Méditation avec "Dieu seul" du Vénérable Mr H-M Boudon

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amidelamisericorde
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CHAPITRE VIII
De l'humilité de la très sainte Vierge


(...) Si on la loue, elle renvoie tout l'honneur qui lui est rendu, à Dieu seul : elle est la souveraine du ciel et de la terre, et elle ne fait point difficulté d'obéir au commandement de César : celle qui comptait quatorze rois dans sa famille, loge volontiers dans une caverne, où elle ne trouve pour compagnie que des bêtes : celle qui est plus pure que les anges, veut bien passer pour immonde le jour de sa purification : celle qui doit commander aux anges et aux hommes, épouse un pauvre charpentier et lui obéit avec une soumission très respectueuse.

« Celle, dit le saint dévot Bernard que nous venons de citer, qui est la première de toutes les créatures, se met la dernière dans le cénacle après l'ascension de Notre-Seigneur, au-dessous des veuves et des pénitentes, et de celle dont il est écrit, que sept démons en avaient été chassés !

Si elle parle, elle ne se nomme pas la première. » Elle ne dit pas dans l'Évangile, dit un Père : Voici que moi et votre père, entendant saint Joseph, vous cherchions ; mais elle dit : Votre père et moi. (Luc. II, 48) Comme elle devait recevoir en soi un Dieu infini, et renfermer dans ses pures entrailles celui que les cieux et la terre ne peuvent comprendre, elle devait aussi avoir une disposition comme infinie pour la communication de cet être infini ; c'est pourquoi elle se mit dans le néant par une humilité tout abîmale ; et, selon la version de Vatable, si elle chante (Luc, I, 48), que toutes les nations la diront bienheureuse, c'est parce qu'elle croit que le Seigneur a arrêté les yeux sur son néant. Elle a révélé à sainte Brigitte, qu'elle souhaitait de voir le temps du Messie, pour avoir l'honneur d'être la servante de sa mère, et, comme il est rapporté dans une autre révélation, la servante des servantes de sa mère.

Saint Bonaventure nous apprend qu'elle demandait à Dieu la grâce d'être et de vivre dans le temps que son Fils devait s'incarner, et le priait de lui conserver les yeux pour voir sa très pure mère ; sa langue pour pouvoir la louer ; ses mains pour pouvoir lui servir ; ses pieds pour aller à l'exécution de ses ordres. Mais, ce qui est bien admirable, c'est qu'étant remplie de grâces et ornée de toutes les vertus, et enfin, étant la Mère d'un Dieu, elle a révélé qu'elle ne s'est jamais préférée à aucune créature.

Après cela, où se mettra le pécheur, le ver de terre, le morceau de boue et de crachat, l'ennemi de Dieu et l'esclave de l'enfer ? Y a-t-il des abîmes assez profonds pour nous perdre, dans la vue d'une humilité si prodigieuse en la personne de la mère d'un Dieu ? Je ne vois que des abaissements ineffables en celle que Dieu élève au-dessus des séraphins, et je ne vois que des élévations superbes dans ceux qui méritent d'être abaissés jusque dans les enfers : je ne vois que des anéantissements épouvantables en celle qui est la mère du grand tout, et à qui tout est donné ; car comment y aurait-il quelque réserve pour une Vierge à qui Dieu se donne pour Fils ? (...)

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE VIII
De l'humilité de la très sainte Vierge


(...) Et l'on ne remarque qu'un orgueil détestable en ceux qui n'ont pour apanage que le rien et le péché. Malheur à nous qui pensons être quelque chose, quoique nous ne soyons rien, et qui voulons être considérés des autres, et occuper quelque place dans le monde.

Hélas ! Les saints en qui la vertu de Jésus-Christ deviennent grands, qui disent et font bien ce qu'ils disent et ce qu'ils font, pensent toujours ne rien faire, et ne se croient dignes que de mépris et de confusion, pendant que nous autres, pauvres pécheurs, qui ne sommes que corruption, estimons faire quelque chose et mériter quelque approbation.

La misère nous environne de tous côtés, et nous courons après la gloire de toutes parts ; nos malheurs ne sont-ils pas extrêmes, et nos malices étrangement criminelles, d'être ce que nous sommes, c'est-à-dire rien, et moins que rien, et cependant vouloir toujours être quelque chose ?

Le néant nous appartient, car c'est du néant que nous sommes tirés, et c'est dans ce néant que nous retomberions, si Dieu, tout bon, cessait un moment de nous conserver. Mais à ce néant naturel nous ajoutons le néant criminel du péché ; ainsi voilà le néant sur néant. Nous ne sommes rien par notre origine naturelle, et nous ne sommes rien par le péché.

Ce n'est pas tout, nous sommes même moins que rien, parce que celui qui fait le péché est l'esclave du péché : n'étant donc rien en tant de manières, nous nous mettons encore au-dessous du rien. Oh ! Que de néants se présentent à une âme véritablement éclairée !

Celui donc qui a la lumière de Dieu, et qui ne marche pas dans les voies ténébreuses de la corruption des sens et du monde aveugle, ne peut jamais avoir que de très bas sentiments de soi-même, et ne se voit jamais que dans son rien. Oh ! Que Dieu parait grand à ses yeux, et qu'il y est petit ! Que de lumières il a sur son incapacité, son impuissance, ses faiblesses, ses misères ! Qu'il connaît clairement, que quand il a tout fait, il n'a rien fait, et qu'il est toujours un serviteur inutile !

Sainte Thérèse recherchant pourquoi Dieu aimait tant l'humilité, elle découvrit que c'est parce qu'il est le Dieu de vérité. Ceux donc qui marchent dans la vérité, sont toujours humbles : la vanité vient de l'erreur et de l'ignorance ; c'est pourquoi les pécheurs qui sont enveloppés dans les nuages du péché, sont plus sujets à la présomption ; et les saints qui cheminent dans le beau chemin de la grâce, en sont bien éloignés. (...)

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE VIII
De l'humilité de la très sainte Vierge


(...) L'on s'étonne de ce que l'angélique Docteur disait qu'il n'avait jamais eu de pensées de vanité ; l'on est surpris de ce que saint Ignace, le fondateur de la Compagnie de Jésus, assurait qu'il ne savait pas comme l'on pouvait en prendre ; et de vrai il y a bien à s'étonner que de pauvres malheureux comme nous sommes, qui y sommes si exposés, quelque misère que nous ayons, pendant que ces sains tout environnés de gloire en étaient si éloignés.

Mais c'est, comme nous l'avons dit, que les saints voient les choses dans la vérité, pendant que nous ne les regardons que dans l'illusion ; que souvent nous faisons pitié aux saints anges, par l'estime que nous avons de ce que nous sommes, ou de ce que nous faisons !

Que ces pensées vaines qui roulent dans nos esprits, leur paraissent ridicules ! Et qu'elles nous sont ennuyeuses à l'heure de notre mort ! Que notre orgueil nous deviendra abominable au temps du Jugement rigoureux de notre Dieu ! Nous découvrirons pour lors la sottise de toutes ces pensées et de tous ces discours de noblesse, de condition, de talents naturels, de grand esprit, de sciences, de charges, d'honneurs, de biens, de beauté de corps, et de choses semblables.

Mais pourquoi attendons-nous à connaitre la vanité des choses créées, dans un temps où la connaissance en sera inutile ? Pourquoi n'ouvrons-nous pas nos yeux aux pures lumières de la foi ? Et si nous les ouvrons, si nous savons la vanité de nos pensées et de nos paroles, pourquoi nous trompons-nous nous-mêmes, agissant d'une manière contraire à ce que nous pensons ?

Celui donc qui est véritablement humble, demeure toujours dans son néant, et il parle et agit, ne se retirant jamais de son rien. De là vient que premièrement il ne s'estime et ne se préfère jamais à aucune créature, mais il se voit au-dessous de toutes.

C'étaient les sentiments du divin Paul, qui se qualifiait le premier des pécheurs (I Tim., I, 15) : c'étaient les pensées du grand saint François, qui se reconnaissait pour le plus grand pécheur du monde.

En cet état, l'on ne s'occupe pas tant d'une multitude de raisonnements que le propre esprit donne ; mais l'on porte une impression de grâce qui fait entrer dans ces sentiments, qui est fondée sur quelque chose de bien plus solide que les raisonnements de nos petits esprits.

J'ai connu à paris un vénérable vieillard, qui marchant dans les rues allait le long du ruisseau, quoique avec incommodité, dans la vue dont il était pénétré, qu'il le devait céder à tout le monde, et se mettre au-dessous des pieds de toute créature.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE VIII
De l'humilité de la très sainte Vierge


(...) Le saint homme le P. de Condren se trouvant un jour obligé de coucher, faisant voyage, dans un lieu où les chiens passaient la nuit ; et ayant pris un peu de paille qu'il y trouva, pour se reposer.

Comme il s'aperçut que cette paille servait à un chien qui était auprès de lui, il la quitta pour la lui laisser, dans la vue que ce grand serviteur de Dieu avait, qu'il était au-dessous des chiens par ses imperfections, qui assurément étaient bien légères, puisqu'ayant l'usage de raison depuis l'âge de deux ou trois ans, il avait été tellement appliqué à Dieu seul, qu'une personne ayant trouvé un papier où il avait écrit une confession de plusieurs années qu'il avait passées à la campagne à recevoir les compagnies, et dans les divertissements de la chasse, y étant obligé par ses parents, et étant encore bien jeune, et cette personne en ayant lu le commencement par mégarde, ne sachant ce que c'était, elle y trouva qu'il s'accusait d'avoir perdu la présence de Dieu tout au plus neuf ou dix fois durant plusieurs années, et dans des occupations si peu propres au recueillement.

Ce sont à la vérité des prodiges de la grâce : mais si ces personnes qui sont les miracles du christianisme, se mettent si bas, ces personnes qui doivent occuper les premières places d'un empire éternel, où se mettront celles dont les péchés méritent le dernier lieu de l'enfer ?

Le bienheureux François de Borgia disait, qu'il ne pouvait trouver de place assez basse, après qu'un Dieu s'était mis au-dessous des pieds de Judas.

Ajoutons à cette pensée, et qu'il s'est laissé porter par le démon. Disons encore, et que dans le très-saint sacrement il s'humilie sous une apparence de pain et de vin, et est exposé à la rage des impies qui l'ont plusieurs fois foulé aux pieds, qui l'ont jeté aux pourceaux, et aux sorciers qui l'ont porté à leur infâme Sabath.

Il faut que tout esprit s'arrête dans ces vues terribles, pour se perdre sans ressource dans des abimes anéantissants.

Plus de place donc pour nous dans le monde, plus de place dans aucun esprit pour y trouver la moindre estime, plus de place dans aucun cur pour y trouver la moindre affection.

Dieu seul, Dieu seul, Dieu seul ; ou si nous y avons quelque place, que ce soit pour y être crucifiés par le mépris et les opprobres, pour y être anéantis par le rebut des créatures. Notre lieu est l'enfer, nous ne sommes dignes que de l'ire de Dieu et de sa colère éternelle. (...)

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE VIII
De l'humilité de la très sainte Vierge


(...) Cette vérité est certaine, pénétrant l'âme du véritable humble, il ne se plaint jamais, il ne pense pas quon lui fasse jamais tort ; il croit, quelque mal qu'on lui procure, qu'il est toujours trop bien traité.

Ainsi il ne regarde jamais ses plus cruels ennemis que comme des gens qui lui font grâces.

Et de vrai, si un homme qui serait condamné à être brûlé, n'était puni que d'un soufflet, aurait-il sujet de se plaindre ? Si nous donc qui méritons des confusions infinies, souffrons quelques affronts qui passent bientôt, devons-nous nous en étonner ?

N'est-ce pas une grâce très grande de souffrir dans le temps, quelques peines que nous puissions avoir, et quand elles dureraient toute notre vie, pour éviter les peines des enfers qui n'auront jamais de fin ?

Y a-t-il quelque comparaison entre les souffrances qui nous peuvent arriver de la part des hommes, pour grandes qu'elles puissent être, et celles que nous méritons d'endurer pour jamais des démons ?

Tous les tourments de la vie présente ont-ils quelques rapports avec ceux de l'éternité ? Je dis donc que quand l'on viendrait nous prendre pour nous faire mourir sur un gibet, nous n'aurions pas sujet de murmurer, mais d'adorer avec soumission la justice divine : et c'est ce que nous devons faire dans tous les maux qui nous arrivent, soit de la part de Dieu immédiatement, soit de la part des hommes et des démons par la conduite de la divine Providence, qui s'en sert pour notre bien et pour sa gloire.

Enfin, le véritable humble n'a pas seulement de très bas sentiments de lui-même, mais il est bien aise que les autres aient les mêmes pensées de lui : ainsi, s'il voit sa misère, il bénit Dieu lorsqu'elle est connue des autres.

Davantage, il se réjouit lorsqu'on lui impose des maux qu'il n'a pas faits, à l'exemple de son divin maitre, qui étant l'innocence même, non-seulement a passé pour criminel, mais a été condamné et jugé à la mort ignominieuse de la croix ; et à l'exemple de sa bonne maîtresse, qui étant la plus pure créature qui fut jamais, n'a pas laissé de subir la loi de la purification, qui était ordonnée aux femmes dans l'ancienne loi.

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CHAPITRE IX
De la pauvreté de la Très Sainte Vierge


(...) L'union intime de la très sainte Vierge avec son Fils bien-aimé ayant été si grande, qu'elle a été qualifiée par quelques Pères, d'unité, ne peut laisser aucun doute qu'elle ne lui ait été parfaitement conforme en sa très pure vie et en toutes ses actions : c'est pourquoi il est assuré quelle a chéri tendrement la pauvreté, et l'a pratiquée dans un dénuement entier de tous les biens temporels, puisque l'adorable Jésus a voulu naître, vivre et mourir très pauvre, la pauvreté avant été l'une de ses plus chères vertus. Mais l'on demande comment la sainte Vierge a pu être pauvre, ses parents ayant des biens considérables, dont elle devait hériter, étant fille unique ?

Saint Joachim et sainte Anne avaient des terres, des bois, et nombre de troupeaux, qui faisaient en ce temps-là une partie des richesses des plus accommodées. Saint Joachim avait de son côté, selon saint Ildephonse, une maison en Nazareth, et une autre en Jérusalem, selon saint Jean Damascène. Saint Germain, patriarche de Constantinople, nous apprend que sainte Anne avait aussi un jardin et un héritage en Nazareth ; ce qui leur donnait lieu, selon l'ancienne tradition, de partager tous les ans leurs revenus en trois parties, dont ils offraient la première au temple, et donnaient la seconde aux pauvres, et ils se réservaient la troisième pour leur nourriture et entretien. Si l'on dit que la très sainte Vierge a donné tous ces biens aux pauvres, l'on répond qu'il était défendu par la loi d'aliéner le bien de sa famille.

Cependant il est très certain qu'elle était pauvre ; car autrement Notre-Seigneur ne l'aurait pas été, étant son Fils unique, et à qui par suite appartenait son bien. Davantage, n'ayant offert que deux tourterelles, qui était le présent des pauvres, le jour de la présentation de son Fils bien-aimé ; il faut nécessairement conclure qu'elle n'avait pas le moyen d'acheter un agneau, pour faire l'offrande accoutumée.

Il faut donc dire qu'elle avait cédé tout le droit qu'elle avait à ses biens, aux personnes de sa famille qui lui étaient les plus proches ; car il n'était pas permis d'en priver ceux à qui la succession touchait de plus près ; et elle avait fait cette cession auparavant l'incarnation du Verbe en ses chastes entrailles, car autrement elle ne l'aurait pu faire, ayant un fils.

Si elle s'était réservée une maison, c'était à raison de l'honnêteté, et même l'on peut dire qu'elle n'en avait que l'usage, et pour pouvoir vivre plus retirée ; mais la pauvreté n'en souffrait rien, puisque ce n'était qu'une chétive chambre, qui avait plutôt la forme d'une prison que non pas d'une maison, et qui était toute destituée de meubles, ayant donné ceux dont elle avait hérité aux pauvres.

Sainte Brigitte, au livre 1er de ses Révélations, déclare qu'elle lui a révélé qu'elle avait fait vu, dès le commencement de sa sainte vie, de ne posséder rien au monde. Elle inspira le même dessein à son virginal époux saint Joseph, aussi ils vivaient du travail de leurs mains, et sans aucun serviteur ou servante. Quelle conduite de l'amoureuse providence de Dieu, et qu'elle est admirable ! Quelle consolation pour les personnes humiliées, pauvres et sans secours ! (...)

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE IX
De la pauvreté de la très-sainte Vierge


(...) C'est donc ainsi que Dieu traite les deux premières créatures du ciel et de la terre. Saint Bonaventure, considérant les présents que les rois mages avaient offerts à Notre-Seigneur, faisaient, assurément, une somme très notable, et que la très sainte Vierge avait distribués en peu de jours aux pauvres (car autrement elle eût été obligée d'acheter un anneau pour offrir au temple, et non pas deux tourterelles) ; ce saint homme s'écrie : Que pensez-vous que cette sainte dame ait fait de cet or ?

Croyez-vous qu'elle l'ait mis en dépôt pour le garder, ou qu'elle en ait acheté des maisons, des terres et des vignes ? Il est très certain qu'il n'en a pas été ainsi. Celle qui avait un amour parfait pour la pauvreté, ne se souciait guère de ces choses. Bède et l'abbé Rupert assurent qu'après l'ascension de son Fils, elle ne vivait que d'aumônes, qu'elle venait même recevoir avec les autres pauvres femmes, ou bien qui lui étaient portées par son cher favori saint Jean l'Évangéliste, à qui l'on donnait pour ce sujet une double portion.

C'est pourquoi Dominique Soto, enseignant que les pauvres volontaires, et qui le sont par une profession libre, seront au nombre de ceux qui jugeront au dernier jour, dit que la glorieuse Vierge sera toute la première de ces bienheureux pauvres.

L'esprit de pauvreté est tout â fait opposé à l'esprit du monde, qui n'est qu'intérêt, qui n'est que courtoisie, doù arrivent tant de maux qui inondent presque toute la terre. C'est pourquoi le Fils Je Dieu et sa divine Mère ont tant aimé la pauvreté, pour nous apprendre à faire un saint mépris des biens de ce siècle.

Ceux qui sont obligés par leur condition d'avoir des biens, ne doivent pas mettre leur esprit dans leurs richesses, ni leurs richesses dans leur esprit, n'y engageant nullement leurs affections, mais bien au contraire s'humiliant de se voir dans un état si éloigné de celui de Jésus et de Marie, dans lequel on ne doit pas s'élever, mais craindre, comme l'ordonne saint Paul (Rom. XI, 20), et dont les misères sont si grandes, selon le Saint-Esprit, en l'Épître de saint Jacques (V, 1), que les riches ne doivent pas seulement pleurer, mais hurler, pour parler avec l'Écriture.

Feu M. de Renty, assez connu pour son éminente piété, étant tout pénétré de cette lumière, ne se considérait que comme un goujat dans le christianisme, dont les pauvres sont les princes et les rois : ce qui lobligeait de se mettre quelquefois à genoux devant son directeur, en disant ces paroles : O mon Père ! n'y a-t-il pas moyen d'être pauvre ?

Les riches sont donc plus dignes de pitié que d'envie, et ils doivent porter leur condition avec patience, et non pas avec attache. Ceux qui ont peu de biens s'en doivent donc bien contenter, parce qu'ils sont moins malheureux, et se donner bien de garde den désirer davantage, puisque ceux qui veulent être riches tombent dans les tentations et les pièges du diable, et dans plusieurs désirs pernicieux et inutiles, qui conduisent les hommes à la mort, et enfin les perdent.(...)

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CHAPITRE IX
De la pauvreté de la Très-Sainte Vierge


(...) C'est donc ainsi que Dieu traite les deux premières créatures du ciel et de la terre. Saint Bonaventure, considérant les présents que les rois mages avaient offerts à Notre-Seigneur, faisaient, assurément, une somme très notable, et que la très sainte Vierge avait distribués en peu de jours aux pauvres (car autrement elle eût été obligée d'acheter un anneau pour offrir au temple, et non pas deux tourterelles) ; ce saint homme s'écrie : Que pensez-vous que cette sainte dame ait fait de cet or ?

Croyez-vous qu'elle l'ait mis en dépôt pour le garder, ou qu'elle en ait acheté des maisons, des terres et des vignes ? Il est très certain qu'il n'en a pas été ainsi. Celle qui avait un amour parfait pour la pauvreté, ne se souciait guère de ces choses. Bède et l'abbé Rupert assurent qu'après l'ascension de son Fils, elle ne vivait que d'aumônes, qu'elle venait même recevoir avec les autres pauvres femmes, ou bien qui lui étaient portées par son cher favori saint Jean l'Évangéliste, à qui l'on donnait pour ce sujet une double portion.

C'est pourquoi Dominique Soto, enseignant que les pauvres volontaires, et qui le sont par une profession libre, seront au nombre de ceux qui jugeront au dernier jour, dit que la glorieuse Vierge sera toute la première de ces bienheureux pauvres.

L'esprit de pauvreté est tout â fait opposé à l'esprit du monde, qui n'est qu'intérêt, qui n'est que courtoisie, doù arrivent tant de maux qui inondent presque toute la terre. C'est pourquoi le Fils Je Dieu et sa divine Mère ont tant aimé la pauvreté, pour nous apprendre à faire un saint mépris des biens de ce siècle.

Ceux qui sont obligés par leur condition d'avoir des biens, ne doivent pas mettre leur esprit dans leurs richesses, ni leurs richesses dans leur esprit, n'y engageant nullement leurs affections, mais bien au contraire s'humiliant de se voir dans un état si éloigné de celui de Jésus et de Marie, dans lequel on ne doit pas s'élever, mais craindre, comme l'ordonne saint Paul (Rom. XI, 20), et dont les misères sont si grandes, selon le Saint-Esprit, en l'Épître de saint Jacques (V, 1), que les riches ne doivent pas seulement pleurer, mais hurler, pour parler avec l'Écriture.

Feu M. de Renty, assez connu pour son éminente piété, étant tout pénétré de cette lumière, ne se considérait que comme un goujat dans le christianisme, dont les pauvres sont les princes et les rois : ce qui l'obligeait de se mettre quelquefois à genoux devant son directeur, en disant ces paroles : O mon Père ! n'y a-t-il pas moyen d'être pauvre ?

Les riches sont donc plus dignes de pitié que d'envie, et ils doivent porter leur condition avec patience, et non pas avec attache. Ceux qui ont peu de biens s'en doivent donc bien contenter, parce qu'ils sont moins malheureux, et se donner bien de garde den désirer davantage, puisque ceux qui veulent être riches tombent dans les tentations et les pièges du diable, et dans plusieurs désirs pernicieux et inutiles, qui conduisent les hommes à la mort, et enfin les perdent.(...)

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CHAPITRE IX
De la pauvreté de la Très-Sainte Vierge


(...) J'ai eu le bien de connaître l'un des grands serviteurs de Dieu de notre temps, feu M. de Bernières trésorier de France à Caen, qui avait des tendresses incroyables pour la pauvreté, et qui ayant pris la résolution de quitter tout son bien (qui était considérable) ; Messieurs ses parents, contre l'ordinaire, ayant de la peine à le voir exécuter ce dessein, il me dit que c'était une chose bien résolue, et qu'enfin il ne pouvait plus supporter d'être riche.

Puis il ajouta que si l'on s'opposait davantage aux mouvements qu'il en ressentait, il donnerait ses biens au premier venu. Il exécuta un si généreux dessein plusieurs années auparavant sa précieuse mort ; et tant de beaux sentiments de la pauvreté que nous lisons avec une onction si précieuse dans ses divins ouvrages, ne viennent pas seulement des pensées qu'il en a eues par pure spéculation ; mais bien plus par une solide pratique.

Saint François alla en pèlerinage aux tombeaux de saint Pierre et de saint Paul, pour impétrer du ciel de plus en plus l'établissement de cette chère doctrine de Jésus-Christ, qu'il appelait sa dame et sa reine, et qu'il honorait avec tant d'amour qu'il avait bien de la peine à voir quelqu'un plus pauvre que lui ; ce qui le pressait de changer d'habit lorsqu'il rencontrait quelque mendiant plus pauvrement habillé que lui.

Étant invité d'aller manger à la table d'un cardinal, il fallut qu'il allât mendier auparavant du pain aux portes, afin d'avoir quelque chose de pauvre en une si bonne table.

La bienheureuse Angèle de Foligny fit un pèlerinage de quarante lieux, pour demander la pauvreté, ses directeurs ayant peine à la voir dépouillée de tous ses biens.

Le bienheureux Scocelin, qui vivait du temps de saint Bernard, dans un pays de glaces et de neiges, a été l'incomparable dans l'amour de la pauvreté qu'il pratiquait si rigoureusement, qu'il ne portait pas même d'habits, à la réserve de ce qui était nécessaire pour couvrir la nudité de son corps, autant que l'honnêteté le demandait.

Il n'avait pas de cellule pour se retirer, se souvenant de ce qui est écrit, que les oiseaux ayant des nids, et les renards des tanières, le Fils de l'homme n'avait pas où reposer sa tête. Il couchait donc à plate terre, dans les bois ou campagnes, exposé à toutes les injures de l'air, n'ayant pas même un trou en terre pour se défendre des incommodités des saisons.

On l'a quelquefois trouvé tombé par terre accablé par la rigueur de l'hiver, n'ayant pour couverture que la neige dont il se servait pour un peu s'échauffer.

Saint Bernard, ayant appris avec étonnement une pauvreté si extrême, lui envoya un habit pour le couvrir ; mais le saint homme l'ayant reçu avec action de grâces, ne le put regarder, disant : L'homme apostolique m'a bien dit de le prendre, mais je n'ai pas d'ordre de le conserver. (...)

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CHAPITRE IX
De la pauvreté de la Très-Sainte Vierge

(...) Le bienheureux Pierre d'Alcantara prêchait partout les richesses inestimables de la pauvreté, et il en parlait comme un amant passionné. Il est bien difficile à celui qui aime Jésus-Christ, de ne pas aimer une vertu qu'il a chérie avec tant d'ardeur.

Il faut donc l'aimer dans le détachement des richesses, quand on est obligé par sa condition de les posséder, dans la distribution que l'on en doit faire aux nécessiteux avec une libéralité tout entière, les possédant comme si l'on n'en avait pas, se réjouissant dans la perte qui en arrive, affectionnant les pauvres, leur parlant avec douceur, les visitant avec charité, prenant soin de leurs affaires, se trouvant volontiers en leur compagnie, et surmontant dns la peine que la nature peut souffrir des incommodités qui se rencontrent dans leur assistance.

Pour ceux qui sont actuellement dans une pauvreté rude, leur joie doit être dans le fidèle usage d'une si précieuse grâce ; ils en doivent ménager toute la suite, tous les effets avec action de grâces à la divine bonté, qui les honore d'une si grande faveur.

Ils doivent avoir une haute estime de leur état, ils en doivent parler avec respect, s'étudier tous les jours à s'établir de plus en plus dans l'amour d'une si pure vertu, bien prendre garde à n'en pas mériter la privation par quelque estime ou affection des commodités de la terre, aimer tendrement tout ce qui lui appartient, comme de petites maisons, de pauvres habits, pauvres meubles, et avoir une grande horreur en toutes choses de ce qui lui est opposé, faisant même voir en ses paroles, en ses écrits, et en toutes ses actions, que l'on est véritablement pauvre.

La bienheureuse Angèle de Foligy disait que les riches étaient les personnes que Notre-Seigneur nourrissait des miettes de sa table, pendant qu'il faisait l'honneur aux pauvres de les faire manger avec lui, dans les mêmes plats, et des mêmes mets, et assis en même table. Oh ! Quel honneur d'avoir cet heureux rapport entre Jésus et Marie. L'on rapporte qu'un jour Notre-Seigneur apparaissant à un pauvre, et l'embrassant tendrement, lui disait ces amoureuses paroles : Pauvre à pauvre, pauvre à pauvre. Cette pensée est capable de donner des tendresses incroyables pour la sainte et tout aimable pauvreté. (...)

CHAPITRE X
De la chasteté de la très sainte Vierge


Comme la virginité est la plus excellente espèce de chasteté, c'est en cette vertu que notre bienheureuse maîtresse a excellé d'une manière qui lui est toute particulière, ayant toujours eu toutes les puissances de son âme et tous les sens et organes de son corps si parfaitement assujettis, que jamais elle n'a ressenti le moindre mouvement du vice contraire, la partie inférieure étant entièrement et sans aucune résistance soumise à la supérieure, qui n'était mue et gouvernée que par le seul Esprit de Dieu seul.

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CHAPITRE X
De la chasteté de la très sainte Vierge


C'est pourquoi un ancien auteur l'appelle la sur des anges ; car elle vivait dans un corps mortel, comme un esprit dégagé de la matière et comme si elle n'eût pas eu de corps : c'est pourquoi les anges conversaient tous les jours familièrement avec elle, et lui obéissaient (dit l'auteur dont nous venons de parler), comme à leur mère.

Il appelle la divine Marie Mère des anges, parce que toutes les vierges étant des anges en la chair, l'on peut dire que notre sainte princesse étant la mère de toutes ces vierges, elle a augmenté le nombre des anges et rempli leurs sièges. Elle est appelée la Vierge par excellence, en sorte qu'à même temps qu'on dit la Vierge, on entend la Mère de Dieu.

L'Église l'invoque sous la qualité de Reine des vierges et de Vierge des vierges, et, ce qui est admirable, c'est quelle l'appelle la virginité même. L'on ne peut rien ajouter à ce sentiment de l'Église pour faire voir que la pureté de notre aimable princesse, surpassant toute la pureté créée, est entièrement incomparable.

C'est le lis entre les épines des Cantiques, selon le témoignage de Denis le Chartreux, parce que toutes les autres filles ont été des épines ou pour elles ou pour les autres ; mais la très pure Vierge a toujours été un lis très blanc de la virginité, n'ayant jamais su ce que c'est que la rébellion de la chair contre la raison, et ayant toujours inspiré l'amour de la chasteté à toutes les personnes qui ont eu la grâce de la voir, quoiqu'elle fût la plus parfaite en beauté après Jésus qui ait jamais été.

Il ne faut pas s'étonner, dit Richard de Saint-Victor, si son visage était angélique, si sa beauté était céleste, puisqu'elle avait la pureté des anges, et que le Verbe, la splendeur de la lumière éternelle, l'avait choisie pour sa Mère.

Sa divine beauté était accompagnée d'une si douce majesté et d'un éclat si ravissant, que saint Denis l'ayant vue, déclara qu'il l'eût prise pour quelque divinité si la loi ne lui eût assuré du contraire : mais tous les attraits d'une beauté si extraordinaire ne portaient qu'à la pureté.

Ses divins regards, dit le pieux Gerson, comme une rosée céleste éteignaient sous les feux de la convoitise. C'est à bon droit, enseigne Alexandre d'alèse, qu'elle est comparée au cèdre, parce que, comme c'est le propre du cèdre de tuer les serpents de son odeur, de même sa sainteté ôtait toutes les ardeurs sensuelles : c'est encore avec justice qu'elle est comparée à la myrrhe, parce que, comme la myrrhe fait mourir les vers, aussi sa pureté détruisait tous les mouvements déréglés de la partie inférieure. L'ange qui instruisait sainte Brigitte, lui révéla que sa très agréable beauté avait été utile et avantageuse à tous ceux qui avaient eu la grâce de la voir, et qu'elle donnait une grande consolation aux âmes.

Il lui manifesta de plus que les personnes les plus portées au péché étaient délivrées de leurs tentations autant de temps qu'elles étaient en sa sainte présence. (...)

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CHAPITRE X
De la chasteté de la très sainte Vierge


(...) Saint Thomas tient qu'il nétait pas possible d'avoir des pensées sensuelles en la regardant ; saint Bonaventure est dans le même sentiment. C'est pourquoi saint Grégoire Thaumaturge qualifie sa beauté de très-sainte beauté.

C'était une Vierge dont les regards angéliques faisaient des vierges, et qui imposait comme un précepte de pureté, selon la pensée de saint Ephrem.

C'est ce qui faisait que son virginal époux saint Joseph la mena en Égypte sans aucune crainte, connaissant les rares privilèges de sa virginité.

Celui qui veut garder inviolablement la chasteté doit la confier et la mettre entre les mains de la reine des anges, et attendre tous les secours nécessaires pour surmonter les difficultés qui s'y rencontrent de sa puissante protection.

Il doit se souvenir que c'est un don de Dieu, qu'il faut par suite lui demander par prières, jeûnes et autres bonnes oeuvres, que c'est un don qui est accordé aux humbles, l'impureté étant la peine du vice superbe, étant certain que tôt ou tard les vains et orgueilleux tomberont dans quelque péché honteux.

Je le répète : Que celui-là soit humble qui veut être chaste : la chasteté périra si elle n'est soutenue de l'humilité.

C'est un don de Dieu que l'on conserve par l'éloignement des occasions ; dans les combats de la chasteté il faut triompher en fuyant. L'on doit donc avoir en horreur toutes sortes de familiarités avec les personnes de différent sexe.

Soyez extrêmement prompte, dit saint François de Sales parlant à Philothée, à vous détourner des acheminements de la lubricité ; car ce mal agit insensiblement, et par de petits commencements fait progrès à de grands accidents. Il est toujours plus aisé à fuir qu'à guérir.

Les corps humains ressemblent à des verres qui ne peuvent être portés les uns avec les autres en se touchant, sans courir fortune de se rompre ; et aux fruits, lesquels, quoi qu'entiers et bien assaisonnés, reçoivent de la tare s'entretouchant les uns les autres.

Ne permettez jamais, Philothée, qu'aucun vous touche incivilement, ni par manière de folâtrerie, ni par manière de faveur.

L'on doit bien aussi se donner de garde des amitiés fondées sur les sens, ou de certaines vertus vaines qui dépendent des sens ; combattant fortement l'inclination affectueuse qui y peut porter : car telles amitiés, dit encore le saint que nous venons de citer, sont folles et vaines, n'ayant pas de fondement ni raison ; et mauvaises, d'autant qu'elles se terminent au péché de la chair, et qu'elles dérobent le coeur à Dieu.

Source : Livres-mystiques.com

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De la chasteté de la très sainte Vierge


(...) Ce n'est pas qu'il ne se passe quelquefois plusieurs années sans qu'il arrive rien qui soit contraire à la chasteté du corps, le démon même l'empêchant par ses ruses, afin que les personnes qui n'ont pas de mauvais desseins, ne découvrant pas le mal de ces amitiés ou trop fréquentes conversations, tombent plus facilement dans ses pièges. Pour les paroles équivoques, elles doivent être en abomination à tous ceux qui aiment la chasteté, n'en proférant jamais et ne permettant pas qu'on en profère en sa présence, soit en témoignant courageusement que cela ne plaît pas, soit en l'empêchant absolument dans les personnes sur lesquelles l'on a du pouvoir.

De plus, l'on doit avoir un grand soin de rejeter promptement les mauvaises pensées, se souvenant que si un charbon de feu tombait sur nos habits, nous tâcherions de l'ôter aussitôt et sans aucun retardement. Or ces pensées sont autant de charbons d'enfer que les démons allument pour brûler nos âmes éternellement. Les personnes qui en sont tentées et qui les souffrent à regret, ne doivent pas s'en inquiéter mais se consoler doucement à l'imitation de plusieurs saints et saintes que Dieu a permis d'être exercés par ces sortes de combats.

La dévotion à la Vierge des vierges et aux saints anges est un excellent moyen pour demeurer victorieux de ces tentations ; et il s'est trouvé des personnes qui, étant sur le point d'y succomber, en ont été délivrées heureusement, entendant seulement prononcer le sacré nom de Marie.

Saint Bernard ayant rencontré un homme tellement plongé dans le vice de l'impureté, qu'il lui semblait comme impossible de s'en corriger ; il lui demanda s'il voulut bien s'en abstenir un jour en l'honneur de la très pure Vierge ; ce que cet homme ayant fait, et le saint l'ayant encore pressé de se mortifier un second jour pour l'amour de cette reine des anges ; comme ensuite il voulait encore lui parler pour obtenir de lui quelque nouvelle mortification : « C'en est fait, lui dit-il, mon Père, la résolution en est prise, je serai chaste le reste de mes jours. » C'est ainsi que le ciel bénit ce qui se fait en l'honneur de son auguste princesse, la mère de toute pureté. Ses images mêmes ont une bénédiction particulière pour l'inspirer, et il est bon d'en avoir toujours sur soi quelqu'une, la portant avec dévotion et respect.

La ville de Rome étant extraordinairement affligée de la peste, le grand saint Grégoire y fit porter processionnellement, en grande solennité, l'image de notre bonne Maîtresse, pour impétrer de la divine bonté le remède à tant à de maux dont cette première ville du monde était affligée ; et, chose admirable, en même temps que cette dévote image passait par quelque lieu, l'air qui était infecté se purifiait, comme si même la corruption des éléments ne pouvait pas supporter la présence d'une image de la Mère de Dieu.

Il est donc nécessaire, pour être véritablement son esclave, d'avoir en horreur toute impureté et toutes les choses qui y conduisent, et d'aimer singulièrement la chasteté, comme la vertu de notre sainte dame.

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CHAPITRE X
De la chasteté de la très sainte Vierge


(...)Pour les vierges, leur bonheur est indicible, et elles sont appelées, par les Pères, « la plus illustre partie du troupeau de Jésus-Christ. » Leurs privilèges ont des avantages si particuliers, qu'ils sont incommunicables à tous autres. Leur état est si saint, que les premières personnes de l'Église ont tenu à l'honneur d'en prendre soin. Elles appartiennent à Jésus et Marie d'une manière qui leur est toute singulière. Elles seront distinguées dans l'éternité bienheureuse par une gloire qui leur sera propre, et qui ne sera que pour elles.

Ces vérités méritent bien qu'elles s'appliquent soigneusement à conserver un trésor si précieux, considérant que si la virginité est une liqueur céleste, elles la portent dans des vaisseaux de terre qu'il est facile de casser.

Il ne faut que broncher d'un pas pour tout briser et répandre. Elles en doivent concevoir, avec la grâce de Notre-Seigneur, une si haute estime, qu'il n'y a rien qu'elles ne doivent souffrir, perdre et faire pour sa conservation. Combien de vierges, comme il a déjà été dit, ont donné leur vie et tout leur sang, et dans un âge très tendre, pour posséder toujours ce don du ciel ?

Saint Casimir, prince de Pologne, et tout consommé dans les plus saintes flammes de la dévotion de la Mère de Dieu, aime mieux mourir que de perdre le trésor de la virginité, quoique par le mariage, qui était un moyen licite que les médecins lui proposaient pour le tirer du mal qui lui donna la mort.

Cet exemple est merveilleux, et qui doit bien être pesé par les vierges, qui souvent se trouvant embarrassées par quelques difficultés qui peuvent arriver, comme lorsque ne pouvant entrer en religion, ou parce qu'elles n'en ont pas le moyen, ou parce qu'elles n'en ont pas la vocation, sont pressées de se marier.

Il s'agissait de la mort, qui est le plus terrible des maux ; mais il était question du bien de tout un royaume ; car que ne devait-on pas espérer sous le règne d'un prince qui en devait porter la couronne, et qui avait en perfection toutes les qualités qui peuvent faire un grand roi, et un roi bienfaisant à tout le monde ? Quelle gloire n'en devait pas arriver à Dieu ! Cependant il préfère la virginité à toutes ces considérations, et il aime mieux perdre la vie que de la perdre.

Sa mort, qui a été suivie de tant de miracles, est un témoignage certain de l'approbation que Dieu en a donnée, et l'on a trouvé son corps entier plusieurs siècles après sa mort, avec le cantique qu'il avait composé en l'honneur de la Vierge des vierges, et qu'il faisait souvent chanter par ses pages.

Notre peu de courage ne nous doit-il pas faire rougir au sujet d'une action si généreuse ! Hélas ! Nous n'avons pas à délibérer sur les couronnes, et il ne s'agit pas de mourir pour demeurer vierge, nous n'avons pas à résister à toute une cour et à tout un royaume qui parlait par les puissances qui le gouvernaient ; nous n'avons pas à combattre les plus grandes et fortes raisons que l'on peut jamais opposer.

Un parent, une petite difficulté, un qu'en dira-t-on, une crainte d'avoir quelque difficulté à l'avenir, ces choses nous découragent et souvent nous abattent. Les saint Henri, les saint Édouard, et tant d'autres princes et princesses, ont vécu virginalement dans le mariage même, et au milieu d'une florissante cour.

L'on ne doit pas se regarder ; car nous ne pouvons jamais assez nous défier de nous-mêmes et de nos forces, qui ne sont qu'une pure faiblesse ; mais, mettant toute sa confiance en Notre-Seigneur Jésus-Christ, en sa très-pure et virginale Mère, et en la protection des saints anges ; il faut s'encourager avec une sainte générosité à la pratique d'une vertu si agréable à notre Dieu, mettant bas toutes les vaines craintes que la nature, le monde et les démons peuvent donner.

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CHAPITRE XI

Des souffrances de la très sainte Vierge


L'adorable Jésus étant l'homme de douleurs, la divine Marie lui était trop unie pour ne pas souffrir.

Mais ses douleurs ont été incomparables en leur grandeur en telle sorte, dit saint Bernardin, tom. III, serm. 2 Du glorieux nom de Marie, art. 2, chap. 4, que si la douleur de la très sainte Vierge était divisée et répandue dans toutes les créatures qui peuvent souffrir, elle leur donnerait à toutes la mort.

La raison est, disent quelques théologiens expliquant le sentiment de ce saint, que la douleur est proportionnée à la connaissance de la grandeur du mal qui nous afflige, et elle s'accroît à mesure que la lumière que nous en avons s'augmente.

Or, la très sainte Vierge connaissant plus que tous les saints la dignité infinie de son Fils qui était crucifié sur le Calvaire, elle a plus enduré que tous les saints, parce que son Fils crucifié était le sujet de sa douleur.

La matière des souffrances d'un saint Laurent a été son gril ; celle de saint Etienne, des pierres dont on le lapidait ; celle d'un saint Barthélemy, sa propre peau qu'on lui écorchait : mais celle de Marie était Jésus souffrant, c'était la croix de Jésus et toutes ses peines.

Mais ce qui soutient plus la pensée de saint Bernardin, est que la connaissance de la sainte Vierge était suivie d'amour, son amour était égal à ses lumières, elle avait des sentiments qui ne se peuvent dire de la grandeur de Jésus crucifié, qui faisait le sujet de ses douleurs, et elle avait pour lui un amour incomparable.

Comme elle a plus aimé que tout le reste des créatures, remarque un ancien, il est indubitable qu'elle a aussi plus souffert, la douleur, dit saint Augustin, avant pour fondement l'amour.

Ajoutons à ces pensées que Marie était une mère qui souffrait, et une mère d'un fils unique, dont elle était mère sans père.

C'était une mère Vierge, et une mère d'un Dieu. Sa douleur n'était pas divisée, elle souffrait seule ce qu'un bon père et une mère tendre peuvent souffrir.

C'est pourquoi saint Joseph, qui n'était que son père nourricier, n'était plus au monde : son précieux coeur était le lieu où se formait comme un écho, où se faisaient entendre et ressentir les coups de fouets, les injures et moqueries de son Fils Dieu, dont l'âme divine étant séparée du corps, l'âme de cette bénite mère, comme l'assure saint Bernard, fut comme mise en sa place par compassion, pour ressentir le coup de lance qui lui fut donné.

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CHAPITRE XI
Des souffrances de la très sainte Vierge


Saint Laurent Justinien enseigne qu'en ce temps de la passion, son coeur divin était tout semblable à une glace de miroir ; mais c'était un miroir animé de Jésus mourant. Les clous, les cordes, les épines, les douleurs, la mort même, tout cela paraissait dans cet aimable coeur, et tout cela s'y ressentait comme dans un miroir animé.

Elle a révélé à sainte Brigitte, que le corps de Jésus étant dans le tombeau, c'était autant comme si deux corps eussent été dans un même sépulcre : mais ses douleurs ne se sont pas terminées au temps de la passion de son Fils bien-aimé, elles ont commencé avec la grâce de la maternité divine, et n'ont fini qu'avec sa vie, c'est-à-dire qu'elles ont duré pendant l'espace de cinquante-six années, le Verbe s'étant incarné dans ses pures entrailles, lorsqu'elle n'était âgée que d'environ 15 à 16 ans, et sa précieuse mort n'étant arrivée qu'à la soixante-douzième année de sa très sainte vie, et cela sans parler des autres peines qu'elle a portées depuis l'usage de raison qu'elle eut très parfait depuis le premier instant de sa conception immaculée jusqu'à l'heureux moment qu'elle fut faite mère de Dieu.

Sainte Brigitte nous apprend qu'elle connaissait par une lumière prophétique toutes les particularités de la passion de son unique Fils : c'est pourquoi pendant qu'elle lui donnait le lait virginal de ses sacrées mamelles, elle pensait au fiel et au vinaigre dont quelque jour il devait boire ; lorsqu'elle le portait sur son sein, elle considérait que ses bras délicats devaient être percés de clous, et attachés à une croix. Parmi les chastes baisers qu'elle lui donnait, elle se représentait le baiser du traitre Judas. Si elle le voyait dormir, elle pensait à la mort qui devait quelque jour arriver.

Cette mère de douleur passait ainsi sa vie très pure, et en cela, dit saint Épiphane, elle était en même temps et le prêtre et l'autel sur lequel la victime était immolée, non pas une fois comme sur la croix, mais autant de fois qu'elle pensait à ce sacrifice. Un savant homme considérant que Notre-Seigneur n'avait fait que goûter un peu de la portion du vin de myrrhe qu'on lui avait présenté, ce n'est pas sans mystère, dit-il, c'est qu'il voulait que sa sainte mère bût le reste de ce calice. Son amour, comme il est déclaré dans les Cantiques, est fort comme la mort, dans les désirs extrêmes qu'elle a d'en souffrir les peines. Mais il est sourd et impitoyable comme l'enfer, n'y mettant aucunes bornes, désirant souffrir à jamais, voulant que son martyre durât toujours. Ses souffrances, que saint Augustin appelle immenses, ne faisaient qu'augmenter ses désirs de souffrir.

Elle est comparée avec bien de la justice à une mer ; car comme on ne peut pas compter toutes les gouttes de l'eau de la mer, parce que, comme la mer surpasse en la multitude de ses eaux toutes les eaux des rivières et des fleuves ; de même les souffrances de la Mère de Dieu surpassent celles de tous les saints : comme tous les fleuves s'écoulent dans la mer, de même l'on trouve dans le saint coeur de notre glorieuse Maîtresse toutes sortes de croix : comme l'on ne peut pas trouver le fond de la mer, aussi il n'est pas possible de connaître la grandeur de ses peines. Je ne crois pas, dit le dévot saint Bernard, que les douleurs de la très sainte Vierge puissent jamais être ni expliquées ni connues.

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CHAPITRE XI
Des souffrances de la très sainte Vierge


Mais souvenons-nous que celle qui souffre de la sorte est notre douce mère, et que nous avons été faits ses enfants au pied de la croix : que c'est pour nous qu'elle est une mère de douleur, une dame de pitié et de compassion, et c'est ce qui nous donne une obligation très étroite à lui compatir, à honorer ses douleurs, et à lui tenir compagnie dans ses souffrances. Autrefois elle s'est plainte à sainte Brigitte du peu de personnes qui l'aimaient, parce qu'il y en avait bien peu qui eussent compassion de ses douleurs : mais pour y compatir, il y faut penser, et il les faut considérer. Il est bon de prendre quelque jour de la semaine pour s'y appliquer particulièrement, saluer ses sept principales douleurs, comme nous l'avons marqué ci-dessus au chapitre quatrième, entrer dans les confréries érigées sous ce titre, et visiter les autels dédiés à Dieu en leur honneur.

Sainte Brigitte dont nous venons de parler, priant pour un homme de grande qualité qui se mourait, Notre-Seigneur lui ordonna d'envoyer à ce malade son confesseur, qui n'ayant ou gagner rien sur le coeur de cet homme endurci, à la fin, après plusieurs prières, il fut touché, confessant qu'il s'était donné au diable qui lui avait apparu visiblement. Et Notre-Seigneur fit connaître qui lui avait donné la contrition de ses crimes, à raison de la dévotion qu'il avait eue aux souffrances de sa bénite mère. Mais non-seulement Notre-Seigneur délivre de l'enfer, mais honore de privilèges ceux qui ont dévotion aux peines de sa sainte Mère.

Un bon religieux de Saint-François ayant souvent demandé à la très sainte Vierge la pureté de cur, par le mérite de ses douleurs ; cette mère de miséricorde lui apparut, et lui mettant sa virginale main sur la poitrine, lui dit : Voilà la pureté de cur que tu demandes, voilà tes souhaits accomplis. C'est une douce consolation pour les personnes crucifiées de se souvenir des croix de la divine Marie, en se désoccupant des choses qui les peuvent faire souffrir.

Nous en avons l'exemple, dit un grave auteur, en l'adorable Jésus, qui ayant la tête percée de tous côtés, et le corps tout couvert de grandes profondes plaies, et étant sur le point de rendre l'âme au milieu d'une infinité de douleurs, s'oubliant de lui-même, arrêtait ses regards sur sa très aimante mère, et lui parlait avec des soins d'un amour inénarrable.

CHAPITRE XII
De l'estime et de l'amour des croix


Ce n'est pas assez de penser à notre auguste Maîtresse, de considérer, d'honorer ses douleurs : si nous l'aimons véritablement, nous souffrirons avec elle, et c'est lui tenir compagnie au pied de la croix. Ève étant proche de l'arbre du paradis terrestre, qu'on peut bien appeler en un sens l'arbre de mort, en cueillit du fruit et en mangea : c'est ce qui la rendit misérable et sujette à la mort, et ensuite toute sa postérité s'est trouvée engagée dans le même malheur. Marie étant tout proche de la croix où pendait le fruit de vie, elle en a cueilli, participant, comme nous l'avons dit, d'une manière incomparable à la passion de son Fils : mais cette mère des vivants, pour nous faire vivre, nous donne à manger du fruit de la croix ; il en faut goûter, et il en faut manger, et il faut absolument que nous digérions une nourriture si solide et si nécessaire.

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CHAPITRE XII
De l'estime et de l'amour des croix


Il n'y a rien de plus terrible que l'incertitude où nous sommes de notre salut : celui qui est vivement persuadé qu'il y a une éternité bienheureuse et malheureuse après cette vie, et que nous devons inévitablement être bienheureux ou malheureux pour un jamais, ne peut pas s'empêcher de craindre, particulièrement lorsqu'il considère que les plus grands saints ont été saisis d'horreur et de frayeur à la vue de ces épouvantables vérités, et, ce qui est bien plus étrange, c'est que des âmes très éminentes dans la consommation des vertus, se sont perdues à la fin de leur vie.

Mais si l'on peut trouver en cette vallée de larmes quelques sujets de consolation qui puissent donner quelque paix à l'âme parmi de si justes craintes, sans doute qu'on les doit chercher dans les croix. Les croix sont les sujets les plus assurés de nos plus douces et plus certaines espérances, elles sont les plus belles et les plus infaillibles marques du salut.

L'âme marquée à la croix porte les signes de la prédestination. Une maison toute pleine de croix est un lieu de bénédiction.

Une famille qui est dans la souffrance attire toutes les précieuses grâces du ciel. Les saints s'enfuient des lieux et des hommes où l'on ne remarque que des douceurs et des plaisirs, de peur d'être accablés sous les ruines dont ils sont menacés : car il vaut bien mieux, dit l'Écriture, aller dans une maison de pleurs, que de banquets. (Eccle. VII, 3)

Les joies du monde ordinairement aboutissent à des fins funestes ; et les plus grandes peines souffertes avec un esprit chrétien, sont couronnées des plus saintes récompenses du paradis.

Jésus-Christ a promis les pleurs et les larmes à ceux qui sont à lui. (Joan. XVI, 20) Le Saint-Esprit nous assure que ceux qui sont à Jésus-Christ, sont des crucifiés.
(Galat. V, 24)

Y a-t-il rien donc au monde de plus doux que de pleurer, que de trouver des sujets de larmes en quelque lieu que l'on aille, que de porter sa croix tous les jours de sa vie, puisque ce sont les moyens qui nous unissant à Jésus, nous donnent par ses mérites un droit au ciel, et assurent notre salut ?

Ceux qui ne se rencontrent pas sur le Calvaire avec la très sainte Vierge et le disciple de l'amour saint Jean l'Évangéliste, doivent trembler, puisque, si les souffrances sont promises à ceux qui sont à Jésus-Christ, ne pas souffrir est une grande marque qu'on en est éloigné, et l'on a tout sujet de craindre sa réprobation. Mais dans la doctrine d'un Dieu qui est infaillible, n'est-ce pas être heureux que de vivre dans les souffrances ? Ces grandes vérités sont des vérités de foi ; les révoquer en doute, c'est être infidèle : ce qui nous doit faire avouer que la plupart des Chrétiens qui sont appelés les fidèles, vivent dans l'infidélité, et n'ont point de foi pour les vérités pratiques qui sont celles qui établissent notre salut.

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CHAPITRE XII
De l'estime et de l'amour des croix


La parfaite jouissance de Dieu, suivie de plaisirs infinis, est réservée pour la longue éternité : la vie où nous sommes et où bientôt nous ne serons plus, qui passe si vite, et qui à peine laisse le loisir de la regarder, est donnée aux souffrances.

Il faut donc y être crucifié avec Jésus, dont l'esprit est l'âme de nos âmes, qui nous donne et soutient uniquement la vie, sans lequel il n'y a que mort : et comme il a été l'homme des douleurs, ayant épousé la croix par un mariage tout sacré et indissoluble, nous devons sans cesse y être inviolablement attachés. L'esprit de Jésus est un esprit de croix ; mais l'esprit de Jésus est l'esprit qui nous donne la vie : si nous voulons donc vivre, il faut vivre de la croix. Dans ce sentiment la divine Thérèse s'écriait : Ou mourir, ou souffrir.

Car il est vrai que dès lors que l'on cesse de souffrir, il faut cesser de vivre : ou la croix ou la mort. Quand le temps de nos souffrances est achevé, il est temps de mourir.

Les souffrances font la plus grande gloire du christianisme, nos plus grandes hontes doivent être de nous voir dans l'aise et le plaisir. Le véritable Chrétien se trouvera toujours chargé de confusion, et aura bien de la peine à ne pas rougir quand il sera dans la joie et l'honneur, puisqu'il fait profession de servir un maître qui est l'homme de douleurs, et qu'il se reconnaît membre d'un chef percé d'épines de toutes parts.

Cette qualité glorieuse de membre de Jésus lui donne une union si étroite avec cet aimable Dieu-Homme, qu'indispensablement il doit entrer dans toutes les inclinations et aversions de son divin coeur, aimant tout ce qu'il aime, haïssant tout ce qu'il hait, ne devant agir sans réserve que par ses sacrés mouvements.

C'est le propre de l'amour de transformer : l'âme qui est Jésus, est plus en lui qu'en elle-même ; elle ne vit plus, c'est Jésus qui vit en elle. Elle ne regarde donc les choses que comme il les voit, elle ne les goûte que comme il les goûte : ainsi tout son goût est aux peines et aux croix, toute sa joie dans les douleurs, et elle se sent dans une tristesse accablante quand elle s'en voit éloignée, et paraît toute honteuse. Une personne passant par quelque lieu y fut prise pour une personne de condition : cette estime la tirant en quelque façon du mépris de la croix, lui donna tant de honte, qu'elle se sentit obligée d'y écrire pour détruire cette opinion qu'on avait d'elle, ne la pouvant supporter.

Une âme de notre siècle, d'une vertu rare et d'une piété extraordinaire, traitant avec un grand serviteur de Dieu des choses qui pourraient plus réveiller en elle l'amour-propre, elle lui dit que la croix lui paraissait quelque chose de si bon et de si glorieux, quelle pensait que si on la venait prendre pour la mener pendre en la place de Grève à Paris, elle aurait bien de la peine à s'y défendre de l'amour-propre. Et de vrai, les plus humiliantes croix sont le comble de l'honneur du christianisme, et en font le dernier point de la gloire.

Tous ceux qui souffrent chrétiennement, sont de grands rois dont les chaines et les prisons et toutes sortes d'afflictions sont les sceptres et les couronnes. Mais l'admirable saint Chrysostome (hom. 8 in Epist. ad Ephes.) passe plus avant, et soutient que la gloire des souffrances surpasse celle des diadèmes, et assure que souffrir est quelque chose de plus grand que l'empire de l'univers : et son esprit s'élevant toujours de plus en plus dans l'estime des croix, il dit même que la gloire de l'apostolat le doit céder à celle des persécutions ; qu'il est plus illustre d'être chargé de chaines pour Jésus-Christ, que de porter la qualité d'évangéliste, ou celle de docteur du monde.

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CHAPITRE XII
De l'estime et de l'amour des croix


Mais cet homme divin ne termine pas là l'honneur de la croix : il déclare que s'il avait le choix de la félicité du paradis, ou des peines de la croix, qu'il quitterait volontiers le ciel pour souffrir pour le Dieu du ciel, et qu'il préfèrerait les cachots et les prisons aux premières places de l'empyrée ; qu'il aimerait mieux être renfermé dans ces lieux sombres, que d'être auprès du trône de Dieu en la compagnie des premiers séraphins.

Il poursuit, et ne fait difficulté de dire qu'il estime le divin Paul plus heureux d'avoir été emprisonné, que d'avoir été ravi jusqu'au troisième ciel : qu'au reste, si Dieu avait mis en sa liberté d'être ou l'ange qui délivra Pierre de ses chaînes, ou saint Pierre chargé de fers, il aurait sans doute préféré l'ignominie du prince des Apôtres à la félicité de cet esprit bienheureux, parce qu'après tout il fait plus d'état d'être maltraité de Jésus-Christ par la participation de sa croix, que d'être honoré de ce roi du ciel et de la terre.

Commander aux démons, continue ce grand patriarche, donner le branle et le mouvement à tous les éléments, arrêter le soleil, sont choses qui sont moindres que l'honneur des souffrances.

Nous apprenons, dit-il encore, que saint Paul, tout garrotté qu'il était, par une force miraculeuse brisait les chaînes de ceux qui étaient en sa compagnie, et que comme la mort de Notre-Seigneur a anéanti la mort, de même ces glorieuses chaînes donnaient la liberté à tous les captifs. (Act. XVI, 26)

C'était une chose admirable de voir cet Apôtre des nations que l'on conduisait dans un navire, qui du milieu de ses fers délivrait des naufrages, apaisait les tempêtes, commandait aux vents et aux orages, et à qui les mers obéissaient (Act. XXVII).

Aussi prend-il pour l'une de ses plus honorables qualités Paul le captif ou l'enchaîné, mettant le plus haut point d'honneur dans les liens, et les regardant comme les plus illustres marques du christianisme.

Ce n'est pas tout, car il proteste (Galat. VI, 14) qu'il ne se glorifie qu'en sa croix, où il est tellement attaché, que le monde ne le considère que comme un homme de gibet.

Il y a eu des saints qui ont voulu que l'on enterrât avec eux les instruments de leurs supplices ignominieux, estimant ne pouvoir ressusciter plus glorieusement qu'avec ces signes de leurs croix.

Source : Livres-mystiques.com

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
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