand présent du ciel. L'on témoigne et de vive voix, et par écrit, l'estime que l'on en a, et il est bien juste. Si les gens du monde se congratulent tant pour quelque bonne fortune qui leur sera arrivée, ô Dieu, quelle glorieuse fortune, selon l'esprit de Jésus-Christ, que celle des souffrances !

Je sais qu'elles sont rudes à la nature, mais si l'avare, disait le P. Balthazar Alvarez, avait employé beaucoup d'argent à façonner sa vigne, et qu'il la vît grêlée, ce qui sans doute l'affligerait beaucoup : si, dis-je, cet avare apprenait qu'elle aurait été grêlée par une grêle d'écus, son affliction serait bientôt changée en la plus douce consolation qui lui pût arriver. Or, mon âme, apprenons que les croix sont autant de pièces d'or du ciel, elles en font les pierres précieuses.

Tous ces objets de joie en même temps le sont d'actions de grâces. C'est pourquoi il faut bien prendre garde à n'en être pas ingrat. Aussitôt donc qu'il nous arrive quelque affliction, soit au corps, soit à l'esprit, et de quelque part quelle arrive, mettons-nous aussitôt à genoux pour en remercier la divine Providence ; et plus l'affliction est grande, plus elle mérite de reconnaissance et d'application, soit pour faire célébrer des messes en action de grâces, soit pour pratiquer quelques bonnes oeuvres, comme jeûnes, pèlerinages, aumônes, visites de malades, de prisonniers, et autres semblables.

Le grand serviteur de Dieu, le P. Jean Chrysostome, du troisième ordre de Saint-François, le savait bien, lui qui s'était engagé par vu de jeûner cent jours en l'honneur de saint Joseph, s'il pouvait obtenir de Dieu tout bon, par son intercession, d'être méprisé de tout le monde. Dans ces occasions, les amis chrétiens s'assemblent pour s'unir à remercier Dieu ; car l'on n'oublie rien pour marquer sa reconnaissance.

Ceux qui sont plus éclairés en donnent avis aux autres, afin que les dons de Dieu ne demeurent pas sans être reconnus. Un seigneur d'Angleterre ayant perdu tout son bien et étant réduit à la pauvreté, en fit chanter le Te Deum dans une communauté. J'ai su une femme qui, ayant perdu son procès, vint faire célébrer la sainte messe en action de grâces.

Si l'on remercie Dieu dans la guérison d'une maladie, dans la délivrance d'une fâcheuse affaire, à plus forte raison dans l'événement d'une bonne croix : car si un pauvre vous témoigne ses obligations pour un écu que vous lui donnez, que doit-il faire si vous lui donnez cent pistoles ? Or, les croix sont les plus riches présents du ciel. Souvent notre ingratitude nous en prive, ou fait que Dieu nous retire celles qu'il nous avait envoyées, et nous laisse à nos plaisirs, comme le Grand Turc, tant de seigneurs infidèles, et tant de réprouvés qui abondent en délices et en honneurs en ce monde.

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CHAPITRE VI

Qu'il faut recevoir les croix avec joie, avec actions de grâces, avec étonnement


Enfin si notre bon Sauveur nous traite comme ses favoris, ne nous épargnant point les croix, n'avons-nous pas tout sujet de nous en étonner, nous qui mériterions pour nos péchés d'être abandonnés à nos désirs et aux aises de la nature ?

Oh ! quel étonnement, quand on considère que Dieu tout bon semble quelquefois renverser toutes choses, pour nous accorder le grand bonheur des souffrances !

Vous verrez des pères abandonner leurs enfants, des enfants maltraiter leurs pères, des maris souffrir de leurs femmes, des femmes de leurs maris, vos meilleurs amis vous délaisser, ceux qui vous ont plus d'obligation, vous maltraiter ; des juges se fermer les yeux, jugeant tout autrement qu'il ne faut ; des supérieurs se préoccuper, sans relâcher rien de leur préoccupation ; des gens de bien se tromper ; des personnes d'une éminente vertu être dans l'erreur ; des témoins s'aveugler, et le démon, comme dit sainte Thérèse, trainer presque tout le monde après soi dans les bruits qu'il fait courir.

Certainement ces grands coups du ciel en sont les coups de grâces. Étonnons-nous donc avec sujet si nous en sommes honorés, mais ne cessons jamais de nous en étonner.

Le don des souffrances est une grâce trop précieuse pour des gens tels que nous sommes. Cela est bon pour les favoris d'un Dieu;

Assurément dans ces occasions il faut s'en prendre à la faveur de la Reine du ciel, des saints anges, ou de quelques autres saints du paradis qui nous ont procuré de telles grâces.

CHAPITRE VII

Qu'il faut porter sa croix avec toutes ses dimensions


Quoique nous ayons déjà traité amplement de la manière dont il faut porter la croix ; comme c'est une matière dont on ne peut trop parler pour en faire un saint usage, nous dirons encore ici qu'en portant sa croix, il faut prendre garde à la porter avec toutes ses dimensions, dont, au sentiment de saint Augustin et de saint Anselme, l'Apôtre écrit aux Éphésiens, et qu'il estime si mystérieuses que pour les comprendre avec tous les saints, car tous les saints en ont en la science, et pour en obtenir l'intelligence aux fidèles a qui il écrit, il fléchit les genoux devant le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, afin que, selon les richesses de sa gloire, il les fortifie de sa vertu par le Saint-Esprit. (Ephes. III, 14, 16.)

Il est très vrai que, sans un secours particulier de cet esprit divin, ces mystères demeureront toujours cachés spécialement aux prudents du siècle et aux sages du monde, qui fuient les souffrances, et qui estiment qu'il y va de leur honneur de les éviter.

Appuyés donc uniquement sur la lumière et sur la vertu de Jésus-Christ que nous demandons en toute humilité, prosternés et abîmés devant la majesté infinie du Père éternel, et que nous demandons par le Saint-Esprit, au nom glorieux de Jésus, de sa bienheureuse Mère, de tous les bons anges et saints, reconnaissant que nous en sommes entièrement indignes, nous disons qu'il faut porter le croix avec toutes les dimensions que saint Paul lui attribue, c'est-à-dire, avec sa largeur, sa longueur, sa hauteur et sa profondeur :

et c'est en cela que consiste particulièrement la connaissance de la charité de Jésus-Christ, où toutes les sciences humaines ne peuvent arriver, et qui est donnée à ceux dans lesquels l'adorable Jésus demeure par la foi, et qui ont un bon fondement, et ont jeté de profondes racines dans son amour.

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CHAPITRE VII

Qu'il faut porter sa croix avec toutes ses dimensions


Or, il faut entendre par la première dimension la croix, qui est la largeur, toutes les circonstances, effets et suites qui accompagnent, ou qui suivent les croix que nous portons.

C'est une grande pitié de voir des personnes qui s'imaginent vouloir bien porter la croix (si elles ont un peu de vertu, elles seraient honteuses de dire et de penser autrement) ; mais ce qu'elles voudraient bien, ce serait de ne pas porter telle et telle croix, à raison de ses circonstances ou de ses effets.

Elles ne se soucieraient pas, disent-elles, de la pauvreté ; mais la honte, les mépris, la dépendance qui en arrivent, c'est ce qui leur fait peine.

Elles souffriraient volontiers leurs maladies ; mais ce qui les afflige, c'est que cela les empêche d'aller à l'église, de faire les exercices communs de la communauté ; si c'est un prédicateur, un missionnaire, cela le prive du bien qu'il pourrait faire, cela est incommode aux autres personnes, cela est à charge, l'on devient inutile.

L'on serait content d'aller en un lieu, de changer de demeure, quoique la nature en souffre : mais ce qui tourmente, c'est qu'on ny aura pas plusieurs moyens que l'on avait autre part et qui semblent très utiles.

L'on serait ravi d'être crucifié, mais non pas de certaines sortes de tentations, ou de croix intérieures. L'on serait bien aise d'endurer des contradictions, mais de les souffrir de certaines personnes proches, ou qui nous sont très obligées, ou bien pour une faute que l'on na pas faite, c'est ce qui est sensible.

Or, toutes ces personnes ne voient pas que ces pensées sont suggérées par notre amour-propre, que pendant qu'il nous amuse de l'estime et de l'amour des croix que nous n'avons pas, il nous veut empêcher de porter chrétiennement celles qui nous sont données. Celles que nous avons sont les croix que Jésus-Christ veut que nous portions, et non pas celles que nous nous figurons.

Il faut donc porter sa croix avec sa première dimension, qui est la largeur, quelques circonstances qui y puissent être. Dieu ne le sait-il pas, et ne le voit-il pas bien ? Certainement c'était une chose bien fâcheuse au bienheureux Robert d'Artus d'Arbrisselles d'être noirci publiquement par des bruits qui le chargeaient des crimes infâmes propres aux hérétiques illuminés.

Il était fondateur d'ordre, et d'un ordre de filles aussi bien que d'hommes ; et ainsi il semblait qu'il avait besoin de sa réputation, et d'autant plus que cet ordre avait beaucoup de contradictions ; et nous voyons encore tous les jours des personnes qui ont peine à le goûter, quoique sans un véritable sujet.

Les crimes qu'on lui imputait regardaient la pureté, ce qui devait être bien sensible au fondateur qui gouvernait les filles ; c'était un peu auparavant sa mort, dans le temps où ordinairement la réputation doit être établie ou jamais.

Il souffrait particulièrement de Geoffroy, abbé de Vendôme, personnage très célèbre, qui lui écrivit une lettre dans laquelle il exhorte ce saint homme de se comporter plus discrètement avec les femmes, parce que, disait-il, il se montrait rude aux unes, jusqu'à les tourmenter de faim et de soif, etc., et était doux et affable aux autres, les fréquentant même la nuit.

Cependant ce grand serviteur de Dieu et de la très sainte Vierge, voyant bien que cette croix, pour honteuse qu'elle lui pût être, était sa croix, il la portait dans une grande paix, jusque-là qu'il ne fit aucune réponse à la lettre du célèbre abbé de Vendôme.

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