Re: Méditation : Le saint esclavage de l'admirable Mère de Dieu
Posté : 28 septembre 2022, 23:40
CHAPITRE XVII
Le discours des avantages des croix est continué
Notre-Seigneur avant révélé à sainte Gertrude qu'il devait lui arriver une grande croix, comme sa nature en était épouvantée, ce même Sauveur pour l'encourager lui dit qu'il lui donnerait pour protectrice sa sainte Mère, et qu'ensuite elle se jetât entre ses bras et eût recours à sa protection en tout ce qui lui ferait peine, et qu'elle y trouverait toujours une abondance de secours en ses besoins.
Or, comme après cela il lui arriva une croix extraordinaire, la très sainte Vierge ne manqua pas de la consoler par ces amoureuses paroles : « Ma chère fille, il est vrai, jamais vous n'avez tant souffert, cette croix surpasse toutes les autres ; aussi jamais vous n'avez été dans une disposition si grande de recevoir les grâces extraordinaires de mon Fils bien-aimé. »
CHAPITRE XVIII
De l'oraison de la très sainte Vierge
L'oraison de la divine Vierge était plus propre d'une âme bienheureuse que non pas d'une personne qui est encore dans la voie. C'est le sentiment de Richard de Saint-Laurens au livre IV des Louanges de la bienheureuse Vierge.
Aussi est-il vrai qu'elle vivait en la terre comme les bienheureux au ciel. C'est pourquoi son oraison n'a jamais souffert d'extase, l'extase supposant quelque imperfection ; car elle n'arrive qu'à raison de l'imbécillité des puissances ou de la faiblesse du tempérament.
C'est ce qui a obligé l'Église de finir contre les pauvres de Lyon, que l'extase n'avait jamais eu aucun lieu en Notre-Seigneur Jésus-Christ. Plusieurs saints et graves docteurs estiment la même chose de notre divine Princesse. Dans l'extase les sens sont liés, à raison de la trop grande occupation de l'esprit, qui ne peut pas suffire à même temps à la lumière de la contemplation et à ses fonctions extérieures et corporelles.
Jamais il n'y aura plus de lumières que dans le ciel, et jamais cependant il ne s'y rencontrera d'extase, parce que l'esprit et le corps y seront fortifiés. Il en va quelquefois en notre terre de même à proportion. Une grande lumière empêche des yeux faibles et malades, de bons yeux la supportent.
Cela se remarque dans quelques saints qui ont été à la fin de leur vie moins sujets aux extases, parce que leur entendement et leurs sens extérieurs et intérieurs avaient plus de forces pour soutenir les choses divines, par le secours de celui en qui nous sommes tout puissants.
Comme sa douleur, pour grande qu'elle ait été, ne lui a jamais causé aucune pâmoison, jamais les délices de la contemplation ne lui ont ôté la liberté de ses sens. Autrement il faudrait dire que sa très sainte vie aurait été une extase continuelle, la cause en ayant duré toujours.
Son oraison était donc élevée au-dessus de la manière d'agir des apôtres et des plus grands saints, quoiqu'elle ait été accompagnée de tous les privilèges qui ont jamais été accordés à aucune pure créature, et que même elle les ait tous surpassés incomparablement.
Les Pères, comme saint Jérôme et saint Ambroise, enseignent qu'étant toute petite dans le temple, elle conversait avec les anges. Les connaissances des saints comparées à la sienne, ne sont pas une goutte d'eau à l'égard de l'Océan. Elle était si élevée, qu'elle est arrivée à la vision béatifique, et il semble qu'il y ait peu de lieu d'en douter, selon le raisonnement de saint Thomas, qui enseigne que tous les privilèges qui ont été accordés aux saints, qui ne sont que serviteurs de Dieu ou amis, ne doivent pas être déniés à sa bien-aimée Mère.
Or il soutient que la vision béatifique a été accordée à saint Paul et à Moïse, et dit que c'est le sentiment de saint Augustin. Quand cela ne serait pas, la très sainte Vierge doit être privilégiée, et après la grâce de sa maternité divine, qui l'élève à une dignité presque infinie, il n'est pas difficile de croire toutes les faveurs que les docteurs de l'Église lui attribuent.
Quelques-uns ont estimé que dès le premier instant de sa très pure conception elle a joui de la vision béatifique, les autres ont pensé qu'elle lui a été donnée au moment de l'incarnation : et enfin plusieurs ont jugé qu'elle en avait été favorisée plusieurs fois en sa très sainte vie.
Source : livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde