Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales

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amidelamisericorde
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CHAPITRE XXII

Briève description de la charité.


Voilà donc enfin, mon cher Théotime, comme Dieu, par un progrès plein de suavité ineffable, conduit l'âme qu'il fait sortir hors de l'Égypte du péché, d'amour en amour, comme de logement en logement, jusqu'à ce qu'il l'ait fait entrer en la terre de promission, je veux dire, en la très sainte charité, laquelle, pour le dire en un mot, est une amitié, et non pas un amour intéressé.

Car, par la charité, nous aimons Dieu pour l'amour de lui-même, en considération de sa bonté très souverainement aimable :

mais cette amitié est une vraie amitié car elle est réciproque, Dieu ayant aimé éternellement quiconque l'a aimé, l'aime, ou l'aimera temporellement.

Elle est déclarée et reconnue mutuellement, attendu que Dieu ne peut ignorer l'amour que nous avons pour lui, puisque lui-même nous le donne :

ni nous aussi ne pouvons ignorer celui qu'il a pour nous, puisqu'il l'a tant publié, et que nous reconnaissons tout ce que nous avons de bon, comme véritables effets de sa bienveillance; et enfin nous sommes en perpétuelle communication avec lui qui ne cesse de parler à nos coeurs par inspirations, attraits et mouvements sacrés.

Il ne cesse de nous faire du bien et rendre toutes sortes de témoignages de sa très sainte affection, nous ayant ouvertement révélé tous ses secrets comme à ses amis confidents.

Et pour comble de son saint amoureux commerce avec nous, il s'est rendu notre propre viande au très saint sacrement de l'Eucharistie.

Et quant à nous, nous traitons avec lui à toutes heures quand il nous plait, par la très sainte oraison, ayant toute notre vie, notre mouvement et notre être non seulement avec, lui, mais en lui et par lui.

Or, cette amitié n'est pas une simple amitié, mais amitié de dilection, par laquelle nous faisons élection de Dieu pour l'aimer d'amour particulier.

Il est choisi, dit l'épouse sacrée, entre mille. Elle dit entre mille; mais elle veut dire entre tous. C'est pourquoi cette dilection n'est pas dilection de simple excellence, ains une dilection incomparable ; car la charité aime Dieu par une estime et préférence de sa bonté si haute et relevée au-dessus de toute autre estime, que les autres amours, ou ne sont pas vrais amours en comparaison de celai-ci, ou, s'ils sont vrais amours, celui-ci est infiniment plus qu'amour.

Et partant, Théotime, ce n'est pas un amour que les forces de la nature, ni humaine, ni angélique, puissent produire, ains le Saint-Esprit le donne et le répand en nos coeurs:

et comme nos âmes qui donnent la vie à nos corps, n'ont pas leur origine de nos corps, mais sont mises dans nos corps par la providence naturelle de Dieu; ainsi la charité qui donne la vie à nos coeurs, n'est pas extraite de nos coeurs, mais elle y est versée, comme une céleste liqueur, par la providence surnaturelle de sa divine majesté.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE XXII

Briève description de la charité.


Nous l'appelons donc amitié surnaturelle pour cela; et de plus encore, parce qu'elle regarde Dieu et tend à lui, non selon la science naturelle que nous avons de sa bonté, mais selon la connaissance surnaturelle de la foi.

C'ést pourquoi, avec la foi et l'espérance, elle fait sa résidence en la pointe et cime de l'esprit, et comme une reine de majesté elle est assise dans la volonté comme en son trône, d'où elle répand sur toute l'âme ses suavités et douceurs, la rendant par ce moyen toute belle, agréable et aimable à la divine bonté:

de sorte que si l'âme est un royaume duquel le Saint-Esprit soit le roi, la charité est la reine séante à sa d'extre en robe dor recamée (brodée) de belles variétés.

Si l''âme est une reine, épouse du grand roi céleste, la charité est sa couronne qui embellit royalement sa tête.

Mais si l'âme avec son corps est un petit monde, la charité est le soleil qui orne tout, échauffe tout et vivifie tout.

La charité donc est un amour d'amitié, une amitié de dilection, une dilection de préférence, mais de préférence incomparable, souveraine et surnaturelle, laquelle est comme un soleil en toute lâme pour l'embellir de ses rayons, en toutes les facultés spirituelles pour les perfectionner, en toutes les puissances pour les modérer, mais en la volonté comme en son siège, pour y résider et lui faire chérir et aimer son Dieu sur toutes choses.

O que bienheureux est l'esprit dans lequel cette sainte dilection est répandue, puisque tous biens lui arrivent pareillement avec icelle !


LIVRE TROISIÈME

DU PROGRÈS ET PERFECTIONNEMENT DE L'AMOUR.

CHAPITRE PREMIER

Que l'amour sacré peut être augmenté de plus eu plus en un chacun de nous.


Le sacré concile de Trente nous assure que les amis de Dieu, allant de vertu en vertu, sont renouvelés de jour en jour, c'est-à-dire croissent par bonnes oeuvres en la justice qu'ils ont reçue par la grâce divine, et sont de plus en plus justifiés, selon ces célestes avertissements :

Qui est juste, qu'il soit derechef justifié, et qui est saint, qu'il soit encore plus sanctifié.

Ne doute point d'être justifié jusques à la mort. Le sentier des justes s'avance et croit comme une lumière resplendissante jusques au jour parfait.

Faisant la vérité avec charité, croissons en tout en celui qui est le chef, à savoir Jésus-Christ . Et enfin je vous prie, que votre charité croisse de plus en plus qui sont toutes paroles sacrées selon David, saint Jean, l'Ecclésiastique et saint Paul.

Source : Livres-mystiques.com

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LIVRE TROISIÈME

CHAPITRE PREMIER

Que l'amour sacré peut être augmenté de plus eu plus en un chacun de nous.

Je n'ai jamais su qu'il se trouvât aucun animal qui n'eût point de bornes et limites en sa croissance, sinon le crocodile, qui étant extrêmement petit en son commencement, ne cesse jamais de croître tandis qu'il est en vie ( Les crocodiles, en effet, vivent très longtemps et leur accroissement est très lent) en quoi il représente également et les bons et les mauvais; car loutrecuidance de ceux qui haïssent Dieu monte toujours, dit le grand roi David, et les bons croissent comme l'aube du jour de splendeur en splendeur, et de demeurer en un état de consistance longuement, il est impossible.

Qui ne gagne perd en ce trafic; qui ne monte, descend en cette échelle; qui n'est vainqueur, est vaincu en ce combat.

Nous vivons entre les hasards des batailles que nos ennemis nous livrent ; si nous ne résistons, nous périssons, et nous ne pouvons résister sans surmonter; ni surmonter sans victoire; car, comme dit le glorieux saint Bernard, il est écrit très spécialement de l'homme, que jamais il n'est en un même état; il faut ou qu'il avance, ou qu'il retourne en arrière.

« Tous courent, mais un seul emporte. le prix; courez, en sorte que vous l'obteniez. Qui est le prix, sinon Jésus-Christ, et comme le pourrez-vous appréhender, si vous ne le suivez? Que si vous le suivez, vous irez et courrez toujours; car il ne s'arrêta jamais, ains continua la course de son amour et obéissance jusques à la mort, et la mort de la croix.»

Allez donc, dit saint Bernard, allez, dis-je, avec lui; allez, mon cher Théotime, et n'ayez point d'autres bornes que celles de votre vie, et tandis qu'elle durera, courez après ce Sauveur, mais courez ardemment et vitement: car de quoi vous servira de le suivre, si vous n'êtes si heureux que de lacconsuivre (Acconsuivre, atteindre)?

Ecoutons le Prophète : J'ai incliné mon coeur à taire vos justifications éternellement. Il ne dit pas qu'il les gardera pour un temps, mais pour jamais; et parce qu'il veut éternellement bien faire, il aura un éternel salaire. Bienheureux sont ceux qui sont purs en la voie, qui marchent en la loi du Seigneur.

Malheureux sont ceux qui sont souillés, qui ne marchent point en la Loi du Seigneur: il n'appartient qu'à Satan de dire qu'il sera assis sur les flancs dAquilon. Détestable, tu seras assis. Hé ! ne connais-tu pas que tu es au chemin, et que le chemin n'est pas fait pour s'asseoir, mais pour marcher? Et il est tellement fait pour marcher, que marcher s'appelle cheminer. Et Dieu parlant à l'un de ses plus grands amis : Marche, lui dit-il, devant moi, et sois parfait.

La vraie vertu n'a point de limites, elle va toujours outre ; mais surtout la sainte charité, qui est la vertu des vertus, et laquelle, ayant un objet infini, serait capable de devenir infinie, si elle rencontrait un coeur capable de l'infinité ; rien n'empêchant cet amour d'être infini, que la condition de la volonté qui le reçoit et qui doit agir par icelui, condition à raison de laquelle, comme jamais personne ne verra Dieu autant qu'il est visible, aussi onc nul ne le peut aimer autant qu'il est aimable.

Le coeur qui pourrait aimer Dieu d'un amour égal à la divine bonté, aurait une volonté infiniment bonne, et cela ne peut être qu'en Dieu seul.

La charité donc entre nous peut être perfectionnée jusques à linfini, mais exclusivement, c'est-à-dire la charité peut être rendue de plus en plus et toujours plus excellente, mais non pas que jamais elle puisse être infinie.

L'esprit de Dieu peut élever le nôtre, et l'appliquer à toutes les actions surnaturelles qu'il lui plait, tandis qu'elles ne sont pas infinies, d'autant qu'entre les choses petites et les grandes, pour excessives qu'elles soient, il y a toujours quelque sorte de proportion, pourvu que l'excès des excessives ne soit pas infini ; mais entre le fini et l'infini il n'y a nulle proportion, et pour y en mettre, il faudrait ou relever le fini et le rendre infini, ou ravaler l'infini et le rendre fini; ce qui ne peut être.

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LIVRE TROISIÈME

CHAPITRE PREMIER

Que l'amour sacré peut être augmenté de plus eu plus en un chacun de nous.


De sorte que la charité même qui est en notre Rédempteur en tant qu'il est homme, quoiqu'elle soit grande, au-dessus de tout ce que les anges et les hommes peuvent comprendre, si est-ce qu'elle n'est pas ( bien qu'elle ne soit pas) infinie en son être et d'elle-même, ains seulement en l'estime de sa dignité et de son mérite; parce qu'elle est la charité d'une personne d'infinie excellence, c'est-à-dire d'une personne divine, qui est le Fils éternel du Père tout-puissant.

Cependant c'est une faveur extrême pour nos âmes qu'elles puissent croître sans fin de plus en plus en l'amour de: leur Dieu, tandis qu'elles sont en cette vie caduque,

Montant à la vie éternelle,
De vertu en vertu nouvelle

CHAPITRE II

Combien notre Seigneur a rendu aisé l'accroissement de l'amour.


Voyez-vous, Théotime, ce verre d'eau ou ce petit morceau de pain qu'une sainte âme donne au pauvre pour Dieu, c'est peu de fait certes, et chose presque indigne de considération selon le jugement humain; Dieu néanmoins le récompense, et tout soudain donne pour cela quelque accroissement de charité.

Les poils de chèvre présentés anciennement au tabernacle étaient bien reçus, et tenaient lieu entre les saintes offrandes; et les petites actions qui procèdent de la charité, sont agréables à Dieu, et ont leur place entre les mérites; car, comme en l'Arabie Heureuse, non seulement les plantes de nature aromatique, mais toutes les autres sont odorantes, participant au bonheur de ce solage (sol, terroir); ainsi en l'âme charitable non seulement les oeuvres excellentes de leur nature, mais aussi les petites besognes se ressentent de la vertu du saint amour, et sont en bonne odeur devant La majesté divine, qui à leur considération augmente la sainte charité.

Or, je dis que Dieu fait cela, parce que la charité ne produit passes accroissements comme un arbre qui pousse ses rameaux, et les fait sortir par sa propre vertu les uns des autres; ains comme la foi, l'espérance et la charité sont des vertus qui ont leur origine dans la bonté divine, aussi en tirent-elles leur augmentation et perfection, à guise des avettes (abeilles), lesquelles, étant extraites du miel, prennent aussi leur nourriture d'icelui.

Par quoi tout ainsi que les perles prennent non seulement leur naissance, mais aussi leur aliment de la rosée, les mères perles ouvrant pour cet effet leurs écailles du côté du ciel (Opinion populaire, qui n'est pas appuyée sur science), comme pour mendier les gouttes que la fraîcheur de l'air fait écouler à l'aube du jour; de même ayant reçu la foi, l'espérance et la charité de la bonté céleste, nous devons toujours retourner nos coeurs et les tenir tendus de ce côté-là, pour en impétrer la continuation et l'accroissement des mêmes vertus.

O Seigneur, nous fait dire la sainte Eglise notre mère, donnez-nous l'augmentation de la foi, de l'espérance et de la charité, et c'est à l'imitation de ceux qui disaient au Sauveur : Seigneur, accroissez la foi en nous, et selon l'avis de saint Paul, qui assure que Dieu seul est puissant de faire abonder en nous toute grâce.

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CHAPITRE II
Combien notre Seigneur a rendu aisé l'accroissement de l'amour.


C'est donc Dieu qui fait cet accroissement en considération de l'emploi que nous faisons de sa grâce, selon qu'il est écrit : A celui qui a, c'est-à-dire qui emploie bien les faveurs reçues, on lui en donnera davantage, et il abondera.

Ainsi se pratique l'exhortation du Sauveur : Amassez des trésors au ciel, comme s'il disait: Ajoutez toujours de nouvelles bonnes oeuvres aux précédentes; car ce sont les pièces desquelles vos trésors doivent être composés, le jeûne, l'oraison, l'aumône.

Or, comme au trésor du temple les deux petites pièces de la pauvre veuve furent estimées, et qu'en effet, par l'addition des petites pièces, les trésors s'agrandissent et leur valeur s'augmente d'autant; ainsi les moindres petites bonnes oeuvres, quoique faites un peu lâchement, et non selon toute l'étendue des forces de la charité que l'on a, ne laissent pas d'être agréables à Dieu, et d'avoir leur valeur auprès de lui; de sorte qu'encore que d'elles-mêmes elles ne puissent causer aucun accroissement à l'amour précédent, étant de moindre vigueur que lui; la Providence divine toutefois qui en tient compte, et par sa bonté en fait état, les récompense soudain de l'accroissement de la charité pour le présent, et de l'assignation d'une plus grande gloire au ciel pour l'avenir.

Théotime, les abeilles font le miel délicieux qui est leur ouvrage de haut prix; mais la cire qu'elles font aussi ne laisse pas pour cela de valoir quelque chose, et de rendre leur travail recommandable. Le coeur amoureux doit tâcher de produire ses oeuvres avec grande ferveur et haute estime, afin d'augmenter puissamment sa charité; mais si toutefois il en produit de moindres, il n'en perdra point la récompense; car Dieu lui en saura gré, c'est-à-dire l'en aimera toujours un peu plus. Or, jamais Dieu n'aime davantage une âme qui a de la charité, qu'il ne lui en donne aussi davantage, notre amour envers lui étant le propre et particulier effet de son amour envers nous.

A mesure que nous regardons plus vivement notre ressemblance qui parait en un miroir, elle nous regarde aussi plus attentivement; et à mesure que Dieu jette plus amoureusement ses doux yeux sur notre âme qui est faite à son image et semblance, notre âme réciproquement regarde sa divine bonté plus attentivement et ardemment, correspondant selon sa petitesse à tous les accroissements que cette souveraine douceur fait de son divin amour envers elle. Certes, le sacré concile de Trente parle ainsi: « Si quelqu'un dit que la
justice reçue nest pas conservée, et que même elle n'est pas augmentée devant Dieu par bonnes oeuvres; mais que les oeuvres sont seulement fruits et signes de la justification acquise, et non pas cause de l'augmenter, anathème. »

Voyez-vous, Théotime, la justification qui se fait par la charité est augmentée par les bonnes oeuvres; et ce qu'il faut remarquer, c'est par les bonnes oeuvres sans exception: car, comme dit excellemment saint Bernard sur un autre sujet, rien n'est excepte, ou rien n'est distingué. Le concile parle des bonnes oeuvres indistinctement et sans réserve, nous donnant à connaître que non seulement les grandes et ferventes, ains aussi les petites et;faibles font augmenter la sainte charité, mais les grandes grandement, et les petites beaucoup moins.

Tel est l'amour que Dieu porte à nos âmes, tel le désir de nous faire croître en celui que nous lui devons porter. Sa divine, suavité nous rend toutes choses utiles; elle prend tant à notre avantage; elle fait valoir à notre profit toutes nos besognes, pour basses et débiles qu'elles soient.

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CHAPITRE II
Combien notre Seigneur a rendu aisé l'accroissement de l'amour.


Au commerce des vertus morales, les petites oeuvres ne donnent point d'accroissement à la vertu de laquelle elles procèdent, ains si elles sont bien petites, elles s'affaiblissent ; car une grande libéralité périt quand elle s'amuse à donner des choses de peu, et de libéralité elle devient chicheté (parcimonie, avarice). Mais au trafic des vertus qui-viennent de la Miséricorde Divine, et surtout de la charité, toutes oeuvres donnent accroissement.

Or, ce nest pas merveille si l'amour sacré, comme roi des vertus, n'a rien, ou petit ou grand, qui ne soit aimable; puisque le baume, prince des arbres aromatiques, n'a ni écorce, ni feuille qui ne soit odorante. Et que pourrait produire l'amour qui ne fût digne d'amour et ne tendît à l'amour?

CHAPITRE III
Comme lâme, étant en charité, fait progrès en icelle.


Employons une parabole, Théotime, puisque cette méthode a été si agréable au souverain Maître de l'amour que nous enseignons.

Un grand et brave roi ayant épousé une très aimable jeune princesse, et l'ayant un jour menée en un cabinet fort retiré pour s'entretenir avec elle plus à souhait, après quelques discours, il la vit tomber pâmée devant lui, par un accident inopiné. Hélas ! cela létonna extrêmement, et le fit presque tomber lui-même à coeur failli (en défaillance) de l'autre côté; car il l'aimait plus que sa propre vie.

Néanmoins, le même amour qui lui donna ce grand assaut de douleur, lui donna quant et quant (en même temps) la force de le soutenir, et il le mit en action pour, avec une promptitude nonpareille, remédier au mal de la chère compagne de sa vie, si qu'ouvrant de vitesse un buffet qui était là, il prend une eau cordiale infiniment précieuse, il ouvre de force les lèvres et les dents serrées de cette bien-aimée princesse, et faisant couler dans sa bouche cette précieuse liqueur, il la fait enfin revenir à soi et reprendre sentiment; puis il la relève doucement, et à force de remèdes, il la ravigore et ravive en telle sorte qu'elle commença à se lever sur pied et se promener tout bellement avec lui, suais non toutefois sans sou aide.

il l'allait relevant et soutenant par-dessous le bras jusques à ce qu'enfin il lui mit un épithème (topique différent des onguents) de si grande vertu et si précieux sur le coeur, que lors se sentant tout à fait remise en sa première santé, elle marchait toute seule d'elle-même; son cher époux ne la soutenant plus si fort, ains seulement lui tenant doucement sa main droite entre les siennes, et son bras droit replié sur le sien et sur sa poitrine, il lallait ainsi entretenant et lui faisant en cela quatre offices fort agréables car

1° il lui témoignait son coeur amoureusement soigneux d'elle;

2° il l'allait toujours un peu soulageant;

3° si quelque ressentiment de la défaillance passée lui fût revenu, il l'eût soutenue;
4° si elle eût rencontré quelque pas ou quelque endroit raboteux et malaisé, il l'eût retenue et, appuyée; et ès montées, ou quand elle voulait aller un peu vite, il la soulevait et supportait puissamment.

Il se tint donc avec ce soin cordial auprès d'elle jusques à la nuit, qu'il voulut encore l'assister quand on la mit dans son lit royal.

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CHAPITRE III
Comme l'âme, étant en charité, fait progrès en icelle.


L'âme est épouse de notre Seigneur, quand elle est juste; et parce qu'elle n'est point juste qu'elle ne soit en charité, elle n'est point aussi épouse qu'elle ne soit menée dedans le cabinet de ces délicieux parfums desquels il est parlé ès Cantiques.

Or, quand l'âme qui a cet honneur commet le péché, elle tombe pâmée d'une défaillance spirituelle, et cet accident est à la vérité bien inopiné, car qui pourrait jamais penser qu'une créature voulût quitter son Créateur et son souverain bien pour des choses si légères, comme sont les amorces du péché?

Certes, le ciel s'en étonne, et si Dieu était sujet aux passions, il tomberait à coeur failli pour ce malheur, comme, lorsqu'il fut mortel, il expira sur la croix pour nous en racheter.

Mais puisqu'il n'est plus requis qu'il emploie son amour à mourir pour nous, quand il voit l'âme ainsi précipitée en l'iniquité, il accourt pour l'ordinaire à son aide, et d'une Miséricorde nonpareille entrouvre la porte du coeur par des élans et remords de conscience, qui procèdent de plusieurs clartés et appréhensions qu'il a jetées dedans nos esprits avec des mouvements salutaires, par le moyen desquels, comme par des eaux odorantes et vitales, il fait revenir l'âme à soi et la remet en de bons sentiments; et tout cela, mon Théotime, Dieu le fait en nous sans nous, par sa bonté tout aimable, qui nous prévient de sa douceur; car comme notre épouse pâmée fût demeurée morte en sa pâmoison, sans secours du roi, aussi l'âme demeurerait perdue dans son péché, si Dieu ne la prévenait.

Que si l'âme, étant ainsi excitée, ajoute son consentement au sentiment de la grâce, secondant l'inspiration qui la prévenue, et recevant les secours et remèdes requis que Dieu lui a préparés, il la ravigorera et la conduira par divers mouvements de foi, d'espérance et de pénitence, jusques à ce quelle soit tout à fait remise en la vraie santé spirituelle, qui n'est autre chose que la charité.

Or, tandis qu'il la fait ainsi passer entre les vertus par lesquelles il la dispose à ce saint amour, il ne la conduit pas seulement, mais il la soutient de telle façon que, comme elle de son côté marche tant qu'elle peut, aussi lui pour sa part la porte et la va soutenant; et ne saurait-on bonnement dire si elle va ou si elle est portée : car elle n'est pas tellement portée qu'elle naille, et va toutefois tellement, que si elle n'était pas portée, elle ne pourrait pas aller.

Si que, pour parler à l'apostolique (si bien que; pour parler à lapostolique, comme l'Apôtre), elle doit dire: Je marche, non pas moi seule, ains la grâce de Dieu avec moi.

Mais l'âme étant remise tout à fait en sa santé par l'excellent épithème de la charité que le Saint-Esprit met sur le coeur, alors elle peut aller et se soutenir sur ses pieds d'elle-même, en vertu néanmoins de cette santé et de l'épithème sacré du saint amour. C'est pourquoi, encore qu'elle puisse aller d'elle-même, elle en doit toute la gloire à son Dieu qui lui a donné une santé si vigoureuse et si forte.

Car, soit que le Saint-Esprit nous fortifie par les mouvements qu'il imprime en nos coeurs, ou qu'il nous soutienne par la charité qu'il y répand, soit qu'il nous secoure par manière d'assistance en nous relevant et portant, ou qu'il renforce nos coeurs, versant en iceux l'amour ravigorant et vivifiant, c'est toujours en lui et par lui que nous vivons, que nous marchons et que nous opérons.

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CHAPITRE III

Comme l'âme, étant en charité, fait progrès en icelle.


Néanmoins, bien que moyennant la charité répandue dans nos coeurs nous puissions marcher en la présence de Dieu, et faire progrès en la voie du salut; si est-ce que la bonté divine assiste l'âme à laquelle il a donné son amour, la tenant continuellement de sa sainte main.

Car ainsi, 1° il fait mieux paraître la douceur de son amour envers elle; 2° il la va toujours animant de plus en plus; 3° il la soulage contre les inclinations dépravées et les mauvaises habitudes contractées par les péchés passés; 4° et enfin, la maintient et défend contre les tentations.

Ne voyons-nous pas, Théotime, que souvent les hommes sains et robustes ont besoin qu'en les provoque à bien employer leur force et leur pouvoir; et que, par manière de dire, on les conduise à l'oeuvre par la main?

Ainsi, Dieu nous ayant donné sa charité et par icelle la force et le moyen de gagner: pays (avancer) au chemin de la perfection, son amour néanmoins ne lui permet pas de nous laisser aller ainsi seuls; ains il le fait mettre en chemin avec : nous, il le presse de nous presser, et sollicite son coeur de solliciter et pousser le nôtre à bien employer la sainte charité qu'il nous a donnée :

répliquant souvent par ses inspirations les avertissements que saint Paul nous fait : Voyez de ne point recevoir la grâce céleste en vain. Tandis que vous ayez le temps, faites tout le bien que vous pourrez. Courez en sorte que vous en portiez le prix.

Si que nous nous devons imaginer souvent qu'il répète aux oreilles de nos coeurs les paroles qu'il disait au bon père Abraham: Marche devant moi et sois parfait.

Surtout lassistance spéciale de Dieu est requise à l'âme qui a le saint amour ès entreprises signalées et extraordinaires : car bien que la charité, pour, petite qu'elle soit, nous donne assez dinclination, et, comme je pense, une force suffisante peur faire les oeuvres nécessaires au salut.

Si est-ce néanmoins que, pour aspirer et entreprendre des actions excellentes et extraordinaires, nos coeurs ont besoin d'être poussés et rehaussés par la main et le mouvement de ce grand amoureux céleste : comme la princesse de notre parabole, laquelle, quoique bien remise en santé, ne pouvait faire des montées, ni aller bien vite, que son cher époux ne la relevât et soutint fortement.

Ainsi, saint Antoine et saint Siméon Stylite étaient en la grâce et charité de Dieu, quand ils firent dessein d'une vie si relevée; comme aussi la bienheureuse mère Térèse, quand elle fit le voeu d'obéissance spéciale ; saint François et saint Louis, quand ils entreprirent le voyage d'outre mer pour la gloire de Dieu; le bienheureux François Xavier, quand il consacra sa vie à la conversion des Indois; saint Charles, quand il s'exposa au service des pestiférés; saint Paulin, quand il se vendit pour racheter l'enfant de la pauvre veuve:

jamais pourtant ils n'eussent fait des coups si hardis et généreux, si, à la charité qu'ils avaient en leurs coeurs, Dieu n'eût ajouté des inspirations, semonces, lumières et forces spéciales, par lesquelles il les animait et poussait à ces exploits extraordinaires de la vaillance spirituelle.

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CHAPITRE III
Comme l'âme, étant en charité, fait progrès en icelle.


Ne voyez-vous pas le jeune homme de l'Évangile que notre Seigneur aimait, et qui par conséquent était en charité ? il n'avait certes nulle pensée de vendre tout ce qu'il avait pour le donner aux pauvres, et suivre notre Seigneur : ains quand Notre-Seigneur lui en eut donné linspiration, encore n'eut-il pas le courage de l'exécuter.

Pour ces grandes oeuvres, Théotime, nous avons besoin, non seulement d'être inspirés, mais aussi d'être fortifiés, afin d'effectuer ce que l'inspiration requiert de nous. Comme encore ès grands assauts des tentations extraordinaires, une spéciale et particulière présence du secours céleste nous est tout à fait nécessaire.

A cette cause, la sainte Église nous fait si souvent exclamer : Excitez nos coeurs, ô Seigneur ! ô Dieu, prévenez nos actions en aspirant sur noué, et en nous aidant, accompagnez-nous (Oraison de l'action de grâces après la messe);

ô Seigneur, soyez prompt à nous secourir; et semblables; afin que par telles prières nous obtenions la grâce de pouvoir faire des oeuvres excellentes et extraordinaires, et de faire plus fréquemment et fervemment les ordinaires; comme aussi de résister plus ardemment aux menues tentations et combattre hardiment les plus grandes.

Saint Antoine fut assailli d'une effroyable légion de démons, desquels ayant assez longuement soutenu les efforts, non sans une peine et des tourments incroyables, enfin, il vit le toit de sa cellule se fendre, et un rayon céleste fondre dans l'ouverture, qui dissipa en un moment la noire et ténébreuse troupe de ses ennemis, et lui ôta toute la douleur des coups reçus en cette bataille, dont il connut la présence spéciale de Dieu, et jetant un profond soupir du côté de la vision :

« Où étiez-vous, ô bon Jésus ! dit-il, où étiez-vous? Pourquoi ne vous êtes-vous pas trouvé ici dès le commencement pour remédier à ma peine? Antoine, lui fut-il répondu d'en- haut, j'étais ici ; mais j'attendais l'issue de ton combat.

Or, parce que tu as été brave et vaillant, je t'aiderai toujours.» Mais en quoi consistait la vaillance et le courage de ce grand soldat spirituel? Il le déclara lui-même une autre fois qu'étant attaqué par un diable, qui avoua être l'esprit d'impureté, ce glorieux saint, après plusieurs paroles dignes de son grand courage, commença à chanter le verset 7 du psaume CXII :

L'Éternel est de mon parti,
Par lui je serai garanti;
Et des ennemis de ma vie
Nullement je ne me soucie,

Certes, notre Seigneur révéla à sainte Catherine de Sienne qu'il était au milieu de son coeur, en une cruelle tentation qu'elle eut, comme un capitaine au milieu d'une forteresse pour la défendre, et que sans son secours elle se fût perdue en cette bataille.

Il en est de même de tous les grands assauts que nos ennemis nous livrent: nous pouvons bien dire, comme Jacob, que c'est range qui nous garantit de tout mal, et chanter avec le grand roi David :

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE III

Comme l'âme, étant en charité, fait progrès en icelle.


Le pasteur dont je suis guidé,
C'est Dieu qui gouverne le monde;
Je ne puis, ainsi commandé,
Que tout à souhait ne m'abonde
Quand il voit mon âme en langueur,
Et que quelque mal l'endommage,
Il la remet en sa vigueur,
Et me restaure le courage.

Si que nous devons souvent répéter cette exclamation et prière:

Ta bonté me suive en tout lieu,
Ta faveur me garde à toute heure;
Afin qu'en ton ciel, ô mon Dieu !
Pour jamais je fasse demeure.

CHAPITRE IV

De la sainte persévérance en l'amour sacré.


Tout ainsi donc qu'une douce mère menant son petit enfant avec elle, l'aide et suppose selon qu'elle voit la nécessité, lui laissant faire quelques pas de lui-même ès lieux moins dangereux et bien plains (plans, unis); tantôt le prenant par la main et l'affermissant, tantôt le mettant entre ses bras et le portant:

de même notre Seigneur a un soin continuel de la conduite de ses enfants, c'est-à-dire de ceux qui ont la charité; les faisant marcher devant lui, leur tendant la main ès difficultés, et les portant lui-même ès peines quil voit leur être autrement insupportables.

Ce qu'il a déclaré en Isaïe, disant : Je suis ton Dieu, prenant ta main et te disant: Ne crains point, je t'ai aidé. Si que nous devons d'un grand courage avoir une très ferme confiance en Dieu et en son secours.

Car, si nous ne manquons à sa grâce, il parachèvera en nous le bon oeuvre de notre salut , ainsi qu'il la commencé, coopérant en nous le vouloir et le parfaire, comme le très saint concile de Trente nous admoneste.

En cette conduite que la douceur de Dieu fait de nos âmes dès leur introduction à la charité jusquà la finale perfection d'icelle qui ne se fait qu'à l'heure de la mort, consiste le grand don de la persévérance, auquel notre Seigneur attache le très grand don de la gloire éternelle, selon qu'il a dit:

Qui persévérera jusquà la fin, il sera sauvé . Car ce don n'est autre chose que l'assemblage et la suite de divers appuis, soulagements et secours par le moyen desquels nous continuons en l'amour de Dieu jusqu'à la fin; comme l'éducation, élèvement ou nourrissage d'un enfant n'est autre chose qu'une multitude de sollicitudes, aides, secours, et autres tels offices nécessaires à un enfant, exercés et continués envers icelui jusqu'à lâge auquel il n'en a plus besoin.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE IV

De la sainte persévérance en l'amour sacré.


Mais la suite des secours et assistances n'est pas égale en tous ceux qui persévèrent : car ès uns elle est fort courte, comme en ceux qui se convertissent à Dieu peu avant leur mort, ainsi qu'il advint au bon larron; au sergent qui, voyant la constance de saint Jacques, fit sur-le-champ profession de foi, et fut rendu compagnon du martyre de ce grand apôtre; au portier bienheureux qui gardait les quarante martyrs en Sébaste, lequel voyant l'un d'iceux perdre courage et quitter la palme du martyre, se mit en sa place, et en un moment se rendit chrétien, martyr et glorieux tout ensemble.

Au notaire duquel il est parlé en la vie de saint Antoine de Padoue, qui, ayant toute sa vie été un faux vilain (notaire libertin, du Puy en Velay, auquel saint Antoine de Padoue prédit qu'il mourrait martyr; ce qui lui arriva en Palestine, où il était allé accompagner un évêque et où il prêcha l'Évangile aux Sarrasins.), fut néanmoins martyr en sa mort; et à mille autres que nous avons vus et sus avoir été si heureux que de mourir bons, ayant vécu mauvais.

Et quant à ceux-ci, ils n'ont pas besoin de grande variété de secours : ains si quelque grande tentation ne leur survient, ils peuvent faire une si courte persévérance avec la seule charité qui leur est donnée, et les assistances par lesquelles ils se sont convertis; car ils arrivent au port sans navigation, et font leur pèlerinage en un seul saut que la puissante Miséricorde de Dieu leur fait faire si à propos, que leurs ennemis les voient triompher avant que de les sentir combattre :

de sorte que leur conversion et leur persévérance n'est presque qu'une même chose; et qui voudrait parler exactement selon la propriété des mots, la grâce qu'ils reçoivent de Dieu d'avoir aussitôt l'issue que le commencement de leur prétention, ne saurait être bonnement appelée persévérance :

bien que toutefois, parce que, quant à l'effet, elle tient lieu de persévérance en ce quelle donne le salut, nous ne laissons pas aussi de la comprendre sous le nom de persévérance.

En plusieurs, au contraire, la persévérance est plus longue, comme en sainte Anne la prophétesse, en saint Jean l'Évangéliste, saint Paul premier ermite, saint Hilarion, saint Romuald, saint François de Paule :

et ceux-ci ont eu besoin de mille sortes de diverses assistances, selon la variété des aventures de leur pèlerinage et de la durée d'icelui.

Toujours néanmoins la persévérance est le don le plus désirable que nous puissions espérer en cette vie, et lequel, comme parle le sacré concile, nous ne pouvons avoir d'ailleurs que de Dieu, qui seul peut affermir celui qui est debout, et relever celui qui tombe.

C'est pourquoi il le faut continuellement demander, employant les moyens que Dieu nous a enseignés pour l'obtenir, l'oraison, le jeûne, l'aumône, l'usage des sacrements, la hantise (fréquentation) des bons, l'ouïe et la lecture des saintes paroles.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE IV

De la sainte persévérance en l'amour sacré.


Or, parce que le don de l'oraison et de la dévotion est libéralement accordé à tous ceux qui de bon coeur veulent consentir aux inspirations célestes, il est par conséquent eu notre pouvoir de persévérer.

Non certes, que je veuille dire que la persévérance ait son origine de notre pouvoir; car, au contraire, je sais qu'elle procède de la Miséricorde Divine, de laquelle elle est un don très précieux.

Mais je veux dire qu'encore qu'elle ne provient pas de notre pouvoir, elle vient néanmoins en notre pouvoir par le moyen de notre vouloir, que nous ne saurions nier être en notre pouvoir.

Car bien que la grâce divine nous soit nécessaire pour vouloir persévérer; si est-ce que ce vouloir est en notre pouvoir, parce que la grâce céleste ne manque jamais à notre vouloir, tandis que notre vouloir ne défaut pas à notre pouvoir.

Et de fait, selon l'opinion du grand saint Bernard, nous pouvons tous dire en vérité, après l'Apôtre, que ni la mort, ni la vie, ni tes forces, ni les Anges, ni la profondeur, ni la hauteur ne nous pourra jamais séparer de la charité de Dieu, qui est en Jésus-Christ.

Oui, car nulle créature ne nous peut arracher de ce saint amour; mais nous pouvons nous-mêmes seuls le quitter et l'abandonner par notre propre volonté, hors laquelle il n'y a rien à craindre pour ce regard.

Ainsi, très cher Théotime, nous devons, selon l'avis du saint concile, mettre toute notre espérance en Dieu, qui parachèvera notre salut qu'il a commencé en nous, pourvu que nous ne manquions pas à sa grâce.

Car il ne faut pas penser que celui qui dit au paralytique : Va et ne veuille plus pécher, ne lui donnât aussi le pouvoir d'éviter le vouloir qui lui défendait.

Et certes, il n'exhortait jamais les fidèles à persévérer s'il n'était prêt à leur en donner le pouvoir: Sois fidèle jusquà la mort, dit-il à l'évêque de Smyrne, et je te donnerai la couronne de vie.

Veillez, demeurez en la foi, travaillez courageusement, et confortez-vous; faites toutes vos affaires en charité. Courez en sorte que vous obteniez le prix. Nous devons donc avec le grand roi maintes fois demander à Dieu le sacré don de persévérance, et espérer qu'il nous l'accordera.

Seigneur Dieu mon unique espoir,
Ne me veuille laisser déchoir
Au temps de ma pauvre vieillesse.
Quand le temps lassé me rendra,
Et que ma vigueur défaudra,
Que ta main point ne me délaisse.

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CHAPITRE V

Que le bonheur de mourir en la divine charité est un don spécial de Dieu.


Enfin le roi céleste ayant mené l'âme qu'il aime jusquà la fin de cette vie, il l'assiste encore en son bienheureux trépas, par lequel il la tire au lit nuptial de la gloire éternelle, qui est le fruit délicieux de la sainte persévérance.

Et alors, cher Théotime, cette âme toute ravie d'amour pour son bien-aimé, se représentant la multitude des faveurs et secours dont il l'a prévenue et assistée tandis qu'elle était en son pèlerinage, elle baise incessamment cette douce main secourable qui l'a conduite, tirée et portée en chemin, et confesse que c'est de ce divin Sauveur qu'elle tient tout son bonheur; puisqu'il a fait pour elle tout se que le grand patriarche Jacob souhaitait pour son voyage, lorsqu'il eut vu l'échelle du ciel.

O Seigneur, dit-elle donc alors, vous avez été avec moi, et mavez gardée en la voie par laquelle je suis venue; vous m'avez donné le pain de vos sacrements pour ma nourriture; vous m'avez revêtue de la robe nuptiale de charité; vous m'avez heureusement amenée en ce séjour de gloire qui est votre maison, ô mon Père éternel.

Eh! que reste-t-il, Seigneur, sinon que je proteste que vous êtes mon Dieu ès siècles des siècles ? Amen.

O mon Dieu, mon Seigneur, Dieu pour jamais aimable.
Tu m'as tenu la dextre; et ton très saint vouloir
M'a sûrement guidé jusqu'à me faire avoir
En ce divin séjour un rang tout honorable.

Tel donc est l'ordre de notre acheminement à la vie éternelle pour l'exécution duquel la divine Providence établit dès l'éternité la multitude, distinction et entresuite (ordre, plan) des grâces nécessaires à cela, avec la dépendance qu'elles ont les unes des autres.

Il voulut premièrement d'une vraie volonté qu'encore après le péché dAdam tous les hommes fussent sauvés, mais en une façon et par un moyen convenables à la condition de leur nature douée du franc arbitre.

C'est-à-dire, il voulut le salut de tous ceux qui voudraient contribuer leur consentement aux grâces et faveurs qu'il leur préparerait, offrirait et départirait à cette intention.

Or, entre ces faveurs, il voulut que la vocation fût la première, et qu'elle fût tellement attrempée (trempée dans, mêlée à notre liberté) à notre liberté, que nous la pussions accepter ou rejeter à notre gré et; à ceux desquels il prévit quelle serait acceptée.

Il voulut fournir les sacrés mouvements de la pénitence, et à ceux qui seconderaient ces mouvements, il disposa de donner la sainte charité.

Et à ceux qui auraient la charité, il délibéra de donner les secours requis pour persévérer; et à ceux qu' emploieraient ces divins secours, il résolut de leur donner la finale persévérance, et glorieuse félicité de son amour éternel.

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CHAPITRE V

Que le bonheur de mourir en la divine charité est un don spécial de Dieu.


Nous pouvons donc rendre raison de l'ordre des effets de la providence qui regarde notre salut, en descendant du premier jusques au dernier c'est-à-dire, depuis le fruit qui est la gloire, jusques à la racine de ce bel arbre qui est la rédemption du Sauveur; car la divine bonté donne la gloire ensuite (en conséquence, en raison des mérites) des mérites, les mérites ensuite de la charité, la charité ensuite de la pénitence, la pénitence ensuite de l'obéissance à la vocation, l'obéissance à la vocation ensuite de la vocation, et la vocation ensuite de la rédemption du Sauveur sur laquelle est appuyée cette échelle mystique du grand Jacob, tant du côté du ciel, puisqu'elle aboutit au sein amoureux de ce Père éternel, dans lequel il reçoit les élus en les glorifiant, comme aussi du côté de la terre, puisqu'elle est plantée sur le sein et le flanc percé du Sauveur, mort pour cette occasion sur le mont Calvaire.

Et que cette suite des effets de la providence ait été ainsi ordonnée avec la même dépendance qu'ils ont les uns des autres en l'éternelle volonté de Dieu, la sainte Église le témoigne quand elle fait la préface d'une de ses solennelles prières (dernières oraisons des litanies des saints) en cette sorte :

O Dieu éternel et tout-puissant, qui êtes le Seigneur des vivants et des morts, et qui usez de Miséricorde envers tous ceux que vous prévoyez devoir être à l'avenir vôtres par foi et par oeuvre !

comme si elle avouait que la gloire, qui est le comble et le fruit de la Miséricorde Divine envers les hommes, n'est destinée que pour ceux que la divine sapience a prévu qu'à l'avenir obéissants à la vocation, ils viendraient à la foi vive qui opère par la charité.

En somme, tous ces effets dépendent absolument de la rédemption du Sauveur, qui les a mérités pour nous, à toute rigueur de justice, par l'amoureuse obéissance qu'il a pratiquée jusques à la mort, et la mort de la croix laquelle est la racine de toutes les grâces que nous recevons, nous qui sommes greffes spirituels (aujourd'hui on écrirait greffes spirituelles), entés sur sa tige.

Que si, ayant été entés, nous demeurons en lui, nous porterons sans doute, par la vie de la grâce qu'il nous communiquera, le fruit de la gloire qui nous est préparée ; que si nous sommes comme jetons (jets, pousses) et greffes rompus sur cet arbre, c'est-à-dire, que par notre résistance nous rompions le progrès et l'entresuite des effets de sa débonnaireté, ce ne sera pas merveille si enfin on nous retranche du tout, et qu'on nous mette dans le feu éternel comme branches inutiles.

Dieu sans doute n'a préparé le paradis que pour ceux desquels il a prévu, qu'ils seraient siens. Soyons donc siens par foi et par oeuvre, Théotime, et il sera nôtre par gloire.

Or,il est en nous d'être siens; car bien que ce soit un don de Dieu d'être à Dieu, c'est toutefois un don que Dieu ne refuse jamais à personne, ains offre à tous pour le donner à ceux qui de bon coeur consentiront de le recevoir.

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CHAPITRE V
Que le bonheur de mourir en la divine charité est un don spécial de Dieu.


Mais voyez, je vous prie, Théotime, de quelle ardeur Dieu désire que nous soyons siens, puisque à cette intention il s'est rendu tout nôtre, nous donnant sa mort et sa vie: sa vie, afin que nous fussions exempts de l'éternelle mort; et sa mort, afin que nous pussions jouir de l'éternelle vie. Demeurons donc en paix, et servons Dieu pour être siens en cette vie mortelle, et encore plus en l'éternelle.

CHAPITRE VI
Que nous ne saurions parvenir à la parfaite union d'amour avec Dieu en cette vie mortelle.


Les fleuves coulent incessamment; et comme dit le Sage, ils retournent au lieu duquel ils sont issus. La mer, qui est le lieu de leur naissance, est aussi le lieu de leur dernier repos: tout leur mouvement ne tend qu'à les unir avec leur origine.

O Dieu, dit saint Augustin, vous avez créé mon coeur pour vous, et jamais il n'aura repos qu'il ne soit en vous : mais qu'ai-je au ciel sinon vous, ô mon Dieu ! et quelle autre chose veux-je sur la terre? Oui, Seigneur, car vous êtes le Dieu de mon coeur, mon lot, et mon partage éternellement.$Néanmoins cette union à laquelle notre coeur aspire, ne peut arriver à sa perfection en cette vie mortelle. Nous pouvons commencer à aimer Dieu dans ce monde: mais nous ne l'aimerons parfaitement que dans l'autre.

La céleste amante l'exprime délicatement: Je l'ai enfin trouvé, dit-elle, celui que mon âme chérit, je le tiens, et ne le quitterai point jusqu'à ce que je l'introduise dans la maison de ma mère, et dans la chambre de celle qui m'a donné la vie. Elle le trouve donc ce bien-aimé; car il lui fait sentir sa présence par mille consolations : elle le tient, car ce sentiment produit des fortes affections par lesquelles elle le serre et l'embrasse; elle proteste de ne le quitter jamais. Oh! non ; car ces affections passent en résolutions éternelles, et toutefois elle ne pense pas le baiser du baiser nuptial jusques à ce qu'elle soit avec lui en la maison de sa mère, qui est la Jérusalem céleste, comme dit saint Paul.

Mais voyez, Théotime, qu'elle ne pense rien moins, cette épouse, que de tenir son bien-aimé à sa merci comme un esclave d'amour, dont elle s'imagine que c'est à elle de le mener à son gré, et l'introduire au bienheureux séjour de sa mère, où néanmoins elle sera elle-même introduite par lui, comme fut Rebecca en la chambre de Sara par son cher Isaac.

L'esprit pressé de passion amoureuse se donne toujours un peu davantage sur ce qu'il aime; et l'époux même confesse que sa bien-aimée lui a ravi le coeur, l'ayant lié par un seul cheveu de sa tête, savouant son prisonnier d'amour.

Cette parfaite conjonction de l'âme à Dieu ne se fera donc point qu'au ciel, où, comme dit l'Apocalypse, se fera le festin des noces de lAgneau. Ici en cette vie caduque, l'âme est voirement épouse et fiancée de l'Agneau immaculé, mais non pas encore mariée avec lui. La foi et les promesses se donnent, mais l'exécution du mariage est différée; c'est pourquoi il y a toujours lieu de nous en dédire, quoique jamais nous n'en ayons aucune raison, puisque notre époux ne nous abandonne jamais, que nous ne l'obligions à cela par notre déloyauté et perfidie. Mais étant au ciel, les noces de cette divine union étant célébrées, le lien de nos coeurs à leur souverain principe sera éternellement indissoluble.

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CHAPITRE VI
Que nous ne saurions parvenir à la parfaite union d'amour avec Dieu en cette vie mortelle.


Il est vrai, Théotime, qu'en attendant ce grand baiser d'indissoluble union que nous recevrons de l'époux là-haut en la gloire, il nous en donne quelques-uns par mille ressentiments de son agréable présence; car si l'âme n'était pas caressée, elle ne serait pas tirée, ni ne courrait pas et l'odeur des parfums du bien-aimé. Pour cela selon la naïveté du texte hébreu et selon la traduction des septante interprètes, elle souhaite plusieurs baisers:

Qu'il me baise, dit-elle, des baisers de sa bouche! Mais d'autant que ces menus baisers de la vie présente se rapportent tout au baiser éternel de la vie future, comme essais, préparatifs et gages d'icelui, la sacrée vulgaire édition a saintement réduit les baisers de la grâce à celui de la gloire, exprimant le souhait de l'amante céleste en cette sorte: Qu'il me baise d'un baiser de sa bouche, comme si elle disait :

Entre tous les baisers, entre toutes les faveurs que l'ami de mon coeur ou le coeur de mon ami m'a préparées, eh! je ne soupire ni n'aspire qu'à ce grand et solennel baiser nuptial qui doit durer éternellement, et en comparaison duquel les autres caresses ne méritent pas le nom de caresses, puisqu'elles sont plutôt signes de l'union future entre mon bien-aimé et moi, quelles ne sont l'union même.

CHAPITRE VII
Que la charité des Saints en cette vie mortelle égale, voire surpasse quelquefois celle des bienheureux.


Quand, après les travaux et hasards de cette vie mortelle, les bonnes âmes arrivent au port de l'éternelle, elles montent au plus haut degré d'amour auquel elles puissent parvenir; et cet accroissement final leur étant conféré pour récompense de leurs mérites, il leur est départi, non seulement à bonne mesure, mais encore à mesure pressée, entassée, et qui répand de toutes parts par-dessus, comme dit notre Seigneur; de sorte que l'amour qui est donné pour salaire, est toujours plus grand en un chacun que celui lequel lui avait été donné pour mériter.

Or, non seulement chacun en particulier aura plus d'amour au ciel qu'il n'en eut jamais en terre, mais l'exercice de la moindre charité qui soit en la vie céleste, sera de beaucoup plus heureux et excellent, à parler généralement, que celui de la plus grande charité qui soit, ou qui ait été, ou qui sera en cette vie caduque.

Car là-haut tous les Saints pratiquent leur amour incessamment, sans remise quelconque; tandis qu'ici-bas les plus grands serviteurs de Dieu, tirés et tyrannisés des nécessités de cette vie mourante, sont contraints de souffrir mille et mille distractions qui les ôtent souvent de l'exercice du saint amour.

Au ciel, Théotime, l'attention amoureuse des bienheureux est ferme, constante, inviolable, qui ne peut ni périr, ni diminuer. Leur intention est toujours pure, exempte du mélange de toute autre intention inférieure. En somme, ce bonheur de voir Dieu clairement et de l'aimer invariablement est incomparable.

Et qui pourrait jamais égaler le bien, s'il y en a quelqu'un, de vivre entre les périls, les tourmentes continuelles, agitations et vicissitudes perpétuelles qu'on souffre sur mer, au contentement qu'il y a d'être en un palais royal, où toutes choses sont à souhait, ains où les délices surpassent incomparablement tout souhait ?

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CHAPITRE VII

Que la charité des Saints en cette vie mortelle égale, voire surpasse quelquefois celle des bienheureux.


Il y a donc plus de contentement, de suavité et de perfection en l'exercice de l'amour sacré parmi les habitants du ciel, qu'en celui des pèlerins de cette misérable terre. Mais il y a bien eu pourtant des gens si heureux en leur pèlerinage, que leur charité y a été plus grande que celle de plusieurs saints déjà jouissants de la patrie éternelle. Certes, il n'y a pas de l'apparence que la charité du grand saint Jean, des apôtres et hommes apostoliques, n'ait été plus grande, tandis même qu'ils vivaient ici-bas, que celle des petits enfants qui, mourant en la seule grâce baptismale, jouissent de la gloire immortelle.

Ce n'est pas l'ordinaire que les bergers soient plus vaillants que les soldats; et toutefois David, petit berger, venant en l'armée d'Israël, trouva que tous étaient plus habiles aux exercices des armes que lui, qui néanmoins se trouva plus vaillant que tous. Ce n'est pas l'ordinaire non plus que les hommes mortels aient plus de charité que les immortels; et toutefois il y en a eu de mortels qui, étant inférieurs en l'exercice de l'amour aux immortels, les ont néanmoins devancés en la charité et habitude amoureuse.

Et comme mettant en comparaison un fer ardent avec une lampe allumée, nous disons que le fer plus de feu et de chaleur, et la lampe plus de flamme et de clarté: aussi mettant un enfant glorieux en parangon (parallèle, comparaison) avec saint Jean encore prisonnier, ou saint Paul encore captif, nous dirons que l'enfant au ciel a plus de clarté et de lumière en l'entendement, plus de flamme et d'exercice d'amour en la volonté; mais que saint Jean ou saint Paul ont eu en terre plus de feu de charité et plus de chaleur de dilection.

CHAPITRE VIII

De l'incomparable amour de la Mère de Dieu Notre-Dame.


Mais en tout et partout, quand je fais des comparaisons, je n'entends point parler de la très sainte Vierge mère, Notre-Dame. O Dieu! nenni; car elle est la fille d'incomparable dilection, la toute unique colombe, la toute parfaite épouse. De cette reine céleste je prononce de tout mon coeur cette amoureuse, mais véritable pensée, qu'au moins sur la fin de ses jours mortels sa charité surpassa celle des Séraphins. Car si plusieurs filles ont assemblé des richesses, celle-ci les a toutes surpassées. Tous les Saints et les Anges ne sont comparés qu'aux étoiles, et le premier d'entre eux à la plus belle d'entre elles: mais celle-ci est belle comme la lune, aisée d'être choisie et discernée entre tous les Saints, comme le soleil entre les astres.

Et passant plus outre, je pense encore que comme la charité de cette mère d'amour surpasse celle de tous les Saints du ciel en perfection, aussi l'a-t-elle exercée plus excellemment, je dis même en cette vie mortelle. Elle ne pécha jamais véniellement, ainsi que lEglise l'estime. Elle n'eut donc point de vicissitude, ni de retardement au progrès de son amour, ains monta d'amour en amour par un perpétuel avancement; elle ne sentit oncques aucune contradiction de l'appétit sensuel; et partant son amour, comme un vrai Salomon, régna paisiblement en son âme, et y fit tous ses exercices à souhait.

La virginité de son coeur et de sou corps fut plus digne et plus honorable que celle des Anges. C'est pourquoi son esprit, non divisé ni partagé, comme saint Paul parle, était tout occupé à penser aux choses divines, comme elle plairait à son Dieu. Et enfin, l'amour maternel, le plus pressant, le plus actif, le plus ardent de tous, amour infatigable et insatiable, que ne devait-il pas faire dans le coeur d'une telle mère et pour le coeur d'un tel fils?

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CHAPITRE VIII

De l'incomparable amour de la Mère de Dieu Notre-Dame.


Eh! n'alléguez pas, je vous prie, que cette sainte Vierge fut néanmoins sujette au dormir (au sommeil) : non, ne me dites pas cela, Théotime. Car ne voyez-vous pas que son sommeil est un sommeil d'amour? de sorte que son époux même veut qu'on la laisse dormir tant qu'il lui plaira.

Ah! gardez bien, je vous en conjure, dit-il, d'éveiller ma bien-aimée jusquà ce qu'elle le veuille. Oui, Théotime, cette reine céleste ne s'endormait jamais que d'amour, puisqu'elle ne donnait aucun repos à son précieux corps que pour le revigorer, afin qu'il servit mieux son Dieu par après : acte certes très excellent de charité. Car, comme dit le grand saint Augustin, elle nous oblige d'aimer nos corps convenablement, en tant qu'ils sont requis aux bonnes oeuvres, qu'ils font une partie de notre personne, et qu'ils seront participants de la félicité éternelle.

Certes, un chrétien doit aimer son corps comme une image vivante de celui du Sauveur incarné, comme issu, de même tige avec icelui, et par conséquent lui appartenant en partage et consanguinité, surtout après que nous avons renouvelé l'alliance par la réception réelle de ce divin corps du Rédempteur, au très adorable sacrement de l'Eucharistie, et que par le baptême, confirmation et autres sacrements, nous nous sommes dédiés et consacrés à la souveraine bonté.

Mais quant à la très sainte Vierge, ô Dieu, avec quelle dévotion devait-elle aimer son corps virginal, non seulement parce que c'était un corps doux, humble, pur, obéissant au saint amour, et qui était tout embaumé de mille sacrées suavités; mais aussi parce qu'il était la source vivante de celui du Sauveur, et lui appartenait si étroitement d'une appartenance incomparable.

C'est pourquoi quand elle mettait son corps angélique au repos du sommeil : Or sus, reposez, disait-elle, ô tabernacle de l'alliance, arche de la sainteté, trône de la Divinité ; allégez-vous un peu de votre lassitude, et réparez vos forces par cette douce tranquillité.

Et puis, mon. cher Théotime, ne savez-vous pas que les songes mauvais, procurés volontairement par les pensées dépravées du jour, tiennent en quelque sorte lieu de péché, parce que ce sont comme des dépendances et exécutions de la malice précédente?

Ainsi certes, les songes provenant des saintes affections de la veille sont estimés vertueux et sacrés. Mon Dieu, Théotime, quelle consolation d'ouïr saint Chrysostome racontant un jour à son peuple la véhémence de l'amour qu'il lui portait! « La nécessité du sommeil, dit-il, pressant nos paupières, la tyrannie de notre amour envers vous excite les yeux de notre esprit; et maintes fois emmi (dans) mon sommeil, il m'a été avis que je vous parlais: car l'âme a accoutumé de voir en songe par imagination ce qu'elle pense parmi la journée. Ainsi ne vous voyant pas des yeux de la chair, nous nous voyons des yeux de la charité. »

Eh! doux Jésus, qu'est-ce que devait songer votre très sainte Mère lorsqu'elle dormait, et que son coeur veillait? Ne songeait-elle point de vous voir encore plié dans ses entrailles, comme vous fûtes neuf mois, ou bien pendant à ses mamelles, et pressant doucement son sein virginal ? Hélas! que de douceur en cette âme! Peut-être songea-t-elle maintefois que, comme notre Seigneur avait jadis souvent dormi sur sa poitrine, ainsi qu'un petit agnelet sur le flanc mollet de sa mère: de même aussi elle dormait dans son côté percé, comme une blanche colombe dans le trou d'un rocher assuré.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE VIII

De l'incomparable amour de la Mère de Dieu Notre-Dame.


Si que son dormir (en sorte que son sommeil) était tout pareil à l'extase quant à l'opération de l'esprit, bien que quant au corps ce fait un doux et gracieux allégement et repos.

Mais si jamais elle songea, comme lancien Joseph, à sa grandeur future, quand au ciel elle serait revêtue du soleil, couronnée d'étoiles, et la lune à ses pieds, c'est-à-dire tout environnée de la gloire de son Fils, couronnée de celle des Saints et l'univers sous elle :

ou que, comme Jacob, elle vit le progrès et les fruits de la rédemption faite par son Fils en faveur des Anges et des hommes : Théotime, qui pourrait jamais s'imaginer limmensité de si grandes délices? Que de colloques avec son cher enfant! que de suavité de toutes parts!

Mais voyez, je vous prie, que ni je ne dis, ni je ne veux dire que cette âme tant privilégiée de la Mère de Dieu ait été privée de l'usage de raison en son sommeil.

Plusieurs ont estimé que Salomon en ce beau songe, quoique vrai songe, auquel il demanda et reçut le don de son incomparable sagesse, eut un véritable exercice de son franc arbitre à cause de l'éloquence judicieuse du discours qu'il y fit, du choix plein de discernement auquel il se détermina, et de la prière très excellente dont il usa.

Le tout sans aucun mélange d'impertinence, ou d'aucun détraquement d'esprit. Mais combien donc y a-t-il plus d'apparence que la mère du vrai Salomon ait eu l'usage de raison en son sommeil, comme Salomon même la fait parler, que son coeur ait veillé tandis quelle dormait ?

Certes, que saint Jean eût l'exercice de son esprit dans le ventre même de sa mère, ce fut une bien plus grande merveille. Et pourquoi donc en refuserions-nous une moindre à celle pour laquelle et à laquelle Dieu a fait plus de faveurs, qu'il ne fit ni ne fera jamais pour tout le reste des créatures?

En somme, comme labeston (substance minérale, filamenteuse, incombustible), pierre précieuse, conserve à jamais le feu qu'il a conçu par une propriété nonpareille; ainsi le coeur de la Vierge mère demeura perpétuellement enflammé du saint amour qu'elle reçut de son Fils, mais avec cette différence, que le feu de labeston, qui ne peut être éteint, ne peut non plus être agrandi, et les flammes sacrées de la Vierge ne pouvant ni périr, ni diminuer, ni demeurer en même état, ne cessèrent jamais de prendre des accroissements incroyables jusques au ciel, lieu de leur origine.

Tant il est vrai que cette mère est la mère de belle dilection, c'est-à-dire la plus aimable comme la plus amante, et la plus amante comme la bien aimée Mère de cet unique Fils, qui est aussi le plus aimable, le plus amant et le plus aimé Fils de cette unique mère.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE IX.

Préparation au discours de l'union des bienheureux avec Dieu.


L'amour triomphant que les bienheureux exercent au ciel, consiste en la finale, invariable et éternelle union de l'âme avec son Dieu. Mais qu'est-elle cette union?

A mesure que nos sens rencontrent des objets agréables et excellents, ils s'appliquent plus ardemment et avidement à la jouissance d'iceux. Plus les choses sont belles, agréables à la vue, et dûment éclairées, plus l'oeil les garde avidement et vivement; et plus la voix ou musique est douce et suave, plus elle attire l'attention de l'oreille :

si que chaque objet exerce une puissante, mais amiable violence sur le sens qui lui est destiné, violence qui prend plus ou moins de force, selon que l'excellence est moindre ou plus grande, pourvu qu'elle soit proportionnée à la capacité du sens qui en veut jouir; car l'oeil qui se plait tant en la lumière, n'en peut pourtant supporter l'extrémité, et ne saurait regarder fixement le soleil; et pour belle que soit une musique, si elle est forte et trop proche de nous, elle nous importune et offense nos oreilles.

La vérité est l'objet de notre entendement, qui a par conséquent tout son contentement à découvrir et connaître la vérité des choses, et selon que les vérités sont plus excellentes, notre entendement s'applique plus délicieusement et plus attentivement à les considérer. Quel plaisir pensez-vous, Théotime, qu'eussent ces anciens philosophes, qui connurent si excellemment tant de belles vérités en la nature?

Certes, toutes les voluptés ne leur étaient rien en comparaison de leur bien-aimée philosophie, pour laquelle quelques-uns d'entre eux quittèrent les honneurs, les antres des grandes richesses, d'autres leur pays, et s'en est trouvé tel qui de sens rassis s'est arraché les yeux, se privant pour jamais de la jouissance de la belle et agréable lumière corporelle, pour s'occuper plus librement à considérer la vérité des choses par la lumière spirituelle; car on lit cela de Démocrite(Démocrite, dAbdère philosophe grec, (49O av. J.-C.) expliquait le monde par les atomes tant la connaissance de la vérité est délicieuse ! dont Aristote a dit fort souvent, que la félicité et béatitude humaine consiste en la sapience (sagesse philosophie), qui est la connaissance des vérités éminentes.

Mais lorsque notre esprit élevé au-dessus de la lumière naturelle commence à voir les vérités sacrées de la foi, ô Dieu! Théotime, quelle allégresse! L'âme se fond de plaisir oyant la parole de son céleste époux quelle trouve plus douce et suave que Le miel de toutes les sciences humaines.

Dieu a empreint sa piste, ses allures et passées en toutes les choses créées; de sorte que la connaissance que nous avons de sa divine majesté par les créatures, ne semble être autre chose que la vue des pieds de Dieu, et qu'en comparaison de cela, la foi est une vue de la face même de sa divine majesté, laquelle nous ne voyons pas encore au plein jour de la gloire, mais nous la voyons pourtant comme en la prime aube du jour, ainsi qu'il advint à Jacob auprès du gué de Jabob; car bien qu'il n'eût vu l'ange avec lequel il lutta, sinon à la faible clarté du point du jour, si est-ce que, tout ravi de contentement, il ne laissa pas de s'écrier:

J'ai vu le Seigneur face à face, et mon âme a été sauvée. O combien délicieuse est la sainte lumière de la foi, par laquelle nous savons avec une certitude nonpareille, non seulement l'histoire de l'origine des créatures et de leur vrai usage, mais aussi celle de la naissance éternelle du grand et souverain Verbe divin, auquel et par lequel tout a été fait, et lequel avec le Père et le Saint-Esprit est un seul Dieu, très unique, très adorable, et béni ès siècles des siècles.

Source : Livres-mystiques.com

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