La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange

Postez ici vos intentions de prière.
amidelamisericorde
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DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE PREMIER - LA SIMPLICITÉ DIVINE


Ce qui constitue formellement la nature de Dieu, selon notre manière imparfaite de connaître, c'est, avons-nous dit, l'Être même subsistant, car, c'est ce par quoi Dieu se distingue de toute créature, et c'est le principe d'où se peuvent déduire tous ses attributs, comme les propriétés de l'homme se déduisent de ce qu'il est un être raisonnable. Il nous faut considérer maintenant, pour avoir une juste idée de la Providence, les perfections divines qu'elle suppose. La vraie notion de Providence est comme une résultante de la contemplation prolongée de ces perfections. Peu à peu la mise au point se fait dans notre intelligence.

On distingue les attributs relatifs à l'être même de Dieu, comme la simplicité, l'infinité, l'éternité, l'incompréhensibilité, et ceux relatifs aux opérations divines, la Sagesse et la Providence pour l'intelligence, et pour la volonté, l'Amour et ses deux grandes vertus : la Miséricorde et la Justice, enfin la Toute-Puissance.

Chacun de ces attributs est une perfection absolue, qui n'implique aucune imperfection, et qui se déduit de ce que nous concevons comme le constitutif formel de la nature divine[11].
Notre-Seigneur nous a dit : « Soyez parfaits comme le Père céleste est parfait » non pas seulement comme les anges, mais comme le Père céleste est parfait, car nous avons reçu la grâce sanctifiante qui doit grandir en nous et qui est une participation, non pas de la nature angélique, mais de la nature même de Dieu.

Il convient donc de contempler souvent dans la prière, par exemple en méditant très lentement le Pater, les perfections infinies de Dieu, dont une participation doit se retrouver, chaque jour un peu plus, dans notre vie.
Nous parlerons d'abord de la simplicité de Dieu, qui est profondément marquée dans les voies de la Providence.

La simplicité divine et ses reflets.

Qu'est-ce que la simplicité en général ? C'est ce qui s'oppose à la composition, à la complexité, à la complication, comme l'unité est l'indivision de l'être. Ce qui est simple s'oppose à ce qui est composé de différentes parties, et par suite à ce qui est compliqué, maniéré, entaché d'affectation. Au point de vue moral, la simplicité ou la droiture s'oppose à la duplicité.

Nous disons que le regard de l'enfant est simple, parce qu'il va droit au but, sans arrière-pensée; et ne tend pas vers des choses différentes; lorsque l'enfant dit une chose, il ne pense pas à une autre, lorsqu'il affirme ceci, il ne le nie pas en même temps. Il n'est pas double ou de mauvaise foi. NotreSeigneur nous dit : « si ton œil est simple, tout ton corps sera éclairé », c'est-à-dire : si notre intention est droite et simple, toute notre vie sera une, vraie, lumineuse, au lieu d'être divisée, comme celle de ceux qui cherchent à servir deux maîtres à la fois: Dieu et l'argent. Et devant toutes les complexités, les faux semblants, les complications plus ou moins mensongères du monde, nous pressentons que la vertu morale de simplicité ou de franchise et de loyauté est un reflet d'une perfection divine. Comme le dit saint Thomas : « Simplicitas facit intentionem rectam excludendo duplicitatem », IIa-IIae, q. 109, 2, 4m.

Source : Livres-mystiques.com

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LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE PREMIER - LA SIMPLICITÉ DIVINE

Mais qu'est-ce donc que la simplicité divine ? C'est l'absence de toute composition d'éléments divers, l'absence de toute division.


1° On ne peut tout d'abord distinguer en Dieu des parties quantitatives, comme dans un corps. Dans tout corps il y a des parties étendues, les unes à côté des autres, que ce soient des parties semblables comme dans un diamant, ou des parties différentes comme les membres et les organes d'un Corps vivant, les yeux, les oreilles, etc.

Dieu, par opposition, a la simplicité du pur esprit, incomparablement supérieure à celle du diamant le plus pur, et à l'unité de l'organisme le plus parfait. En Dieu on ne peut distinguer deux parties comme l'âme et le corps, la première vivifiant la seconde; la seconde serait par là même moins parfaite; elle ne serait pas la vie, mais y participerait ; elle ne serait pas le principe de l'ordre, mais elle serait ordonnée. Il ne peut y avoir en Dieu rien d'imparfait, ni aucune composition. Tout composé demande une cause, qui en ait réuni les éléments, et Dieu est la cause suprême non causée, il est donc absolument simple.

2° Dieu a même une simplicité très supérieure à celle de l'ange; l'ange est pur esprit sans doute, mais son essence n'existe pas par elle-même, elle est seulement susceptible d'exister, capable d'exister, elle n'est pas l'existence même. L'ange est un composé d'essence finie et d'existence limitée; tandis que Dieu, nous l'avons vu, est l'Être même subsistant, purement immatériel.

Enfin l'ange ne peut connaître que par une faculté intellectuelle, il ne peut vouloir que par une autre faculté, la volonté. Ces deux facultés et leurs actes successifs de penser et de vouloir, sont des accidents, distincts de la substance de l'ange; sa substance reste la même, tandis que ses pensées se succèdent. En Dieu au contraire il ne saurait y avoir cette composition de substance et d'accidents, car la substance divine est déjà la plénitude de l'être et aussi la plénitude de la vérité toujours connue, et du bien toujours aimé. Il n'y a pas en Dieu des pensées qui succèdent à d'autres pensées, mais une pensée toujours la même qui subsiste et embrasse toute vérité. Il n'y a pas en Dieu des vouloirs qui succèdent à d'autres vouloirs, mais un vouloir toujours le même, qui subsiste et se porte sur tout ce que Dieu veut.

Et donc la simplicité divine, ou l'unité divine est l'absence de toute composition et de toute division, dans l'être, dans la pensée, dans le vouloir.

3° La simplicité de son intelligence est celle d'un très pur regard, qui sans aucun mélange d'erreur ou d'ignorance porte d'en-haut sur toute vérité connaissable, sans changer jamais.

La simplicité de sa volonté ou de son intention est celle d'une intention souverainement pure, qui ordonne admirablement toutes choses, et qui ne permet le mal que pour un plus grand bien.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE PREMIER - LA SIMPLICITÉ DIVINE


Mais ce qu'il y a de plus beau en cette simplicité de Dieu, c'est qu'elle unit en soi les perfections en apparence les plus opposées, l'immutabilité absolue et l'absolue liberté, la sagesse infinie et le bon plaisir le plus libre, qui nous parait parfois arbitraire, ou encore l'infinie justice, inexorable pour le péché sans repentance, et l'infinie Miséricorde.

Toutes ces perfections infinies sont fondues, identifiées, sans se détruire, dans la simplicité de Dieu. C'est en cela surtout que consiste l'éminence et la splendeur de cet attribut de Dieu.

C'est cette simplicité si haute dont nous trouvons un reflet dans la simplicité du regard de l'enfant, plus encore dans la simplicité du regard d'un saint, au-dessus de toutes les complexités si souvent mensongères du monde, et de toute duplicité.

Redescendons maintenant vers les créatures. Combien cette simplicité de Dieu, qui a son reflet dans la sainteté, est différente de la prétendue simplicité, qui consiste à dire tout ce qui nous passe par la tête et par le cœur, au risque de nous contredire du jour au lendemain, lorsque les impressions auront changé, lorsque les personnes avec lesquelles on vit auront cessé de plaire.

Cette prétendue simplicité est l'instabilité même et la contradiction, par suite la complication et le mensonge plus ou moins conscient, tandis que la simplicité de Dieu est l'unité immuable, celle de la sagesse suprême qui ne change pas et d'un amour du bien très pur et très fort, toujours le même, à l'infini au-dessus de notre impressionnabilité et de nos opinions successives.

Cette simplicité de Dieu, nous l'entrevoyons en pensant à l'âme simplifiée, qui arrive à juger de tout avec sagesse à la lumière divine et à ne vouloir les choses que pour Dieu.

Au contraire l'âme compliquée est celle qui juge de tout selon les impressions variables de sa sensibilité et qui veut les choses par égoïsme selon la variété de ses caprices, dans lesquels parfois elle s'obstine ou qui au contraire changent avec l'humeur, le temps et les circonstances.

Et tandis que l'âme compliquée se trouble pour un rien ; l'âme simplifiée par sa sagesse et son amour désintéressé, garde la paix. Le don de sagesse donne la paix, ou la tranquillité de l'ordre, l'unité, l'harmonie de la vie simplifiée, unie à Dieu.

L'âme d'un saint Joseph, d'un saint Jean, d'un saint François, d'un saint Dominique, d'un curé d'Ars donnent une idée de la simplicité de Dieu; plus encore l'âme de Marie, et beaucoup plus la sainte âme de Jésus, lorsqu'il disait : « Si votre œil est simple tout votre corps sera éclairé »... c'est-à-dire si le regard de votre âme est simple, elle sera toute lumineuse, vraie, loyale, sincère, sans duplicité. - « Soyez prudents comme le serpent (pour n'être pas séduits par le monde), mais simples comme la colombe » pour rester dans la vérité de Dieu. - « Je te rends grâces, ô Père, de ce que tu as caché ces choses aux prudents et aux sages, et de ce que tu les a révélées aux petits ». - « Que votre langage soit ainsi : Cela est, cela n'est pas ». (Matth., V, 37.)

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE PREMIER - LA SIMPLICITÉ DIVINE


Déjà l'ancien Testament disait : « Cherchez le Seigneur dans la simplicité du cœur » Sap., I, 1. - « Mieux vaut le pauvre qui marche dans sa simplicité, que le riche qui va par des voies tortueuses » Prov., 19, 1. - « Mourons dans la simplicité de notre cœur, » dirent les Maccabées (I, c. II, 37), sous l'injustice qui les frappait. « Obéissez, disait saint Paul, dans la simplicité de votre cœur » Col., III, 22. « Ne perdez pas votre simplicité à l'égard du Christ. » II Cor., XI, 3.

C'est cette simplicité, dit Bossuet, qui permet aux âmes limpides, d'entrer dans les hauteurs de Dieu, dans les voies de la Providence, dans les mystères insondables, dont les âmes compliquées se scandalisent, dans les mystères de l'infinie justice, de l'infinie Miséricorde, et de la souveraine Liberté du bon plaisir divin. Tous ces mystères, dans leur élévation, sont simples pour les simples, malgré leur obscurité.

La raison en est que, dans les choses divines, les plus simples, comme le Pater, sont aussi les plus hautes et les plus profondes. Au contraire dans les choses de ce monde, qui contiennent du bien et du mal intimement mêlés et sont pour cela très complexes, celui qui veut être simple, manque de pénétration, reste naïf, ingénu et superficiel. Dans les choses divines, la simplicité s'unit à la profondeur et à l'élévation, car les choses divines les plus élevées en Dieu et les plus profondes en notre cœur sont la simplicité même.

L'image parfaite de la simplicité de Dieu

L'image la plus pure et la plus haute qui nous ait été donnée de la simplicité divine est la sainteté de Jésus, qui contient comme fondues ensemble les vertus en apparence les plus opposées.

Rappelons-nous sa simplicité à l'égard de ses adversaires, à l'égard de son Père, à l'égard des âmes.

Il peut dire aux pharisiens qui cherchent à le tuer, et dire sans que personne le contredise : « Qui de vous m'accusera de péché ? » Joan., VIII, 46. Rappelons-nous sa sainte indignation contre leur duplicité : « Malheur à vous, hypocrites, qui fermez aux hommes la porte du royaume des cieux; vous n'y entrez pas et vous ne permettez pas aux autres d'y entrer. Malheur à vous, guides aveugles..., vous êtes comme des sépulcres blanchis, qui au dehors paraissent beaux, mais au dedans sont pleins de pourriture ».

A l'égard de son Père : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé... J'accomplis toujours ce qui lui plaît... J'honore mon Père et ce n'est pas la gloire que je cherche ». Joan., IV, 34; VIII, 50.

« Père, s'il est possible que ce calice s'éloigne de moi, mais que votre volonté soit faite, non la mienne. » Matth., XXVI, 42. « Père, je remets mon âme entre vos mains... Tout est consommé ». (Luc, XXIII, 46; Jean, XIX, 30.)

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CHAPITRE PREMIER - LA SIMPLICITÉ DIVINE

L'image parfaite de la simplicité de Dieu


A l'égard des fidèles; « Recevez mes leçons, car je suis doux et humble de cœur; et vous trouverez le repos de vos âmes ». Il a une telle simplicité, qu'il peut parler et lui seul peut parler de sa propre humilité sans la perdre.

Il est le bon pasteur des âmes, qui va de préférence vers les pauvres, les infirmes, les affligés, les petits enfants, et aussi vers les pécheurs pour les ramener.

Et c'est le bon pasteur qui donne simplement sa vie pour ses brebis, en priant pour ses bourreaux, et en disant au bon larron : « Tu seras avec moi, ce soir, en Paradis ».
Ce qui est surtout étonnant dans la simplicité de Jésus, c'est qu'elle unit en elle les vertus en apparence les plus opposées, et portées chacune au suprême degré.

En lui se concilient simplement la sainte rigueur de la justice à l'égard des pharisiens hypocrites et l'immense Miséricorde à l'égard de toutes les âmes dont il est le Pasteur; et la rigueur de la justice reste subordonnée à l'Amour du bien, dont elle procède.

En lui se concilient aussi de la façon la plus simple, la plus profonde humilité et la plus haute dignité, magnanimité ou grandeur d'âme. D'une part Il vit trente ans de la vie cachée d'un pauvre ouvrier. Il dit qu'il n'est pas venu pour être servi, mais pour servir; lorsqu'on veut le faire roi, il s'enfuit sur la montagne; il lave les pieds de ses disciples le jeudi Saint; il accepte pour nous les dernières humiliations de la Passion...

Et d'autre part avec quelle magnanimité, dans cette même Passion, il proclame devant Pilate sa royauté universelle. Pilate lui dit : « Es-tu le roi des juifs ?... Qu'as-tu fait ?... » Jésus répond : « Mon royaume n'est pas de ce monde... » - « Tu es donc roi, » reprend Pilate. - « Tu le dis, je suis roi. Je suis né et venu au monde, pour rendre témoignage à la vérité ; quiconque est de la vérité écoute ma voix » Jean, XVIII, 33 ss. - Avec quelle simplicité et quelle grandeur, il répond à Caïphe qui l'adjure de dire s'il est le Fils de Dieu : « Tu l'as dit; de plus, je vous le dis, vous verrez désormais le Fils de l'homme siéger à la droite du Tout-Puissant et venir sur les nuées du ciel ». Matth., XXVI, 64.

Cette simplicité de Jésus conciliait en elle l'humilité la plus profonde et la magnanimité la plus haute, et lui le plus humble des hommes fut condamné pour un prétendu crime de blasphème et d'orgueil.

En lui de même, se concilient la plus parfaite douceur qui le fait prier pour ses bourreaux, et la force la plus héroïque dans le martyre, lorsqu'il est abandonné de son peuple et de presque tous ses disciples aux heures les plus douloureuses de la Passion et du crucifiement. Il y a dans cette simplicité une telle grandeur que le Centurion le voyant mourir ne put s'empêcher de glorifier Dieu et de dire : « Vraiment cet homme était un juste ».

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CHAPITRE PREMIER - LA SIMPLICITÉ DIVINE

L'image parfaite de la simplicité de Dieu


La simplicité est grande et prodigieusement haute, lorsqu'elle concilie ainsi en elle les vertus en apparence les plus opposées. Elle est la plus haute expression du beau. Le beau en effet est une harmonie, la splendeur de l'unité dans la diversité; et plus la diversité est grande, plus en même temps l'unité est profonde, plus le beau est extraordinaire, et il mérite alors le nom de sublime. C'est vraiment l'image de la simplicité divine qui concilie en elle l'infinie sagesse et le bon plaisir le plus libre, comme aussi l'infinie Justice parfois inexorable, et l'infinie Miséricorde, toutes les énergies et toutes les tendresses de l'amour.

Et c'est pourquoi Dieu seul peut produire dans une âme cette très haute simplicité, image de la sienne. Notre tempérament est déterminé dans un sens, porté soit à l'indulgence, soit à la rigueur, ou encore soit aux grandes vues d'ensemble, soit aux détails des choses pratiques, mais pas aux deux en même temps; si donc une âme, avec une simplicité parfaite, pratique en même temps les vertus en apparence les plus opposées, c'est que le bon Dieu est très intimement en elle, et il la marque à son effigie.

C'est ce qu'a admirablement exprimé Bossuet dans le Discours sur l'Histoire universelle 2e P., ch. 19 : « Qui n'admirerait la condescendance avec laquelle Jésus tempère la hauteur de sa doctrine ? C'est du lait pour les enfants, et tout ensemble du pain pour les forts. On le voit plein des secrets de Dieu, mais on voit qu'il n'en est pas étonné, comme les autres mortels à qui Dieu se communique; il en parle naturellement comme étant né dans ce secret et dans cette gloire, et ce qu'il a sans mesure (Joan., III, 34), il le répand avec mesure, afin que notre faiblesse le puisse porter ».

Pascal dans les Pensées exprime de même la simplicité de Jésus, image très pure de celle de Dieu « Jésus-Christ, sans biens, (sans fortune), sans aucune production au dehors de science, est dans son ordre de sainteté. Il n'a point donné d'invention, il n'a point régné : mais il a été humble, patient, saint, saint à Dieu, sans aucun péché.

Oh ! qu'il est venu en une prodigieuse magnificence aux yeux du cœur et qui voient la Sagesse !... Jamais homme n'a eu tant d'éclat, jamais homme n'a eu plus d'ignominie... Qui a appris aux Évangélistes les qualités d'une âme parfaitement héroïque, pour la peindre si parfaitement en Jésus-Christ ? Pourquoi le font-ils faible dans son agonie ?

Ne savent-ils pas peindre une mort constante ? Oui, sans doute; car le même saint Luc peint celle de saint Étienne plus forte que celle de Jésus-Christ. Ils le font donc capable de crainte avant que la nécessité de mourir soit arrivée, et ensuite, tout fort. Mais quand ils le font si troublé, c'est quand il se trouble lui-même (quand il veut connaître l'écrasement et l'angoisse pour souffrir jusque-là pour nous) et quand les hommes le troublent, il est tout fort », de la force même qui les sauve.

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CHAPITRE PREMIER - LA SIMPLICITÉ DIVINE


La simplicité de Jésus, image très pure de celle de Dieu, apparaît dans toute sa vie. Comme le remarque le Père Grou : « Il est impossible de dire des choses si hautes et si divines d'une manière plus simple.

Les prophètes paraissent étonnés et frappés des grandes vérités qu'ils annoncent... Jésus se possède en parlant parce qu'il tire tout de son fonds... ; le trésor de ses connaissances est en lui-même, et il ne l'épuise point en le communiquant ». (L'intérieur de Jésus, ch. XXIX.)

Nous pouvons ainsi soupçonner quelque chose de la simplicité de Dieu, de la simplicité de son être, de sa pensée, de son amour, simplicité qui unit dans son éminence les attributs en apparence les plus opposés comme Justice et Miséricorde, qui les unit sans les détruire, mais au contraire les contient à l'état pur, sans aucune imperfection, ni atténuation.

C'est cette simplicité qu'il nous sera donné de voir dans la vie éternelle, si nous nous rapprochons d'elle chaque jour un peu plus, par la simplicité du cœur, sans laquelle il ne saurait y avoir aucune contemplation de Dieu ni aucun amour véritable.

CHAPITRE II
- L'INFINITÉ DE DIEU


La simplicité de Dieu, simplicité de l'Esprit pur et de l'Être même, réunit en elle, nous l'avons vu, sans aucune distinction réelle, les perfections en apparence les plus opposées comme la Justice et la Miséricorde, et nous avons trouvé un reflet de cette simplicité divine dans le regard de l'enfant, dans le regard des saints, surtout dans la simplicité si haute de la sainte âme de Notre-Seigneur qui, comme la simplicité divine, réunit en elle les vertus en apparence les plus opposées, l'humilité la plus profonde et la magnanimité la plus grande, la douceur la plus compatissante et la force la plus héroïque, la fermeté de la justice et la tendresse de la Miséricorde.

Il nous faut parler maintenant d'un autre attribut de l'être divin, qui est son infinité. Sans lui on ne saurait concevoir la Sagesse divine, ni la Providence.

Cet attribut paraît au premier abord s'opposer au précédent; car notre intelligence reste plus ou moins captive de l'imagination, qui nous représente la simplicité divine, comme celle d'un point, sommet d'une pyramide. Or un point est indivisible et inétendu, il n'est donc pas infini. Comment Dieu peut-il être à la fois souverainement simple et infini ?

C'est que la simplicité divine n'est pas celle d'un point dans l'espace ; c'est une simplicité spirituelle très supérieure à l'espace et au point; et de même l'infinité de Dieu est une infinité de perfection, très supérieure à ce que serait l'infinité corporelle d'un monde qui n'aurait pas de limites.

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CHAPITRE II
L'INFINITÉ DE DIEU


Beaucoup d'erreurs sur l'infinité divine proviennent de ce que l'on confond l'infinité quantitative d'une étendue qui n'aurait pas de bornes ou d'un temps qui n'aurait pas commencé avec l'infinité qualitative ou de perfection, comme celle d'une sagesse infinie et d'un amour infini. La différence de ces deux infinis est pourtant considérable, c'est celle qui sépare les corps de l'Esprit pur infiniment parfait.

Il ne faut pas confondre non plus cette infinité de perfection, qui est souverainement déterminée, si complète qu'on ne peut rien lui ajouter, avec l'indétermination de la matière capable de recevoir toutes les formes.

Ce sont là les deux extrêmes d'une part l'indétermination absolument imparfaite de la matière, et de l'autre l'infinité souverainement parfaite de l'Esprit pur qui est l'Être même.

La preuve à priori de l'infinité divine


Comment se prouve l'infinité de Dieu, ainsi conçue comme une infinité de perfection ?
Saint Thomas en donne, Ia, q. 7, a. 1, une très belle preuve que peuvent saisir facilement les artistes. Il remarque que l'idéal de l'artiste, la forme idéale conçue par lui, par exemple la forme de la statue de Moïse, conçue par Michel-Ange, a une certaine infinité, avant d'être matérialisée, limitée à telle portion de matière, en tel lieu de l'espace.

Cette forme idéale du Moïse dans la pensée de Michel-Ange est en effet indépendante de toute limite matérielle, et il peut la reproduire indéfiniment dans le marbre, l'argile ou le bronze.

Il faut en dire autant de toute forme idéale, même de la forme spécifique des êtres de la nature: de la forme spécifique du lis, de celle de la rose, de celle du lion, ou de celle de l'aigle.

Ces formes spécifiques, avant d'être matérialisées, limitées à telle portion de matière, en tel lieu de l'espace, ont une certaine infinité formelle ou de perfection, qui est l'indépendance de toute limite matérielle, c'est ainsi que l'idée du lis est supérieure à tous les lis particuliers, l'idée de l'aigle supérieure à tous les aigles dont elle exprime l'essence.

C'est un principe: Toute forme non encore reçue dans la matière a une certaine infinité de perfection.

Or il est facile d'appliquer à Dieu ce principe, remarque saint Thomas, car de toutes les perfections formelles, la plus parfaite est, non pas celle du lis, ou de l'aigle, ou de l'homme idéal, mais celle de l'être ou de l'existence, qui est l'actualité ultime de tout.

Toutes les perfections de ce monde sont quelque chose qui est capable d'exister, mais elles ne sont pas l'existence même; elles peuvent la recevoir, comme la matière reçoit la forme du lis ou celle de la rose.

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CHAPITRE II
L'INFINITÉ DE DIEU

La preuve à priori de l'infinité divine


Si donc Dieu existe par soi, s'il est l'Être même, l'existence même, conclut saint Thomas, il est infini, d'une infinité non pas quantitative, mais qualitative et de perfection. Si le lis idéal est indépendant de toute limite matérielle individuelle, l'Être même subsistant dépasse non seulement toute limite spatiale et matérielle, mais même toute limite d'essence. Tandis qu'un ange, si parfait soit-il, a une existence finie selon les limites de son essence spirituelle, en Dieu, l'existence n'est pas reçue dans une essence, susceptible d'exister, il est l'Existence même, irreçue, éternellement subsistante.

Dieu est ainsi souverainement déterminé, parfait, complet, rien ne peut lui être ajouté, et il est en même temps infini; c'est-à-dire d'une perfection sans limites, incompréhensible, « l'océan infini de l'être », dit saint Jean Damascène, mais un océan spirituel, sans bornes, ni rivages, très au-dessus de l'espace, du point, et infiniment supérieur dans sa spiritualité à ce que serait un monde matériel quantitativement infini, ou sans limites.

C'est en même temps l'infinité de l'Être, de l'esprit pur, de la sagesse, de la bonté, de l'amour et de la puissance, car l'infinité est un mode de tous les attributs divins.
Telle est la preuve à priori qu'en donne saint Thomas, elle est tirée de ce principe : Toute forme non encore reçue dans la matière a une certaine infinité de perfection, comme par exemple la forme du lis. Or l'existence est en toutes choses ce qu'il y a de plus formel, l'ultime actualité. Et donc Dieu, qui est l'Être même, l'existence même, est infini, d'une infinité de perfection, qui dépasse toute limite spatiale, matérielle, et même toute limite d'essence. Il est ainsi infiniment supérieur à tous les corps et à tous les esprits purs créés.

Preuve a posteriori de l'infinité divine

Il y a une autre preuve de l'infinité de Dieu; c'est une preuve a posteriori, qui montre que la production des êtres finis ex nihilo ou leur création de rien suppose une puissance active infinie, qui ne peut appartenir qu'à une cause infiniment parfaite. (Cf. saint Thomas, Ia, q. 45, a. 5.)

En effet, une cause finie ne peut produire un effet quelconque qu'en transformant un sujet préexistant, susceptible d'être transformé. Ainsi le statuaire a besoin de matière pour faire une statue; ainsi encore le maître forme peu à peu l'intelligence du disciple, mais il ne lui a pas donné l'intelligence.

Et plus le sujet à transformer est pauvre, plus la puissance active transformatrice doit être riche et féconde. Plus la terre est pauvre, plus il faut la labourer, y mettre une bonne semence, la fertiliser. Mais si la terre était si pauvre, si pauvre, qu'elle soit réduite à zéro, à rien, absolument rien, alors pour produire de ce rien quelque chose, il faudrait une puissance active non seulement très riche et très féconde, mais une puissance active infiniment parfaite, c'est la puissance créatrice.

Les agents créés sont transformateurs, mais ils ne sont pas créateurs. Pour produire tout l'être d'un être fini quelconque, si petit soit-il, pour produire tout l'être d'un grain de sable, c'est-à-dire pour le produire de rien, il faut une puissance infinie, qui ne peut appartenir qu'à l'Être infiniment parfait; et donc la cause première de tout ce qui arrive à l'existence doit être infiniment parfaite.

Non seulement le plus élevé des anges n'a pu créer l'univers physique, mais il ne peut même pas créer un grain de poussière, et il ne le pourra jamais; il faut, pour créer de rien (c'est-à-dire: sans aucun sujet préexistant) quoi que ce soit, une puissance infinie

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CHAPITRE II
L'INFINITÉ DE DIEU

Preuve a posteriori de l'infinité divine


Le panthéisme a fait à cette doctrine traditionnelle et révélée une objection assez puérile.
Il dit : à l'Infini rien ne peut être ajouté; si donc le monde s'ajoute, comme une réalité nouvelle, à l'être de Dieu, l'être de Dieu n'est pas infini.

A cela, il est facile de répondre : rien ne peut s'ajouter à l'Infini dans le même ordre; c'est-à-dire on ne peut rien ajouter à son être, à sa sagesse, à sa bonté, à sa puissance. Mais il ne répugne pas du tout que dans un ordre inférieur quelque chose s'ajoute à l'Être infini, comme un effet s'ajoute à la cause éminente qui le produit. Le nier, serait refuser à l'Être infini la puissance de produire quelque effet distinct de lui; dès lors il ne serait plus infini.
Le panthéisme insiste : mais alors, après la production des êtres créés, il y a plus d'être et de perfection qu'avant; ce qui revient à dire que le plus sort du moins.

La théologie traditionnelle répond : Après la création, il y a plusieurs êtres, mais il n'y a pas plus d'être, ni plus de perfection qu'avant. De même lorsqu'un grand maître, comme saint Thomas, a formé quelques disciples, il y a plusieurs savants, mais il n'y a pas plus de science qu'avant, si les disciples n'en savent pas plus que le maître. Si cela est vrai, à plus forte raison est-il vrai de dire : Après la création, il y a plusieurs êtres, mais pas plus d'être; il y a plusieurs vivants, mais pas plus de vie; il y a plusieurs intelligences, mais pas plus de sagesse; car avant la création, il y avait l'Être infini, la Vie infinie, la Sagesse infinie, qui contenaient éminemment toutes les perfections limitées des êtres créés.
Telle est l'infinité de Dieu : infinité de perfection, qui est la plénitude non pas de la quantité ou de l'étendue, mais de l'être, de la vie, de la sagesse, de la sainteté et de l'amour.

Nous sommes faits pour l'Infini

Quelle leçon pratique est contenue pour nous dans ce mystère de l'infinité divine ?
Une très grande leçon : c'est que nous sommes faits pour l'infini, pour connaître le vrai infini, et pour aimer le Bien infini, qui est Dieu.
La preuve en est que nos deux facultés supérieures, l'intelligence et la volonté, ont une amplitude infinie.

Tandis que nos sens n'atteignent qu'une modalité sensible de l'être ou du réel, tandis que nos yeux n'atteignent que la couleur, et que nos oreilles ne perçoivent que le son, notre intelligence saisit l'être, la réalité des choses, leur existence; et elle voit que l'être, qui est plus ou moins limité, dans la pierre, la plante, l'animal, l'homme, ne comporte pas de soi de limites. Notre intelligence, très supérieure aux sens et à l'imagination, aspire ainsi à connaître, non pas seulement les êtres finis et limités, mais l'Être infini, autant du moins qu'il est connaissable pour nous. Notre intelligence aspire à connaître, non pas seulement les vérités multiples et restreintes de la physique, des mathématiques, de la psychologie, mais la Vérité suprême et infinie, principe éminent de toutes les autres.

C'est ce qu'on dit aux petits enfants du catéchisme : « Pourquoi avez-vous été créé et mis au monde ? - Pour connaître Dieu ». Et l'on ajoute : « pour l'aimer, le servir, et obtenir ainsi la vie éternelle ».

Comme en effet notre intelligence a une amplitude illimitée et peut connaître l'être universel et par suite l'Être suprême, de même notre volonté a une amplitude illimitée elle aussi. Elle est en effet sous la direction de l'intelligence, qui conçoit, non pas seulement tel bien sensible délectable, comme un fruit, non pas seulement tel bien sensible utile, comme un instrument de travail, mais le bien comme tel, le bien honnête, comme la vertu, la justice, le courage, etc.

Source : Livres-mystiques.com

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DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE II
L'INFINITÉ DE DIEU

Nous sommes faits pour l'Infini


Et non seulement notre intelligence saisit tel bien honnête spécial, objet de la justice ou de la tempérance, mais le bien universel, le bien quel qu'il soit, tout ce qui est capable de nous perfectionner; enfin notre intelligence, très supérieure aux sens, s'élève à la connaissance du Bien suprême et infini, principe de tous les autres, et par suite notre volonté, éclairée par l'intelligence, désire ce bien suprême et infini. Elle a une amplitude et une profondeur illimitée, qui ne peut être comblée que par Dieu, comme nous l'avons longuement exposé plus haut, Ie P., ch. IV, en parlant du Souverain Bien et du désir naturel du bonheur.
Cependant notre intelligence et notre volonté ne sont pas ordonnées par leur nature même à connaître et à aimer la vie intime de Dieu; elles ne peuvent naturellement atteindre Dieu que par le reflet de ses perfections dans l'ordre créé, en tant qu'il est l'auteur de la nature.

Mais nous avons reçu au baptême une vie et une tendance surnaturelles, très supérieures à notre intelligence naturelle et à notre volonté naturelle. Nous avons reçu la grâce sanctifiante, participation de la nature divine, de la vie intime de Dieu, et, avec la grâce, la foi, l'espérance et la charité, qui augmentent encore, en la surélevant, l'amplitude de nos facultés supérieures.

Et alors nous saisissons de mieux en mieux le sens et la portée de la première ligne du catéchisme : « Pourquoi avez-vous été créé et mis au monde ? - J'ai été créé pour connaître Dieu, l'aimer, le servir, et par ce moyen, obtenir la vie éternelle. »

Il ne s'agit plus seulement ici d'une connaissance naturelle de Dieu infini, d'un amour naturel de Dieu, auteur de la nature, il s'agit d'une connaissance et d'un amour surnaturels, qui sont comme le commencement de la vie éternelle, où nous verrons Dieu immédiatement comme Il se voit, et où nous l'aimerons comme Il s'aime.

Nous verrons alors immédiatement l'Infini spirituel qu'est Dieu : lumière à la fois infiniment forte et infiniment douce, dont nous pourrons supporter l'éclat parce que notre intelligence sera surélevée et fortifiée par la lumière de gloire. Nous verrons et aimerons immédiatement Dieu, infinie Bonté, qui réunit en elle toute la force de la justice et toute la tendresse de la Miséricorde.

Nous serons ainsi surnaturellement élevés pour toujours à la vision immédiate et à l'amour de l'Infinie vérité et bonté, vision et amour continuels, que rien n'interrompra jamais, et que rien ne pourra diminuer.

L'infini pourtant en un sens nous dépassera encore, car notre vision de l'essence divine ne sera jamais absolument compréhensive, comme celle que Dieu a de lui-même. Tous les bienheureux au ciel voient Dieu immédiatement, mais d'une vision plus ou moins pénétrante, selon leurs mérites ou leur degré de charité. De même ici-bas nous voyons tous immédiatement un paysage qui est devant nous, mais nous le voyons plus ou moins bien, suivant que nous avons une vue plus ou moins forte. Au ciel nous verrons Dieu infini immédiatement, mais selon notre degré de charité et de lumière de gloire. Les grands saints, comme les Apôtres, le verront mieux que nous, d'une façon plus pénétrante; au-dessus d'eux saint Joseph; au-dessus de Joseph, Marie; au-dessus de Marie, la sainte âme du Christ unie personnellement au Verbe. Il est doux de penser que Marie, dont l'intelligence naturelle est inférieure à celle des anges, voit pourtant l'essence divine mieux que les anges les plus élevés, car ayant une charité supérieure à la leur, elle a reçu un degré de lumière de gloire supérieur aussi, immédiatement au-dessous de l'intelligence humaine de Jésus.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE II
L'INFINITÉ DE DIEU


Nous sommes faits pour l'Infini

elle est la leçon spirituelle contenue pour nous dans le mystère de l'Infinité divine. Nous sommes faits pour l'Infini, pour connaître Dieu dans sa vie intime et pour l'aimer par-dessus tout. C'est ce qui explique que rien ici-bas ne peut nous satisfaire, et que nous sommes libres de répondre ou de ne pas répondre à l'attrait des biens finis. Et chaque fois que nous sentons la limite ou la pauvreté de ces biens périssables, nous devons remercier Dieu, car c'est une occasion et une nécessité parfois pressante de penser à l'infinie richesse, à l'infinie plénitude de vérité et de bonté qui est en lui.

CHAPITRE III
L'IMMENSITÉ DE DIEU


Dieu est infini, avons-nous dit, non pas d'une infinité quantitative, comme celle d'un corps sans limites, mais d'une infinité qualitative ou de perfection, la seule qui puisse convenir à l'Esprit pur, et à l'Être même, qui subsiste immatériel au sommet de tout. Cette infinité est un mode de tous ses attributs; c'est ainsi que nous parlons de son infinie sagesse, de son infinie bonté, de sa puissance infinie.

Pour nous faire une juste idée de sa Providence et de son extension universelle à tous les temps et à tous les lieux, il nous faut considérer maintenant l'immensité et l'éternité divines, dans leurs rapports avec l'espace et le temps, qui leur sont infiniment inférieurs.

Si nous considérons l'Être infiniment parfait de Dieu par rapport à l'espace, nous lui attribuons l'immensité et l'ubiquité. Dire que Dieu est immense, c'est dire qu'il est sans mesure et capable d'être en tout lieu. Lui attribuer l'ubiquité, c'est affirmer que de fait il est partout présent. Avant la création, Dieu était immense, mais il n'était pas de fait présent en toutes choses, puisque les choses n'existaient pas.

Ce serait une grosse erreur de se représenter l'immensité divine comme un espace sans limites, comme il serait faux, nous le verrons, de concevoir l'éternité divine comme un temps sans limites.

Dieu est pur esprit; il ne peut y avoir en Lui de Parties comme dans l'étendue; on ne peut distinguer en Lui les trois dimensions de l'espace: la longueur, la largeur, la hauteur ou la profondeur. Si nous les attribuons parfois à l'intelligence divine, c'est seulement par métaphore. Mais en réalité Dieu est infiniment supérieur à l'espace, même à un espace sans limites, comme l'éternité divine est infiniment supérieure au temps, même à un temps sans limites.

Ce fut l'erreur de Spinoza d'attribuer à Dieu l'immensité spatiale, Dieu ne serait plus pur esprit, il aurait un corps, c'est-à-dire une partie de lui-même serait moins parfaite que l'autre; il ne serait plus la Perfection même. L'immensité divine n'est donc pas corporelle, mais spirituelle, infiniment au-dessus de l'espace.
Si nous voulons entrevoir la grandeur de cette perfection divine il nous faut considérer trois présences divines fort distinctes.

1° La présence générale d'immensité en toutes choses.

2° La présence spéciale de Dieu dans les âmes justes.
3° La présence très spéciale du Verbe dans l'humanité du Sauveur et le reflet de cette présence dans l'Église et dans le Vicaire de Jésus-Christ.

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CHAPITRE III
L'IMMENSITÉ DE DIEU

La Présence générale d'immensité


Comment faut-il entendre ces paroles qui reviennent souvent dans l'Écriture : Dieu est partout ? - Dieu est partout par sa puissance, à laquelle toutes choses sont soumises, et par laquelle il meut tous les êtres ou les porte à l'action. - De même Dieu est partout par sa présence, en tant qu'il connaît tout, tout est à découvert sous son regard, même les détails infimes des choses, même les secrets les plus cachés de nos cœurs, et les derniers replis de notre conscience. -- Enfin Dieu est partout par son essence, en tant qu'il conserve toutes les créatures dans l'existence par son action conservatrice, qui est son être même.
De plus, comme Dieu crée immédiatement et non par l'intermédiaire d'une créature ou d'un instrument, ainsi son action conservatrice, qui est la continuation de l'action créatrice, s'exerce immédiatement sur l'être même de toute créature, sur ce qu'il y a en chacune d'elles de plus intime. Il est ainsi présent dans les plus lointaines nébuleuses que nos télescopes parviennent à peine à découvrir.

Et donc sans être corporel, par un simple contact virtuel de sa puissance créatrice et conservatrice, Dieu, qui est pur esprit, est en tout lieu, partout où il y a des corps qu'il conserve dans l'existence. Bien plus, dans une zone de l'être supérieure à l'espace, il est présent à tous les esprits qu'il conserve immédiatement dans l'être, comme toutes les créatures.

Ainsi Dieu, pur esprit, est présent à tous les êtres, à toutes les âmes, dont il est le centre éminent, comme le sommet d'une pyramide contient éminemment tous les côtés de celle-ci. Dieu est la force spirituelle qui maintient tout dans l'existence, comme le dit la liturgie : Rerum Deus tenax vigor, immotus in te permanens.

Présence spéciale de Dieu dans les justes

Mais il y a une présence spéciale de Dieu dans les âmes en état de grâce, qu'elles soient sur la terre, au purgatoire ou au ciel. Dieu est en elles, non plus seulement comme une cause conservatrice (il est ainsi même dans les corps inanimés qu'il conserve), mais il habite dans les âmes justes, comme en un temple, où il peut être quasi expérimentalement connu et aimé.

Notre-Seigneur a dit : « Si quelqu'un m'aime, il observera ma parole et mon Père l'aimera, et nous viendrons en lui et nous ferons en lui notre demeure » Joan., XIV, 23. Nous viendrons ? Qui viendra ? Serait-ce seulement la grâce créée ? - Non, ce sont les Personnes divines, le Père et le Fils et aussi le Saint-Esprit promis par lui, qui viennent habiter dans les âmes justes.

Ainsi l'a compris l'Apôtre saint Jean qui dit (I Joan., IV, x6) : « Dieu est charité, et celui qui est dans la charité demeure en Dieu et Dieu en lui ».

En deux justes séparés l'un de l'autre par une grande distance terrestre, l'un étant à Rome, l'autre au Japon, c'est le même Dieu qui habite, qui les éclaire, qui les fortifie, qui les attire à Lui.

Saint Paul dit de même I Cor., III, 16 : « Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu et que l'Esprit de Dieu habite en vous ? » - I Cor.,VI, 19 : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous n'êtes plus à vous-mêmes ? Car vous avez été rachetés à grand prix. Glorifiez Dieu dans votre corps » par une conduite digne de lui. Saint Paul dit encore aux Romains, V, 5 : « La charité de Dieu a été répandue en vous par l'Esprit-Saint qui vous a été donné ».

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE III
L'IMMENSITÉ DE DIEU

Présence spéciale de Dieu dans les justes


Cette belle doctrine est répandue dans l'Église primitive, les martyrs la proclament hautement devant leurs juges. Sainte Lucie de Syracuse répond au juge Paschase : « Les paroles ne peuvent manquer en ceux qui ont en eux le Saint-Esprit ». - « Le Saint-Esprit est donc en toi » ? - « Oui, tous ceux qui mènent une vie chaste et pieuse sont le temple du Saint-Esprit. »

Les Symboles de l'Église et les Conciles, comme le Concile de Trente, affirment que la Sainte Trinité habite dans les âmes justes comme dans un temple et que de temps en temps elle fait sentir sa présence par une inspiration plus lumineuse, par une paix plus profonde, comme celle qu'éprouvèrent les disciples d'Emmaüs lorsque Notre-Seigneur leur parlait sur le chemin, Luc, XXIV, 32 : « Nonne cor nostrum ardens erat in nobis ? N'est-il pas vrai que notre cœur était tout brûlant au dedans de nous, lorsqu'il nous parlait en chemin, et qu'il nous expliquait les Écritures » ? Enfin saint Paul dit aux Rom., VIII, 16 : « Le Saint-Esprit rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu ».

Dieu nous fait ainsi sentir sa présence spéciale par l'amour filial qu'il nous inspire pour lui et qui ne peut venir que de Lui, comme la paix qu'il nous donne. (Cf. S. Thomas, Comm. in Ep. ad Rom., VIII, 16.).

La présence très spéciale de Dieu dans l'humanité de Jésus

Mais au-dessus de la présence générale de Dieu en toutes choses, et au-dessus de sa présence spéciale en toute âme juste, il y a la présence unique, absolument exceptionnelle du Verbe dans l'humanité de Jésus.

Le Verbe n'est pas seulement présent à la sainte humanité du Christ par une union accidentelle de connaissance et d'amour, comme dans les saints, mais par une union substantielle, en ce sens que le Verbe a assumé et pris pour toujours comme sienne la sainte humanité de Jésus, c'est-à-dire sa sainte âme et son corps virginalement conçu. Il n'y a ainsi en Jésus-Christ qu'une seule et même personne, qui possède la nature divine et la nature humaine, sans confusion de l'une et de l'autre, un peu comme chacun de nous possède son âme et son corps sans confusion de l'un et de l'autre.

Cette union substantielle de l'humanité du Christ au Verbe de Dieu dépasse sans mesure, on le voit, et la présence générale d'immensité de Dieu en toutes choses et même sa présence spéciale dans les âmes justes de la terre, du purgatoire ou du ciel.
Il y a de plus en la sainte humanité du Sauveur comme une participation admirable de l'immensité divine, en ce fait que son corps est rendu présent par la consécration eucharistique dans tous les autels de la terre où il y a des hosties consacrées. Il est en elles non pas comme dans un lieu, mais par manière de substance. La substance de soi n'est pas étendue, elle est en quelque sorte supérieure à l'étendue et à l'espace, et c'est ce qui permet d'entendre que le même corps du Christ présent au ciel, soit, sans être multiplié, réellement présent en tous les tabernacles du monde où il y a des hosties consacrées, un peu comme Dieu même est réellement présent en tous les corps qu'il conserve dans l'existence. Il y a là un reflet de l'immensité divine.

Nous trouvons un autre reflet de cette perfection de Dieu, dans l'influence universelle qu'exerce l'Église simultanément dans toutes les parties du monde.

En un sens, l'Église est partout à la surface de la terre. L'âme de l'Église comprend en effet toutes les âmes en état de grâce; et l'Église, en tant qu'elle est à la fois une et catholique, exerce, partout où l'Évangile est prêché, la même influence surnaturelle.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE III
L'IMMENSITÉ DE DIEU

La présence très spéciale de Dieu dans l'humanité de Jésus


Malgré la diversité des nations, des races, des coutumes, des mœurs, des institutions, l'Église apporte, partout où son influence s'exerce, l'unité de foi, d'obéissance à la hiérarchie, de culte surtout par la sainte messe, l'unité de nourriture par la communion, l'unité de vie, puisque chacun doit se nourrir de Jésus-Christ, l'unité de sentiments chrétiens, d'espérance et de charité. Tous ayant à vivre de la grâce et plus tard de la gloire, il y a aussi pour eux unité de fortune, les mérites du Christ, et unité d'héritage, la vie éternelle.

Or cette influence de l'Église, ainsi présente dans les différents peuples depuis près de deux mille ans, ne saurait s'exercer sans le Pasteur suprême, établi par Notre-Seigneur comme son vicaire. C'est l'exercice de la juridiction papale et épiscopale, qui garde au sein de l'Église la doctrine évangélique, par un enseignement infaillible, la morale et la perfection chrétiennes, par le maintien des lois divines et l'établissement des lois ecclésiastiques, le culte, par les diverses formes de la liturgie.

Le Christ Jésus a promis et conféré à Pierre et à ses successeurs le primat de juridiction sur l'Église universelle (Matthieu, XVI, 16 - Jean, XXI, 15) et il leur a dit aussi : « Je suis avec vous jusqu'à la consommation des siècles ».

Il y a là un reflet admirable de l'immensité et de l'ubiquité de Dieu.

En résumé : Dieu, pur esprit, est immense et partout présent, en tant que par sa puissance créatrice il conserve toute créature corporelle ou spirituelle dans l'existence, la meut, et aussi en tant qu'il voit tout à découvert, même les secrets les plus intimes des cœurs, que les anges ne peuvent voir naturellement.

Dieu ainsi présent en toute créature, l'est spécialement dans les justes ou dans les âmes en état de grâce; il y est comme dans un temple, où il est connu et aimé, et parfois il nous fait sentir sa divine présence par l'amour filial, que Lui seul peut nous inspirer pour lui.
Le Verbe de Dieu est encore beaucoup plus spécialement présent dans l'Humanité du Christ, à laquelle il est uni non seulement de façon accidentelle par la connaissance et l'amour, mais substantiellement, car il ne fait qu'une seule et même personne, un seul et même être avec elle, sans confusion des deux natures.

Par un reflet admirable de l'immensité divine, la Sainte Humanité du Sauveur est réellement et substantiellement présente dans tous les tabernacles du monde, où il y a des hosties consacrées. C'est partout le même corps du Sauveur qui, sans se multiplier, s'y trouve réellement par manière de substance, un peu comme Dieu, pur esprit, sans se multiplier, est présent en toute créature qu'il conserve dans l'existence.

Enfin autre reflet de l'immensité divine : le Vicaire de Jésus-Christ, chef visible de l'Église, est par son influence doctrinale et par sa juridiction, présent à toute l'Église, il atteint en un sens tous les fidèles de toutes les régions, de tous les peuples, pour les garder dans l'unité de foi, d'obéissance, de culte, d'espérance, de charité, et pour les conduire ainsi comme Pasteur suprême vers les pâturages éternels.

Et comme en Dieu l'immensité, qui domine l'espace, s'unit à l'éternité, qui domine le temps, dans l'Église, le pouvoir de Pasteur suprême, qui s'étend à tous les fidèles dans l'espace, s'étend aussi à tous les fidèles qui se succèdent dans le temps depuis la fondation de l'Église, jusqu'à la fin du monde.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE III
L'IMMENSITÉ DE DIEU  

La présence très spéciale de Dieu dans l'humanité de Jésus  


La grandeur de l'Église apparaît surtout lorsqu'on la considère à la lumière supérieure des perfections divines qui se reflètent en elle : l'immensité divine dans la catholicité de l'Église, l'éternité divine dans l'indéfectibilité de l'Église, l'unité divine dans l'unité de l'Église, la sainteté divine dans la sainteté de l'Église.

Au-dessus des divers diocèses, au-dessus des Ordres religieux, la grandeur de l'Église apparaît comme une participation de celle du Christ, de celle même, de Dieu. Malgré les petitesses humaines, qui se glissent partout où il y a des hommes, la beauté surnaturelle de l'Église apparaît ainsi comme celle du royaume de Dieu.

Il faut s'habituer à voir ainsi les choses non pas horizontalement et superficiellement, comme si elles avaient toutes la même valeur, la même importance; c'est là une vision matérialiste des choses, conception niveleuse qui supprime toute élévation et toute profondeur. Il faut s'habituer à voir les choses en quelque sorte verticalement, ou en profondeur : Au sommet Dieu, esprit pur, immuable, éternel, immense, qui conserve et vivifie tout ; au-dessous l'Humanité du Sauveur, qui nous transmet toute grâce, et qui est présente dans tous les tabernacles du monde, au-dessous la Vierge médiatrice et corédemptrice, les saints, puis le Pasteur suprême de l'Église, les Évêques, les fidèles en état de grâce, les chrétiens qui conservent la foi divine et catholique sans être en état de grâce, et puis les âmes qui cherchent la vérité, d'autres qui s'égarent mais qui reçoivent pourtant à certaines heures de Dieu et de Notre-Seigneur des grâces de lumière et d'attrait.

Cette vue en quelque sorte verticale, ou si l'on veut, non pas superficielle, mais haute et profonde, c'est la contemplation qui procède de la foi, éclairée par les dons d'intelligence et de sagesse. Elle doit normalement s'accompagner d'une prière catholique, c'est-à-dire universelle: prière qui s'élève vers l'éternité et l'immensité de Dieu, par le cœur sacré du Sauveur et par Marie, pour faire déborder en quelque sorte la Miséricorde divine sur le Pasteur suprême de l'Église, sur les Évêques, les généraux d'ordre, sur tous les fidèles, pour que tous, pleinement fidèles à leur vocation, répondent à ce que le Seigneur leur demande et pour qu'ils s'acheminent saintement vers Lui.  

CHAPITRE IV
L'ÉTERNITÉ DE DIEU


Après avoir parlé de l'immensité divine par rapport à l'espace, il nous faut dire ce qu'est par rapport au temps l'éternité de Dieu. Sans elle on ne saurait concevoir la Providence, dont les décrets sont éternels. Voyons d'abord la notion inexacte qu'on se fait parfois de l'éternité divine, nous comprendrons mieux ensuite sa véritable et très belle définition.

Qu'est au juste l'éternité ?

On se fait souvent une idée en partie erronée de l'éternité divine, en se contentant de la définir une durée sans commencement ni fin, et l'on pense confusément à un temps sans limites dans le passé et dans l'avenir.
C'est là une notion tout à fait insuffisante de l'éternité. Car un temps qui n'aurait pas eu de commencement, qui n'aurait pas eu de premier jour, serait toujours cependant une succession de jours, d'années, de siècles, succession dans laquelle il y aurait le passé, le présent, le futur. Ce n'est pas là du tout l'éternité. En remontant dans le passé on pourrait compter les siècles sans arriver jamais au bout, comme en pensant à l'avenir on se représente les actes futurs des âmes immortelles, actes successifs qui n'auront pas de terme. Même s'il n'avait pas eu de commencement, le temps eût été une succession de moments variés.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE IV
L'ÉTERNITÉ DE DIEU

Qu'est au juste l'éternité ?


L'instant présent, qui constitue la réalité du temps, est un instant qui fuit entre le passé et le futur, « nunc fluens », dit saint Thomas, un instant qui fuit comme l'eau d'un fleuve, comme le mouvement apparent du soleil sur lequel nous comptons les heures et les jours. Qu'est-ce donc que le temps ?

C'est, comme dit Aristote, la mesure du mouvement, surtout la mesure du mouvement du soleil, ou plutôt celle du mouvement de la terre autour du soleil le mouvement de rotation de la terre autour de son axe dure un jour, et son mouvement de translation autour du soleil dure un an. - Si la terre et le soleil avaient été créés par Dieu de toute éternité, et si le mouvement régulier de la terre autour du soleil n'avait pas commencé, il n'y aurait pas eu de premier jour, ni de première année, mais il y aurait eu dès toujours une succession d'années et de siècles, cette succession eût été une durée sans commencement ni fin, mais une durée infiniment inférieure à l'éternité, car on pourrait toujours y distinguer le passé, le présent et le futur.

En d'autres termes, vous pouvez multiplier les siècles passés par des milliards et des milliards, c'est toujours le temps; si long qu'on le suppose, il n'est pas l'éternité.

Qu'est-ce donc alors que l'éternité divine, s'il ne suffit pas pour la définir de dire qu'elle est une durée sans commencement, ni fin ?

La théologie répond : C'est une durée sans commencement ni fin, qui a ceci de très spécial, de caractéristique, qu'il n'y a aucune succession en elle, qu'il n'y a pas de passé, ni de futur, mais un présent qui dure toujours; non pas un instant qui fuit comme celui du temps qui s'écoule, mais un instant immobile qui ne passe jamais, un instant immuable, « nunc stans non fluens, » dit saint Thomas (Ia, q. 10), comme un matin perpétuel, non précédé d'une nuit, ni suivi d'un soir.

Comment concevoir cet instant toujours le même de l'immobile éternité ?

Tandis que le temps, succession des jours et des années, est la mesure du mouvement apparent du soleil, ou du mouvement réel de la terre, l'éternité est la mesure ou la durée de l'être de Dieu, de sa pensée et de son amour. Or l'Être de Dieu, sa pensée et son amour sont absolument immuables, sans changement, ni variations ou vicissitudes.

En effet Dieu, étant nécessairement la plénitude infinie de l'Être, ne peut rien acquérir, ni rien perdre. Dieu ne devient jamais plus parfait, ni moins parfait, il est la Perfection même immuable.

Cette stabilité absolue de l'être divin s'étend nécessairement à sa sagesse et à sa volonté : toute mutabilité, tout progrès dans la connaissance divine ou dans l'amour divin supposerait une imperfection.

Cette immutabilité n'est point celle de l'inertie, ni de la mort ; elle est au contraire celle de la vie suprême, qui possède d'emblée tout ce qu'elle peut et doit avoir, sans avoir besoin de l'acquérir et sans pouvoir en rien perdre.

Nous arrivons ainsi à la véritable, définition de l'éternité, définition très haute et très belle, pleine d'enseignements spirituels pour nous.

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CHAPITRE IV
L'ÉTERNITÉ DE DIEU

Qu'est au juste l'éternité ?


Boèce dans son livre de la Consolation a donné de l'éternité cette définition restée classique : « Aeternitas est interminabilis vitae TOTA SIMUL et perfecta possessio ». L'éternité est la possession parfaite et simultanée ou non successive d'une vie interminable. C'est l'uniformité d'une vie immuable, sans commencement ni fin, qui se possède elle-même toute à la fois. L'expression principale de cette définition est tota simul, toute à la fois. Ce qu'il y a d'absolument caractéristique dans l'éternité divine, ce n'est pas d'être sans commencement, ni fin, c'est d'être sans changement, de telle sorte que Dieu possède sa vie infinie toute à la fois.

Platon dit que le temps est l'image mobile de l'immobile éternité, autant que l'instant qui passe peut être l'image de l'instant qui ne passe pas.

Aussi le temps avec ses moments successifs a été souvent comparé à la base d'une grande montagne dont le sommet représenterait l'unique instant de l'éternité. Du sommet de l'éternité Dieu voit en effet d'un seul regard toutes les générations qui se succèdent dans le temps, comme un homme du haut d'une montagne peut voir d'un coup d'œil tous les voyageurs qui passent dans la vallée. Ainsi l'unique et invariable instant de l'éternité correspond à tous les moments successifs du temps, à celui de notre naissance et à celui de notre mort. Le temps est ainsi comme la monnaie de l'éternité.

Ce qui caractérise le temps c'est le changement ou le mouvement dont il est la mesure; ce qui caractérise l'éternité c'est l'instant immuable dans lequel Dieu possède sa vie infinie, interminable, toute à la fois.

Ici-bas nous ne possédons pas notre vie toute à la fois; dans l'enfance nous ne possédons pas la vigueur de la jeunesse, ni l'expérience de l'âge mûr, et dans l'âge mûr nous ne possédons plus la candeur de l'enfance, ni la promptitude de la jeunesse. Si nous ne possédons pas notre vie toute à la fois, nous ne possédons pas non plus notre année toute à la fois, elle a ses saisons variées; nous n'avons pas en hiver, ce que nous aurons en été; nous ne possédons pas non plus notre semaine, ni notre journée toute à la fois, notre vie s'éparpille en quelque sorte; en elle se distinguent des heures de prière, des heures de travail, des heures de repos et de divertissement. Au lieu de posséder notre vie toute à la fois, nous ne la possédons que successivement, comme nous écoutons successivement la suite d'une mélodie.

On dit par contre que Mozart arrivait à entendre une mélodie, non pas successivement, comme les autres auditeurs, mais « toute à la fois » dans la loi même qui l'engendre. En composant le début d'une mélodie, il en pressentait et en quelque sorte il en entendait la fin.

Entendre une mélodie toute à la fois, c'est une image lointaine de l'éternité divine, par laquelle Dieu possède simultanément, sans aucune succession, sa vie infinie de pensée et d'amour. Impossible pour Dieu de distinguer en sa vie, en sa pensée, un avant et un après, un passé et un futur, une enfance, une jeunesse, un âge mûr.

Nous avons une autre image lointaine de l'éternité divine dans le savant, qui après avoir longtemps étudié toutes les parties d'une science successivement, arrive à les voir en quelque sorte toutes à la fois dans les principes supérieurs de cette science, dans l'idée mère, dont toutes les autres idées sont comme le développement successif. Newton devait voir ainsi les diverses lois de la physique comme des conséquences d'une loi suprême, et saint Thomas à la fin de sa vie voyait en quelque sorte d'un seul regard toute la théologie, en quelques principes supérieurs.

Source : Livres-mystiques.com

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DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE IV
L'ÉTERNITÉ DE DIEU

Qu'est au juste l'éternité ?


Nous avons une image moins éloignée de l'éternité dans l'âme des saints, lorsqu'ils sont arrivés à une vie d'union à peu près continuelle avec Dieu; ils s'élèvent alors au-dessus de l'instabilité et de la fuite du temps.

Pour les saints, bien qu'il y ait des heures de travail et des heures de prières, ils prient encore lorsqu'ils travaillent, et le sommet de leur âme, restant presque toujours uni à Dieu, possède en quelque sorte leur vie « toute à la fois » ; au lieu de diviser leur vie, de l'éparpiller, ils l'unifient.

L'éternité de Dieu est donc la durée d'une vie qui non seulement n'a pas commencé et ne finira jamais, mais qui est absolument immuable et par suite toute présente à elle-même en un instant qui ne passe pas. En un maintenant absolu, non fugitif, elle condense éminemment les moments variés qui se succèdent dans le temps.

A l'homme prisonnier de ses sens l'éternité immuable paraît une mort, parce qu'il ne pense qu'à l'immobilité inerte et non à celle qui est la plénitude d'une vie si parfaite qu'il ne peut y avoir pour elle de progrès.

Il suit de là que la pensée divine, mesurée par l'éternité, embrasse d'un regard tous les temps, toutes les générations qui se succèdent, tous les siècles.

Elle les voit d'un seul regard préparer la venue du Christ, et ensuite bénéficier de cette venue.

La pensée divine par ce regard unique voit où seront nos âmes dans cent ans, dans deux cents ans, dans mille ans et toujours. Si l'on ne perdait pas de vue cette vérité; beaucoup d'objections faites contre la Providence s'évanouiraient.

La vraie notion de la Providence est comme une résultante de la contemplation des perfections divines qu'elle présuppose.

Comme la pensée de Dieu, son amour est immuable : sans changer en rien en lui-même, il appelle à l'existence les âmes à l'heure fixée de toute éternité. Cet amour dit de toute éternité un fiat libre, qui doit librement se réaliser dans le temps ; alors à l'heure fixée les âmes sont créées, elles sont justifiées par le baptême, ou par la conversion, elles reçoivent des grâces multiples et, si elles ne résistent pas, la grâce de la bonne mort qui les sauve.

L'effet créé est nouveau, mais l'action divine qui le produit n'est pas nouvelle. « Est novitas effectus absque novitate actionis », dit saint Thomas. L'action divine est éternelle, mais elle produit son effet dans le temps quand elle le veut.

Au sommet de l'éternité Dieu ne change point, mais au-dessous de lui tout change, sauf les âmes qui se fixent en lui pour participer à son éternité.

L'éternité et le prix du temps

Quelle leçon spirituelle est contenue pour nous dans cette perfection divine de l'éternité ?
Une grande leçon : l'union à Dieu dès ici-bas nous rapproche de l'éternité, et nous montre tout le prix du temps qui nous est concédé pour notre voyage :

Source : Livres-mystiques.com

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DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE IV
L'ÉTERNITÉ DE DIEU

L'éternité et le prix du temps


Un temps très court, soixante, quatre-vingts ans, dont dépend une éternité, une très courte préface à un livre sans fin.

La pensée de l'éternité nous montre surtout le prix de la grâce du moment présent. A chaque instant, pour bien faire notre devoir, nous avons besoin d'une grâce, celle que nous demandons dans l'Ave Maria en disant : « Sancta Maria, Mater Dei; ora pro nobis nunc et in hora mortis nostræ. Amen ». Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant...

Nous sollicitons ainsi la plus particulière des grâces, qui varie à chaque minute, nous met à la hauteur de nos devoirs tout le long du jour, et nous fait voir la grandeur de toutes les petites choses qui ont quelque rapport avec l'éternité. En disant ce maintenant, si nous sommes trop souvent distraits, Marie, qui nous écoute, n'est pas distraite. Elle accueille notre prière, et la grâce nécessaire en la minute présente, pour continuer de prier, de souffrir, d'agir, vient à nous, comme l'air respirable vient à notre poitrine.

Pendant que la minute présente s'écoule, rappelons-nous que ce qui existe, ce n'est pas seulement notre corps, notre sensibilité douloureusement ou joyeusement impressionnée, mais aussi notre âme spirituelle, le Christ qui influe sur elle, la sainte Trinité qui habite en nous.

Tandis que les esprits superficiels et légers ont une vue horizontale des choses, et voient les choses matérielles et la vie de l'âme sur le même plan, celui du temps qui s'écoule, les saints ont constamment une vue verticale des choses, ils les voient d'en haut et en profondeur et contemplent Dieu au sommet de tout. Par l'idée de l'éternité ils jugent de la valeur du temps, du passé, du présent, de l'avenir, et peu à peu se fait la mise au point de leurs jugements.

A leur exemple abandonnons à l'infinie Miséricorde tout le passé de notre vie, comme aussi l'avenir, et vivons de façon très pratique en esprit de foi de l'instant présent; voyons dans ce maintenant qui fuit, qu'il soit terne, joyeux ou pénible, une image lointaine de l'unique instant de l'immobile éternité et une preuve vivante, par la grâce actuelle qu'il contient, de la bonté paternelle de Dieu.

Marchons ainsi, sous l'influx de Notre-Seigneur qui ne cesse de s'offrir pour nous au sacrifice de la messe, par une oblation intérieure toujours vivante en son cœur et supérieure au temps, comme la vision qui béatifie sa sainte âme.

En marchant ainsi nous nous rapprochons de l'éternité, où nous devons un jour entrer. Que sera cette entrée dans la gloire ? Recevoir la vie éternelle, qui consiste à voir Dieu comme il se voit, d'une vision immédiate qui ne sera jamais interrompue par le sommeil ou la distraction, d'une vision immuable du même objet infini dont nous n'épuiserons pas les profondeurs; vision qui sera suivie d'un amour de Dieu également immuable que rien ne saura nous faire perdre, ni diminuer.

Cette vision et cet amour seront mesurés, non plus par le temps, mais par l'éternité participée, car, bien qu'ils doivent commencer, ils seront ensuite à la fois sans fin, et sans aucun changement, c'est-à-dire sans avant, sans après; l'instant qui mesurera notre vision béatifique, sera l'unique instant de l'immobile éternité.

Source : Livres-mystiques.com

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