Méditation avec Les saintes voies de la Croix du M. Henri-Marie Boudon

Postez ici vos intentions de prière.
amidelamisericorde
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LIVRE TROISIÈME

CHAPITRE III

Des sécheresses, ténèbres, distractions et répugnances aux bons exercices


Pour les distractions, il faut prendre garde à ne s'y pas arrêter volontairement, et à en éviter les causes, qui sont les attaches à quoi que ce soit ; car l'attache à un objet en donne le souvenir, l'idée en revient souvent à l'esprit, ou le trop d'actions, de visites, de conversations qui ne sont pas nécessaires, qui remplissent tellement l'imagination d'espèces des choses créées, quà peine peut-on penser aux divines.

Après cela, il se faut tenir en repos, ayant regret des causes que l'on a données aux distractions par le passé, et en portant l'effet comme une juste punition de la divine justice.

Enfin on doit savoir, selon sainte Thérèse, que l'imagination est une volage, une coureuse, que l'on ne peut pas retenir comme l'on voudrait. Faire de grands efforts pour l'arrêter, c'est se gâter la tête et ruiner la santé ; à quoi il faut bien prendre garde, plusieurs s'étant rendus inhabiles par là, le reste de leur vie, à toutes sortes d'emplois.

La même sainte assure qu'après y avoir soigneusement pensé, elle n'a pas trouvé de meilleur remède pour les distractions que de les mépriser, et qu'il faut traiter l'imagination comme une folle, la laisser là, et ne pas s'y amuser.

De vrai, le soin que plusieurs prennent d'empêcher l'imagination de courir ne sert qu'à la rendre plus volage ; et au lieu d'en ôter les distractions, c'est s'en faire de nouvelles. Pourvu que le coeur ne soit pas distrait, demeurez en repos :

Dieu voit bien au fond de votre âme que vous êtes à l'oraison pour l'amour de lui ; toutes ces distractions involontaires n'empêchent pas cette intention, quand elles dureraient tout le temps de votre oraison : au contraire, la souffrance qu'elles vous donnent, bien portée, vous unit plus à sa divine bonté que beaucoup de goûts et de sentiments.

Faites réflexion sur ce que nous vous avons rapporté des saints Pères, qui ont donné connaissance à toute la postérité, non-seulement des distractions causées par des pensées indifférentes, mais par des pensées sales, ou d'autres très méchantes.

C'est ce qui doit parfaitement consoler les âmes qui sont affligées par ces épreuves, les plus grands saints et les Pères de l'Église l'ayant été, et même l'ayant laissé par écrit :

ce qui marque, cela soit dit en passant, qu'il est inutile d'écrire de ces états pénibles, comme il a déjà été remarqué ; que Dieu en tire sa gloire, et les pauvres âmes affligées leur appui et leur consolation.

Hélas ! Nous étonnerions-nous si le feu agit sur le bois sec, puisqu'il agit de telle sorte sur le vert ? Combien les saints Pères des déserts ont-ils souffert d'aridités, de ténèbres, de distractions et de peines intérieures !

Disons encore que souvent dans la solennité des plus grandes fêtes, c'est pour lors qu'on est plus aride et plus sec, pour nous faire mourir mieux à l'amour de nous-mêmes, et à notre propre satisfaction.

Source : livres-mystiques.com

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LIVRE TROISIÈME

CHAPITRE IV

Des tentations contre la pureté


Les tentations contre la pureté viennent d'une nature faible, dont le feu de la convoitise s'allume par le trop bon traitement du corps, par l'oisiveté, par l'immortification des sens, et particulièrement de la vue, par la mollesse et le luxe des habits, par le trop de conversation et de liberté avec les personnes de différent sexe ; surtout par des amitiés, qui, quoiqu'elles ne soient point déshonnêtes, sont trop dans les sens, et ont trop de considération pour les qualités naturelles, soit du corps, soit de l'esprit :

ou bien elles viennent de la trop grande crainte que l'on en a, ce qui sert à en imprimer plus fortement les idées dans l'imagination, ou bien du diable qui les donne, soit pour porter au péché, soit pour troubler l'âme, ou pour lui faire quitter l'oraison et les autres exercices de vertu.

Mais Bien tout bon, qui les permet, en tire sa gloire et le bien des âmes. Il fait comme les jardiniers qui font venir des illets, de la marjolaine et d'autres fleurs odoriférantes, sur le fumier. Les rébellions de l'appétit sensuel, dit le grand saint François de Sales, au livre IX De l'amour de Dieu, tant en l'ire qu'en la convoitise, sont laissées en nous pour notre exercice, afin que nous pratiquions la vaillance spirituelle en leur résistant.

Plus l'or est éprouvé dans la fournaise, disait Notre-Seigneur à une sainte âme, plus il est pur ; tout de même, plus la chasteté est éprouvée dans la fournaise du feu de la concupiscence, à laquelle on n'adhère pas, plus elle est pure et belle.

Ces tentations sont un réveille-matin qui excite toutes les vertus, savoir : l'humilité, la patience, la soumission à la volonté divine, l'amour de Dieu, la foi, l'espérance et tout le reste des autres vertus. N'est-ce pas ce qui faisait dire à l'Apôtre qu'il était fort dans sa faiblesse ? (II Cor. XII, 10)

C'est pourquoi une personne d'une grande sainteté priant la très sainte Vierge qu'elle délivrât une âme qui était affligée des tentations contre la pureté : Non, dit cette Mère de Dieu, je n'en ferai rien, je ne le ferai pas ; ce sera un des plus beaux fleurons de sa couronne : il n'y a point de victoire sans combat ; si on lui ôtait les tentations, on lui ôterait les occasions de combattre, de remporter plusieurs victoires, et de gagner autant de prix.

C'est ce qui doit beaucoup consoler les personnes qui sont affligées de ces tentations, qui, quoiqu'elles portent au péché, ne sont jamais pourtant un véritable péché, quelques effets qu'il en arrive, quand le consentement n'y est pas.

La boue qui est jetée sur les rayons du soleil ne les salit pas ; de même, l'impureté des pensées ne donne aucune souillure à l'âme, si elle n'y adhère point.

Ce serait une erreur, dit saint François de Sales, de s'imaginer que notre sens ou l'appétit sensitif soit péché, et une erreur condamnée par l'Église en l'opinion de certains solitaires anciens, qui pensaient que l'on pouvait tout à fait éteindre les passions, et non seulement les mortifier.

Nous ne pouvons donc jamais être coupables, quoique la tentation bouleverse la partie inférieure, et révolte toutes les passions et tous les sens intérieurs et extérieurs, si nous ne cédons à cet orage volontairement.

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE IV

Des tentations contre la pureté


Mais ce qui doit être un motif très puissant d'une consolation singulière à ces pauvres âmes tentées, est que ces sortes d'épreuves n'empêchent pas les plus saints progrès dans les voies spirituelles, mais contribuent beaucoup à s'y avancer.

Le vénérable César de Buz, fondateur des Pères de la doctrine chrétienne, s'est élevé à une haute sainteté par ses épreuves, qui l'ont rudement tourmenté durant une grande partie de sa précieuse vie, et qui lui étaient d'autant plus sensibles qu'il était privé de la vue corporelle, étant devenu aveugle, et par conséquent qui s'imprimaient plus vivement et plus fortement dans son imagination.

La sainte fondatrice des religieuses de la congrégation de Notre-Dame, la mère Alexis Leclerc, nommée en religion Thérèse de Jésus, a porté sur ce sujet des peines qui font compassion, tant elles sont grandes.

Saint Pierre Célestin en a été travaillé jusqu'à consulter le souverain pontife s'il ne cesserait pas de célébrer la messe à cause des effets que produisaient ces tentations ; ce que le chef de l'Église lui défendit, lui ordonnant de continuer toujours à son ordinaire d'offrir le sacrifice redoutable de notre religion.

Saint Jérôme en a été persécuté en sa vieillesse, et en la manière qu'il a laissé lui-même par écrit. Mais enfin, Satan a bien osé souffleter un corps aussi chaste et aussi vierge que celui de saint Paul, et dont la pureté est allée jusqu'au troisième ciel.

C'est une preuve manifeste que, pour vivre de la vie divine, il n'est pas nécessaire de ne pas sentir les rébellions des sens et de la nature ; puisque cette merveille des apôtres, dont l'Écriture nous assure (Galat. II, 20), qu'il ne vivait plus, et qu'il n'y avait que Jésus qui vivait en lui, était vivement tourmenté de l'aiguillon de la chair (II Cor. 12, 7) (1).

La chasteté ne consiste pas dans une grande insensibilité, mais dans la résistance à tout ce qui est contraire à la parfaite pureté ; à raison de quoi, dit un grand prélat, elle est comparée au lis qui croît au milieu des épinés.

Si l'on demande ce quil faut faire dans ces occasions, tous les livres spirituels sont remplis de saints avis et de salutaires remèdes pour remporter la victoire dans ces combats. Nous dirons seulement ici quil faut fuir discrètement toutes les occasions de la tentation.

Si les saints dans leur vieillesse, et dans les déserts en ont été si exercés, et si quelques-uns y ont succombé, cela marque assez qu'il y a bien à craindre, et qu'il faut extrêmement se défier de soi-même, ne s'appuyant aucunement sur les victoires du passé, et se persuadant que la chasteté est un don de Dieu qui n'est donné qu'aux humbles.

Les orgueilleux ordinairement tombent dans le péché d'impureté. On doit veiller à résister au commencement des mauvaises pensées. Figurez-vous un charbon ardent qui tomberait sur votre habit ; hélas ! Tarderiez-vous à le faire tomber ? Ces pensées sont des charbons de feu d'enfer.

Saint Ignace, fondateur de la Compagnie de Jésus, avait coutume de dire que le diable était semblable au serpent, qui glisse tout son corps où une fois il a passé la tête ; et le divin Pacôme rapportait que les démons avaient été obligés et forcés de lui avouer qu'ils craignaient beaucoup ceux qui résistaient de prime abord à leurs tentations, et dont ils étaient aussitôt repoussés avec vigueur ; mais quils se jouaient des autres qui y étaient négligents.

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE IV

Des tentations contre la pureté


Cependant il faut dire avec sainte Thérèse, en la 2ème demeure du Château intérieur, que Notre Seigneur permet souvent que de mauvaises pensées nous affligent, sans les pouvoir chasser nous ; pour lors on ne doit ni s'attrister ni s'inquiéter. Il suffit que la volonté n'y soit pas. Il faut recourir à la prière, à la dévotion de la Vierge des vierges, et spécialement au mystère de son immaculée conception, dont on voit arriver des secours miraculeux.

Il est bon de bénir et louer saint Joachim et sainte Anne, en leur disant que la très sainte Vierge leur bienheureuse fille est sortie d'eux sans aucune tache originelle. Une âme d'une vertu admirable se sentait extraordinairement assistée des tentations horribles contre la pureté, qui lui étaient causées par les magiciens et sorciers, en honorant la sainte Vierge et ses glorieux parents en cette manière.
« L'aiguillon de la chair, messager de Satan, piquait rudement saint Paul, pour le faire précipiter au péché. Le pauvre apôtre souffrait cela comme une injure honteuse et infâme : c'est pourquoi il l'appelait un soufflettement et un bafouement, et priait Dieu qu'il lui plût de l'en délivrer.

Mais Dieu répondit : Ô Paul, ma grâce te suffit, et la force se perfectionne dans l'infirmité. (II Cor. XII, 9). À quoi ce grand saint acquiesça : Donc, dit-il, volontiers je me glorifierai dans mes infirmités, afin que la vertu de Jésus-Christ habite en moi. » (Ibid., 10) Remarquez que non seulement nous ne devons pas nous inquiéter en nos tentations, mais nous glorifier d'être infirmes, afin que la vertu divine paraisse, nous soutenant en notre faiblesse.

CHAPITRE V

Des doutes et scrupules


Toutes les peines, même les plus méchantes, ne nous peuvent rendre coupables, tandis qu'elles nous déplaisent, non plus que notre entendement ne s'infecte pas par la connaissance qu'il a des plus grands maux du monde. Voyez-vous, dit l'illustre évoque de Bellay, en sa Lutte spirituelle, une glace de miroir ? Elle représente naïvement la chose qui lui est opposée, mais cette chose n'est pas dans la glace ; il en est ainsi de notre coeur.

C'est une glace où le diable peut par ses artifices représenter tout ce qu'il y a de plus hideux, de plus infâme, de plus abominable dans l'enfer ; mais il n'y a que la seule volonté qui puisse ouvrir la porte, et y faire entrer ces exécrations. Que le diable fasse donc tant de grimaces qu'il voudra, qu'il forme devant votre coeur les images les plus sales, qu'il profère aux oreilles de votre intérieur tous les blasphèmes et impiétés les plus détestables qui se puissent imaginer, toutes ces choses ne vous peuvent rendre coupables.

Quand même ces tentations dureraient toute notre vie, dit notre bienheureux P. saint François de Sales, elles ne sauraient nous souiller d'aucun péché. Vous direz que vous ne redoutez que votre sentiment et moi je tiens avec toute la théologie, bien plus assurée que vos appréhensions, qu'il est autant possible de joindre le douter et le consentir, que le certain avec l'incertain ; parce que le consentement présuppose un acquiescement de l'âme si plein, et une détermination si absolue, qu'elle ne laisse après soi aucun doute. La marque la plus expresse de ne pas consentir est quand on doute de consentir.

Je ne voudrais mettre le péché capital que dans une détermination de la volonté qui ne laissât après soi aucun doute de la malice. Oui ; mais, répliquerez-vous, tant de tentations et de croix qu'il vous plaira, pourvu que je n'offense point Dieu. Mais est-il possible que vous ne voyiez pas que c'est la peine que vous fuyez. Et c'est là que l'amour-propre joue son rôle et vous donne subtilement le change. Humiliez-vous devant Dieu, et reconnaissez qu'il sait mieux ce qu'il vous faut que vous-même. Jusqu'ici ce sont les paroles de ce grand évêque.

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE V

Des doutes et scrupules


Les scrupuleux sont très sujets à ces doutes, dont les scrupules, selon Grenade, viennent, ou de ce qu'ils ne peuvent pas faire la différence entre la pensée et le consentement de la volonté ; et à cela l'unique remède est l'obéissance, s'en rapportant au jugement du directeur ; ou de ce que les hommes ne comprennent pas assez la bonté de Dieu, et le désir extrême qu'il a de les sauver.

Ils le traitent comme un juge rigoureux et bizarre, et ils sont infiniment injurieux à la bonté de Dieu, étant entièrement éloignés des sentiments qu'ils en doivent avoir.

Ce sont les propres paroles de cet auteur. Pour lors il faut, selon le commandement du Saint-Esprit, prendre des sentiments de bonté du Dieu de toute Miséricorde, et le chercher en simplicité de coeur. (Sap. I, 1) Il est vrai que les scrupuleux ont des pensées de la conduite de Dieu, qu'ils ne pourraient pas prendre d'un honnête homme sans l'offenser.

Il leur semble que Dieu ne veille que sur leur perte. Oh ! Que ces Miséricordes sont bien plus grandes que nous ne pouvons jamais penser !

Les scrupules viennent quelquefois d'une humeur mélancolique ; et en cet état on a besoin de récréations honnêtes et du secours de la médecine, ou de la qualité de l'esprit ; et en ce cas il est assez difficile d'y remédier ; cependant l'assujettissement du jugement y fera beaucoup.

Les scrupules viennent aussi de la lecture des livres de théologie, et spécialement des matières de la prédestination, de la grâce, ou d'autres sujets qui ne sont ni propres ni nécessaires à ceux qui s'en occupent, soit par la lecture, soit par l'entretien, comme aux femmes ou aux hommes qui ne sont pas obligés par leur état d'étudier ces matières.

Pour lors il n'y a point d'autre voie que de renoncer absolument à ces lectures, se défaire des livres que l'on en a, quitter les entretiens où l'on en parle, ne s'arrêter jamais volontairement aux raisonnements, ni aux pensées qui en arrivent, les éloignant doucement de son esprit, ou n'y pensant pas avec une entière vue, n'y donnant plus d'occasion ; autrement ces curiosités sont suivies d'étranges peines et malheurs ; et l'expérience fait voir que ces esprits, curieux ordinairement, ont toujours quelque peine, et ne sont jamais dans un parfait repos.

Les scrupules viennent encore par une conduite particulière de Dieu, pour purifier et humilier l'esprit. Dans cet état, le remède est la patience et la soumission aux ordres de Dieu.

Ils viennent aussi du démon, qui les donne pour abattre, pour décourager, pour rendre la dévotion insupportable ; et il faut lui résister.

Ils peuvent encore venir, ou être augmentés par les directeurs timides, peu résolus et expérimentés ; quand cela est, il faut nécessairement changer de confesseur, il n'y a point à cette rencontre à hésiter.

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CHAPITRE V

Des doutes et scrupules


On ne peut assez dire ici combien est grande la nécessité d'un directeur expérimenté dans ces voies : ceux qui n'ont que de la science, y peuvent nuire en plusieurs rencontres ; car il est nécessaire, outre ta connaissance générale que la science donne de la différence, de la pensée et du consentement de la volonté, de bien pénétrer ce qui se passe dans l'intérieur de la personne qui demande avis, non-seulement selon ce qu'on en peut apprendre d'elle-même, qui ordinairement pense faire les choses tout d'une autre manière qu'elle ne les fait ; mais encore par une longue expérience que l'on a dans ces états, qui en fait juger tout d'une autre façon que l'on ne pourrait jamais faire sans cette expérience.

Il faut avoir assez de lumières pour prévenir ces âmes affligées, pour entendre ce qu'elles ne peuvent expliquer, pour leur dire ce qu'elles ne disent pas, pour discerner leurs opérations intérieures où elles ne voient goutte, pour avoir des clartés au milieu de toutes les ténèbres, pour les assurer où ne font que craindre pour les tenir fermes où elles ne font que douter et trembler.

Enfin, il faut un directeur plein d'une charité extraordinaire pour supporter doucement les scrupules de ces personnes, qui quelquefois sont ridicules, sans raison, sans fondement, ou bien qui sont honteux par les pensées extravagantes qu'ils suggèrent, ou rebutants par leur opiniâtreté, qui est le défaut ordinaire. Tout cela demande une charité extraordinaire.

Il y a des âmes, dit sainte Thérèse, qui sont assez affligées, sans les affliger davantage ; autrement on leur ferme le cur, on les met dans un abattement extrême, on les décourage ; et quelquefois ces rebuts et sévérités les tentent de désespoir.

Saint Ignace, qui a été rudement éprouvé par les scrupules, fut tenté un jour de se précipiter du haut d'une maison en bas, tant la peine qui le pressait était grande.

Combien de fois a-t-il été tenté de quitter les voies de la perfection, le démon lui suggérant de retourner à une vie commune, qu'il lui faisait paraître n'être pas sujette à toutes ces épreuves !

On a vu des plus forts esprits, de grands théologiens, qui donnaient solution de toutes choses, tomber dans les scrupules. J'en ai connu qui étaient doués d'un grand jugement, qui ne manquaient pas de lumières ni de doctrine, qui en étaient travaillés d'une manière que l'on aurait de la peine à croire, leurs scrupules étant des choses de rien et de pures bagatelles.

Mais celui qui n'est pas tenté, que sait-il ? Que les esprits les plus assurés sachent que si Dieu les abandonnait le moins du monde à ces tentations, ils seraient souvent plus ridicules que ceux qu'ils ont peine à supporter.

Cependant la charité doit être accompagnée d'une certaine fermeté pour les empêcher de donner de nouvelles occasions à leurs scrupules, ne leur souffrant pas, par exemple, de réitérer leurs confessions et choses semblables dont nous allons parler.

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CHAPITRE V

Des doutes et scrupules


Premièrement, les confessions générales ne leur sont nullement propres, quand ils en ont fait une fois. Ils pensent que leur répétition les tirera de leurs peines, et ils se trompent bien. Saint François Xavier disait que ces confessions, au lieu d'un scrupule qu'elles avaient, en faisaient dix.

Aussi il n'y a pas de bénédiction ; la véritable cause qui pousse à en faire nétant que l'amour-propre et la propre satisfaction, quoique de beaux prétextes de conscience ne manquent pas. C'est donc déplaire à Dieu dans cet état, de réitérer les confessions générales ; et les directeurs les doivent empêcher.

Les confessions même annuelles ne leur sont pas utiles. Il faut leur défendre d'aller deux fois à confesse avant que de communier ; car ils sont tentés plusieurs fois d'y retourner, s'imaginant ne s'en être jamais bien acquittés. On leur doit dire qu'ils n'y retournent pas, même quand ils penseraient avoir oublié quelque péché : il leur suffit de le dire à la première confession qu'ils feront. Le directeur doit tenir ferme à les faire communier quand il le juge à propos, les faisant passer par-dessus les difficultés que leur imagination leur suggère.

Secondement, c'est une grande règle pour ces personnes de laisser là tous leurs péchés dont elles doutent ; car, quoique celles qui sont dans une grande liberté d'esprit doivent s'en accuser, cependant celles-ci ne le doivent pas, n'y en ayant pas d'obligation pour elles.

Cette règle étant bien gardée, les confessions de ces personnes, qui seraient d'une longueur ennuyeuse, seront bientôt faites, car à peine s'accusent-elles d'un péché dont elles seraient entièrement certaines. Ce n'est pas une bonne raison de dire que l'on s'en accuse pour plus grande sûreté ; car Dieu ne les ayant pas obligées, et d'autre part cela nétant convenable à leur état, ce n'est qu'amour-propre que tout cela.

Il faut prendre garde que ces personnes sopiniâtrent à dire leurs tentations, quand elles voient qu'on les empêche de s'accuser de ce qui est douteux ; s'imaginant facilement avoir donné un plein consentement au péché : c'est pourquoi les Pères spirituels disent qu'on ne doit ni les croire, ni leur permettre de se confesser de leurs tentations, à moins qu'elles ne soient si certaines d'y avoir consenti avec une parfaite liberté quelles en puissent jurer sur les saints Évangiles.

Elles doivent éviter les longs examens de conscience où elles excèdent toujours : leur état en demande très peu, et elles n'ont que trop de vues de leurs fautes. Qu'elles se souviennent que la confession n'est pas établie pour gêner les consciences, comme le disent les hérétiques, mais pour les soulager ; que Dieu ne demande de nous autre chose, sinon de nous confesser à la bonne foi de ce qu'il nous souvient, après un examen raisonnable, sans rien celer volontairement ; que Dieu pardonne aussi bien les péchés qu'on oublie que ceux dont on s'accuse ; autrement ceux qui ont défaut de mémoire seraient obligés à l'impossible.

Au reste, on doit se tenir en repos sur l'avis d'un sage confesseur ; car, quand bien même il se tromperait, la personne qui obéit est en sureté de conscience. Ainsi, par exemple, celui qui douterait de la validité d'une confession générale, ou d'autres confessions, si le sage confesseur juge qu'elles ont été bien faites, il doit s'en arrêter à l'avis qu'on lui donne ; et quand le confesseur se serait absolument trompé, et qu'il y aurait eu de véritables défauts dans ces confessions, celui qui obéit n'en répondrait pas devant Dieu, et ne lui serait pas moins agréable.

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CHAPITRE V

Des doutes et scrupules


En troisième lieu donc, surtout il faut éviter l'attache au propre jugement, renoncer à ses pensées, et ne se pas conduire par ses sentiments. Nous ne devons pas choisir des remèdes à nous-mêmes ; car c'est ce qu'on ne laisse jamais à la disposition des malades.

Les médecins mêmes, quand, ils sont indisposés, en consultent d'autres : les habiles avocats demandent avis dans leur propre cause. La soumission d'esprit est absolument nécessaire, et on gagne plus par une simple soumission que par mille instructions que l'on pourrait prendre, et que par toutes les austérités et autres dévotions que l'on pourrait pratiquer.

Saint Ignace, comme nous l'avons dit, étant réduit dans d'étranges angoisses par les scrupules, jeûna durant huit jours tout entiers sans rien prendre, pour fléchir la Miséricorde Divine, et en obtenir la délivrance, mais tout cela inutilement ; une simple soumission à son confesseur le délivra de ses peines.

Dieu demande l'assujettissement de l'entendement ; l'on a beau faire, sans cela l'on travaille en vain. Pour les pensées qui viennent de ce que l'on ne s'explique pas bien, que le confesseur ne nous entend point, qu'il ne connait pas notre état, elles doivent être méprisées comme de subtiles inventions de l'amour-propre. Il faut dire sincèrement ce qui se passe dans son intérieur, et en la manière qu'on le peut dire, on n'est pas obligé à davantage. C'est l'affaire du confesseur d'examiner s'il entend bien les choses, et la nôtre est d'obéir avec fidélité.

Enfin il faut aller généreusement contre les scrupules. S'ils veulent qu'on répète l'office, les prières ordonnées par pénitence, qu'on entende de nouveau la messe les jours d'obligation après y avoir assisté, s'imaginant que l'on n'a pas satisfait au précepte, on n'en doit rien faire.

S'ils donnent des pensées que l'on commet des sacrilèges dans l'usage des sacrements de certaines choses ; l'on doit passer outre, pratiquant avec courage toutes ces choses, quelque répugnance, difficultés et craintes que l'on en puisse avoir.

Si l'on objecte que c'est un crime de faire une action, quoique bonne, avec une conscience erronée, croyant qu'il y a péché ; je réponds qu'il est vrai que la conscience qui dicte qu'il y a péché dans l'action n'a point de fondement de croire le contraire : mais ici il n'en va pas de même, puisque le sage directeur assure qu'il n'y a point de péché où la personne peinée en croit.

C'est pourquoi, non-seulement elle ne fait point de mal d'aller contre son jugement, mais encore c'est un grand point de perfection qu'elle pratique. Un prêtre étant fortement tenté de désespoir, parce qu'il pensait commettre autant de sacrilèges quil célébrait de fois le très saint sacrifice de la messe, se persuadant de plus qu'il péchait dans toutes ses actions, la divine Providence lui adressa un saint personnage, et d'une grande expérience, qui lui dit :

Allez, Monsieur, passez par-dessus tous ces sacrilèges que vous vous imaginez, faites toutes ces actions que vos scrupules vous disent être de grands péchés, et qui, selon la lumière véritable des personnes sages, ne le sont pas.

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CHAPITRE V

Des doutes et scrupules


Il obéit simplement, malgré tous ses sentiments ; et par cette obéissance il fut entièrement délivré de ses peines. J'ai connu une personne qui avait fait plusieurs confessions générales pour remédier à quelques-unes qui étaient invalides, mais enfin sans trouver le repos de conscience qu'elle cherchait par la réitération de ses confessions, dont, à la vérité, la première était nécessaire.

Après tout cela, elle voulut tout de nouveau se préparer à une confession générale, avec des attentions extraordinaires : ce qu'elle fit durant un très long temps, l'ayant écrite bien amplement avec un soin merveilleux.

Ensuite elle se confessa à loisir dans une chapelle particulière, pour le faire avec plus d'attention ; et l'ayant fait après toutes ces diligences et ces soins, elle se trouva dans le trouble plus que jamais, d'où elle n'a pu sortir que par une soumission de son esprit au jugement des confesseurs, qui lui ont conseillé de ne plus faire de ces confessions générales, quoique selon sa pensée sa dernière eût encore été invalide.

Elle est entrée par cette soumission dans une paix admirable ; mais ce n'a pas été sans combat qu'il lui a fallu donner pour ne plus réitérer ses confessions, croyant, selon son jugement, ne les avoir pas bien faites. Dieu lui a donné cette paix pour récompense de son obéissance. Sans cette soumission elle serait encore dans la peine, avec tous ses soins et le travail de son esprit.

CHAPITRE VI

Des peines causées par le démon


Il y a des tentations ordinaires et extraordinaires des démons. Leurs tentations ordinaires sont quand ils tentent par le monde, ou les sensualités de la chair. Ces esprits malheureux se servent des biens de fortune, de nature, comme des richesses, honneurs, charges, beauté du corps, du bel esprit, de la belle humeur, pour donner de l'attache aux créatures, et porter au péché ; et les hommes, par une ingratitude qui surpasse toute pensée, au lieu de se servir des dons de Dieu pour l'en bénir et le louer, en abusent misérablement ; de sorte que plus ils sont gratifiés, plus ils en sont ingrats.

Par exemple, si une personne est douée d'une beauté extraordinaire, souvent elle en sera plus attachée à elle-même, et servira d'un plus grand obstacle aux autres dans les voies du salut. De plus, les malins esprits tentent par les biens de la grâce, soit en glissant de la corruption dans l'intention de ceux qui les ont, soit en y mêlant de la superbe et de l'orgueil. Orgueil, vice plus commun que l'on ne pense, et d'autant plus dangereux qu'il est caché, qu'il a fait tomber les colonnes de la vie spirituelle, et ruiné dans un moment des trésors immenses des dons du ciel.

Les démons tentent extraordinairement quand ils demandent à Dieu permission d'attaquer l'âme avec des assauts extraordinaires ; permission que Dieu tout bon ne leur accorde point, sans donner en même temps des grâces particulières pour résister.

Car, enfin, c'est une vérité de foi, toute pleine de consolation, que Dieu est fidèle, et qu'il ne permet pas que nous soyons tentés au-dessus ce nos forces ; c'est pourquoi c'est toujours notre faute si nous succombons. Un démon disait un jour à saint Pacôme que si Dieu leur permettait de tenter les personnes d'une vertu commune, comme celles qui sont dans la pratique héroïque, elles ne pourraient résister à leurs efforts ; mais c'est ce que l'infinie Miséricorde de Dieu ne leur accorde pas.

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CHAPITRE VI

Des peines causées par le démon


S'ils livrent aux saints des combats qui sont terribles, la force divine dont ils sont revêtus est admirable. Il est vrai que c'est à ces âmes éminentes qu'ils en veulent, que c'est contre elles qu'ils déchargent leur rage d'une manière effroyable.

La raison est qu'ils y voient moins de nature et plus de grâces ; ils y voient plus de Dieu et c'est ce qui les désespère. Ils se mettent peu en peine du reste ; de là vient qu'ils craignent peu les directeurs, les prédicateurs , quoique gens de bien, quand ils tiennent encore à la nature par lestime de l'esprit, des biens, des honneurs de l'éclat, de la réputation, et ils ne leur font pas de grandes persécutions :

mais quand un homme, par l'amour du mépris, de la pauvreté, de la douceur, et par un entier détachement, n'est plus rempli que de Dieu, tout l'enfer tremble. Oh ! qu'une personne où il n'y a que Dieu seul est redoutable aux troupes infernales, quand bien même elle serait dans un désert sans s'employer à aucune fonction extérieure !

Voilà le sujet de tous ces combats de l'enfer contre les anciens solitaires, qui, à la vérité, ont été étranges et terribles, et presque continuels. Voilà le sujet des oppositions qu'ils apportent aux âmes d'oraison, parce que c'est l'un des plus assurés et des plus efficaces moyens de se remplir de Dieu seul. Tout l'enfer s'assemble, dit sainte Thérèse, dans la 5e demeure du Château intérieur, pour empêcher l'oraison. Il sait le tort qu'il lui en arrive.

Remarquez que cette grande sainte ne dit pas seulement que des légions de diables, ou mille et mille légions, conspirent pour empêcher ce saint exercice, mais tous les diables ensemble, marque assez évidente de la très grande gloire qui en revient â Dieu, et des biens extrêmes qui en viennent aux âmes.

Sainte Catherine dit encore au chap. 8 de sa Vie, qu'elle ne comprend pas ce qui fait craindre ceux qui veulent s'adonner à l'oraison ; mais que c'est le diable qui donne ces peurs. Et dans un autre lieu elle dit, qu'il les donne quelquefois excessives.

Que ceux qui ont tant de peur des voies de l'oraison, fissent réflexions sur ces vérités, particulièrement ces gens qui n'en peuvent souffrir ce qu'il y a de plus éminent et parfait, sous prétexte des abus qui s'y peuvent glisser, et qui rejettent même des communautés les personnes qui ont plus d'entrée dans les voies divines, coopérant de la sorte, sans y penser, aux desseins des démons.

Chose étrange, dit encore notre sainte : si une personne d'oraison tombe, l'on crie, l'on s'en étonne ; et l'on ne crie et ne s'étonne pas de cent mille qui périssent par faute de s'adonner à ce saint exercice, Le diable tâche d'en détourner par l'exemple de ceux à qui la pratique de l'oraison semble n'avoir pas réussi, et pour cela il s'efforce, ou de faire tomber dans l'illusion quelque personne d'éclat, ou de noircir la réputation de ceux qui en ont le véritable esprit.

Or, c'est en cette rencontre qu'il joue de son reste, donnant les inquiétudes et des peines pour troubler, dégoûter , faire quitter, ou au moins diminuer le temps de cet exercice divin.

Quelquefois il en cause des horreurs et des répugnances très sensibles ; il en fait souffrir le corps, il épouvante :et quand il découvre qu'une âme est appelée à une oraison simple, et aux plus saints degrés de l'union divine, c'est pour lors qu'il travaille davantage pour arrêter cette âme dans le sensible, pour l'empêcher de sortir de ces actes ordinaires, pour la faire demeurer dans l'opération connue du discours et de ces puissances, pour susciter quelque directeur ignorant dans ces voies, qui l'en détourne, et qui lui en donne de la crainte ; car il sait bien, le malheureux qu'il est, les trésors précieux des grâces qui sont renfermés dans cet état surnaturel.

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE VI

Des peines causées par le démon


Les personnes d'oraison sont donc combattues par les démons d'une manière spéciale, parce que c'est le moyen qui unit plus à Dieu seul, et que c'est la plénitude de ce Dieu seul qui leur est redoutable.

Ceux qui en sont plus remplis, sont leurs plus grands ennemis, et ils en sont attaqués par toutes sortes de voies, et surtout par des persécutions qu'ils leur suscitent, en telle sorte que quelquefois, comme le dit sainte Thérèse ; ils semblent trainer tout le monde à demi aveuglé après eux, parce que le tout se passe sous prétexte d'un bon zèle.

Mais leurs persécutions sont plus furieuses contre ceux qui, étant pleins de Dieu, travaillent à la réforme des moeurs, et au rétablissement de la discipline, toute l'histoire des saints en est pleine d'exemples.

C'est une chose considérable que ne pouvant venir à bout des ouvriers de Jésus-Christ, par les persécutions qu'ils leur suscitent de la part des hommes, ils tâchent de les intimider par des bruits qu'ils font dans les lieux où ils sont, par des spectres qu'ils font paraître, par de grandes frayeurs qu'ils causent, par les obsessions ou possessions des personnes qu'ils gouvernent.

Cette manière de résistance par des obsessions ou possessions, est celle qui est la plus dangereuse, et qui leur réussit ordinairement le mieux ; soit parce que ceux qui travaillent à la réforme des moeurs, entrent dans la crainte des suites qui en peuvent arriver, ne regardant pas assez Dieu seul, et ainsi se relâchent de leurs desseins, ce qui est un très grand mal de céder de la sorte au démon ; soit parce que l'on ne fait l'usage de la grâce que l'on devrait.

J'ai une bonne expérience de ces dangereuses tentations des démons dans plusieurs lieux où l'on a voulu s'appliquer à établir les plus purs moyens de l'établissement des intérêts de Dieu seul.

À peine le grand serviteur de Dieu, le P. de Mataincourt, avait-il pris possession de sa cure, qu'un grand nombre de ses paroissiens furent possédés, les diables déchargeant leur rage comme ils pouvaient. Quand le démon ne peut faire autre chose, il afflige le corps.

Il a pris saint Ignace pour l'étrangler. Il a voulu étouffer la séraphique Thérèse ; et ils venaient à légion fondre sur elle pour la maltraiter. Que n'en a pas souffert son saint coadjuteur en sa réforme, cet homme de Dieu seul, le vénérable P. Jean de la Croix ?

Ils firent tomber un pan de muraille sur l'un des neveux de la sainte, qui en fut accablé ; ils renversèrent une autre muraille sur une soeur converse, qui en fut tuée.

Au couvent d'Alve, ils rompirent le pied à une autre religieuse, ils en enlevèrent une autre lorsqu'elle sortait du réfectoire, ces malheureux ne cessant de la battre :

mais Notre-Seigneur parut avec des verges de feu, pour les en châtier. Enfin on les a vus s'assembler pour conspirer contre cette sainte réforme du Carmel, n'oubliant rien pour s'y opposer.

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE VI

Des peines causées par le démon


Après tout cela, il faut avouer que leurs grandes tentations sont pour l'intérieur. La partie inférieure n'en est pas seulement accablée de peine, je dis la sensitive, mais encore la partie supérieure et raisonnable ; et pour ne pas parler de moi-même au sujet de ces sortes de peines, qui pourront étonner ceux qui les ignorent, ou les directeurs qui n'ont pas toute l'expérience qui serait à désirer, je rapporterai ce qu'en disent les maîtres de la vie intérieure, et particulièrement ce qu'un auteur savant et spirituel en a écrit.

La tentation, dit cet auteur, devient quelquefois si violente que l'âme se sent remplie de tout ce qui se fait dans les enfers.

Au dedans, elle a de l'aversion de Dieu, des supérieurs, des gens de bien ; elle est toute pleine de blasphème, et se sent si unie à ces objets, qu'il ne lui semble ne les devoir pas rejeter.

Au dehors, elle souffre des fantômes, et des visions horribles, quelquefois des coups, des maladies extraordinaires.

Quelquefois les démons forment des paroles articulées, et font prononcer des blasphèmes, comme si c'était l'âme qui les formât elle-même.

Quelquefois ils assoupissent toutes les puissances, ou offusquent tellement le sens commun, que la volonté n'a plus l'usage de la liberté.

Ils se mêlent dans les passions, les humeurs, les imaginations, et excitent des vices et des rages comme les damnés.

Si l'âme veut faire quelque exercice spirituel, elle est pleine d'abomination qu'elle ne peut ôter. Dans quelques états ils lient tellement l'âme qu'il lui semble qu'elle pèche à chaque moment ; et ils se cachent, afin qu'elle croie que c'est elle seule qui fait toutes ces choses. Ils lui mettent des impressions fortes qu'elle agit en tout cela librement, pour la porter entièrement au désespoir ; et on ne saurait presque lui persuader le contraire.

Elle ne s'aperçoit point du bien que Dieu fait en elle dans la suprême partie.

Elle ne voit rien qu'abominations et choses exécrables. Enfin il arrive à cette âme ce que dit sainte Thérèse, que le diable s'en joue comme d'une pelote.

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CHAPITRE VI

Des peines causées par le démon


Voilà en abrégé une partie des peines extraordinaires causées par les démons, qui tentent les hommes en tant de manières différentes qu'il n'est pas possible de les supporter.

Nous avons fait un chapitre de leurs différentes tentations, dans notre livre De la dévotion aux neuf churs des saints anges, dont nous n'avons pas le loisir de traiter ici. Nous dirons seulement qu'il n'y a artifice dont ils ne se servent, particulièrement envers ceux qui se donnent généreusement au service de Dieu.

Ils s'efforcent de leur rendre la dévotion insupportable par les peines qu'ils leur donnent, leur suggérant qu'on peut se sauver plus doucement dans une voie plus commune. Ils tentèrent de la sorte, comme il a été dit, saint Ignace : ils lui représentèrent qu'il n'est pas tant nécessaire de se mortifier ; et ce fut une tentation qu'ils livrèrent à saint François.

Ils poussent à faire du bien, à s'engager en des vocations où Dieu n'appelle pas : ils détournent des voies où l'on est appelé, sous prétexte de vertu.

Lorsqu'ils voient une âme toute résolue à servir Dieu sans réserve, ils travaillent à la pousser à bout, se mêlant dans les voies de Dieu, mais l'y faisant marcher avec trop de précipitation et d'empressement ; ou lui faisant faire des mortifications excessives qui ruinent la santé et la rendent inhabile aux fonctions de son état.

S'ils s'aperçoivent que l'on ait de l'inclination pour les choses extraordinaires, ils se transfigurent en anges de lumière ; ils prennent même la figure de Notre-Seigneur, de la très sainte Vierge et des saints pour jeter dans l'illusion ; et afin de mieux réussir dans leurs artifices, ils portent à quantité de bonnes choses, ils en disent de véritables qui sont cachées, ils en prédisent, par leur conjecture qui est prodigieuse, de certaines qui semblent ne pouvoir avoir été prédites que par l'esprit de Dieu ; et ce qui est fort à remarquer, ils prédisent, et cela même arrive aux astrologues quelquefois, des choses qui ne peuvent être sues que par révélation divine.

Dieu le permettant de la sorte pour une punition de ceux qui s'appuient sur ces choses extraordinaires. Nous avons la conduite de la foi qui ne peut nous tromper, et il faut s'y arrêter.

L'esprit humain ne peut pas concevoir la subtilité de ces esprits artificieux, qui, souvent parlant contre eux-mêmes, disent qu'il ne faut pas croire facilement aux visions des démons ; paraissent en anges de lumière, pour louer et approuver des personnes qui ont méprisé les illusions d'autres démons, afin de tromper plus facilement les âmes.

Quelquefois même, et les personnes qui prennent une bonne direction, et les directeurs, quoique très grands personnages, y sont pris.

Il y a eu de saintes personnes qui ont été fort souvent trompées par ces voies de visions et de révélations, dont on ne peut jamais se donner assez de garde.

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE VI

Des peines causées par le démon


Mais quel remède à toutes ces tentations ? Il nous faut veiller à ne pas aider aux démons par nos libertés, par nos conversations et nos immortifications. Nos attaches, dit sainte Thérèse, leur donnent prise ; nous leur donnons des armes pour nous combattre, qui sont nos honneurs, nos plaisirs, nos richesses.

Hélas ! Plusieurs saints personnages fuyant toutes ces choses, n'ont pas laissé d'être vaincus. Que pensons-nous faire, nous qui sommes si éloignés de leurs forces et qui ne sommes remplis que de faiblesses et de misère ?

Le grand saint Antoine recommandait beaucoup les jeûnes, les sacrées veilles, l'oraison et surtout un fervent amour envers Notre-Seigneur Jésus-Christ, pour triompher des malins esprits. Notre Maître disait qu'il y en a qui ne se chassent que par le jeûne et l'oraison. (Matth. XVII, 20) La dévotion à la très sainte Vierge et aux saints anges a des effets miraculeux contre toutes leurs attaques.

Pour les personnes tentées par des peines extraordinaires, comme sont celles que nous avons rapportées, elles ont besoin d'une patience merveilleuse, à raison des grands travaux qu'elles souffrent.

Elles doivent s'efforcer de ne se pas laisser aller à leurs humeurs en se renfermant mal à propos en elles-mêmes, et s'appliquant à leur peine, et faire, si l'on peut, que rien ne paraisse à l'extérieur ; je dis si l'on peut s'étudier à ne point envisager ses souffrances, leur attention fait que l'on s'y enfonce davantage. Cela se doit entendre d'une d'attention volontaire.

Autant qu'il est possible éviter tout retour et réflexion. S'abandonner à la divine conduite par acceptation, sans réserve, de toutes sortes de croix, sans autre vue que celle-là seule, Dieu mérite d'être servi, quand on devrait porter les peines de l'enfer.

Une âme fort affligée des démons, disait : Si vous m'épargnez le moindre coup que Dieu veut que vous me donniez, que sa colère tombe sur vous et augmente vos peines. Pour cela il en faut venir à la sainte haine de soi-même, ne se souciant pas non plus de soi, que si l'on n'était pas. Il ne faut désirer voir que ce que Dieu montre, ni être que ce que Dieu fait être.

La fidélité est grandement nécessaire dans ces états, le moindre relâchement volontaire donne de grandes forces aux démons, et l'on expérimente de grandes peines à faire le bien pour la moindre infidélité commise.

Surtout l'on a besoin d'une profonde humilité, qui fait enrager les diables, s'humiliant même au-dessous d'eux comme sous les instruments de la divine justice et se persuadant fortement que l'on mérite bien d'autres tourments que tous ceux que l'on souffre ; ce qui est très véritable.

Une tentation qui arrive ordinairement aux personnes peinées, est de vouloir se mettre en repos et de songer aux moyens d'y réussir ; mais cela ne sert qu'à augmenter leurs souffrances. Dieu demande un parfait abandon de l'âme à tous ses desseins sans aucune exception ni réserve.

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CHAPITRE VI

Des peines causées par le démon


Au reste, si le directeur expérimenté est nécessaire en toutes sortes de voies, dans cet état on en a un besoin extrême ; comme c'est l'un des états des plus grandes souffrances que l'on puisse porter en ce monde, il est très nécessaire d'y être grandement assisté, quoiqu'il soit bien rare de rencontrer des personnes qui y soient propres.

Il faut que ce soient des gens fort éclairés, autrement ils prendront les opérations du démon pour celles des personnes affligées ; ce qui serait capable de les désespérer.

Car si ces personnes agissaient d'elles-mêmes avec leur pleine liberté, elles seraient les plus impies et les plus abominables du monde : ce qui est bien éloigné de ces pauvres âmes qui sont à Dieu et qui l'aiment, quoiqu'elles ne le voient pas ;

ce que l'on peut remarquer dans de certains petits moments d'intervalle où elles sont en liberté, car pour lors nous les voyons en peine de l'offense de Dieu, avec foi et désir de le servir.

Une des marques qu'elles ne sont pas libres, est l'aversion furieuse qu'elles ont quelquefois des personnes qui travaillent à leur salut, ou qui sont gens de bien, contre lesquelles, en de certaines occasions, elles vomissent mille injures et mille imprécations, puisqu'il est certain que dans leur fond elles les honorent ; ce qu'elles reconnaissent fort bien, quand les démons leur donnent le moindre relâche.

L'on doit raisonner de la même sorte, touchant ce qui se passe en elles contre Dieu. J'ai connu des personnes qui ont été bien des années dans ces sortes de souffrances, dans lesquelles on avait peine à remarquer aucun péché volontaire, à cause qu'elles n'avaient pas ordinairement l'usage de leur liberté.

Cependant comme elles pensent l'avoir, et que les démons mêmes font ce qu'ils peuvent pour le leur faire croire, elles soutiennent opiniâtrement qu'elles se laissent aller avec une entière détermination de la volonté à toutes les abominations qui leur viennent.

C'est pourquoi le directeur doit être fort éclairé, et l'on rapporte du P. Coton, de la Compagnie de Jésus, qu'il rencontra un jour une femme possédée, dont ayant examiné l'état, il découvrit pleinement qu'elle ne péchait en aucune manière dans tous les assauts que lui livraient les diables ; quoique la plupart de ceux qui l'avaient vue auparavant eussent jugé qu'elle y consentait librement.

Il faut aussi veiller à prendre son temps pour leur donner l'absolution sacramentelle, ce que les démons craignent extrêmement, et il leur faut faire produire quelque acte de douleur en un moment, parce que les diables s'en apercevant leur ôtent aussitôt leur liberté ; ce qui arrive souvent, ces personnes criant qu'elles ne veulent pas l'absolution ; dont il se faut mettre peu en peine, ces cris venant de l'opération des malins esprits.

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Il est encore nécessaire d'une charité cordiale, d'une longue patience, d'une grande douceur pour soutenir, fortifier et consoler ces âmes. Notre-Seigneur, tout Dieu qu'il était, ayant bien voulu permettre au diable de le prendre, de l'emporter, de le tenir entre ses bras, d'en faire ce qu'il voulait, le montant et le laissant aller en plusieurs lieux ; il n'y a pas à s'étonner s'il lui permet d'agir sur les fidèles qui doivent avoir une dévotion spéciale au mystère de la tentation de ce débonnaire Sauveur.

Il y a eu des saints qui ont été possédés quelques jours auparavant leur mort. Si cet état est l'un des plus humiliants et des plus pénibles, il est aussi l'un des plus grands pour arriver à une haute sainteté. Si les personnes qui en sont affligées endurent pour leurs fautes, qu'elles ne laissent pas de se consoler, c'est une marque de leur salut. Dieu qui les châtie par les démons en cette vie les délivrera Miséricordieusement de leur tyrannie en l'autre.

Oh! Quelle grâce, quelle Miséricorde, quelle consolation, de voir des peines infinies et éternelles changées en des souffrances qui passeront sitôt ! Qu'elles regardent Dieu dans leurs tourments, étant assurées que les démons ne peuvent rien faire sans sa permission ; ce qui est bien facile à remarquer dans l'Écriture, qui nous enseigne que le diable ne put tenter Job sans une permission spéciale.

Cela étant de la sorte, encore une fois, quelle consolation ! Assurons-nous que ce Père des miséricordes ne permet point que nous soyons affligés de la sorte, que ce ne soit pour notre plus grand bien ; mais nous ne le voyons pas, il nous parait tout le contraire :

il suffit que cela soit aux yeux de Dieu, et cela nous doit contenter pleinement. Il faut donc se tenir dans une grande patience, ne pas contester avec nos pensées, mais les laisser là, faisant garder le silence à notre esprit, de telle sorte même que le diable ne sache pas ce qui se passe en nous, nous retirant dans le centre de l'âme. Oh ! Quel fruit l'on doit tirer de cette conduite, si l'on en fait un bon usage !

Enfin, il faut avoir un grand courage ; je ne dis pas le sentir, car dans le sentiment, ce ne sont qu'abattements et désespoirs. Sainte Thérèse dit que, comme elle considérait qui les démons étaient les esclaves du Seigneur qu'elle servait, elle disait :

Pourquoi n'aurai-je pas la force de combattre tout l'enfer ? Elle assurait de plus qu'elle ne craignait pas ces mots, diable, diable, où l'on peut dire Dieu, Dieu, et qu'elle craignait plus ces personnes qui ont tant de peur des démons, comme de certains confesseurs. Aussi Notre-Seigneur lui dit : Qui craignez-vous ? Ne suis-je pas tout-puissant ?

Ces paroles, s'écrie la sainte, sont capables de faire entreprendre de grands travaux. Et de vrai, ayant un si grand roi qui peut tout, quel sujet avons- nous de craindre ? Le diable, selon le témoignage de saint Antoine, s'enfuit des esprits résolus ; ce qui est conforme à l'Écriture qui dit : Résistez au diable, et il s'enfuira de vous. Le mépris que l'on en fait les arrête et diminue leurs forces.

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CHAPITRE VI

Des peines causées par le démon


Il est toujours bien certain qu'ils ne peuvent pas opérer dans le franc arbitre, qui demeure toujours libre, quoique, comme il a été dit, ils puissent quelquefois en empêcher l'usage.

C'est pourquoi tous les magiciens et sorciers ne peuvent jamais, par leurs maléfices, nécessiter la volonté au péché. Il est vrai que les maléfices y donnent une pente extraordinaire et causent des tentations véhémentes ; ce qui fait que la plupart des hommes s'y laissent aller, parce qu'il y en a peu qui soient fidèles à la grâce dans la mortification de leurs passions, spécialement quand elles pressent fortement.

Cependant il n'y a point de tentation, telle qu'elle puisse être, quand tous les diables ensemble et tous leurs suppôts auraient conspiré pour y faire succomber, dont l'on ne puisse triompher avec le secours de Notre-Seigneur.

Le mal est que l'on na pas assez de recours aux moyens divins qu'il nous donne, aux sacrements, à la pénitence, aux jeûnes, à l'oraison et autres exercices de vertus, et que l'on ne veille pas assez à dompter ses inclinations,

Combien de fois les magiciens ont-ils fait tous leurs efforts pour porter au consentement du péché certaines personnes, dont ils n'avaient jamais pu venir à bout ! Nous en avons un illustre exemple en la personne de sainte Justine, martyre.

Or, entre tous les moyens les plus efficaces contre les assauts des démons, l'usage du sacrement de l'Eucharistie est le plus puissant remède. Les obsédés, dit le P. Surin, de la Compagnie de Jésus, dans le Catéchisme spirituel, sont aidés des reliques, et surtout de la très sainte Eucharistie, qui est le renfort dans tous les maux surnaturels et même naturels.

La rage que les diables marquent, quand les possédés communient, les tourments qu'ils leur font souffrir le jour de la sainte communion, sont de grands signes du mal qui leur en arrive et des grands biens que les âmes en reçoivent.

L'expérience même fait voir que, pour empêcher ce divin remède, ils laissent en repos ceux qu'ils tourmentent durant quelque temps, quand ils se retirent de la sainte communion ; tâchant de les tromper de la sorte par cette fausse douceur.

C'est à quoi les directeurs doivent prendre garde, ne privant pas ces pauvres âmes de cette nourriture divine qui est Dieu même, et ayant recours à sa divine Miséricorde pour leur soutien, allant en des lieux de dévotion pour elles, jeûnant, priant, faisant même pénitence pour les désordres que le démon leur fait faire, quoiqu'elles n'en soient pas coupables, s'humiliant devant Dieu pour la superbe de ces esprits orgueilleux, et s'étudiant à ne leur donner aucune prise par l'imperfection, et le péché.

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CHAPITRE VI

Des peines causées par le démon


Je finirai ce chapitre par une remarque que j'ai faite en des personnes possédées ou obsédées ; c'est qu'il est presque impossible de les faire communier, quand on les a laissées un long temps dans la privation de ce sacrement d'amour. Les démons se servent de cette privation pour se fortifier de telle manière qu'il est très difficile d'en venir à bout.

CHAPITRE VII

Des peines surnaturelles


Toutes les peines qui viennent des hommes et des diables ne sont point comparables à celles que l'on reçoit immédiatement de Dieu. Il est facile de supporter toutes les contradictions des hommes et tous les combats de l'enfer, quand on est soutenu sensiblement, ou avec douceur, dans l'intérieur ; mais quand il plait à Dieu de nous affliger lui-même, il n'y a rien de plus terrible.

Job, l'homme du monde qui a souffert avec le plus de patience, s'écrie et conjure ses amis d'avoir pitié de lui, quand il est touché de la main de Dieu ; et notre débonnaire Sauveur témoigne à haute voix et publiquement sa douleur, dans le délaissement de son Père éternel.

C'est pourquoi les âmes qui souffrent des peines surnaturelles sont dignes de compassion, et d'autant plus que souvent toutes les croix étant au dedans ne paraissent pas aux yeux des hommes, et que la plupart ne peuvent pas même les entendre.

Il y en a au contraire d'autres, et j'en connais dont les croix extérieures sont grandes et font peur ; et cependant elles souffrent très peu, à raison de la douceur intérieure qui leur est donnée.

Quand on souffre des créatures, l'on peut recevoir du soulagement du Créateur, et souvent on est soutenu sensiblement ; mais quand c'est lui-même qui nous afflige, où pourra-t-on prendre la consolation ? Cette croix est épouvantable. Je suis bien aise, dans ces matières, de ne point parler de moi-même. Voici ce que dit de ces peines le P. Simon du Bourg, religieux capucin :

L'âme se sent toute plongée dans la nature corrompue, par le ressentiment vif de ses passions, de dégoût de Dieu, d'ennui dans les choses spirituelles. L'ange de Satan lui est donné, qui la tourmente de choses impures, d'infidélité, de blasphèmes, avec tant de violence que quelquefois, il semble qu'elle les profère ; et effectivement cela arrive à quelques personnes. Elle est dans la tristesse, dans les ténèbres, dans les scrupules. Elle croit qu'elle consent aux tentations, et qu'elle est perdue.

Elle ne croit pas à ses confesseurs ; et comme c'est Dieu qui la tient surnaturellement dans ces peines, elle n'en peut sortir, jusqu'à ce qu'il lui plaise. Il y a des directeurs qui la tourmentent, faute d'expérience ; car, qui n'a pas été tenté, que sait-il ? Ils ne veulent plus se mêler d'elle ; ils la jugent faible d'esprit et mélancolique. Envie lui prend de quitter l'oraison, où elle ne trouve plus que peine.

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CHAPITRE VII

Des peines surnaturelles


La nature inférieure ainsi purifiée, il faut que l'esprit le soit par la soustraction de ces actes quil produisait en la première purgation ; ce n'est pas assez que ces actes soient ôtés, si l'on tonnait encore que l'on aime, que l'on ressent cet amour. Dieu ôte cette vue et ce sentiment.

Il veut que nous ne nous voyions plus nous-mêmes, comme si nous n'étions pas. Il prive, non-seulement des actes reflexes, comme en la première purgation, mais de plusieurs actes directs, et ne lui laisse plus qu'une soumission à sa divine volonté ; soumission qui n'est pas active, mais passive, qui n'est pas ressentie, mais démentie.

Dans la première purgation, elle a quelquefois des actes ressentis, des résistances sensibles contre les tentations : dans cette seconde, elle résiste sans sentiment elle opère virtuellement, sans connaissance ni satisfaction. Que si elle s'efforce de s'élever vers Dieu, elle sent un poids d'une pesanteur insupportable, qui tombe sur son entendement et sur sa volonté : il lui semble que tout ce qui s'est passé en elle, n'est que fiction et tromperie.

C'est ainsi que la partie sensitive est purgée par tous ces divers travaux, comme aussi par maladie, perte de biens, et autres sortes de peines. C'est ainsi que la partie intellective l'est, comme aussi par les tentations contre la foi, de réprobation et de désespoir. C'est de la sorte que la volonté l'est, et par d'autres angoisses étrangères. Jusqu'ici sont les paroles de cet auteur.

Mais écoulons la grande maitresse des voies intérieures, la séraphique Thérèse. Elle dit, au chap. 30 de sa Vie, que ce sont quelquefois les choses de rien qui nous inquiètent : que l'âme cherche du secours, et que Dieu permet qu'elle n'en trouve point ; qu'on a les yeux bandés, que la foi est pour lors amortie, et toutes les autres vertus ; que si l'âme veut s'appliquer à l'oraison, et se retirer en solitude, c'est augmenter sa croix ; que c'est en vain qu'on cherche du remède dans la lecture ; que sa peine paraît une parcelle des gênes de l'enfer ; que la conversation est insupportable, parce qu'on a pour lors l'esprit dégoûté, et il semble qu'on aurait courage de manger tout le monde.

Les confesseurs tourmentent. Il semble qu'on ôte le pouvoir de penser à aucune bonne chose, et le désir d'aucun acte de vertu. Il sert de peu de faire de bonnes uvres extérieures. Elle dit, au chap. 36, qu'il ne lui venait en l'esprit que ce qui pouvait la contrarier.

Au chapitre 1er de la 6ème demeure du Château intérieur, elle ajoute qu'il semble à l'âme que jamais elle ne s'est souvenue de Dieu ; qu'elle ne se fait pas entendre aux confesseurs, et qu'elle les trompe ; et quoi qu'on lui dise, cela ne sert de rien. Le diable lui fait entendre qu'elle est réprouvée de Dieu ; et il y a quantité de choses qui la combattent avec un saisissement intérieur si sensible et si intolérable, qu'elle ne sait à quoi les comparer, si ce n'est aux peines que l'on souffre dans l'enfer.

Elle ne reçoit aucune consolation, ni de la lecture, ni des prières. Ce sont des angoisses qu'on ne peut nommer. Elle est en mauvaise humeur, la solitude lui est ennuyeuse, la conversation lui déplait, toutes les créatures la tourmentent, comme elles tourmentent les damnés. Voilà comme parle cette grande sainte, dont la doctrine est une doctrine du ciel, comme l'a qualifiée l'Église ; et elle assure en d'autres lieux, que le ciel et la terre n'avaient aucune consolation pour elle ; et que lâme ressent Dieu comme s'il lui était opposé, comme s'il la rejetait, la combattait, comme n'ayant plus d'accès auprès de lui.

Source : livres-mystiques.com

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Re: Méditation avec Les saintes voies de la Croix du M. Henri-Marie Boudon

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CHAPITRE VII

Des peines surnaturelles


Ajoutons encore ici les sentiments d'un auteur fort spirituel, qui, dans un livre qu'il a donné au public, parle de la sorte : Il semble à l'âme qu'elle est abandonnée de Dieu et délaissée au péché : elle ne sait si elle y consent ou non.

Les directeurs la rebutent ; on doute de son état, on la contredit. Quelquefois elle a encore quelque sentiment pour Dieu ; d'autres fois, point du tout.

Dieu quelquefois suspend les actes de la foi. Il semble à cette âme qu'elle se plait dans l'aversion de Dieu ; elle a horreur de ceux qui lui en parlent.

Dieu, dans certains états, lui retire ses peines, parce qu'elle se les approprie par une secrète approbation, et la met dans un état de bêtise.

En d'autres, il la tient comme suspendue sur un gibet entre la vie et la mort, la lumière et les ténèbres ; ou il la rebute, l'empêchant de rien faire pour lui, et permettant souvent ce qui semble contraire.

Enfin Dieu laisse quelquefois en des âmes bien aimées l'effet du péché, quoiqu'il leur en ait ôté les habitudes et les inclinations.

Il y a des âmes, dit encore le P. Surin, en son Catéchisme spirituel, qui se trouvent si avant dans la peine, dans l'expérience du mal, et même dans le sentiment des vices, sans pourtant y donner aucun consentement, qu'il leur semble qu'au dedans et au dehors les eaux les environnent.

On a vu une personne, dans une innocence admirable, et d'une sainteté prodigieuse, qui portait la malignité, les sentiments et les effets du péché, à savoir de l'orgueil, de l'ambition, de l'avarice, de l'impureté et de la colère.

Quand elle portait les sentiments de l'orgueil, elle était tout en fureur. Lorsqu'elle portait les sentiments de l'avarice, il lui semblait qu'elle eût voulu avoir les biens de tout le monde.

Quand elle avait les sentiments de l'impureté, son imagination était remplie de choses abominables. Elle portait ainsi les dispositions des pécheurs et la malédiction due au péché.

La frayeur, la crainte, l'ennui et la tristesse qui sont les apparences du péché, la suivaient partout. Dieu avait commandé à toutes ses créatures de la traiter en rigueur.

Elle se trouva, à ce qu'il lui semblait, dans un entier dénuement de toute espérance du salut pour l'avenir, ni de sortir jamais de l'état où elle était ; dans un entier dégoût de toutes les choses qui s'étaient passées en elle, sans aucune correspondance, ni avec le ciel, ni avec la terre, ni avec le Créateur, ni avec les créatures ; et la sainte Mère de Dieu lui fit connaître que c'était la mort qui était plantée en son cœur, qui y était vivante et répugnante, et qu'elle en avait pris une entière possession.

Notre-Seigneur avait fermé la porte à toutes consolations humaines et divines, et l'avait ouverte à toutes désolations. Elle sentait la peine du désespoir, qui lui ôtait la foi et l'espérance ; c'est-à-dire qu'elle n'en avait aucune connaissance ; car les ténèbres sont si épaisses et si horribles que l'on ne sait où l'on est, et s'il y a une Église, une religion, une foi, un Dieu.

Source : livres-mystiques.com

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